marais [ marɛ ] n. m.
1 ♦ Nappe d'eau stagnante généralement peu profonde recouvrant un terrain partiellement envahi par la végétation. ⇒ étang, fagne, marécage, marigot, palus, tourbière. Assécher un marais. Végétation des marais. ⇒ palustre. — Vx Fièvre des marais. ⇒ paludisme. Gaz des marais. ⇒ méthane.
♢ Région marécageuse. Marais poitevin, breton.
♢ Fig. « Un marais intérieur d'ennui » (Flaubert).
♢ Hist. Le Marais : le Tiers Parti, les modérés, sous la Révolution. ⇒ plaine.
2 ♦ (1680) Terrain (d'abord en lieu bas et humide) consacré à la culture maraîchère. ⇒ hortillonnage, jardin. Le Marais : quartier de Paris où s'étendaient autrefois ces terrains cultivés.
3 ♦ (fin XVIe) MARAIS SALANT : bassin creusé à proximité des côtes pour extraire le sel de l'eau de mer par évaporation. ⇒ saline. Les marais salants de Camargue.
♢ Marais du littoral. ⇒ polder.
● marais nom masculin (bas latin mariscus, du francique marisk) Région recouverte par des eaux peu profondes, en partie envahie par la végétation. Lieu, activité, texte, etc., où l'on s'enlise : Le marais des textes législatifs. Péjoratif. Partis du centre, ou électorat flottant. Terme péjoratif désignant, à la Convention, le Tiers parti (ou la Plaine), entre la Gironde et la Montagne. Ancien marais assaini consacré à la culture maraîchère. ● marais (expressions) nom masculin (bas latin mariscus, du francique marisk) Fièvre des marais, synonyme ancien de paludisme. Gaz des marais, synonyme de méthane. Marais maritime, ensemble de terres basses et humides, littorales, mais soustraites à l'inondation marine et bordées vers la mer par un wadden. (Les marais maritimes portent parfois des prés, ou sont aménagés et mis en culture [polders].) Marais salant, ensemble de bassins et de canaux, pour la production du sel par évaporation des eaux de mer sous l'action du soleil et du vent. Marais vert, marais couvert d'une couche de végétation qui le fait ressembler à une prairie. ● marais (homonymes) nom masculin (bas latin mariscus, du francique marisk) marraient forme conjuguée du verbe se marrer marrais forme conjuguée du verbe se marrer marrait forme conjuguée du verbe se marrer ● marais (synonymes) nom masculin (bas latin mariscus, du francique marisk) Fièvre des marais
Synonymes :
Gaz des marais
Synonymes :
- méthane
Marais
n. m.
d1./d étendue d'eau stagnante de faible profondeur, envahie par la végétation aquatique (roseaux, carex, etc.).
— Gaz des marais: méthane.
d2./d Marais salant: petit bassin peu profond, à proximité d'un rivage maritime, où l'on recueille le sel après évaporation de l'eau de mer.
d3./d Terrain humide ou irrigable propre à la culture maraîchère.
d4./d Fig. état, situation, activité, etc., où l'on risque de s'enliser. Le marais de la médiocrité quotidienne.
d5./d METEO Marais barométrique: zone de pression uniforme, voisine de la normale et sans gradient bien défini.
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Marais
(Jean Alfred Villain-Marais, dit Jean) (né en 1913) comédien français. Jeune premier (la Belle et la Bête, 1945; Orphée, 1949), puis héros de films d'aventures (le Bossu, 1959).
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Marais
(Marin) (1656 - 1728) violiste et compositeur français; élève de Lully. Il écrivit pour la viole et donna des opéras.
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pendant la Révolution franç., nom donné au parti modéré. Il prit le pouvoir après le 9 Thermidor an II (1794).
⇒MARAIS, subst. masc.
A. — 1. Terrain, généralement de vaste étendue, recouvert en permanence d'une nappe d'eau peu profonde, où croissent en abondance des plantes aquatiques et parfois des arbres. Synon. palus (vx), palude (vx), marécage. En s'informant mieux, on sut que c'était s'enfoncer dans un pays de marais, d'où l'on ne se tirerait jamais (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 248). J'embourbai le chariot dans les marais de la Snowy (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 216):
• 1. ... plus loin, la rivière, canalisée jusque-là, s'épandait en un vaste marais. Ce marais (...) était tout le souci de mon cousin (...). À travers l'immense peuple de roseaux qui le couvrait (...), on avait tracé d'étroites avenues où les barques plates, conduites et dirigées avec des perches, passaient, muettes...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 737.
SYNT. Marais breton, poitevin, vendéen; marais croupissant, impraticable, impénétrable, limoneux, pestilentiel, stagnant; marais fluvial, littoral; marais d'estuaire; marais à sangsues; assèchement, dessèchement des marais; assécher un marais; s'enfoncer, s'enliser dans un marais.
♦P. métaph. Les petites villes, marais de commères, excellent dans cette malignité isolante (HUGO, Travaill. mer, 1886, p. 120).
— Spécialement
♦MÉD., vx. Fièvre des marais. Fièvre endémique intermittente causée par les exhalaisons des marais. Synon. fièvre paludéenne, malaria. Nous avons traversé une contrée infestée de rivières et Diane a pris la fièvre des marais (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p. 269).
♦CHIM., vx. Gaz des marais. Méthane. C'est l'occasion, pour Berthelot, de peindre pittoresquement la retraite dans les mines des derniers hommes avec des champignons pour nourriture, avec le gaz des marais, «le feu grisou comme bon Dieu» (GONCOURT, Journal, 1872, p. 901).
♦GÉOGR., GÉOMORPHOL. Marais de pente. Marais situé sur une pente à l'affleurement d'une couche imperméable (d'apr. PLAIS.-CAILL. 1958).
— Loc., vx. Se sauver par/à travers le marais (Ac. 1798-1878). Se tirer d'embarras en invoquant de mauvaises raisons.
— P. anal.
♦MÉTÉOR. Marais barométrique. ,,Dépression dans laquelle le gradient horizontal de pression associé est faible et la pression centrale différente de la normale de la région`` (VILLEN. 1974). La situation inverse du marais barométrique est l'aire de hautes pressions, sorte de plateau anticyclonique parsemé de petites proéminences. C'est une situation rare, accompagnée généralement de beau temps mais, parfois, à allure orageuse en été (DELC. t. 5 1928).
♦TECHNOL. Réservoir d'eau placé au-dessus d'une chaudière. On désigne sous le nom de marais, un réservoir collecteur contenant de l'eau et placé au dessous des chambres de chauffe (SAILLARD, Betterave, t. 2, 1923, p. 74).
— P. ext. Endroit boueux et parsemé de flaques d'eau. Synon. marécage. Elle s'arrêta contre l'un de ces poteaux sans se décider à franchir le marais fangeux qui servait de cour à cette maison (BALZAC, Chouans, 1829, p. 240).
2. Au fig. [S'emploie pour référer à une attitude, un état, une situation présenté(e) comme qqc. dont on ne peut se dégager, auquel il est impossible d'échapper] Liebknecht avait commencé par être un révolutionnaire antiparlementaire. Il avait dit et écrit que le Parlement était un marais où s'enfonceraient les énergies socialistes (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 71). Je ne pouvais plus vivre dans le marais, le chaos, la confusion (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 106).
— [Avec un compl. adj. ou nominal indiquant ce qui constitue le marais] Le marais du désespoir. Il mourut (...) persuadé que son nom sombrerait, avec sa vie, d'un irréparable naufrage, dans cet immense marais de l'oubli (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 253). La violence prolétarienne (...) tend à restaurer la structure des classes au fur et à mesure que celles-ci semblaient se mêler dans un marais démocratique (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 120). Il [Jaurès] s'enfonçait tous les jours davantage dans le marais parlementaire (THARAUD, Péguy, 1926, p. 235).
— HIST. Le marais. [Appellation employée par dérision durant la Convention pour désigner le parti du centre, regroupant les modérés] Synon. la plaine. Il n'y a qu'à rire de vos efforts, leur dis-je, contre la montagne, tant que vous nous attaquerez par le marais et le côté droit (DESMOULINS ds Vx Cord., 1793-94, p. 55).
B. — Vx. Terrain bas situé dans l'enceinte ou à l'entour de Paris (ou d'une ville importante) propre à la culture intensive des légumes. Un arpent de marais. Un bon marais (Ac. 1798-1835). Je vous demande grâce aussi pour les petites fèves de marais (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 219):
• 2. J'ai promis à cet homme [le jardinier] un marais et une maison de maraîcher contiguë à la loge du concierge de la rue Saint-Maur.
BALZAC, Honorine, 1843, p. 348.
— En partic. Le Marais. Quartier de Paris aménagé et construit principalement au XVIIe siècle sur d'anciens marais qui fut l'un des séjours privilégié de l'aristocratie sous l'Ancien Régime. Bourgeois du Marais; le Théâtre du Marais. Le Marais est constitué par la partie orientale du IIIe arrondissement et par la Place des Vosges et ses environs, qui appartiennent au Quatrième (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.108):
• 3. Dans les quartiers industrieux, du haut en bas des maisons à cinq étages, des vieux hôtels du Marais (...) on passe les nuits à manier de la gaze, des fleurs et du paillon...
A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 98.
♦Vx. Demoiselles du Marais. Courtisanes habitant le Marais. (Ds LITTRÉ).
C. — Marais salant. Terrain situé à proximité du littoral aménagé pour que l'eau de mer l'inonde et s'y évapore dans le but d'en recueillir le sel. Synon. salin, saline. Marais salant du Midi. Dans les marais salans du Midi, le quintal métrique ou le sac de 100 kilogr. coûte au fabricant 70 cent. (Monopole et impôt sel, 1833, p. 5). Des marais salants se sont installés sur tout le pourtour de la Méditerranée (STOCKER, Sel, 1949, p. 94):
• 4. ... dans la petite ville de Saint-Pierre-d'Oleron, j'avais trois vieilles tantes, qui vivaient très modestement des revenus de leurs marais salants...
LOTI, Rom. enf., 1890, p. 47.
Rem. Dans le même sens: marais salin, vx. Au fond, et jusqu'à la mer, une plaine immense tachée çà et là de flaques d'un brun acier. Ce sont les marais salins (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 221). Égypte! Je vois une chose plate et de profil, étincelante, comme les marais salins d'Alexandrie (COCTEAU, Maalesh, 1949, p. 81).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.: 1. a) [1086 dans un texte lat. maresc, maresch «nappe d'eau stagnante recouvrant un terrain partiellement envahi par la végétation» (Domesday Book ds Z. rom. Philol. t. 8, 1884, p. 325)] ca 1140 mareis (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5485); b) 1556 maraiz sallans (doc. ds DAG § 268); c) 1855 gaz des marais (LITTRÉ-ROBIN); 2. a) 1643 Marais nom d'un quartier de Paris (SCARRON, Œuvres diverses, éd. M. Cauchie, t. 1, p. 41); b) 1680 «terrain consacré à la culture maraîchère» (RICH.); 3. 1690 «région marécageuse» (FUR.); 4. 1792 hist. «le Tiers Parti, sous la Révolution française» (CHABOT, 14 oct. ds QUEM. DDL t. 11); 5. 1926-31 marais barométrique (DELC.). De l'a. b. frq. marisk (dér. du germ. mari- «mer»), cf. le m. néerl. mersch, maersch «pré; terrain marécageux», m. b. all. mersch, marsch «terre fertile au bord de la mer», ags. merisc «bourbe, boue», angl. marsh «marais, marécage». Mariscus, marescus «marais» est att. en b. lat. dès le VIIIe s. (NIERM.; Nov. Gloss.). Fréq. abs. littér.:1 097. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 172, b) 1 873; XXe s.: a) 1 173, b) 1 101. Bbg. QUEM. DDL t. 11. — WARTBURG (W. von). Probl. d'étymol. gallo-romane. R. Ling. rom. 1955, t. 19, pp. 278-283.
marais [maʀɛ] n. m.
ÉTYM. 1459; maresc, 1086; mareis, XIe; d'un francique marisk. Cf. angl. marsh, all. Marsch, du rad. germanique mari- « mer, lac ».
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1 Nappe d'eau stagnante généralement peu profonde recouvrant un terrain détrempé, et partiellement envahie par la végétation. ⇒ Étang, marécage, palus; palud (dial.). || Marais des Ardennes (⇒ Fagne), des Dombes, de la Sologne, des pays tropicaux (⇒ Marigot). || Boue, bourbe, vase des marais. || Végétation, faune d'un marais. ⇒ Palustre; paludine, planorbe. || Joncs, roseaux d'un marais (⇒ Roselier). || Marais empesté (cit. 5), malsain. — S'enfoncer (cit. 21), s'enliser (cit. 2) dans un marais. || Assécher (cit. 1) un marais. || Extraction de la tourbe d'un marais (⇒ Tourbière). || Asséchement, desséchement, drainage d'un marais. || Lancer une chaussée (ou anternon) à travers les marais, un pont sur les marais (→ 1. Frayer, cit. 3). || Marais littoral endigué et asséché (⇒ Polder). — Gaz des marais (⇒ Méthane). || Fièvre des marais (vx). ⇒ Malaria, paludisme; paludéen. — Les marais Pontins, dans la campagne romaine.
1 Oswald et Corinne traversèrent ensuite les marais Pontins, campagne fertile et pestilentielle tout à la fois (…) Les lieux marécageux et malsains, dans le Nord, sont annoncés par leur effrayant aspect (…)
Mme de Staël, Corinne, XI, I.
1.1 L'exploration fut reprise, et les colons arrivèrent à la limite où commençait la région marécageuse.
C'était bien un marais, dont l'étendue, jusqu'à cette côte arrondie qui terminait l'île au sud-est, pouvait mesurer vingt milles carrés. Le sol était formé d'un limon argilo-siliceux, mêlé de nombreux débris de végétaux. Des conferves, des joncs, des carex, des scirpes, çà et là quelques couches d'herbages, épais comme une grosse moquette, le recouvraient. Quelques mares glacées scintillaient en maint endroit sous les rayons solaires.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 278.
2 (…) l'étroit marais fleuri où l'eupatoire, la statice, la scabieuse apportent trois nuances de mauve (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 84.
♦ Région marécageuse. || Le marais poitevin, breton. ⇒ Maraîchin.
2 (1680). Terrain (d'abord en lieu bas et humide) consacré à la culture maraîchère. ⇒ Jardin. || Hortillonnage pratiqué dans les marais de Picardie.
3 Tandis qu'il rêve et qu'il s'afflige
De ne point pénétrer ces importants secrets.
Il n'arrose point son marais (…)
Florian, Fables, I, 10.
4 J'ai promis à cet homme un marais et une maison de maraîcher contiguë à la loge du concierge de la rue Saint-Maur.
Balzac, Honorine, Pl., t. III, p. 277.
♦ Le Marais, nom d'un quartier de Paris (auprès de la place des Vosges) où s'étendaient autrefois ces terrains cultivés.
3 (Fin XVIe). || Marais salant : bassin creusé à proximité du rivage pour extraire le sel de l'eau de mer par évaporation. ⇒ Saline. || Circulation de l'eau de mer dans un marais salant, à travers des graduations, des bassins d'évaporation. ⇒ Aderne, œillet, varaigne, vasière (→ 1. Courant, cit. 2). || Chemins pour circuler à travers les marais salants. ⇒ Vie. || Tas de sel extraits des marais salants. ⇒ Camelle, meulon, 1. pilot. || Ouvrier travaillant dans les marais salants. ⇒ Paludier. || Exploitant de marais salants. ⇒ Marayon.
5 (…) on fait le sel en France par la seule évaporation, en attirant l'eau de la mer dans de grands terrains qu'on appelle des marais salants.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Sel marin et sel gemme.
4 Fig. Forme d'activité, genre de vie où l'homme risque de se souiller, de s'enliser dans la bassesse. ⇒ Bas-fond, boue, marécage. || Le marais de la vie politique (→ Fangeux, cit. 2). || Tomber dans un marais d'ennui (→ Hébéter, cit. 8).
♦ (1792). Hist. || Le Marais, sous la Révolution, Nom donné par dérision au Tiers Parti, parti modéré siégeant au centre de l'Assemblée législative et de la Convention (et parfois dénommé la Plaine).
6 Il était peut-être nécessaire alors d'opposer la masse des Brissotins et des patriotes du côté droit aux bas côtés et au Marais de la législature la Législative.
5 Didact. (Météor.). || Marais barométrique : zone de pression, basse ou moyenne, où les masses d'air ont des variations de pression très faibles (par oppos. à front).
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DÉR. Maraîcher, maraîchin, marayon, marécage.
Encyclopédie Universelle. 2012.