marre [ mar ] adv.
• 1895; de se marrir « s'affliger » (→ marri), ou esp. marearse « avoir la nausée », de mar « mer »
♦ Loc. fam. EN AVOIR MARRE : être excédé, dégoûté. ⇒ assez (cf. En avoir ras le bol, sa claque, plein le dos, plein les bottes). Il leur dirait « qu'il en avait marre de l'existence, qu'il voulait se fiche à l'eau certains jours » (Perec). Impers. (Il) y en a marre, vraiment marre, ça suffit, ce n'est plus tolérable. — Pop. C'est marre : ça suffit.
⊗ HOM. Marc, mare.
● marre adverbe (de se marrer) Populaire. C'est marre !, Il y en a marre, il y en a assez, ça suffit. Familier. En avoir marre de, que, être lassé ou ne plus pouvoir supporter quelque chose, quelqu'un. ● marre (expressions) adverbe (de se marrer) Populaire. C'est marre !, Il y en a marre, il y en a assez, ça suffit. Familier. En avoir marre de, que, être lassé ou ne plus pouvoir supporter quelque chose, quelqu'un. ● marre (homonymes) adverbe (de se marrer) marc nom masculin mare nom féminin
marre
adv. Fam. En avoir marre: en avoir assez, être excédé.
I.
⇒MARRE1, subst. fém.
Région. (Centre). Houe de vigneron. (Dict. XIXe et XXe s.). À force de manier la marre ou le rateau (...) il est resté plié en deux (GENEVOIX, Rroû, 1931, p.75).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1265 «outil de vigneron» (Liv. de jostice et de plet, éd. Rapetti, XVII, 3, 2). Du lat. marra «sorte de houe»; mot dial. usité surtout dans les régions du Centre et de l'Ouest (v. FEW t. 6, 1, p.375b).
II.
⇒MARRE2, adv.
Pop. [Dans des expr.] Synon. de assez.
♦En avoir marre (de qqn, de qqc.). En avoir assez, être excédé, écoeuré. Quand Trimault eut bien usé d'elle, un matin, après une scène: — Ma petite, j'en ai marre de t'entretenir (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.33). Il faut que je rouvre maintenant les trois valises! Eh bien, non et non! J'en ai marre, moi! (MONTHERL., Fils personne, 1943, IV, 4, p.342):
• ♦ — Allons, en avant! Maniez-vous, les gars! dit l'adjudant (...). L'endroit n'est pas bon. — On est éreinté, meugle une voix (...). — Zut! J'en ai marre, j'reste là, gémit un autre à bout de souffle et de force.
BARBUSSE, Feu, 1916, p.183.
♦C'est marre, (il) y en a marre. Cela suffit. Cette fois-ci, y en a marre, j'vais tous les virer (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p.189). Il en avait eu sa claque des litiges, des réclamations... à propos de tous les brevets (...) c'était marre! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.683).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1881 adv. maré «assez» (ESN.); 1883 subst. masc. J'en ai maré «dégoût» (ibid.); 1895 J'en ai mar «je suis excédé» (ibid.); 1896 adv. Marre «assez!» (DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p.176). Orig. incert. Plus prob. déverbal de marer, se marer «s'ennuyer» (v. ESN.), qu'issu de se marrir (v. marri), cf. les dér. marrement «chagrin, déplaisir» (1050 — XIIIe s.), marrissement «déplaisir» (XIIIe — XVIe s.), marance «affliction, faute légère, toute sorte de faute, d'infraction aux règles» (ca 1200 — ca 1400), etc., dont il reste quelques traces dans les parlers d'oïl; selon P. GUIRAUD ds Cah. Lexicol. t. 17, pp.10 à 13, le rattachement de maré, mare à la famille de marelle et plus particulièrement aux formes merel, mereau, qui désignent différentes sortes de jetons: meriau «jeton servant de monnaie de convention» (ca 1245-1400), méreau «jeton de présence, jeton qui sert à compter» (XVIe-XVIIe s.), merelle «jeton», puis «gage, gain», «part due» (XVe-XVIe s.) (v. FEW t. 6, 1, p.368b, 369, 370a) l'amène à donner à mare le sens de «jeton qui sert à attribuer la part qui vous est due dans une distribution», puis de «part» et à avoir son maré, son mar le sens de «avoir sa part», mais cette hyp. n'entraîne pas entièrement la conviction. L'hyp. d'un empr. à l'ar. andek «tu as eu», marra «une fois» c'est-à-dire «ça suffit» (ROB.) n'est étayée par aucun texte venant d'Afrique du Nord.
1. marre [maʀ] n. f.
ÉTYM. XIIe; du lat. marra.
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♦ Régional, techn. Outil de vigneron. ⇒ Houe.
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2. marre [maʀ] adv.
ÉTYM. 1895, j'en ai mar; p.-ê de se marrir « s'affliger », maré « excédé » (1895, Chautard) → Marri, ou esp. marearse « avoir la nausée », de mar « mer »; P. Guiraud rattache le mot à l'anc. franç. marre « caillou », d'où merel, marreau « jeton », d'où merel « part due », par la loc. prendre son marre, comme prendre son pied, son taf.
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♦ ☑ Fam. Loc. En avoir marre : être excédé, dégoûté. ⇒ Assez. → En avoir ras le bol, sa claque, plein le dos. || Je commence à en avoir marre de tes simagrées. || Elle en avait marre de lui.
1 — On en a marre, mon lieutenant, lui déclara Sulphart, avec une ferme dignité d'homme libre. On ne s'en ressent pas pour défiler devant les péquenots.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XI.
2 Le duc s'obstinait à cheminer, mais tombait dans des fourrés ou s'écrasait le nez contre des chênes séculaires en poussant des hurlements de rage et en jurant de la façon la plus malséante qui fût, sans respect pour la nocturne beauté de ces lieux. Il commençait à en avoir marre, mais vraiment marre, lorsqu'il aperçut, piquée sur le sombre satin des ténèbres, une lueur.
R. Queneau, les Fleurs bleues, Folio, p. 105.
♦ ☑ Très fam. Il y en a (y'en a) marre : ça suffit, c'est assez.
3 Allez. Allez, fini le marché aux puces, y en a marre, de ces trucs-là !
Roger Ikor, les Fils d'Avrom, Les eaux mêlées, p. 488.
♦ ☑ Pop. C'est marre ! (même sens). || Allez, c'est marre, on se tire. || Laisse tomber, c'est marre ! Ellipt. || Fini ! Marre !
4 Je t'en prie, répéta-t-elle durement. Ne recommence pas (…) C'est marre.
Francis Carco, Brumes, p. 87.
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Encyclopédie Universelle. 2012.