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meurtrir

meurtrir [ mɶrtrir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1382; murdrir 1138; frq. °murthrjan
1Vx Assassiner, tuer.
2(XVIe) Mod. Blesser (qqn) par un choc ou une forte compression, au point de laisser sur la peau une marque livide ou une ecchymose. contusionner, écraser, fouler, froisser. Il lui serrait le poignet à le meurtrir.
3Endommager (un fruit, un légume). taler. « il ne connaissait les légumes que meurtris par les cahots des tombereaux » (Zola).
4Marquer de traces semblables à des meurtrissures. Yeux meurtris par la fatigue. P. p. adj. Corps meurtri.
5(Abstrait) Blesser, déchirer. P. p. adj. Cœur meurtri.

meurtrir verbe transitif (francique murthrjan, assassiner) Contusionner, serrer le corps de quelqu'un, au point d'y laisser une marque bleuâtre : Coup qui a meurtri le visage. Il me serrait la main à la meurtrir. Endommager une partie du corps des fruits par des chocs ou par le contact : Pêches que la grêle a meurtries. Blesser moralement quelqu'un, le marquer, le déchirer : Cette humiliation l'a meurtri.meurtrir (synonymes) verbe transitif (francique murthrjan, assassiner) Endommager une partie du corps des fruits par des chocs...
Synonymes :
- taler
Blesser moralement quelqu'un, le marquer, le déchirer
Synonymes :
- marquer

meurtrir
v. tr.
d1./d Faire une meurtrissure à. Le coup de bâton lui avait meurtri l'épaule.
|| Fig. Blesser moralement. Meurtrir un coeur.
d2./d Endommager par un choc, un contact prolongé (un fruit, un légume).

⇒MEURTRIR, verbe trans.
A.Vx. Tuer, assassiner. L'ami (...) fut égorgé là (...). Et, pressant dans ses bras le corps meurtri qu'elle aime, Elle a longtemps hurlé (A. FRANCE, Idylles et lég., 1896, p.105).
B. — Blesser quelqu'un (ou, p. méton., un endroit de son corps) par un choc ou une forte compression qui laisse sur la peau une marque ou une ecchymose. Synon. contusionner. Le paroir (...) est manié à grands tours de bras, et sursaute dans la main en la meurtrissant (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p.216):
—. ... il faut avoir un bien mauvais coeur pour ne pas verser de véritables larmes quand le bon héros de la Manche, cet excellent chevalier de la triste figure, meurtri de coups, est ramené dans sa demeure.
JANIN, Âne mort, 1829, p.15.
Emploi pronom. réfl. indir. Le malheureux (...) errait à grands pas, défait, s'arrachant les cheveux, se meurtrissant le visage et remplissant le rivage de ses gémissements (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p.198).
P. anal. [Le compl. d'obj. désigne un végétal, notamment un fruit ou une fleur] Endommager par un contact ou un choc. Synon. mâcher2, taler. Les fleurs meurtries des bouquets et des coiffures exhalaient dans l'air des odeurs capiteuses (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p.84).
C. — Laisser (sur le visage, les yeux) des marques semblables à celles qu'aurait pu produire un choc. S'étant approchée, elle vit le visage pâle de Noa, ses yeux clos meurtris par une fatigue qu'elle interpréta à contresens (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p.146). Hedwige regarda dans la glace son visage meurtri par la souffrance et pour la première fois de sa vie, le pressentiment lui vint de ce qu'elle serait quand le temps aurait fait son travail (GREEN, Malfaiteur, 1955, p.186).
D. Au fig. Blesser moralement. Meurtrir l'esprit, le coeur. J'avais eu quelques maîtresses sans avoir jamais senti mon coeur affolé par le désir ou mon âme meurtrie d'amour après la possession (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Chevel., 1884, p.936).
Emploi pronom. réfl. Quitter après de longues années des lieux où tout vous retient? C'est se meurtrir (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p.134).
REM. 1. Meurtrissable, adj. Susceptible d'être meurtri. La poitrine de Kate était encore plus frêle, plus meurtrissable que celle de la petite morte blanche tombée avec son mari sous l'Alte Hütte (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.263). 2. Meurtrissant, -ante, part. prés. en emploi adj. Qui meurtrit. Au fig. De cette épreuve un peu meurtrissante, je sors, somme toute, moins déprimé qu'affermi (GIDE, Journal, 1907, p.255). Ne me parlez pas ainsi de ce ton meurtrissant (CLAUDEL, Échange, 1954, III, p.787).
Prononc. et Orth.:[], (il) meurtrit [-i]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 «assassiner, tuer» (Couronnement de Louis, éd. Y. Lepage, rédaction AB, 2058: Iluec sera murtri et essillié); 2. a) 1456 part. passé «contusionné» (VILLON, Lais, éd. J. Rychner et A. Henry, 240); 1538 trans. «serrer, heurter au point de laisser une marque sur la peau» (EST., s.v. contundere:coup meurtri); b) 1690 fruit meurtri (FUR.); 3. mil. du XVe s. fig «blesser, déchirer» (CHARLES D'ORLÉANS, Ballade, V, 26 ds Poésies, éd. P. Champion, t.1, p.22: honte vous est... D'un loyal cueur ainsi meurdrir). De l'a. b. frq. murthrjan «assassiner», cf. l'a. h. all. murd(r)jan «id.», m. h. all. morden, all. morden «id.» (aussi a. h. all. mord «assassinat», all. Mord «id.»), qui correspond au got. maurran «id.», dér. de maurthr «meurtre». On note, à partir du mil. du XIIe s., des formes avec -d- au lieu de -t- (cf. GDF. et T.-L.). Cette var. s'explique par le fait que le mot est entré en fr. à différentes époques: une 1re fois au VIe s., alors que le frq. n'avait pas encore subi l'altération de -rth- en -rd-, et une seconde fois au VIIIe ou IXe s., après cette évolution (v. FEW t.16, p.584b). La forme en -eu- (à la place de l'anc. o ou u) qui apparaît au début du XIVe s. (1328 ds GDF.), reste inexpliquée (on peut y voir une infl. des mots en -eu- passé à -u-; cf. E. STAAFF ds Mél. Wahlund (C.), p.248). Au XVIe s., meurtrir qui a subi un important affaiblissement de sens a été supplanté en son sens 1er par assassiner «tuer avec préméditation ou par guet-apens». Fréq. abs. littér.: 955. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 866, b) 1848; XXe s.: a) 1929, b) 1046.

meurtrir [mœʀtʀiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1382; murdrir, mordrir, déb. XIIe; du francique murthrjan.
1 Vx. Assassiner, tuer.Frapper violemment (→ Garçonnet, cit. 1).
2 (XVIe). Mod. Blesser par un choc, un corps contondant, une forte compression au point de laisser sur la peau une tache, une marque livide. Contusionner, écraser, fouler, froisser. || Il lui serrait le poignet à le meurtrir.P. p. adj. || Elle s'est pris la main dans la porte, elle a les doigts tout meurtris. Écraser, mâchurer; fam. compote (en), marmelade (en); noir. || Œil meurtri d'un coup de poing. Pocher. || Chairs (cit. 5) meurtries.
1 (Mercure le bat). Sosie. De mille coups tu me meurtris (…)
Molière, Amphitryon, I, 2.
2 Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse (…)
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, V.
3 (…) il continua de taper sourdement, follement (…) dans ses yeux pâles, l'alcool flambait, allumait une flamme de meurtre. La blanchisseuse eut le poignet meurtri (…)
Zola, l'Assommoir, t. I, VI, p. 247-248.
4 (…) il se pinçait, en refermant la boîte; et il faisait de piteuses grimaces, en suçant son doigt meurtri (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, p. 58.
3 (1680). Agric. Endommager (un fruit, un légume). Cotir (régional), endommager, taler.Au p. p. || Jus qui coule de grosses fraises meurtries (→ Dessert, cit. 3).
5 Depuis près d'un an, il ne connaissait les légumes que meurtris par les cahots des tombereaux, arrachés de la veille, saignants encore. Il se réjouissait, à les trouver là chez eux, tranquilles dans le terreau, bien portants de tous leurs membres.
Zola, le Ventre de Paris, t. II, IV, p. 67.
4 (1913). Marquer de traces semblables à des meurtrissures. La fatigue lui meurtrit le visage.P. p. || Yeux cernés et meurtris (→ Féminité, cit. 1).
6 Et voici les yeux (…) assez reculés dans l'orbite meurtrie (…)
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », II.
7 On ne se consolerait pas de voir vieillir un beau visage aimé, si on s'en apercevait. Meurtri par les années, il prend comme plus de finesse, il devient si délicat que le moindre fard l'abîme.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 32.
5 (1833). Abstrait. Blesser moralement. Blesser, déchirer, endolorir, peiner. || Meurtrir qqn par son mépris.P. p. || Avoir l'esprit meurtri par une longue réflexion (→ Courbature, cit. 4).Fig. || Meurtrir le cœur de qqn.P. p. || Âme meurtrie. || Cœur meurtri.
8 J'imitais les autres, je blessais souvent des âmes fraîches et nobles par les mêmes coups qui me meurtrissaient secrètement.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 482.
9 (…) cette dramatique union, où les deux amants ne cessent de s'affronter, de se déchirer, de s'étreindre, que pour se relever plus meurtris et plus persuadés qu'il n'est pas d'avenir pour eux.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 234.
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se meurtrir v. pron. (réfl.).
|| Se cogner contre un mur et se meurtrir le front. Blesser (se), cogner (se).
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meurtri, ie p. p. adj.
ci-dessus (cit. 3, 4, 5, 6, 7).
DÉR. Meurtrissant, meurtrissure.

Encyclopédie Universelle. 2012.