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meurtre

meurtre [ mɶrtr ] n. m.
murtre 1090; de murtrir « assassiner »
Action de tuer volontairement un être humain. crime, 2. homicide; -cide. Commettre un meurtre. Meurtre avec préméditation. assassinat. Être accusé de meurtre, jugé pour le meurtre de qqn. Tentative de meurtre. « Hélas, une crainte religieuse m'écarte du meurtre, et me tire à lui » (Genet). « Le mobile du meurtre était trouvé » (Zola). Le meurtre symbolique du père, en psychanalyse.

meurtre nom masculin (de meurtrir) Homicide volontaire. ● meurtre (citations) nom masculin (de meurtrir) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Encore un fusillé hier. L'assassinat est une plaie. On panse le meurtre par le meurtre. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Elsa Triolet Moscou 1896-Saint-Arnoult-en-Yvelines 1970 Il n'y a pas de suicides, il n'y a que des meurtres. Proverbes d'Elsa Les Éditeurs français réunis Herbert George Wells Bromley, Kent, 1866-Londres 1946 Sur la tête de chacun de nous pèse la malédiction ancestrale de cinquante millions de meurtres. On the head every one of us rests the ancestral curse of fifty million murders. M. Britling commence à voir clair, II, 3 meurtre (difficultés) nom masculin (de meurtrir) Sens et emploi 1. Dans la langue courante, ces mots sont souvent employés l'un pour l'autre ; en particulier, crime est employé, notamment dans les médias, comme synonyme de meurtre ou d'assassinat. 2. Dans la langue juridique, chacun de ces mots a un sens précis. Crime = infraction très grave (meurtre, pillage, incendie, viol, etc.) qui, sauf exception, est de la compétence de la cour d'assises. Homicide = action de tuer, volontairement ou non, un être humain. Meurtre = homicide volontaire sans préméditation. Assassinat = homicide volontaire avec préméditation. ● meurtre (expressions) nom masculin (de meurtrir) Crier au meurtre, se plaindre bruyamment. ● meurtre (synonymes) nom masculin (de meurtrir) Homicide volontaire.
Synonymes :
- assassinat
- crime
- homicide

meurtre
n. m. Homicide volontaire. Commettre un meurtre.

⇒MEURTRE, subst. masc.
A. —Action de tuer délibérément un être humain avec violence. Synon. homicide. Inciter au meurtre; perpétrer un meurtre; accusé, coupable, prévenu d'un meurtre; le mobile d'un meurtre; être arrêté sous l'inculpation de meurtre. Des peuples entiers (...) obéissoient, obéissent encore à la loi du meurtre légal des enfans (BONALD, Essai analyt., 1800, p.137). Le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié d'assassinat (Ac. 1935). Puisque l'homme qui ment se ferme aux autres hommes, le mensonge se trouve proscrit et, à un degré plus bas, le meurtre et la violence, qui imposent le silence définitif (CAMUS, Homme rév., 1951, p.350):
♦ Tuer est ordinaire à l'animal et surtout à l'homme. Le meurtre a été longtemps estimé dans les sociétés humaines comme une forte action et il subsiste encore dans nos moeurs et dans nos institutions des traces de cette antique estime.
A. FRANCE, Orme, 1897, p.186.
Loc. verb. Se défendre comme d'un meurtre de qqc. Nier farouchement avoir commis telle action ou tenu tel propos. (Dict. XIXe et XXe s.).
Meurtre de Dieu. Synon. de déicide (v. ce mot I).
P. anal. Action de tuer un animal. J'ai vu une coïncidence entre la mort de ma mère... et le meurtre du petit furet (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.94). Les formes de sadisme, que Dupré groupe sous le nom de «malignité constitutionnelle»: bris d'objets, torture et meurtre d'animaux (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.727).
B.Au fig. Chose regrettable, action dommageable. On prétend qu'elle va se marier de nouveau; ce seroit un meurtre, car elle est le charme et l'enjoûment de la société (FIÉVÉE, Dot Suzette, 1798, p.137).
Loc. verb., fam. Crier au meurtre. Se plaindre bruyamment d'un dommage, d'une injustice dont on est ou dont on se croit victime. Il crie au meurtre contre les juges qui lui ont fait perdre son procès (Ac.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1130 murdre «homicide» (Lois Guillaume le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 22); 1530 meurtre (PALSGR., p.236a). Déverbal de meurtrir. On note dès le début du XIIe s., les mêmes var. que pour le verbe (cf. GDF. et T.-L.). Fréq. abs. littér.:1559. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2327, b) 2056; XXe s.: a) 2240, b) 2195. Bbg. OLIVIER (R.). Ein Beispiel vergleichender deutsch-französischer Synonymik. Z. fr. Spr. Lit. 1958, t.68, pp.243-250.

meurtre [mœʀtʀ] n. m.
ÉTYM. 1090, murtre; de l'anc. v. murtrir « assassiner ». → Meurtrir.
Action de tuer volontairement un être humain. Crime (cit. 12), 2. homicide. || Meurtre commis avec préméditation. Assassinat (cit. 2). || Être arrêté sous l'inculpation de tentative de meurtre par égorgement, empoisonnement, strangulation…, être condamné pour meurtre. || Meurtre perpétré sur la personne d'un nouveau-né ( Infanticide, cit. 2), d'un frère ( 1. Fratricide)… des parents ( Matricide, parricide) d'un roi ( Régicide; -cide).Le meurtre du père (supra cit. 12), en psychanalyse. || Meurtre atroce, odieux, sanglant, qui inspire de l'horreur (→ Forteresse, cit. 2)… || Commettre une série de meurtres. Sang (répandre le sang; rougir, souiller, tremper ses mains dans le sang). || Maquiller un meurtre en accident (→ Complicité, cit. 1). || Exciter (cit. 21) au meurtre. || Provocation au meurtre. || Le meurtre en temps de guerre (cit. 27). || L'obsession, la pensée du meurtre (→ Humain, cit. 6). || Meurtre emportant la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité (art. 304 du Code pénal).Meurtre d'un malade incurable, inspiré par la pitié. Euthanasie.REM. Les connotations morales négatives du mot empêchent de l'employer ainsi sans arrière-pensées.
1 L'homicide commis volontairement est qualifié meurtre.
Code pénal, art. 295.
2 Je ne propose pas, sans doute, l'encouragement du meurtre, mais le moyen de le punir sans un meurtre nouveau.
Voltaire, Politique et Législation, Prix de la Justice…, III.
2.1 Ah ! si le meurtre n'était pas une des actions de l'homme qui remplit le mieux ses intentions, permettrait-elle (la Nature) qu'il s'opérât ? L'imiter peut-il donc lui nuire ? Peut-elle s'offenser de voir l'homme faire à son semblable, ce qu'elle lui fait elle-même tous les jours ? Puisqu'il est démontré qu'elle ne peut se reproduire que par des destructions, n'est-ce pas agir d'après ses vues que de les multiplier sans cesse ?
Sade, Justine…, t. I, p. 86-87.
3 Il songeait : — Si je pouvais tuer tous ceux qu'elle a aimés. L'idée de ces meurtres l'emplissait d'une fureur délicieuse. Il méditait d'égorger Nicias lentement, à loisir, en le regardant jusqu'au fond des yeux.
France, Thaïs, p. 283.
4 Dès lors, le mobile du meurtre (…) était trouvé : les Roubaud, connaissant le legs, avaient pu assassiner leur bienfaiteur pour entrer en jouissance immédiate.
Zola, la Bête humaine, IV.
5 Il existe peut-être des maniaques du meurtre; des fauves humains qui, ayant goûté au sang, ne peuvent plus s'en passer et se jettent dans une suite de crimes par un entraînement aveugle que le châtiment arrêtera seul.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XIV, XVII, p. 149.
5.1 Hélas, une crainte religieuse m'écarte du meurtre, et me tire à lui. Il risque de faire de moi un prêtre, de la victime Dieu. Pour détruire l'efficacité du meurtre, peut-être me suffira-t-il de la réduire à l'extrême par la nécessité pratique de l'acte criminel. Je saurais tuer un homme pour quelques millions. Le prestige de l'or peut combattre celui du meurtre.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 225.
Par ext. Action de mettre à mort un animal avec violence (→ Inhumanité, cit. 1).
6 Des princes de ses amis l'invitèrent à chasser. Il s'y refusa toujours (…) car il lui semblait que du meurtre des animaux dépendait le sort de ses parents.
Flaubert, Trois contes, « Légende de saint Julien l'Hospitalier », II.
Spécialt. || Meurtre de Dieu, du Christ. Déicide (cit. 2).
Par exagér., fam. En parlant de choses très fâcheuses, très regrettables. Crime. || Cueillir des fruits si verts, c'est un meurtre, c'est un vrai meurtre (Académie).
7 Il y avait sur l'espalier une pêche beaucoup plus grosse que toutes les autres; Margot ne pouvait se décider à cueillir cette pêche; elle la trouvait si veloutée et d'une si belle couleur de pourpre qu'elle n'osait la détacher de l'arbre, et qu'il lui semblait que c'eût été un meurtre de la manger.
A. de Musset, Nouvelles, « Margot », V.
Loc. fam. Crier (cit. 29) au meurtre : se plaindre bruyamment de quelque dommage.
8 Quoi ? toutes deux contre mon cœur, en même temps !… Ah ! c'est contre le droit des gens (…) et je m'en vais crier au meurtre.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
DÉR. Meurtrier, meurtrière.

Encyclopédie Universelle. 2012.