moche [ mɔʃ ] adj.
• 1878; o. i.; p.-ê. de moche « écheveau » (vx), du frq. °mokka « masse informe »
♦ Fam.
1 ♦ Laid. Sa robe est rudement moche. C'est assez moche, chez eux. ⇒ craignos, mochard, tarte . Ce qu'elle est moche, cette fille ! (⇒ mocheté) . Moche comme un pou.
2 ♦ De mauvaise qualité. ⇒ médiocre. Le papier est moche. Ses spectacles sont de plus en plus moches.
3 ♦ Moralement critiquable. Il a été moche avec elle. C'est moche ce qu'elle fait là ! ⇒ méprisable. « Tous ces types qui comptent sur toi, ce serait moche de les décevoir, non ? » (Beauvoir).
⊗ CONTR. 1. Beau, chic , 2. chouette; 1. bon; 1. bien, correct.
● moche adjectif (de amocher, de moche, écheveau de laine vendu en gros paquets, du francique mokka, masse informe) Familier Qui est laid : Il est moche comme un pou. Cette chemise est moche. Qui est désagréable, pénible : C'est moche ce qui lui arrive. Qui est méprisable, moralement condamnable ou qui manque d'élégance : Tu as été moche avec elle.
moche
adj. Fam.
d1./d Laid, pas beau. Le temps est moche, aujourd'hui.
— Fig. C'est moche, ce que tu fais là!
d2./d Indélicat, méprisable. Il a été moche.
⇒MOCHE, adj.
Familier
A. — [L'appréciation est à dominance esthétique, en réf. à l'idée du beau]
1. [En parlant d'une pers.] Qui est desservi par son aspect physique, notamment par son visage. Synon. affreux, disgracieux, laid; anton. beau, joli, mignon. Femme moche; moche de visage; assez, plutôt, drôlement, rudement moche. Les couplets de la petite fille de Belleville (...) désespérée d'être «moche», ce qui la fait dédaigner du «photographe» (LÉAUTAUD, Théâtre M. Boissard, t.1, 1926, p.29). V. foutu II A 1 ex. de H. Bazin:
• 1. Je ne la trouve pas aussi moche que tu me disais, Louis. Un peu décolorée, bien sûr! Mais de la classe. Cette figure un peu ronde comme l'ont les femmes de Syrie.
CLAUDEL, Échange, 1954, II, p.766.
— Emploi subst. Ils semblaient l'air bien content de trouver des moches et des infirmes dans notre arrivage (CÉLINE, Voyage, 1932, p.279).
2. [En parlant d'une chose concr.] Qui a un aspect minable. Synon. laid, miteux, piteux; anton. beau, chic, chouette (fam.). Ton pardessus (...) est assez moche! Un pardessus de quinze cents francs! Vrai, tu n'as pas de goût. Il va falloir que je t'accompagne quand tu t'achèteras tes pelures (MONTHERL., J.filles, 1936, p.992). V. bahut C 3 ex. de Queneau:
• 2. ...je regardais le nouveau drapeau qu'ils ont mis devant les bains. Ils auraient pu faire plus de frais. L'autre était assez miteux. Mais je crois vraiment que celui-ci est encore plus moche.
PROUST, Sodome, 1922, p.853.
— Emploi subst.masc. sing. à valeur de neutre (en cont. superl.). Il y avait des vierges en plâtre, du dernier moche, dans tous les coins de l'escalier (MALRAUX, Espoir, 1937, p.588).
3. Qui est contrariant, ennuyeux. Synon. désagréable, fâcheux, pénible, triste; anton. bath (arg.), chic, chouette (fam.). Ce qui est moche, c'est que les feuilles tombent, les arbres sont presque à nu (SAIN. Tranchées 1915, p.75). Ce jour-là c'est vrai, je peux bien le dire, c'est un des plus moches de ma vie (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.647). C'était déjà miracle que (...) la mignarde ait accepté des conditions de vie aussi moches (...). Bonne gosse, la Clairon! (H. BAZIN, Barbe, 1957, p.39).
B. — [L'appréciation est à dominance morale, en réf. à l'idée du bien]
1. [En parlant d'une pers.] Dont le comportement est moralement répréhensible. Synon. malhonnête, méprisable; anton. sympathique, sympa (fam.), bath (arg.), chic, chouette (fam.). [L'inspecteur, interrogeant dans son bureau, un inculpé:] Parle [dis tes secrets] et on sera pas trop moches avec toi (LEBRETON, Razzia, 1954, p.107):
• 3. C'est sa formule quand un événement la dépasse et qu'elle n'arrive pas à comprendre les mobiles d'un coeur humain tellement les gens savent être moches et souvent mesquine leur conduite. «... Et dire que la terre tourne!...»
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.368.
2. [En parlant d'une chose] Qui inspire le mépris, la désapprobation. Synon. indigne, laid, mesquin, vil. Ce n'est pas d'une moche petite tentative de séduction qu'il s'agissait (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p.305). Tout allait au plus mal dans le plus moche des mondes (CENDRARS, Main coupée, 1946, p.82).
REM. 1. Mochard, -arde, adj. (arg. fin XIXe et début XXe s.,pop. depuis). a) Pas très beau, pas trop joli. ) [En parlant d'une pers.] La pir' de tout's les catastrophes C'est d'êt' mochard et mal fringué (RICTUS, Soliloques, 1919, p.161). ) [En parlant d'une chose] Trois petits médaillons mochards, mais entourés de perles que le paternel avait assurées vraies (BUTOR, Passage Milan, 1954, p.201). b) Mauvais. [Le pain,] on n'avait pas dû en manger d'aussi mochard pendant le siège (BRUANT 1901, pp.311-312). 2. Mochement, adv. fam. De façon moche. Synon. laidement. C'était mochement compromis l'avenir et nos jolis rêves! Y avait plus beaucoup d'illusions! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.487). Sans qu'elle puisse parer, il la cogna mochement, à deux reprises (LE BRETON, Rififi, 1953, p.70).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1878 (d'apr. ESN.); 1880 (LARCHEY Suppl.). Mot d'arg. formé sur le verbe amocher, dér. de moche «écheveau de fil non tordu, vendu par paquet de 10 livres» (SAVARY), var. de l'a. fr. moque «mie de pain» (ca 1223, GAUTIER DE COINCI, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, II Mir 24, 168) qui représente un a. b. frq. mokka «masse informe» que l'on restitue d'apr. l'all. Mocke. FEW t.16, pp.562-563. Fréq. abs. littér.:107.
DÉR. 1. Mocherie, subst. fém., pop., vieilli. Laideur morale. Synon. saleté. L' danger, la fatigue, la mocherie de la guerre, c'était pas pour lui, pour les autres, oui (BARBUSSE, Feu, 1916, p.126). C'était une guerre! Autre chose que la mocherie d'à présent (GENEVOIX, Boue, 1921, p.59). En interj. Ah! mocherie! Malade ou pas malade, d'main matin j'aurai les fièvres (GENEVOIX, Seuil guitounes, 1918, p.4). — []. — 1res attest.1910 (d'apr. ESN.), 1916 (BARBUSSE, loc. cit.). de moche, suff. -erie. 2. Mocheté, -ée, subst. fém., pop. et fam. a) Caractère de ce qui est moche esthétiquement ou moralement. Synon. laideur, hideur; anton. beauté. En 1860, les bourgeois aimaient les fanfreluches; en 1930, on leur a appris à aimer l'austérité, c'est-à-dire la laideur toute nue, sans recours (...). Je préfère la mocheté travestie, croulant sous les ornements ridicules, à la mocheté sans masque (J. DUTOURD, Pluche, VII, 1967, p.62 ds ROB. Suppl. 1970). b) ) Personne laide, notamment une femme ou une jeune fille. Synon. laideron, horreur; anton. beauté. Quelle mocheté! Un tordu, Une mochetée, un raté Un bancal, un locdu En un mot un sale cogne (GELVAL, Fables récits arg., 1945, p.9). — Viens-y. Une mocheté de ton calibre, je la crains pas (ARNOUX, Zulma, 1960, p.41). ) Chose laide, peu esthétique. On voyait maintenant les villas tout alentour... et tous les calibres!... Les coloris peu à peu... comme une vraie bagarre... qu'elles s'attaqueraient dans les champs, en fantasia, toutes les mochetées!... Les rocailleuses, les raplaties, les arrogantes, les bancroches... Elles carambolent les mal finies!... les pâles! les minces! les fondantes... Celles qui vacillent après la charpente!... C'est un massacre en jaune, en brique, en mi-pisseux (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.553). — []. — 1res attest. a) 1926 mochetée «chose laide» (R.DIEUDONNÉ, Isabelle au volant in Le Miroir des sports, 3 févr., p.69a), b)1911 moch'té «personne laide» (G. COUTÉ, La chanson d'un gas qu'a mal tourné, t.4, p.131); de moche, suff. -(i)té.
BBG. — ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp.186-187. — DAUZAT Ling. fr. 1946, 304. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromso/, 1972, p.219. — KOHLM. 1901, p.50. — SAIN. Arg. 1972 [1907] p.54.
1. moche [mɔʃ] n. f.
ÉTYM. 1723, Dauzat; d'un francique mokka « masse informe », d'après Wartburg.
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♦ Techn. Vx. Paquet d'écheveaux réunis en une masse peu dense. || Soie en moches.
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COMP. Amocher.
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2. moche [mɔʃ] adj.
ÉTYM. 1878; orig. incert.; → 1. Moche.
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♦ Familier.
1 Dont l'aspect extérieur est laid, piteux. ⇒ Affreux, vilain. || Ce qu'il, ce qu'elle est moche ! || Il est un peu moche, ton chapeau. ⇒ Mochard.
1 (Il) avait déclaré que ses cravates étaient rudement moches (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, VII, p. 104.
2 J'ai connu dans un bled, où j'étais le seul médecin, un fonctionnaire français qui, sa maîtresse indigène étant en danger de mort, ne me fit pas venir, parce qu'il craignait que je ne la trouve moche.
Montherlant, les Lépreuses, II, XIV.
2 Mauvais. ⇒ Désagréable, fâcheux. || La pluie va me gâcher mes vacances, c'est moche. || C'est plutôt moche, ce qu'il a donné comme pourboire. ⇒ Mesquin. — (Sens moral). || C'est moche ce qu'il a fait là ! ⇒ Méprisable.
3 « C'est moche, les gaz », constata Loulou, en fronçant le museau. « Et puis, moi je trouve que ça n'est pas loyal… pas régulier. »
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 62.
4 Il a toujours des réactions moches. Jamais un grand mouvement. Que dis-je, un grand mouvement ! Jamais un petit mouvement de charité, de compréhension, d'indulgence.
J. Dutourd, les Horreurs de l'amour, p. 406.
5 Tous ces types qui comptent sur moi, ça serait moche de les décevoir, non ?
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 89.
♦ Régional. Mal à l'aise, malade. || Je me sens moche, aujourd'hui.
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CONTR. Beau, chic.
DÉR. Mochard, mocheté.
COMP. Amochir.
Encyclopédie Universelle. 2012.