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modéré

modéré, ée [ mɔdere ] adj. et n.
• 1361; de modérer
1Qui fait preuve de mesure, qui se tient éloigné de tout excès. « Qui veut être modéré parmi les furieux s'expose à leur furie » (Rousseau). Modéré dans ses prétentions, ses désirs. mesuré, pondéré, sage. « Il m'est impossible d'être modéré en quelque chose, et surtout dans ce qui regarde le cœur » (Gautier).
2(1789) Vieilli Qui professe des opinions politiques éloignées des extrêmes (spécialt, en France, conservatrices). centriste. « ce parti modéré qui désirait vivement [...] la fusion des opinions » (Balzac). N. Les modérés.
3(Choses) Peu intense, assez faible. 1. moyen. Prix modéré. 1. bas, modique, raisonnable. Habitation à loyer modéré (H. L. M.). Chaleur modérée. doux, tempéré. Vent modéré.
4Mus. Moderato.
⊗ CONTR. Abusif, déraisonnable, exagéré, excessif, extrémiste, immodéré.

modéré, modérée nom Partisan d'une politique généralement conservatrice éloignée des solutions extrêmes. ● modéré, modérée (citations) nom Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens. Il ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modérés. Cahier B 1910 Gallimard

modéré, ée
adj. et n.
d1./d éloigné de tout excès. Prix modéré. Chaleur modérée.
Un esprit modéré.
d2./d Dont les opinions politiques sont également éloignées des extrêmes.
Subst. Les modérés.

⇒MODÉRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I.Part. passé de modérer.
II. Adjectif
A. — [En parlant d'une pers.]
1. Qui fait preuve de modération, de mesure; qui se tient éloigné de tout excès. Synon. mesuré, pondéré, raisonnable, réservé, sage; anton. démesuré, immodéré. Être patient et modéré. Ces paroles violentes dans la bouche d'un vieillard si modéré et si sage, produisirent un effet extraordinaire (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p.457). L'orateur reprit sa phrase, en l'adoucissant. Il s'efforçait d'être très modéré maintenant, arrondissant de belles périodes (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.360).
Modéré dans + compl. circ. précisant la nature ou le domaine de la modération. Modéré dans ses ambitions, dans ses désirs, dans ses paroles, dans ses prétentions; modéré dans ses dépenses. Nous devons être modérés dans nos amitiés; car l'expérience nous prouve qu'elles se changent quelquefois en inimitiés (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.314). Pour un temps, la presse devint plus modérée et plus prudente dans ses appréciations (JOFFRE, Mém., t.2, 1931, p.385):
1. — J'espère que vous êtes modéré dans vos habitudes, reprit le professeur. — Je vis comme on doit. — Pas trop d'alcool, hein?
GREEN, Moïra, 1950, p.92.
2. En partic.
a) Qui, par tempérament ou par principe, est éloigné de toute opinion extrême. Les persécutions que subissait le plus vénérable et le plus modéré des chefs de l'Église, le pape Pie VII (STAËL, Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.119). Le difficile, (...) c'est d'être modéré sans être faible. On se croit déshonoré si on ne demande pas la lune, et tout de suite (ALAIN, Propos, 1929, p.848).
Emploi subst. Il n'y a que les esprits exagérés qui soutiennent qu'ils soient tout. Moi, je suis un modéré; je fuis les extrémités (RENAN, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, p.542). Si ma vie avait été autre, si j'avais été un prudent, un modéré, un mesuré, que serais-je aujourd'hui? (BLOY, Journal, 1897, p.257). Des discoureurs, des ergoteurs, des modérés, toujours prêts, en paroles, à condamner la guerre et le nationalisme (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.615).
b) POL. Qui professe des opinions éloignées des extrêmes (et souvent conservatrices). Anton. extrémiste, intransigeant. Député, ministre modéré. Je suis tombé en pleines élections (...). J'ai soutenu brillamment (...) la candidature d'un radical modéré, pour barrer la route au conservateur (BERNANOS, Imposture, 1927, p.420):
2. Comme la plupart des hommes de la petite ville, la politique tenait une grande place dans sa pensée. Il était républicain ardemment modéré, libéral avec intolérance, patriote, et, à l'exemple de son père, extrêmement anticlérical.
ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 831.
Emploi subst. Les modérés. En France, les hommes politiques et les électeurs des diverses tendances du centre droit, généralement conservateurs. Synon. centriste. Le cabinet Mirevault (...) gouvernait depuis onze mois. Les modérés lui reprochaient son radicalisme (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.219). Malgré les attaques des radicaux et des socialistes, les modérés, appuyés sur la droite, paraissaient solidement installés au pouvoir (BAINVILLE, Hist.Fr., t.2, 1924, p.245). Ce sont les élections municipales, voyons! Les modérés essayent de déboulonner la mairie radicale de Marguillier (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.117).
[P. méton.] Qui exprime ou représente ces opinions. Journal, parti, programme modéré; politique modérée. Le gouvernement appelé révolutionnaire sera à l'instant remplacé par un régime modéré (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1689). On eut ainsi plusieurs années de gouvernement modéré, si modéré qu'après l'assassinat de Sadi Carnot par un anarchiste, en 1894, le président élu fut Casimir-Perier, petit-fils du ministre de «la résistance» sous Louis-Philippe, représentant de la haute bourgeoisie (BAINVILLE, Hist.Fr., t.2, 1924, p.245).
B. —[En parlant d'une chose]
1. Qui tient le milieu entre les extrêmes, qui exprime la mesure, le calme. Synon. discret, mesuré. Amitié modérée; paroles modérées; expression modérée de ses sentiments; sentiment, style, ton modéré. J'invite la partie civile à user de termes plus modérés (COURTELINE, Client sér., 1897, 3, p.51). Elle marche d'un pas si modéré, coupé de tant de haltes, qu'elle est pour toute la rue un exemple de repos (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.56). Je me sens incapable d'aucune appréciation raisonnable, modérée, de faits dont le véritable sens m'échappe peut-être (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p.1131).
P. ext. Qui est très peu prononcé, qui marque une légère réticence. Synon. discret, faible, relatif; anton. ardent, fort, prononcé. Enthousiasme modéré; goût modéré pour qqc. Les gouvernants ne recueillent que des éloges modérés pour ce qu'ils font de bon (BERGSON, Deux sources, 1932, p.312). L'Église n'avait qu'un penchant modéré pour les alchimistes (GRACQ, Beau tén., 1945, p.90).
2. [En parlant d'une chose susceptible de variation de grandeur, d'intensité, de quantité] Qui n'est pas excessif. Synon. moyen; anton. fort, exagéré. Feu, pouls, vent modéré; chaleur, croissance, vitesse modérée; à doses modérées; prix, impôt, tarif, taux modéré. Il vendait ses marchandises aux marchands, en se contentant d'un bénéfice modéré (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.109). Du vin? en quantité modérée cela ne peut vous faire du mal, c'est en somme un tonifiant (PROUST, Sodome, 1922, p.641):
3. Il avait une nature d'Allemand du Sud, indolente et molle, peu faite pour résister à l'excès de la fortune ou de l'infortune, du chaud ou du froid, et qui a besoin, pour conserver son équilibre, d'une température modérée.
ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.539.
Habitation à loyer modéré. V. loyer A 2 et H.L.M.
MUS. (Mouvement) modéré. Synon. moderato; anton. vif. Une introduction de mouvement modéré ou allegro, qui est une sorte de récitatif (DUMESNIL, Hist.théâtre lyr., 1953, p.115).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694-1740 moderé; dep.1762 modéré. Fréq. abs. littér.: 910. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 1798, b) 968; XXe s.: a) 1236, b) 1072. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.345. — GALL. 1955, p.66. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.268.

modéré, ée [mɔdeʀe] adj. et n.
ÉTYM. 1361; du p. p. de modérer.
1 Qui fait preuve de modération, de mesure, qui se tient éloigné de tout excès. || « Qui veut être modéré parmi les furieux (cit. 1) s'expose à leur furie » (Rousseau). || « Les Français naissent légers (cit. 21), mais ils naissent modérés » (Joubert). || Être modéré dans ses prétentions, ses désirs ( Modeste, sage), modéré dans ses paroles ( Mesuré). || Modéré dans ses dépenses. Économe. || Modéré dans le boire et le manger. Abstinent, frugal, sobre, tempérant.
1 Quand ils étaient d'avis différents, ils étaient si modérés à soutenir ce qu'ils pensaient de part et d'autre, qu'on aurait cru qu'ils étaient tous d'une même opinion.
Fénelon, Télémaque, V.
2 Ce que c'est d'être modéré dans ses principes ! Je passe, en France, pour avoir peu de religion, et en Angleterre pour en avoir trop.
Montesquieu, Cahiers, p. 11.
3 Comme je n'ai encore aimé aucun homme, l'excès de ma tendresse s'est en quelque sorte épanché dans mes amitiés avec les jeunes filles et les jeunes femmes; j'y ai mis le même emportement et la même exaltation que je mets à tout ce que je fais, car il m'est impossible d'être modérée en quelque chose, et surtout dans ce qui regarde le cœur.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, XII.
Spécialt. Qui est, par tempérament ou par principe, éloigné de toute doctrine, de toute opinion extrême.Nom :
4 Il y a de faux modérés, de faux équitables, qui voudraient qu'on épargnât les hérésiarques.
Bossuet, Rem. sur l'Hist. des conciles, II, X.
2 (À partir de la Révolution de 1789). Qui professe des opinions politiques éloignées des extrêmes (et, spécialt, en France, conservatrices). Centriste, modérantiste. || Un ministre modéré. || Les députés modérés.
5 Chez le préfet dînaient maître Chatelain qui avait été maire modéré et que l'alliance des socialistes et des radicaux avait éloigné de ce qu'il appelait la première magistrature municipale (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, V.
Parti, programme modéré. || Majorité, politique, tendance modérée.
6 Confident des royales pensées, le Conseiller d'État était insensiblement devenu l'un des chefs les plus influents et les plus sages de ce parti modéré qui désirait vivement, au nom de l'intérêt national, la fusion des opinions.
Balzac, le Bal de Sceaux, Pl., t. I, p. 80.
N. || Les modérés et les enragés sous la Révolution. || Système politique des modérés. Milieu (juste), modérantisme.
7 Robespierre nous accuse d'être devenus tout à coup des « modérés », des « feuillants ». Nous, modérés ? Je ne l'étais pas le 10 août, Robespierre, quand tu étais caché dans ta cave ! Des modérés ! Non, je ne le suis pas dans ce sens que je veuille éteindre l'énergie nationale (…) mais c'est au législateur à prévenir autant qu'il le peut les désastres de la tempête par de sages conseils; et si, sous prétexte de révolution, il faut, pour être patriote, se déclarer le protecteur du meurtre et du brigandage, je suis modéré !
P. Vergniaud, Discours à la Convention, 10 avril 1793.
8 Il (Chateaubriand) n'avait pas en lui cette continuité, cet équilibre et cette modération nécessaire, jointe à la force, pour opérer l'union, la fusion entre les modérés des deux partis, si elle eût été possible et s'il y avait eu assez de modérés pour cela.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 341.
3 Qualifiant un état affectif, les paroles qui l'expriment, etc. Peu intense, assez faible. || Amitié (cit. 22) modérée. || Sentiment modéré de soi-même. Médiocre. || Style modéré (→ Grave, cit. 12). || Faire un reproche modéré. Discret.
9 Adorez donc, ô grand roi, celui qui vous fait régner, qui vous fait vaincre, et qui vous donne dans la victoire, malgré la fierté qu'elle inspire, des sentiments si modérés.
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
(En parlant de choses susceptibles de variations de grandeur, d'intensité, de quantité). Moyen. || Prix modéré. Bas, faible, moyen, raisonnable. || Habitation (cit. 10) à loyer modéré (H. L. M.). || Chaleur, température modérée. Doux, tempéré. || Vent modéré. || Dose modérée.
10 Il se paya un déjeuner succulent dans un bon restaurant à prix modérés qu'il connaissait (…)
Maupassant, Bel-Ami, I, IV.
4 Mus. Moderato.
CONTR. Abusif, agressif, âpre, copieux, déraisonnable, désordonné, dévergondé, dévorant, effréné, élevé, énorme, exagéré, excessif, exorbitant, extravagant, extrémiste, forcené, fort, furieux, immodéré, incontinent, intempérant, violent. — (De 2.) Extrémiste, ultra.
DÉR. Modérément.

Encyclopédie Universelle. 2012.