objectivité [ ɔbʒɛktivite ] n. f.
• 1801; de 1. objectif
1 ♦ Philos. Qualité de ce qui existe indépendamment de l'esprit.
2 ♦ Qualité de ce qui donne une représentation fidèle d'un objet. Objectivité de la science. ⇒ impersonnalité.
3 ♦ (1838) Cour. Qualité de ce qui est exempt de partialité, de préjugés. Objectivité d'un compte rendu, d'un jugement. Récit qui manque à l'objectivité, manque d'objectivité.
♢ (Personnes) Attitude d'esprit d'une personne objective, impartiale. Objectivité d'un historien, d'un juge. ⇒ impartialité, neutralité. Manquer d'objectivité. « Elle regardait pendant des heures, dans le miroir, son visage, avec une froide objectivité » (Maupassant).
⊗ CONTR. Partialité, subjectivité.
● objectivité nom féminin Qualité de quelqu'un, d'un esprit, d'un groupe qui porte un jugement sans faire intervenir des préférences personnelles : Diriger avec objectivité les débats. Qualité de ce qui est conforme à la réalité, d'un jugement qui décrit les faits avec exactitude : L'objectivité d'un récit. ● objectivité (synonymes) nom féminin Qualité de quelqu'un, d'un esprit, d'un groupe qui porte un...
Synonymes :
- détachement
- impartialité
- neutralité
Contraires :
- passion
Qualité de ce qui est conforme à la réalité, d'un...
Synonymes :
- fidélité
Contraires :
- partialité
objectivité
n. f.
d1./d PHILO Qualité de ce qui existe en dehors de l'esprit.
d2./d Attitude objective, impartiale. Objectivité d'un journaliste.
⇒OBJECTIVITÉ, subst. fém.
A. —PHILOS. Qualité de ce qui existe en soi, indépendamment du sujet pensant. Cette intuition d'un milieu homogène (...) nous révèle l'objectivité des choses (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p.180).
B. —Courant
1. Qualité de ce qui donne une représentation fidèle de la chose observée. Objectivité scientifique. Avec de grandes prétentions à l'objectivité, sa doctrine est très subjective, parce qu'elle manque de base scientifique et critique (AMIEL, Journal, 1866, p.476). Un Marcel Proust, par exemple, qui analyse les pires aberrations avec une objectivité semblable à celle de l'entomologiste devant les moeurs des insectes (MASSIS, Jugements, 1924, p.61):
• ♦ Telle est donc la première condition de l'objectivité: ce qui est objectif doit être commun à plusieurs esprits, et par conséquent pouvoir être transmis de l'un à l'autre, et comme cette transmission ne peut se faire que par ce «discours» qui inspire tant de défiance à M. Le Roy, nous sommes bien forcés de conclure: pas de discours, pas d'objectivité.
H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p.262.
— Dans le domaine artist. Le renoncement aux bases sûres de vérification que constitue le toucher a eu pour conséquence un détachement progressif de l'objectivité stricte; il a permis un développement croissant de l'interprétation libre et sans contrôle (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.143).
2. Fait d'être dépourvu de partialité. En toute objectivité.
— [À propos d'une activité cognitive] Une telle exégèse manque d'objectivité (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.1191). Veiller à l'objectivité rigoureuse de cette partie d'informations, pour en éliminer strictement toute inspiration plus ou moins tendancieuse (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p.326).
— [À propos d'une pers.] Attitude de la personne qui se veut dépourvue de partialité. Il m'a fallu un véritable et presque désagréable effort d'objectivité pour goûter Les Liaisons dangereuses (DU BOS, Journal, 1922, p.124). Il était là pour diriger avec impartialité les débats d'une affaire qu'il voulait considérer avec objectivité (CAMUS, Étranger, 1942, p.1185).
Prononc. et Orth.:[], [--]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1801 «caractère de ce qui existe indépendamment de la pensée» (CH. DE VILLERS, Philosophie de Kant, note, 113 ds QUEM. DDL t.22); 2. 1803 «caractère de ce qui existe en tant qu'objet» (BOISTE); 3. 1843 «caractère de ce qui constitue un objet de pensée valable pour tous» l'objectivité de la science (PROUDHON, Ordre, p.149); 4. 1888 «qualité de ce qui est conforme à la réalité» (MAUPASS., Pierre et Jean, p.277); 5. 1903 «disposition d'esprit de celui qui voit les choses sans passion ni parti pris» (ROLLAND, Beethoven, t.1, p.196: dans son style, un modèle d'objectivité inaccessible à l'assaut des émotions débilitantes). Dér. sav. de objectif1; suff. -(i)té. Fréq. abs. littér.:366. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 34, b) 71; XXe s.: a) 169, b) 1386. Bbg. MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp.163-164.
objectivité [ɔbʒɛktivite] n. f.
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♦ Qualité de ce qui est objectif.
1 Philos. Qualité de ce qui existe indépendamment de l'esprit.
1 (…) ceux qui croient à l'objectivité, à la réalité en soi, des lois de la nature.
E. Meyerson, De l'explication dans les sciences, I.
2 Qualité de ce qui donne une représentation fidèle d'un objet. || Objectivité de la connaissance, de la science. — Objectivité d'une description littéraire, d'un tableau, de la perception du monde extérieur (→ Idéalisation, cit. 2)… ⇒ Impersonnalité.
2 De temps en temps la personnalité disparaît. L'objectivité qui fait certains poètes panthéistes et aussi les grands comédiens devient telle, que vous vous confondez avec les êtres extérieurs. Vous voici arbre mugissant au vent (…)
Baudelaire, Du vin et du haschisch, IV.
3 Les partisans de l'objectivité (quel vilain mot !) prétendant, au contraire, nous donner la représentation exacte de ce qui a lieu dans la vie, évitent avec soin toute explication compliquée, toute dissertation sur les motifs, et se bornent à faire passer sous nos yeux les personnages et les événements.
Maupassant, Pierre et Jean, « Le roman ».
4 Il (Brunetière) a toujours recommandé l'objectivité de l'œuvre d'art, le respect de la nature fidèlement rendue (…)
Gustave Lanson, Hist. de la littérature franç., p. 1116.
4.1 (…) la physique, qui a modifié certaines de nos intuitions les plus fondamentales au profit, non pas d'un relativisme sceptique, mais bien d'une objectivité relationnelle de plus en plus efficace (…)
J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 89.
3 (1838). Cour. Qualité de ce qui est exempt de partialité, de préjugés. || Objectivité d'un rapport, d'un compte rendu, d'un jugement. || Récit qui manque (cit. 42) à l'objectivité, manque d'objectivité.
5 Il y a un jeu de mot sur l'objectivité, qui tantôt signifie la qualité passive de l'objet regardé et tantôt la valeur absolue d'un regard dépouillé des faiblesses subjectives.
Sartre, Situations III, p. 141.
5.1 Les actualités télévisées (la politique écartée) nous semblent objectives, selon le processus qui fit croire à l'objectivité des arts; nous voulons que ses images se réfèrent exclusivement au monde de leurs modèles, alors que beaucoup d'entre elles se réfèrent — les unes délibérément, les autres involontairement — au monde de l'audio-visuel, qui affleure, et dont le cinéma n'est plus qu'une province.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 219.
♦ (1932). Personnes. Attitude d'esprit d'une personne objective, impartiale. || Objectivité d'un historien, d'un juge. ⇒ Impartialité. || Considérer la guerre (cit. 15) avec objectivité, une froide objectivité.
6 Elle regardait pendant des heures, dans le miroir, son visage, avec une froide objectivité. Qu'elle pût attirer l'attention de certains hommes, elle n'en doutait plus.
A. Maurois, Terre promise, XII.
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CONTR. Partialité, subjectivité.
Encyclopédie Universelle. 2012.