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ombrage

ombrage [ ɔ̃braʒ ] n. m.
• 1165; de ombre
IEnsemble de branches et de feuilles qui donnent de l'ombre. feuillage. Sous l'ombrage, les ombrages des arbres.
L'ombre que donnent les feuillages. « Nous trouvâmes que ces saules faisaient un agréable ombrage » (Lesage).
II(XVIe; l'ombre excitant la défiance et l'inquiétude, particult chez les chevaux) Fig. et vieilli Sentiment de défiance. défiance. Spécialt Jalousie, crainte d'être éclipsé, plongé dans l'ombre par qqn. Vieilli « Tout ce qui m'offrait un peu d'indépendance [...] lui donnait de l'ombrage [à ma mère] » (France). Mod. PORTER OMBRAGE (à qqn),l'indisposer, lui causer l'inquiétude d'être éclipsé. Sa sœur lui a porté ombrage. PRENDRE OMBRAGE (de qqch.) :éprouver de la jalousie, de l'inquiétude de qqch. ( ombrageux) . Il a pris ombrage de ton succès. N'en prenez pas ombrage. s'offenser, s'offusquer. ⊗ CONTR. Confiance, tranquillité.

ombrage nom masculin Feuillage qui donne une ombre assez étendue : Se promener sous les ombrages. Ombre produite : Cet arbre donne trop d'ombrage. Transformation d'un élément transparent en un élément opaque pour l'observation au microscope. ● ombrage (citations) nom masculin Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Notre temps n'est rien plus qu'un ombrage qui passe. Les Tragiques ombrage (expressions) nom masculin Littéraire. Porter ombrage, faire ombrage à quelqu'un, lui inspirer de l'inquiétude, du dépit, etc. Prendre ombrage, ressentir de l'inquiétude, de la jalousie à propos de quelque chose, de quelqu'un ; s'offenser. ● ombrage (synonymes) nom masculin Feuillage qui donne une ombre assez étendue
Synonymes :
- couvert
- feuillage
- ramure
Ombre produite
Synonymes :
- opacité
- pénombre

ombrage
n. m.
d1./d Ombre produite par les feuillages des arbres; ces feuillages eux-mêmes. Ombrage épais.
d2./d Fig. Porter ombrage à qqn, blesser sa susceptibilité. Prendre ombrage de qqch, s'en offenser.

⇒OMBRAGE, subst. masc.
I. —[Correspond à ombre1]
A. —1. a) Ce qui produit de l'ombre.
Ensemble d'arbres, masse de feuillage faisant écran à la lumière du soleil. Ombrages épais, verts; beaux, vastes, vieux ombrages; l'ombrage des bois. Les longues murailles d'ombrages que forment les haies épaisses des lauriers taillés (...) nous dérobaient à tous les regards (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 196). C'était un de ces premiers jours où la forêt (...) ne tend plus aux vivants sous ses ombrages captieux l'asile traître de son insidieuse fraîcheur (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 110):
♦ Je n'atteindrai jamais de ces arbres si beaux
La couronne verte et fleurie!
On dit que le soleil dore leur beau feuillage,
Et moi, sous leur impénétrable ombrage,
Je devine à peine le jour!
DESB.-VALM., Idylles, 1833, p. 4.
P. métaph. L'amitié couvre la vie du plus doux ombrage (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 310).
Système de protection contre la lumière solaire. Un double ombrage [pour les serres] au moment des grandes chaleurs sera nécessaire. Il se fera soit par badigeonnage des vitres, soit par l'emploi de toiles à ombrer (A. ZIMMERMANN, R. DOUGOUD, Orchidées exotiques, Neuchâtel, 1959, p. 50).
b) P. anal.
Littér. Ce qui couvre d'une masse sombre, ce qui assombrit. Tes cheveux noirs hérissant ton visage, Sur ton manteau troué répandent leur ombrage (BARBIER, Ïambes, 1840, p.151).
2. Vieilli ou littér. Ombre produite par des arbres. Ombrages frais. La route est à l'ombrage et douce au pied (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 119). Sur les derniers degrés de marbre, (...) les feuilles d'un tremble font cet ombrage vivant, si pareil au reflet sur un mur d'une eau agitée (GRACQ, Syrtes, 1951, p.54).
B.Au fig. Sentiment de méfiance, de susceptibilité, de jalousie, etc., provoqué par la crainte d'être éclipsé, mal traité, etc. La crainte et les terreurs sont le partage des tyrans; je suis sans défiance et sans ombrage, parce que je hais le despotisme (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 27). [Des mélancoliques] ne sont aussi que trop habiles à faire leur propre tourment et celui de tout ce qui les approche, par leurs ombrages et leurs soupçons chimériques (PINEL, Alién. ment., 1801, p. 139). Vous étiez loin de cet abandon où votre coeur bien inspiré vous porte, mais dont vous éloignent je ne sais quels ombrages d'une raison faussement alarmée (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 287).
Loc. verb.
♦[Le suj. désigne un animal] Prendre ombrage. S'effaroucher, prendre peur. Tel un coursier rétif qui soudain prend ombrage, Ta mémoire recule, ô spectre épouvanté (MORÉAS, Ériphyle, 1894, p. 209).
♦[Le suj. désigne une pers. ou une chose]
Avoir de l'ombrage/beaucoup d'ombrage de (qqc.); prendre ombrage de (qqc.). S'inquiéter, s'offusquer de, jalouser. Nous ne pouvons souffrir aucune réputation; nos vanités prennent ombrage de tout; chacun se réjouit intérieurement quand un homme de mérite vient à mourir (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p.376).
Donner, faire, porter ombrage à qqn; causer, donner de l'ombrage à qqn. Indisposer, inspirer de l'effroi, du dépit. Je crains tout, tout me fait ombrage; je me dis: «Il m'aime, mais demain m'aimera-t-il? (...)» (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 145). Ce livre ne gêne personne, ne porte ombrage à aucun talent! (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1161).
II. —[Correspond à ombrer B 2 a biol.] BIOL. Technique consistant à projeter un mince dépôt (généralement métallique) sur un objet (ou sur son moulage) pour accentuer le contraste de l'image lors de son examen au microscope électronique. Ombrage des frottis (Méd. Biol. t. 3 1972). V. ombrer ex. 2.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 «ensemble de branches et de feuilles qui produit de l'ombre; ombre donnée par cet ensemble» (BENOÎT DE SAINTE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 13384); 2. 1589 «soupçon, défiance» (GUILLAUME DU VAIR, Actions et traitez oratoires, éd. R. Radouant, p. 52); 1604 (MONTCHRESTIEN, Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, Aman, p. 257: Auroit-il pris de moy quelque sinistre ombrage?); 1611 donner ombrage à (COTGR.). Dér. de ombre1; suff. -age. Fréq. abs. littér.:761. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2093, b)992; XXe s.: a) 664, b) 519.

ombrage [ɔ̃bʀaʒ] n. m.
ÉTYM. V. 1160; de ombre, et -age.
1 Ensemble de branches et de feuilles qui donnent de l'ombre. Feuillage (cit. 1). → Balsamique, cit. 3; bananier, cit. 1; courber, cit. 13. || Sous l'ombrage, les ombrages des arbres (cit. 12), sous un ombrage épais (→ Asseoir, cit. 31). || Les antiques ombrages (→ Incliner, cit. 3). || Se mettre à l'abri du soleil sous un ombrage ( Bocage).
1 Tu deviendras campagne, et, en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue (…)
Ronsard, Élégies, XXIV.
2 Beau parc et beaux jardins, qui dans votre clôture
Avez toujours des fleurs et des ombrages verts (…)
Malherbe, Poésies galantes, V.
2 Par ext. L'ombre que donnent les feuillages. || Cet arbre donne de l'ombrage. Ombrager. Vieilli. || Faire ombrage (même sens).
3 (…) je fais jeter de grands arbres à bas, parce qu'ils font ombrage (…)
Mme de Sévigné, 179, 28 juin 1671.
4 Nous trouvâmes que ces saules faisaient un agréable ombrage, et qu'un ruisseau lavait le pied de ces arbres.
A. R. Lesage, Gil Blas, VI, I.
5 Quant au mangeur d'opium, les douleurs de l'enfance ont jeté en lui des racines profondes qui deviendront arbres, et ces arbres jetteront sur tous les objets de la vie leur ombrage funèbre.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », II.
Vx. Ombre. || Nuage qui « jette un ombrage » (Corneille).
Didact. Technique de microscopie électronique consistant à recouvrir les objets d'une mince pellicule de métal lourd (or, platine) pour renforcer le contraste de l'image. → Coloration (négative).
3 (V. 1587). Fig., vieilli. Sentiment de défiance, « attendu que l'ombre excite la défiance et l'inquiétude, particulièrement chez les chevaux » (Littré). Défiance, effarouchement, inquiétude, soupçon.
6 Ton esprit amoureux n'aura-t-il point d'ombrage ?
Corneille, le Cid, II, 3.
7 (…) les troupes étaient là pour assurer la liberté de l'Assemblée (…) si elles causaient ombrage, le Roi la transférerait à Noyon ou à Soissons, c'est-à-dire la placerait entre deux ou trois corps d'armée.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, V.
Spécialt. Action de blesser l'amour-propre de qqn, d'exciter sa jalousie (en l'offusquant); sentiment de vexation, de jalousie provoqué par cette blessure, crainte d'être éclipsé, plongé dans l'ombre par qqn. || Donner, causer de l'ombrage à qqn.(Sans déterminant).Vx. Faire ombrage (à qqn). — ☑ Mod. Porter ombrage. Offusquer (→ Concile, cit. 2). — ☑ Prendre ombrage de qqch.REM. Les emplois sans déterminant se bornent à quelques verbes. Ombrageux; → Grief, cit. 6.
8 Aussitôt qu'un État devient un peu trop grand,
Sa chute doit guérir l'ombrage qu'elle (Rome) en prend.
Corneille, Nicomède, V, 1.
9 Un Vizir aux sultans fait toujours quelque ombrage.
Racine, Bajazet, I, 1.
10 (…) en déguisant son talent sous les livrées de la médiocrité, après avoir remarqué la rapidité avec laquelle s'avançaient les gens qui donnaient peu d'ombrage au maître.
Balzac, la Paix du ménage, Pl., t. I, p. 1000.
11 (…) l'effet de la discussion malencontreuse ne fut pas si vite effacé; cet esprit véhément en conçut et en garda quelque ombrage.
Sainte-Beuve, Volupté, XIX.
12 (…) tout en me souhaitant du génie, elle (ma mère) se réjouissait que je fusse sans esprit et que le sien me fût nécessaire. Tout ce qui m'offrait un peu d'indépendance et de liberté lui donnait de l'ombrage.
France, le Petit Pierre, I.
13 Ses voisins s'empressèrent de lui expliquer que cette joie n'avait rien que de flatteur, qu'au lieu d'en prendre ombrage (…)
J. Romains, les Copains, I.
CONTR. Confiance, tranquillité.
DÉR. Ombrager, ombrageux.

Encyclopédie Universelle. 2012.