parangon [ parɑ̃gɔ̃ ] n. m.
• 1504; mettre en parragon « comparer » v. 1270; esp. parangon, de l'it. paragone « pierre de touche », gr. parakonê « pierre à aiguiser »
1 ♦ Vx ou littér. Modèle. « Des ministres tarés et d'anciennes filles publiques étaient tenus pour des parangons de vertu » (Proust).— Spécialt Perle, diamant sans défaut.
2 ♦ Marbre noir d'Égypte et de Grèce. — Appos. Marbre parangon.
● parangon nom masculin (espagnol parangón) Littéraire. Modèle, type accompli : Parangon de vertu.
parangon
n. m. Litt. Parangon de...: modèle de... Parangon de vertu.
⇒PARANGON, subst. masc.
A. —1. Vx. ,,Comparaison. Mettre en parangon. Cela est sans parangon. Faire le parangon d'une chose avec une autre`` (Ac. 1798-1878); dict. XIXe et XXes..
2. Parfois iron. Le parangon de(s)/du + subst. Le modèle, le représentant typique de. Parangon de vertu. Ces grands patriotes, ces types du père de famille, ces parangons de modestie, après nous avoir signalés aux belles citoyennes, nous vouent à l'exécration de la postérité (PROUDHON, Confess. révol., 1849, p.378). La perle, le phénix et le parangon des soubrettes en la personne de l'incomparable Zerbine (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.188). Le modèle et le parangon des saloirs (A. FRANCE, Mir. Gd St Nic., 1909, p.70).
— [Sans compl. exprimé] Zaza n'aimait pas cette grande soeur positive et prêcheuse. Madame Mabille affichait la plus grande estime pour ce parangon (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.116).
B. —1. BIJOUT. Pierre précieuse, perle, etc., remarquable par sa beauté, sa perfection. Les plus belles perles sont appelées perles-vierges ou parangons (VERNE, Vingt mille lieues, t.2, 1870, p.22). Citons comme dernier parangon le Dresden, 40 carats (...); c'est une gemme elle-même du plus beau vert et sans défaut (METTA, Pierres préc., 1960, p.70).
— En appos. ou adj., rare. Diamant parangon. (Dict.XIXe et XXes.). On appelle parangones ces perles que leur grosseur extraordinaire place parmi les phénomènes (Obs. modes, t.2, 1818, p.115).
2. TYPOGR., vx. Petit parangon. Caractère de 20 points. Gros parangon. Caractère de 22 points. Caractères qui se vendent à la livre (...). Un gros parangon (MOMORO, Impr., 1793, p.20).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.A. XIIIes. masc. anglo-norm. paragone «pierre de touche (?)» (Lapidaire de pierres gravées, 2e version, XXXIII et XXXV ds Anglo-norman lapidaries, éd. P. Studer et J. Evans, p.292). B. 1. XVes. au fém. paragonne «modèle, type accompli» (Chansons du XVes., éd. G. Paris, p.104, CVII, 4); 1489-94 au masc. paragon (O. DE SAINT-GELAIS, Sejour d'honneur, éd. J. A. James, 47); 1504 parangon (J. LEMAIRE DE BELGES, La Couronne margaritique ds OEuvres, éd. J. Stecher, t.3, p.105); 2. 1538 joaill. «pierre particulièrement belle» (doc. ds Comptes des bâtiments du roi, éd. L. de Laborde, t.2, p.241: un parangon de turquoise); 3. 1540 parangon «chose comparable» (lettre du 2 févr. ds Négociations de la France dans le Levant, éd. E. Charrière, t.1, p.466); 1546 en paragon «en comparaison» (RABELAIS, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 27, p.194); 4. 1562 typogr. (doc. d'Anvers ds WOLF (L.) Buchdruck, p.117); 5. 1611 parangon, paragon «pierre de touche» (COTGR.). Empr. à l'ital. paragone, att. au sens de «pierre de touche» dep. fin XIIIes. (paragono, CECCO ANGIOLIERI d'apr. DEI; paragone dep. le XIVes.), «modèle» dep. 1516 (l'ARIOSTE), «comparaison» dep. déb. XVIes. (CASTIGLIONE ds TOMM.-BELL.), déverbal de paragonare «comparer; éprouver avec la pierre de touche» (dep. XIVes., PÉTRARQUE d'apr. DEI), du gr. «aiguiser» (v. DEI et COR.-PASC.); le subst. gr. médiév. (BL.-W.1-5, EWFS2, FEW t.7, p.619a) ne semble pas att. La forme parangon est empr. à l'esp. parangón (att. dep. 1517, TORRES NAHARRO d'apr. COR.-PASC.; lui-même empr. à l'ital. paragone) plutôt qu'à l'ital. parangone qui ne semble pas att. anciennement; TOMM.-BELL. met en doute l'authenticité de cette forme chez Le Tasse, et DEI donne la forme ital. parangone comme empr. à l'esp. Fréq. abs. littér.:23. Bbg. KIDMAN (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. Paris, 1969, pp.204-206.— QUEM. DDL t.21. — SPITZER (L.). Z. fr. Spr. Lit. 1917, t.44, p.217. — WIND 1928, p.93, 179.
parangon [paʀɑ̃gɔ̃] n. m.
ÉTYM. XVe; mettre en parragon, v. 1270, jusqu'au XVIe; esp. parangon et ital. paragone « pierre de touche », du grec parakonê « pierre à aiguiser ».
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1 Vx. Comparaison (surtout dans : en parangon). || Mettre en parangon.
2 (1504). Vx ou littér. Iron. Modèle (3.), patron, type; exemple parfait. || Parangon de vertu. || Louis XIV, « ce parangon de l'orgueil monarchique » (P.-L. Courier). || « Parangon de vérité » (Verlaine, Élégies, X).
1 (…) gens de cour, accoutumés à se regarder comme le parangon et le centre de toutes les perfections.
Th. Gautier, les Grotesques, X, p. 378.
2 Des ministres tarés et d'anciennes filles publiques étaient tenus pour des parangons de vertu.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 121.
3 (…) il ne faut pas oublier que nous sommes les fils des vaillants Versaillais du petit Père Thiers, ce parangon des vertus bourgeoises (…)
J. Anouilh, Pauvre Bitos, p. 129.
4 1620, parangon italique, in D. D. L. Techn. (Imprim.). Ancien nom d'un caractère d'imprimerie. || Gros, petit parangon.
5 Marbre noir d'Égypte et de Grèce. — Appos. || Marbre parangon.
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DÉR. Parangonner.
Encyclopédie Universelle. 2012.