pavois [ pavwa ] n. m.
♢ Loc. mod. (de l'usage des Francs consistant à faire monter le nouveau roi sur un bouclier) Élever, hisser qqn sur le pavois : le mettre au premier rang, l'exalter (cf. Mettre sur un piédestal). « Le désir qu'elle excitait [...] la hissait à mes yeux sur un haut pavois » (Proust).
2 ♦ (1336) Mar. anc. (collect.) Boucliers dont on garnissait le haut des bordages d'un navire. (1643 pavier) Mod. Partie des bordages située au-dessus du pont. — GRAND PAVOIS : ensemble des pavillons hissés sur un navire comme signal de réjouissance. Hisser le grand pavois. ⇒ pavoiser. — Petit pavois : pavillons arborés par un navire pour se faire reconnaître.
● pavois nom masculin (italien pavese, de Pavia, Pavie) Grand bouclier des Francs, fait de bois léger recouvert de cuir ou de lames de fer. Partie de la coque d'un navire au-dessus du pont. Ensemble des pavillons d'un navire disposés dans un ordre donné. ● pavois (expressions) nom masculin (italien pavese, de Pavia, Pavie) Littéraire. Élever, hisser, porter sur le pavois, exalter, mettre au premier rang. Grand pavois, ensemble de tous les pavillons d'un navire hissés dans un ordre donné, de l'avant à l'arrière, le long des mâts, en signe de fête ou de réjouissance. Petit pavois, ensemble des pavillons arborés par un navire de commerce pour se faire reconnaître ou par un navire de guerre au moment du combat.
pavois
n. m. MAR Partie de la muraille d'un navire située au-dessus du pont.
⇒PAVOIS, subst. masc.
A. —Grand bouclier ovale ou rectangulaire, en usage au Moyen Âge. Les soldats (...) portaient de grands boucliers, nommés pavois, souvent terminés à leur extrémité inférieure par une pointe de fer qui permettait de les ficher dans le sol (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p.287).
— Loc. Élever, hisser, porter sur un pavois. Mettre au pouvoir, hisser sur un bouclier en signe d'accession à la royauté (d'apr. FÉDOU Moy. Âge 1980). Quand les Français élisaient un roi, ils l'élevaient sur un pavois, le portaient sur un pavois (Ac. 1798-1878). Lorsqu'on élisait un roi, on le hissait sur le pavois (Ac. 1935).
— Loc. fig. Élever, hisser, mettre sur le pavois. Glorifier, parer d'une renommée exceptionnelle. Monter sur le pavois. Parvenir à une haute situation. Monté sur le pavois grâce au succès de la Fille de Madame Angot, il [Lecocq] alla proposer à son éditeur et ami Daubels son recueil qui était intitulé Miettes musicales (L. SCHNEIDER, Maîtres opérette fr., 1924, p.182). En le mettant [Alexandre de Girardin] sur le pavois, Émile [de Girardin] reconnaissait son père (...) et cela valait mieux que l'attaquer (MORIENVAL, Créateurs gde presse, 1934, p.34):
• 1. D'Albertine, en revanche, je n'avais plus rien à apprendre. Chaque jour, elle me semblait moins jolie. Seul le désir qu'elle excitait chez les autres, quand, l'apprenant, je recommençais à souffrir et voulais la leur disputer, la hissait à mes yeux sur un haut pavois.
PROUST, Prisonn., 1922, p.28.
B. —MARINE
1. Partie de la coque située au-dessus du pont. Le pont se remplissait, à chaque plongeon, et la nappe liquide (...) pouvait submerger le navire. Il eût été sage, pour parer à tout événement, de briser les pavois à coups de hache, afin de faciliter la sortie des eaux (VERNE, Enf. cap.Grant, t.3, 1868, p.39). La muraille du bâtiment est généralement prolongée au-dessus du pont des gaillards en formant pavois de manière à protéger l'équipage contre la mer (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t.1, 1892, p.6).
2. Ensemble des pavillons d'un navire. Nous avons hissé le pavois avec le pavillon argentin en tête du grand mât (CHARCOT, «Pourquoi-Pas?» 1910, p.228).
♦Grand pavois. ,,Ensemble des pavillons du Code international, hissés suivant une disposition donnée, en signe de fête`` (SIZAIRE Marine 1972). Jour de la fête nationale de France. Sur rade de Nagasaki, grand pavois en notre honneur et salves d'artillerie (LOTI, Mme Chrys., 1887, p.70). Passant devant les 40 bâtiments qui arboraient le grand pavois (...) je sentais que notre marine avait dévoré ses chagrins et retouvé ses espérances (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p.12):
• 2. ... trois fois de suite notre petit canon (...) a tonné pendant que le grand pavois montait dans la mâture et que, cacophonie effroyable, gramophone et phonographe sur deux tons différents luttaient de vitesse pour achever le premier la Marseillaise.
CHARCOT, Expéd. antarct., 1906, p.176.
♦Petit pavois. Ensemble de pavillons nationaux hissés au sommet des mâts sur un navire de commerce (d'apr. GRUSS 1978). Le petit pavois est établi pour honorer le pays étranger dans lequel on se trouve (GRUSS 1978).
b) ,,Ensemble de bandes de drap bleu bordées de rouge que l'on plaçait de chaque bord sur les vaisseaux, les jours de fête`` (GRUSS 1978).
— P. ext. Toiles ornant un bateau. V. barque ex. 1.
Prononc. et Orth.:[pavwa], [-a]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. 1336 au plur. «grands boucliers dont on garnissait le bord supérieur des navires pour former un rempart à l'abri duquel on combattait» (Armement de la nef la Catherine de Leure, 15 déc. ds Actes normands de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, éd. L. Delisle, p.149); 2. 1364 p.ext., avec changement de suff., au plur. pavas «grandes pièces de toile tendues sur le bord supérieur des navires et destinées à cacher l'équipage à l'ennemi» (Compte de J. dou Four, Arch. KK 3b, f° 35 v° ds GDF.); 1643 pavois (FOURNIER, Hydrographie, p.831); 1874 désigne les pavillons dont on orne le gréement d'un navire en signe de réjouissance (Lar. 19e); 1887 spéc. grand pavois (LOTI, loc. cit.). B. 1365 au plur. pavays «grands boucliers ovales ou rectangulaires faits de bois léger recouvert de cuir ou de lames de fer» (doc. 17 janv. ds Mandements et actes divers de Charles V, éd. L. Delisle, p.138); 1re moitié du XV pavois (Le Viandier de Taillevent, ms. du Vatican, éd. J. Pichon et G. Vicaire, p.274); 1576 spéc. mettre (un roi mérovingien) sur un pavois «(le) proclamer roi» (DU HAILLAN, L'Histoire de France, p.11); 1827 p.ext. (CHATEAUBR., Mél. hist., p.46: Mgr le duc de Berry éleva un drapeau blanc, et, sur ce pavois du nouveau Champ-de-Mars, proclama le premier le monarque); 1845 au fig. (BALZAC, Lettres Étr., t.3, p.26: [à propos d'une symphonie] Voilà la première fois que la fougue parisienne ne se trompe pas et n'élève pas sur le pavois une sottise). Empr. à l'ital. pavese «bouclier d'osier ou de bois recouvert de cuir» (dep. le XIIIes., panvese d'apr. DEI; pavese, 1re moitié du XIVes. ds TOMM.-BELL.), propr. «(objet) de Pavie», du lat. pavensis «de Pavie»: Pavie fut prob. au Moyen Âge un centre réputé de fabrication d'armes (cf. heaumes Paviëis, ca 1165, BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 14370 et passim; escuz pavaiz, 1337 ds DG; lat. médiév. domaine ital. pavensis «bouclier fabriqué à Pavie» en 1275 ds VIDOS, p.521 et en 1299 ds DU CANGE). Fréq. abs. littér:65. Bbg. GOUGENHEIM (G.). Un mot pseudo-mérov.: pavois, Vox. rom. 1938, t.3, pp.237-252. —GUERLIN DE GUER (J.). À propos de pavois. Fr. mod. 1940, t.8, pp.318-320. —HOPE 1971, p.47. —LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p.427. —LERCH (E.). Frz pavois... Neuphilol. Mitt. 1940, t.41, n° 1/2, pp.29-34. —VIDOS 1939, p.26, 49, 520-523.
pavois [pavwa] n. m.
ÉTYM. 1336, au sens 2; de l'ital. pavese, de Pavie, ville où les boucliers de ce type ont dû être d'abord fabriqués; mais à rattacher (P. Guiraud) à paver « courir », du lat. pavire par un roman pavensis.
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1 Anciennt. Grand bouclier long, en usage chez les Francs et jusqu'au XVe siècle. — Mod. (De l'usage des Francs qui consistait à faire monter le nouveau roi sur un bouclier et à le promener autour du camp). → Audace, cit. 10. ☑ Loc. fig. Élever, hisser qqn sur le pavois, lui donner le pouvoir, le faire accéder au trône (→ Curée, cit. 5), ou, plus généralt, le mettre en grand honneur, lui donner de la gloire, l'exalter (→ Hisser, cit. 6). — Monter sur le pavois : monter sur le trône.
1 Mais Flaubert n'avait plus qu'un souci en tête, achever Madame Bovary. La publication de ce livre et son succès, qui mit l'écrivain sur le pavois, retentirent cruellement dans le cœur jaloux de Louise, furieuse de ne pouvoir être associée à la nouvelle gloire de Gustave.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 356.
2 La civilisation chrétienne ne méprisait pas l'homme, mais elle ne le mettait pas non plus sur le pavois.
Daniel-Rops, le Monde sans âme, VIII.
2 (1336). Mar. anc. Ensemble des boucliers dont on garnissait le haut du bordage d'un navire, et le tour de hune pour servir de protection. — Partie du bordage située au-dessus du pont. Par ext. (1671; 1643, paviers). a Anciennt. Bande d'étoffe qui servait à dissimuler le pont pendant un combat ou qu'on tendait, aux jours de fête, le long du bord en signe de réjouissance.
b Mod. || Grand pavois : ensemble des pavillons hissés sur un navire comme signal de réjouissance. || Hisser le grand pavois. ⇒ Pavoiser. — (Moins cour.). || Petit pavois : pavillons arborés par un navire pour se faire reconnaître.
3 Jour de la fête nationale de France. Sur rade de Nagasaki, grand pavois en notre honneur et salves d'artillerie.
Loti, Mme Chrysanthème, XI.
♦ Par métaphore :
4 Et pour revenir aux questions d'argent, qu'est-ce que vous voulez, moi, il me faut quelqu'un pour passer un coup de faubert sur le pont et hisser le grand pavois les jours de fêtes carillonnées.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 82.
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DÉR. Pavoiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.