peloter [ p(ə)lɔte ] v. <conjug. : 1>
• peluter « rouler en pelote » 1280; de pelote
1 ♦ V. tr. Vx Mettre, rouler en pelote, en boule. Peloter du fil.
2 ♦ V. intr. (1489) Vx Jouer à la paume, et spécialt Se renvoyer la balle sans engager une partie. « La maison du chat qui pelote », de Balzac.
3 ♦ V. tr. (1780) Fam. Caresser, palper, toucher indiscrètement et sensuellement (le corps de qqn; qqn). ⇒ tripoter. Se faire peloter dans la foule. Pronom. (récipr.) Des amoureux qui se pelotent.
♢ Fig. et vieilli Flatter. « Les ministres qui vous pelotent pour que le “journal de doctrine” ne les abîme pas trop » (Romains).
● peloter verbe transitif (de pelote) Populaire Caresser avec insistance, sensuellement (le corps de) quelqu'un : Peloter une femme. Vieux. Flatter quelqu'un par intérêt, flagorner, courtiser : Peloter un homme influent. ● peloter (synonymes) verbe transitif (de pelote) Populaire Caresser avec insistance, sensuellement (le corps de) quelqu'un
Synonymes :
- lutiner
peloter
v. tr.
d1./d Mettre en pelote (du fil).
d2./d Fam. Caresser sensuellement le corps de (qqn).
⇒PELOTER, verbe
A. —Empl. intrans., vx. Se renvoyer la balle sans engager une partie (au jeu de paume). Un antique tableau représentant un chat qui pelotait (BALZAC, Mais. chat, 1830, p.5).
— Loc. fig., vieilli. Peloter en attendant partie. ,,Faire quelque chose de peu de conséquence en attendant mieux; faire par manière d'essai ce qu'on fera plus sérieusement dans la suite`` (Ac. 1835). La censure d'alors interdisant au drame tout développement historique un peu vrai et un peu profond, on se jeta dans des genres intermédiaires, on louvoya, on fit des proverbes et des comédies en volume; c'est ce qui s'appelle peloter en attendant partie (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 3, 1846, p.419).
B. —Empl. trans.
2. Fam. [Le compl. d'obj. désigne une pers., une partie du corps]
a) Caresser, palper par jeu érotique. Synon. lutiner (littér.), patiner (vx), tripoter (fam.). Se faire peloter. Des petits marins se mettent à nous peloter de force, hommes et femmes (CÉLINE, Voyage, 1932, p.590). V. fesse ex. de Queneau:
• 1. Au physique il était large, étale, brave type, à la voix grasseyante, à la braguette enflée, et pelotant, jusque dans un âge avancé, des débutantes de Thespis dans son pince-fesses de la rue de Douai.
L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.52.
♦Absol. Des yeux qui vous déshabillent et des mains huileuses qui pelotent à distance (ARNOUX, Roi, 1956, p.15).
♦Empl. pronom. réciproque. V. épiderme A 1 ex. de Goncourt.
Se peloter avec qqn. Sa fille se pelotait avec le fils Barbentane (...). On jasait là-dessus (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.91).
— P. anal. [Le compl. d'obj. désigne une chose] Palper de façon sensuelle. Ceux-là pelotent les cigares et les respirent avant de les mettre en bouche, chacun cherchant à se montrer plus connaisseur que le voisin (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.96). V. airée ex. 2.
Rem. Peloter est souvent dépréc. en ce qu'il désigne des caresses importunes, imposées (gén. par un homme à une femme qui les subit).
b) Au fig. Flatter, flagorner. Synon. enjôler. Gréveuille, l'académicien exquis, qui craint les coups, donne tort à sa vénérable amie, pelote le mari, et reprend du fromage (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p.95):
• 2. Il paraissait surtout estimer Virginie, une femme de tête, disait-il, et qui saurait joliment mener sa barque. C'était visible, il les pelotait. Même on pouvait croire qu'il voulait prendre pension chez eux.
ZOLA, Assommoir, 1877, p.650.
Rem. Les dict. de lang. des XIXe et XXes. donnent peloter au sens fam. de ,,battre, maltraiter de coups et de paroles`` (Ac. 1798-1878); ce sens n'est pas att. dans la docum. de textes des XIXe et XXes.
REM. 1. Pelotailler, verbe trans., synon. dépréc. (supra B 2). Je vois la jolie Hamackers (...) aller à la loge de Véron, s'y faire pelotailler (GONCOURT, Journal, 1863, p.886). 2. Peloté, -ée, adj., chasse. [En parlant d'un oiseau] Qui, touché par une balle, tombe en boule. L'oiseau (...), touché en plein et tombant comme une motte, «peloté», et qui rebondit avec un bruit sourd (VIALAR, Fusil, 1960, p.100).
Prononc. et Orth.:[], (il) pelote []. BARBEAU-RODHE 1930 je pelote []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) XIVes. [date ms.] peluser [pour peluter] «lancer» (la pelote) (GAUTIER DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, interpolation après vers 1098, ms. C, p.141); 1489 peloter dez ou pelote (R. GAGUIN, Le passetemps d'oysiveté, Rec. de poés. fr., éd. A. de Montaiglon, t.7, p.245); b) 1489 fig. «balloter de l'un à l'autre, malmener, tourmenter» (ID., ibid., p.240); 2. a) 1549 «jouer à la balle» (F. HABERT, Trad. HORACE, Satires, I, 5, Paraphr. ds HUG.); b) 1688 (RICH. t.2: Peloter ou ploter. Terme de Jeu de paume [...] C'est joüer pour se divertir seulement [Peloter en attendant partie. Allons peloter une douzaine de balles]); c) 1690 (FUR.: On dit figurément, qu'un homme pelote en attendant partie, quand il s'amuse à quelque leger divertissement en attendant un meilleur); 3. a) [av. 1806 «caresser amoureusement» (RESTIF DE LA BRETONNE, Collection des plus belles pages d'apr. BRUNOT t.6, 1219)] 1857 (GONCOURT, Journal, p.368); b) 1877 «flatter» (supra ex. 2); 4. 1842 (Ac. Compl.: Peloter. Mettre en pelotons. Peloter du fil, de la soie). Dér. de pelote; dés. -er. Fréq. abs. littér.:61. Bbg. QUEM. DDL t.16.
peloter [p(ə)lɔte] v.
ÉTYM. 1489; peluter « rouler en pelote », v. 1280; de 1. pelote.
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1 V. tr. Vx. Mettre, rouler en pelote. || Peloter du fil, de la laine. ⇒ Enrouler. || Peloter une goutte (1. Goutte, cit. 46) d'opium.
2 V. intr. (1489). Jouer à la paume, et, spécialt, se renvoyer la balle sans engager une partie. ☑ Prov. et fig. Peloter en attendant partie : « passer son temps à des occupations mineures en attendant mieux » (Mme de Sévigné, in Littré). — Allusion littéraire :
1 (…) un antique tableau représentant un chat qui pelotait (…) L'animal tenait dans l'une de ses pattes de devant une raquette aussi grande que lui, et se dressait sur ses pattes de derrière pour mirer un énorme balle que lui renvoyait un gentilhomme en habit brodé.
Balzac, la Maison du Chat-qui-pelote, Pl., t. I, p. 18.
♦ Par anal. Jouer au billard sans observer les règles.
3 V. tr. (1780, Restif; aussi comme intr., par ex. chez Sade, Justine ou les Malheurs de la vertu). Fig. du sens 1. (Fam.). Caresser, palper, toucher indiscrètement et sensuellement (le corps ou une partie du corps de qqn). ⇒ Caresser, chatouiller, patiner (vx). || Se faire peloter. ⇒ Chiffonner (vx), lutiner. — REM. Le mot s'est employé aussi au sens de maltraiter, battre.
2 Mais, monsieur Swann, vous ne partirez pas sans avoir touché les petits bronzes des dossiers (…) Mais non, à pleines mains, touchez-les bien. — Ah ! si madame Verdurin commence à peloter les bronzes, nous n'entendrons pas de musique ce soir, dit le peintre. — Taisez-vous, vous êtes un vilain (…) Swann palpait les bronzes par politesse et n'osait pas cesser tout de suite. — Allons, vous les caresserez plus tard (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 281.
2.1 Elle (…) s'indignait de leur tenue qu'elle jugeait révoltante, écrivant qu'« il n'arrêtait pas de lui peloter les cuisses sous la table ».
M. Aymé, Travelingue, p. 25.
2.2 Étienne, suivi de sa famille, finit par trouver son train, couvert de fleurs, d'inscriptions vengeresses et de crapauds. Des jeunes filles charmantes distribuent des cocardes tricolores et se font peloter le cul. Une vraie rigolade cette guerre, et qui s'annonçait bien.
R. Queneau, le Chiendent, p. 395.
3 Un peu plus d'influence dans les couloirs. Les ministres qui vous pelotent pour que le « journal de doctrine » ne les abîme pas trop.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVII, p. 231.
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DÉR. Pelotage, peloteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.