permanence [ pɛrmanɑ̃s ] n. f.
• 1370; lat. médiév. permanentia
1 ♦ Caractère de ce qui est durable; longue durée de qqch. ⇒ continuité, stabilité. « le sentiment écrasant de la permanence de la nature » (Balzac). ⇒ constance, identité.
2 ♦ (1875) Service chargé d'assurer le fonctionnement ininterrompu d'un organisme. ⇒aussi astreinte. Les bureaux sont fermés le samedi mais il y a une permanence. Assurer, tenir une permanence (⇒ permanencier) . Être de permanence (⇒aussi service) . — Par méton. Local où fonctionne ce service. Permanence d'un commissariat de police. Permanence électorale.
♢ Absolt Salle d'études où est constamment assurée la surveillance d'élèves qui, pour quelque raison, ne sont pas en classe. Abrév. fam. perm [ pɛrm ]. « Le jeudi et le dimanche, pour éviter la promenade, je me glissais à la Permanence » (Giraudoux).
3 ♦ Loc. adv. EN PERMANENCE : sans interruption. ⇒ constamment, continûment, toujours. Assemblée qui siège en permanence. « La révolution en permanence ou la guerre en permanence » (Camus). Il s'est installé en permanence à la campagne (cf. À demeure). — Par ext. Très souvent, sans laisser de répit. Elle le taquine en permanence.
⊗ CONTR. Altération, conversion, évolution, interruption, modification . 2. Devenir. Fuite, instabilité . Intermittence.
● permanence nom féminin (latin médiéval permanentia) Caractère de ce qui est permanent : La permanence d'une tradition. Service de garde, de renseignements, etc., assuré de façon continue pendant une durée déterminée : Être de permanence. Local dans lequel ce service est assuré. Salle d'un établissement scolaire où l'on rassemble les élèves qui ne sont pas en classe ; temps passé dans cette salle. (Abréviation familière : perm.) ● permanence (expressions) nom féminin (latin médiéval permanentia) En permanence, toujours, sans interruption, continuellement. Permanence des assemblées, système constitutionnel dans lequel les assemblées législatives se réunissent à simple convenance et qui s'oppose au système des sessions. ● permanence (synonymes) nom féminin (latin médiéval permanentia) Caractère de ce qui est permanent
Synonymes :
- continuité
- durabilité
- fixité
- immutabilité
- invariabilité
- stabilité
Contraires :
- évolution
- instabilité
- métamorphose
- mutation
- variabilité
En permanence
Synonymes :
- continûment
- sans relâche
- toujours
permanence
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est constant, immuable. Le transformisme nie la permanence des espèces.
d2./d Service assurant le fonctionnement d'un organisme de façon continue; local où il fonctionne. La permanence d'un commissariat de police.
d3./d Dans un collège, un lycée, salle d'études surveillée où restent les élèves qui ne sont pas en cours.
d4./d Loc. adv. En permanence: sans interruption.
⇒PERMANENCE, subst. fém.
Caractère de ce qui demeure ou de ce qui fonctionne sans interruption pendant une période de temps longue et indéterminée.
A. —[Corresp. à permanent I A; l'idée d'identité (de traits intrinsèques, fonctionnels ou matériels) à travers le temps est dominante]
1. Synon. de continuité, persistance, stabilité, identité. La permanence de l'âme, de Dieu, du moi, de la nature, du pouvoir. Un élément orchestral (...) se reconnaît à la permanence d'une caractéristique à travers diverses formes (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.95). L'essentiel est que soit assurée la permanence d'une certaine façon de jouer et qu'au delà des divergences personnelles, s'affirme un esprit de solidarité et de foi dans l'oeuvre commune (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p.157):
• 1. La ville, en s'attachant des routes, les commande et les maintient. (...) toute grande cité en devenant le point d'aboutissement et de départ des routes, les fixe et confère une certaine permanence aux directions principales.
BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p.88.
Rare. Qualité de celui qui est constant, qui reste identique à lui-même. Synon. constance, persévérance. Aussi ni mes sérénités, ni mes tourmentes ne sont de durée, hélas! ni mes résolutions de permanence (M. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p.224). Ceux-là agissent avec suite, se maintiennent purs dans les vicissitudes, et opposent aux déchaînements les plus contraires une auguste permanence (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t.2, 1846-69, p.510).
— P. méton. La nature profonde de certaines permanences statistiques, ou si l'on préfère (...) des régularités introduites par les «grands nombres» (Traité sociol., 1967, p.130).
2. Spécialement
a) DR. CONSTIT. Permanence de la liste électorale. ,,Intangibilité de la liste électorale qui ne peut être l'objet d'aucune modification même en vue d'une élection déterminée, dans l'intervalle de deux révisions périodiques`` (CAP. 1936). Unité et permanence de la liste électorale (VEDEL, Dr. constit., 1949, p.345).
b) PHILOS. Principes de permanence. ,,Principes qui énoncent le caractère invariable d'une grandeur à travers des transformations observables: principes de la masse, de l'énergie, etc.`` (MORF. Philos. 1980). Le principe de la permanence de la masse a eu aussi son heure: il est aujourd'hui tenu pour approximatif. De même pour la permanence de l'action, qui devient permanence de la quantité de mouvement chez Descartes (LALANDE, Raison et normes, 1948, p.67).
c) PSYCHOL. Permanence de l'objet, permanence phénoménale. Fait que l'identité d'un objet soit reconnue par un sujet malgré des modifications dans ses propriétés perçues et dans sa localisation spatiale (d'apr. THINÈS-LEMP. 1975, BATTRO 1966). Non seulement la permanence de mon corps n'est pas un cas particulier de la permanence dans le monde des objets extérieurs, mais encore la seconde ne se comprend que par la première (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.108).
3. [L'idée de conservation des propriétés matérielles à travers le temps est dominante] Rare. Ajoutant à la permanence du bois, ou du métal, ou de la pierre, la figure humaine, il [l'homme] en fait l'objet de son culte et de sa prière (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p.89). Peu importe (...) le degré de permanence du message (fumée de brousse, tam-tam, ou mots inscrits sur le roc) (COYAUD, Introd. ét. lang. docum., 1966, p.15).
B. —[Corresp. à permanent I B; l'idée d'absence d'interruption est dominante]
1. [Le compl. en de désigne un état de chose, un processus, une institution] Synon. de persistance. La permanence d'une crise, d'un danger; la permanence des neiges (à une certaine altitude). Comprendre la permanence des maladies putrides à la surface de la terre (PASTEUR ds Travaux, 1878, p.187). La permanence du bilinguisme dans une situation sociale donnée atteste l'hétérogénéité des groupes en présence (Traité sociol., 1968, p.275):
• 2. La constitution de la troupe en 1680 et sa permanence jusqu'à nos jours permettent de suivre le mouvement des pièces représentées à la Comédie-française pendant deux siècles et demi.
Arts et litt., 1935, p.76-2.
2. a) [Le compl. en de désigne une action ou une activité] Synon. de continuité. La situation qu'a faite la permanence du contact, l'habitude (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.112). Les navires doivent être munis d'appareils radios suffisamment puissants avec lesquels ils peuvent lancer, le cas échéant, des appels de détresse. La permanence de l'écoute doit être établie pour répondre à cette éventualité (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p.100).
b) P. méton.
) Service assurant le fonctionnement ininterrompu d'une administration, d'un organisme. Une permanence est assurée pour le téléphone, de 8 heures à 21 heures (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.4, col. 8). Pendant les grandes vacances scolaires, une permanence administrative doit être assurée par roulement réparti entre le directeur, le surveillant général et les agents de services économiques (Encyclop. éduc., 1960, p.344).
♦De permanence, loc. adj. Chargé d'assurer une permanence. Être de permanence; officier de permanence. M. de Broglie vint (...) me sommer de répéter devant la chambre les paroles que j'avais dites devant la commission de permanence (THIERS, 1901 ds Rec. textes hist., p.70).
) Local où fonctionne un service de permanence. Vu de nombreuses personnes (...) conduites par des agents en uniforme et en civil, à la permanence établie rue de Tournon, à la caserne de la garde (LÉAUTAUD, Journal littér., 2, 1908, p.223).
— En partic.
♦Local où sont présents (à certaines heures) des représentants d'un parti politique, les membres d'une association pour y rencontrer et renseigner les militants ou le public. Une permanence RPR, communiste; la permanence d'un syndicat; permanence électorale, d'un candidat. C'est à sa permanence politique de la rue Sauval, où attendaient de nombreux visiteurs, que l'auteur de Colette Baudoche m'a reçu (Texte cité par BARRÈS, Cahiers, t.7, 1909, p.267).
♦Salle d'un établissement scolaire du second degré, ouverte pendant toute la durée des heures de classe et où sont admis les élèves qui, pour diverses raisons, ne sont pas en classe ou en étude. Le jeudi et le dimanche, pour éviter la promenade, je me glissais à la permanence. Ce nom vous plaît-il autant qu'il me plaisait: travail permanent, permanente gloire! (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p.19).
P. méton. Temps passé dans cette salle. Faire une heure de permanence. Il ne s'agit pas seulement de classes remplacées par des heures de permanence (CAPELLE, Éc. demain, 1966, p.149). Élèves rassemblés dans cette salle. Surveiller une permanence.
) Permanence téléphonique. Service, assuré par une administration ou une organisation, répondant à des demandes de renseignement téléphonées. L'Association des Médecins Gais (...) l'AMG (...) qui reçoit (...) en moyenne 50 appels par semaine à sa permanence téléphonique (Gai Pied Hebdo, 9 juill. 1983, n° 77, p.17).
3. DR. CONSTIT. Permanence d'une assemblée. Système dans lequel une assemblée est juridiquement apte à fixer elle-même la date et la durée de ses sessions (p.oppos. au système dans lequel les sessions sont fixées par le gouvernement). La constitution de 1946 institue le système de la permanence de l'assemblée nationale (VEDEL, Dr. constit., 1949, p.405).
C. —Loc. adv. En permanence. Sans interruption. Synon. constamment, continûment, sans cesse, sans relâche. De 1804 à 1812, le typhus sévit en permanence dans l'Europe centrale (NOCARD, Tubercul. bovine, 1903, p.288). L'Indienne (...) soucieuse des Picassos (...) dont plusieurs s'écaillaient déjà sous l'action de l'humidité, entretenait un feu en permanence dans son salon (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.369).
REM. 1. Perm, subst. fém., abrév., arg. scol. [Corresp. à supra B 2 b b] Aller en perm; avoir une heure de perm. 2. Permanéité, subst. fém., hapax. Ce qu'il nous faut c'est aussi sa permanéité [De Dieu] (GIDE, Nourr. terr., 1897, p.169).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. 1370-72 «caractère de ce qui est durable; longue durée de quelque chose» (N. ORESME, Ethiques, I, 16, éd. A. D. Menut, p.133); 2. 1789 permanence des assemblées «système constitutionnel dans lequel les assemblées législatives se réunissent à simple convenance» (Moniteur universel, 9 juill. ds RANFT, p.54); 3. 1796 en permanence «sans interruption» (Le Néologiste fr., ibid., p.55); 1798 «toujours dans le même état et sans intermittence» (Ac.); 4. 1874 «service chargé d'assurer le fonctionnement ininterrompu d'un organisme; local où fonctionne ce service» (Lar. 19e); 5. 1926 «salle d'études où est constamment assurée la surveillance des élèves» (GIRAUDOUX, Simon, p.19). Empr. au lat. médiév. permanentia «caractère de ce qui est durable» (1319 ds DU CANGE), dér. de permanere (v. permanent). Permanence a remplacé le plus anc. parmanance, parmenance «caractère de ce qui dure, constance» (XIIe s. ds T.-L.), dér. de parmanoir, parmaindre (v. permanent). Fréq. abs. littér.:454. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 403, b) 325; XXe s.: a) 424, b) 1157. Bbg. QUEM. DDL t.20.
permanence [pɛʀmanɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1370; lat. médiéval permanentia. → Permanent.
❖
1 Caractère de ce qui est durable, permanent (cit. 2, Taine); longue durée de quelque chose. || La permanence de la nature (cit. 52). || L'association (cit. 12) implique un certain caractère de permanence. ⇒ Continuité, stabilité. || La permanence de ses goûts. ⇒ Fixité. || La permanence du moi. ⇒ Constance, identité (→ Dissociation, cit. 2).
1 La valeur curative d'une doctrine n'est pas dans sa vérité logique, mais dans sa permanence.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, II.
2 Dans son amour pour Pauline, Jean sentit incorporée une substance d'essence magique, une espèce d'éternité et c'est pourquoi l'instant fugace où elle était mêlée lui donnait une sensation étrange de permanence.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 335.
2 (1789). Dr. || Permanence des assemblées. — Commission de permanence, nommée par une assemblée pour siéger en son absence.
3 On dit d'une assemblée qu'elle est permanente quand elle a constitutionnellement le pouvoir de fixer elle-même, comme elle l'entend, la date et la durée de ses sessions. On voit par cette définition que la permanence n'implique nullement que l'assemblée soit toujours en session.
L. Duguit, Traité de droit constitutionnel, t. IV, p. 234.
3 (1875). Cour. Service chargé d'assurer le fonctionnement ininterrompu d'une administration, d'un organisme public ou privé… || Les bureaux sont fermés le samedi, mais il y a une permanence. || Instituer, tenir une permanence. || La permanence sera assurée (cit. 19) par M. X… — (En parlant des employés chargés de ce service). || Être de permanence.
♦ (Déb. XXe). Par métonymie. Local où fonctionne ce service. || Permanence d'un commissariat de police. || Adressez-vous à la permanence, première porte à gauche. || Permanence du parti socialiste. — Permanence électorale, permanence d'un candidat : local où un candidat aux élections se tient toujours prêt à recevoir ou à faire recevoir ses électeurs.
♦ (Déb. XXe). Salle d'études d'un établissement d'enseignement, où est constamment assurée la surveillance d'élèves qui ne sont pas en classe (fam. perm).
4 « Il est si facile, quelle que soit la surveillance, de travailler sans relâche (…) Le jeudi et le dimanche, pour éviter la promenade, je me glissais à la Permanence. Ce nom vous plaît-il autant qu'il me plaisait : travail permanent, permanente gloire ! »
Giraudoux, Simon le pathétique, I.
♦ ☑ (1801, in D. D. L.). Loc. adv. En permanence : sans interruption. ⇒ Constamment, toujours (→ Faussaire, cit. 6). || Assemblée qui siège en permanence. || Vous n'allez pas rester ici en permanence ? || Il s'est installé en permanence à la campagne. ⇒ Demeure (à).
♦ Par ext. Très souvent, sans laisser de répit à qqn ou qqch. || Il la taquine en permanence, sans cesse, sans relâche.
5 De ce jour, il fallut admettre que la Cité universelle ne pourrait se construire qu'à deux conditions. Ou bien des révolutions quasi simultanées dans tous les grands pays, ou bien la liquidation, par la guerre, des nations bourgeoises; la révolution en permanence ou la guerre en permanence.
Camus, l'Homme révolté, p. 289.
❖
CONTR. Altération, conversion, évolution, interruption, modification. — Devenir. — Fuite, instabilité. — Intermittence.
DÉR. Permanencier.
Encyclopédie Universelle. 2012.