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pitance

pitance [ pitɑ̃s ] n. f.
• 1240; « pitié » 1120; var. de pitié
1Vx Ration, nourriture servie dans un couvent. Rancé « se contentait de la pitance commune » (Chateaubriand).
2( XVIIe) Péj. et vieilli Nourriture. Avaler sa maigre pitance. « Ma pitance était servie à Calèse » (F. Mauriac). Ce roquet « ne jappait d'ailleurs que pour réclamer sa pitance » (Maupassant). pâtée.

pitance nom féminin (de pitié) Littéraire. Nourriture nécessaire, subsistance journalière.

pitance
n. f. Péjor. ou litt. Nourriture. Une maigre pitance.

⇒PITANCE, subst. fém.
A.Vx. Portion, ration de pain, de vin, de viande, distribuée à chaque repas dans une communauté (en particulier religieuse). Bonne, maigre pitance; double pitance; retrancher (de) la pitance. Tout chef qu'il était, Rancé ne s'accorda aucune des préférences de ses devanciers, il se contentait de la pitance commune (CHATEAUBR., Rancé, 1844, p.151). Il trouva là le frère oblat, partageant la pitance du couvent avec sa maîtresse (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t.2, 1957, p.53). V. pitancier rem. infra ex.
B.P. ext., vieilli, fam. et de nos jours péj., iron. ou littér. Nourriture nécessaire à la subsistance; ration, portion de chacun pour un repas, une journée. Synon. part. pitance quotidienne. Un pauvre diable qui, après avoir mangé sa maigre pitance, achevait de dîner en dévorant des yeux le festin pantagruélique de son voisin (HUGO, Rhin, 1842, p.235). Mon départ augmentait la pitance de chacun de mes frères (ABOUT, Roi mont., 1857, p.9). C'est en implorant sa puissance [du nom de la Vierge] que les mendiants tendent la main, et que les jeunes clercs s'en vont de maison en maison quêter leur pitance journalière (THARAUD, Passant Éthiopie, 1936, p.147).
P. métaph. Balzac (...) attendait en affamé sa ration et comme sa pitance d'éloges (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.2, 1842, p.50):
♦ Certains lisent méthodiquement. D'autres oublient de vivre pour prendre des notes savantes (...). D'autres encore vivent dans la fiction. Tous, nous sommes dans l'imaginaire et quel drôle de cortège qui défile clopin-clopant et parade, des esprits très divers, mais tous avançant au pas du canard chinois et barbotant du bec à la recherche de Dieu sait quelle maigre pitance mentale...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.385.
[En parlant d'un animal] À voir comme il [le grand aigle] s'acharnait goulûment sur sa douloureuse pitance, le pauvre oiseau semblait n'avoir pas mangé de trois jours (GIDE, Prométhée, 1899, p.314). Le perdreau gris passe la nuit en compagnie, dans une éteule ou dans un labour, on le surprendra là au matin alors qu'il cherche sa pitance, composée de grains, d'insectes ou de vers (VIDRON, Chasse, 1945, p.8).
C.En partic., fam., vieilli. Le poisson, la viande par opposition au pain et au vin. Il donne sur la pitance beaucoup plus que sur le pain (BESCH. 1845). Il y en avait [des oiseaux] sur la maie, et Norine les posait à terre avec d'infinies précautions quand elle voulait prendre le pain ou la pitance (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.120).
REM. Pitancier, subst. masc. Moine qui, dans une communauté religieuse, était chargé de distribuer la pitance (supra A). Un fonctionnaire nommé Pitancier qui distribuait aux moines la pitance ou portion monacale (BOUILLET 1859). On note le fém. pitancière. (Ds DG, QUILLET 1965).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1re moit. XIIes. «pitié» (Psautier Oxford, XX, 7, p.274 ds T.-L.); 2. 1178 «portion de nourriture» (Renart, éd. M. Roques, 13221 et 13226). Empr. au lat. médiév. pietantia «nourriture donnée aux moines» (att. dès 1124 sous la forme pidantia, v. DU CANGE, s.v. pictantia), dér. de pietare (cf. pietari att. ds le Psalterium Casinense, v. FEW t.8, p.442a, note 13), lui-même dér. de pietas (piété/pitié), les distributions de vivres ayant alors souvent été assurées par des fondations pieuses. Fréq. abs. littér.:80. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p.533. —VAN DIJK (W.-C.). Le Vocab. des Capucins. Foi Lang. 1977, n° 3, p.212.

pitance [pitɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1240; « pitié », 1120; var. de pitié.
1 Vx. Ration de nourriture servie à chaque repas, dans une communauté, un couvent. || La pitance des moines. Pitancerie, pitancier.
1 Tout chef qu'il était, Rancé ne s'accorda aucune des préférences de ses devanciers, il se contentait de la pitance commune (…)
Chateaubriand, Vie de Rancé, p. 139.
2 (XVIIe). Mod. (Littér. ou plais.). Ce que l'on mange. Nourriture, subsistance (→ Expédier, cit. 3; moment, cit. 29). || La pitance quotidienne du soldat. Rata. || Se contenter d'une maigre pitance. Pâtée (figuré).
2 Certain chien qui portait la pitance au logis
S'était fait un collier du dîné de son maître.
La Fontaine, Fables, VIII, 7.
3 Les cantinières qui nous apportaient la pitance restaient avec nous pour écouter notre Arabe.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 51.
(En parlant des animaux). || Chien qui jappe (cit. 1) pour réclamer sa pitance. || Laisser les bêtes chercher leur pitance dans les pacages (→ Élevage, cit. 1).
DÉR. Pitancerie, pitancier.

Encyclopédie Universelle. 2012.