plumer [ plyme ] v. <conjug. : 1>
• 1150 « arracher la barbe, les poils »; de 1. plume
I ♦ V. tr.
1 ♦ (1180) Dépouiller (un oiseau) de ses plumes en les arrachant; spécialt quand il est tué, pour le faire cuire. « Le cuisinier plume les oies » (Apollinaire). — Volaille plumée à la machine.
2 ♦ (XIIIe) Fig. Dépouiller, voler (généralt en trompant). Il s'est fait plumer par des escrocs. « Il s'est laissé plumer comme un oison » (A. Gide).
3 ♦ Par anal., région. Éplucher. « J'ai encore à plumer mes asperges » (Proust).
II ♦ V. intr. Mar. Friser l'eau en ramenant l'aviron en arrière.
plumer (se) [ plyme ] v. pron. <conjug. : 1>
• 1883; de 2. plume → plumard
♦ Fam. et vieilli Se mettre au lit, au plumard. ⇒ se coucher. « Tu vas te plumer ? » (Sartre).
● plumer verbe transitif (de plume 1) Arracher à un oiseau, une volaille toutes ses plumes : Plumer un pigeon. Familier. Escroquer quelqu'un, le voler, le dépouiller : Il s'est laissé plumer sans rien dire. ● plumer (homonymes) verbe transitif (de plume 1) plumet nom masculin ● plumer (synonymes) verbe transitif (de plume 1) Familier. Escroquer quelqu'un, le voler, le dépouiller
Synonymes :
- étriller (familier)
- filouter (vieux)
plumer
v. tr.
d1./d Dépouiller (un oiseau) de ses plumes. Plumer un poulet. Syn. (Afr. subsah., Antilles fr., Haïti) déplumer, (Québec) pleumer.
d2./d Fig., Fam. Plumer qqn, lui faire perdre son argent (en le trompant, au jeu). Syn. (Québec) pleumer.
⇒PLUMER, verbe trans.
A. —[Le compl. d'obj. dir. désigne un oiseau, une volaille] Arracher les plumes, généralement en totalité. Synon. déplumer (v. ce mot A 1). Plumer un poulet, de la volaille. Il n'est point indifférent de ne pas plumer le faisan trop tôt; (...) ceux qui sont conservés dans la plume sont bien plus parfumés que ceux qui sont restés longtemps nus (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.346). C'est le plus touchant des spectacles de voir l'oiseau (...) s'arracher son duvet, pour coucher, couvrir son petit (...). Et quand elle s'est plumée, (...) le père lui succède (MICHELET, Oiseau, 1856, p.19). L'oison fut saigné et plumé par la vieille Léonarde. (...) elle arrachait de son mieux le duvet (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.159). V. gibier ex. 2.
— Absol. Les femmes, assises, plumaient. (...) les plumes volaient sous les doigts (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.663).
— Empl. adj. Dépouillé totalement de ses plumes. Synon. déplumé (v. ce mot II A). Volaille plumée. V. bréchet ex. 1.
B. —P. anal.
1. a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un végétal, un aspect du paysage ou d'une pers., etc.] Arracher (ou sembler arracher) les éléments constitutifs (de telle chose). Synon. déplumer (v. ce mot A 2 a). Et pour savoir si j'suis amé Sûr, j'aurai pas besoin d'plumer L'volant mignon des marguerites (RICTUS, Soliloques, 1897, p.86). Ces meutes de l'air (...) ébranlant au passage les branches des arbres et plumant les tamaris (ARNOUX, Rhône, 1944, p.347).
— En partic.
♦Région. (Sologne notamment), vieilli. Plumer un légume, une pomme, etc. Enlever l'écorce, la peau (de telle chose). Synon. écorcer, éplucher, peler. L'année où nous mangeâmes tant d'asperges, la fille de cuisine habituellement chargée de les «plumer» était une pauvre créature (PROUST, Swann, 1913, p.80).
Empl. pronom. passif. Les belles pommes de terre rouges qui, bien cuites, «se plument» toutes seules (RENARD, Journal, 1901, p.681).
P. métaph. Le shériff le tient. Il doit être en ce moment épluché par quelque sergent (...). Comme ça vous plume les crimes, ces habiles gens-là! (HUGO, Homme qui rit, t.3, 1869, p.45).
♦Fam. [Le suj. désigne le nez] Plumer le nez ou intransitivement plumer. Synon. de (se) desquamer, peler. La réverbération du soleil était cruelle, nous sentions nos nez cuire et commencer déjà à plumer (GENEVOIX, Laframboise, Lac Fou, 1942, p.104). V. gémir ex. de Proust.
— Empl. adj. [En parlant d'une pers.] Qui évoque, par son aspect extérieur, l'apparence misérable d'un oiseau qui a perdu ses plumes ou d'une volaille qui a été dépouillée de ses plumes. Synon. déplumé (v. ce mot II B 2 p.ext. b). Vous rappelez-vous dans Lucrèce Borgia ce Montefeltro, qui a bu le poison du pape Alexandre et qu'on voit passer au fond de la scène, plumé, cassé, grelottant, honteux de vivre! (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.293).
♦En partic., pop. Dépouillé de ses cheveux. Synon. déplumé (v. ce mot II B 2). Et c'lui qu'était à côté faisait: «Oui», avec sa tirelire qu'était plumée en haut (BARBUSSE, Feu, 1916, p.134).
b) Spécialement
— Arg. Plumer un perroquet. ,,Boire un verre d'absinthe`` (BRUANT 1901, p.62). [Ce capitaine de l'armée d'Afrique, en 1840] buvait dix absinthes par jour, ce qu'il appelait «plumer ses perroquets» (D'ESPARBÈS, Folie épée, 1927, p.49).
— AVIRON. Plumer l'eau ou absol. plumer. ,,Ramener la pelle en arrière après le coup d'aviron en frisant la surface de l'eau`` (GRUSS 1952). Les reflets des canots cramoisis, les avirons des champions qui plument l'eau (MORAND, Londres, 1933, p.181).
2. a) Fam. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Dépouiller progressivement (quelqu'un) d'un bien matériel, généralement par ruse et tromperie. Synon. déplumer (v. ce mot A 2 b), déposséder, tondre (pop.), voler. Se faire/se laisser plumer comme un pigeon. Tu auras été dupe (...) D'une princesse de quatre sous, qui t'a plumé, houspillé, trompé, berné (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.412). Le devoir de l'aubergiste (...) c'est (...) d'arrêter les passants, de vider les petites bourses et d'alléger honnêtement les grosses, (...) de râper l'homme, de plumer la femme, d'éplucher l'enfant (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.460). L'art de duper les gens en grande compagnie (...) le talent merveilleux de plumer les jobards (BARRÈS, Colline insp., 1913, p.228).
— Plumer la poule sans la faire crier. V. poule I A 4.
— Absol. J'apporte à vos blanches quenottes Toute une fortune à croquer! Le pigeon vient! plumez, plumez... Prenez mes dollars, mes bank-notes (MEILHAC, HALÉVY, Vie paris., 1867, I, 12, p.18).
— Empl. adj. Synon. de déplumé (v. ce mot II B 2 p.ext. a), détroussé, dévalisé, escroqué, volé. Ils vivent des voyageurs, et les histoires ne manquent pas qui racontent les malheurs de leurs victimes, plumées ou écorchées (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.78).
— Empl. subst. Personne dépouillée. Il n'a plus démarré de faire des pokers tout le jour (...). Il en est sorti des plumés de cette pièce (GIONO, Gds chemins, 1951, p.70).
— Rare. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Synon. de dérober, extorquer, voler. Il faut de la patience, ma fille, quand on veut plumer douze millions (...) si Fernand revient ici, il y laissera son dernier louis (PONSON DU TERR., Rocambole, t.2, 1859, p.190).
b) Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne un sentiment, un concept] Dépouiller d'un bien moral, d'une valeur abstraite. Il fut s'installer dans un café où il était sûr de ne point rencontrer d'amis. Ils verraient que je suis amoureux, pensa-t-il, et me plumeraient d'avance mon idéal (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.57).
Prononc. et Orth.:[plyme], (il) plume [plym]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1150 «arracher, tirer (la moustache de quelqu'un)» (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 1354); 2. XIIIes. «arracher les plumes (d'un oiseau)» (DOUIN DE LAVESNE, Trubert, éd. G. Raynaud De Lage, 406); 3. a) ca 1205-50 «dépouiller, voler quelqu'un» (Renart, éd. E. Martin, branche XIII, 1841); b) ca 1461 plumer l'oyson «faire une dupe» (Rec. gén. des Sotties, éd. E. Picot, t.1, p.120); 1581 plumer l'oye sans la faire crier «faire des exactions sans qu'il y ait des plaintes» (FROUMENTEAU, Le Secret des finances de France, III, 67); 1619 plumer la poule sans crier (A. D'AUBIGNÉ, Les Aventures du baron de Faeneste, livre 3, chap.1 ds OEuvres, éd. E. Réaume et De Caussade, t.2, p.482); 1690 plumer la poule sans la faire crier (FUR.); 4. 1350 «enlever l'écorce» (doc. ds GDF.). Dér. de plume1; dés. -er. Fréq. abs. littér.:110.
DÉR. 1. Plumage, subst. masc. a) Synon. de plumée2 (v. ce mot A). (Dict.XIXe et XXes.). b) Rare. Action de plumer l'eau (supra B 1 b aviron). Par suite des rafales terribles qui enfilent les fjords, les avirons n'ont pas de pêle [sic]; car même avec un savant plumage, des surfaces planes et larges donneraient trop de prise au vent et feraient chavirer l'embarcation (CHARCOT, Voy. îles Féroë, 1934, p.32). c) Fam., rare. Action de plumer quelqu'un (supra B 2 a). Le Tocquart (...) est un joueur expérimenté, méfiant, qui résiste au plumage (HOGIER-GRISON, Monde où l'on triche, 2e série, 1886, p.199). — []. — 1re attest. 1611 (COTGR.); de plumer, suff. -age; cf. plumaison, plumée2. 2. Plumaison, subst. fém. a) Synon. de plumée2 (v. ce mot A). Plumaison des volailles. —1o À vif: Les oies, canards et dindons peuvent être plumés à diverses reprises pendant leur vie (...). 2o Après la mort: La plumaison doit se faire de suite, (...) parce que la plume se détache plus facilement (Lar. mén. 1926). b) P. anal. C'est (...) une femme du monde qui t'a mis dans cet état-là? Les farceuses s'entendent mieux que nous à la plumaison du dinde!... Oh! te voilà comme une carcasse abandonnée par les corbeaux (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.320). — []. — 1re attest. 1846 id.; de plumer, suff. -aison. 3. Plumeur, -euse, subst. Personne qui a pour fonction de plumer les volailles. Le boucher blanc à l'air de sacrificateur, le plumeur de poulets (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p.108). Ragotte est une habile plumeuse d'oies vivantes (...) les ailes d'une oie ainsi plumée pendent (RENARD, Nos frères farouches, 1910, p.23). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1609 (La Gazette, 15 (Fontemoing) ds QUEM. DDL t.20); de plumer, suff. -eur2.
1. plumer [plyme] v. tr.
ÉTYM. 1150, « arracher la barbe, les poils de (qqn) »; sens propre, 1180; de 1. plume. REM. Le lat. plumare signifie « emplumer ».
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I V. tr.
1 (1180). Dépouiller (un oiseau) de ses plumes en les arrachant; spécialt, quand il est tué, pour le faire cuire. || Plumer un poulet (→ Encas, cit. 2). — Au p. p. || Poulet plumé. || Volaille plumée. || Pousser des cris d'orfraie (cit. 1) plumée vive. — Oiseau qui en plume un autre à coups de bec. ⇒ Déplumer. — || « Alouette… je te plumerai » (chanson populaire).
1 Le pivert, qui prit mal cette plaisanterie,
Vient à bons coups de bec plumer le persifleur (…)
Florian, Fables, II, 22.
2 Des poulets morts et plumés s'alignaient dans des caisses (…)
Zola, la Terre, II, VI.
3 Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n'ai-je
Ma bien aimée entre mes bras
Apollinaire, Alcools, p. 65.
2 (XIIIe). Par métaphore ou fig. Dépouiller, voler (qqn), généralement en trompant, en dupant. ⇒ Dépouiller (→ 1. Manger, cit. 11). || Il s'est fait, il s'est laissé plumer comme un oison, comme un pigeon (⇒ Pigeon, fig., pigeonner). || Il a été plumé par des escrocs.
4 La cantatrice célèbre, devenue âpre à la curée, veut être riche, très riche (…) Elle s'est essayée sur le sieur Hulot, qu'elle a plumé net, oh ! plumé, ce qui s'appelle rasé !
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 145.
5 Ses résignations, à lui, me font bouillir : pas moyen de l'amener à se défendre; il s'est laissé plumer comme un oison, disant merci à tous ceux qui voulaient bien prendre (…)
Gide, les Caves du Vatican, I, 7e tableau.
6 — Oui, ma cocotte, on s'est bien aimé, rue Lambert; et depuis (…) tu m'as bien plumé aussi (…) Ce n'est pas un reproche : plume à plume. Et la dernière arrachée, après vingt-cinq ans, que voulais-tu faire de ton vieux poulet, dis, ma belle ?
F. Mauriac, les Anges noirs, XIV.
3 Régional. Dépouiller (de ses feuilles, de son écorce, de sa peau…), éplucher (des légumes, des fruits). || « Plumer un bâton, un rameau…, un fruit » (Littré).
7 (…) mon fourneau n'est seulement pas éclairé, et j'ai encore à plumer mes asperges. — Comment, Françoise, encore des asperges !
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 85.
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II V. intr. Friser l'eau en ramenant l'aviron en arrière.
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DÉR. Plumaison, 2. plumée, plumeur.
HOM. 1. Plumée, 2. plumée, 3. plumée, 2. plumer.
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2. plumer (se) [plyme] v. pron.
ÉTYM. 1883; dérivation régressive de 2. plumard, ou dér. de plumes (d'un lit; → 1. Plume, I., 2., c).
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0 — Eh bien, dit Charlot, je me tire. — Tu vas te plumer ? — On en cause. — Tu veux que je t'accompagne ? — C'est pas la peine, dit Charlot en bâillant.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 147.
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HOM. 1. Plumée, 2. plumée, 3. plumée, 1. plumer.
Encyclopédie Universelle. 2012.