plus-que-parfait [ plyskəparfɛ ] n. m.
• 1550; temps passé plus que parfait 1521; lat. gramm. plus quam perfectum
♦ Gramm. Plus-que-parfait de l'indicatif : temps corrélatif de l'imparfait (auxiliaire à l'imparfait et participe passé) exprimant généralement une action accomplie et antérieure à une autre action passée (ex. quand il avait dîné, il nous quittait; si j'avais pu, je vous aurais aidé). — Plus-que-parfait surcomposé (surtout langue parlée),marquant l'achèvement complet de l'action (ex. « Les pêcheurs avaient eu vite épuisé toute la surprise de l'aventure » [Vercel]).
♢ Plus-que-parfait du subjonctif : temps employé surtout dans la langue littéraire (auxiliaire à l'imparfait du subj. et participe passé), exprimant, en subordonnée, l'antériorité par rapport à un fait passé ou une corrélation avec le conditionnel (ex. Il fallait, il faudrait qu'il eût accepté, que nous eussions accepté; nous ne le laissâmes pas partir avant qu'il eût avoué). — Employé pour le conditionnel passé (ex. « Rodrigue, qui l'eût cru ? — Chimène, qui l'eût dit ? » [Corn.]).
● plus-que-parfait, plus-que-parfaits nom masculin Temps du verbe, qui traduit l'aspect accompli par rapport à l'imparfait et qui est constitué d'un participe passé précédé de l'auxiliaire avoir (ou être) affecté des affixes de l'imparfait.
plus-que-parfait
n. m. GRAM Temps de l'indicatif et du subjonctif marquant le passé par rapport à un temps déjà passé. (Ex. J'avais prévu qu'il échouerait.) (N.B. Le plus-que-parfait du subjonctif peut être employé avec la valeur d'un conditionnel passé. Ex. Qui l'eût cru?)
⇒PLUS-QUE-PARFAIT, subst. masc.
GRAMM. Temps composé du verbe servant à exprimer l'aspect accompli et l'antériorité d'une action passée par rapport à une autre action passée.
A. —1. Plus-que-parfait de l'indicatif. [Corresp. à l'imp. de l'ind.] Temps constitué par l'auxiliaire à l'imparfait de l'indicatif suivi du participe passé, servant à exprimer le plus souvent l'antériorité d'une action passée (celle-ci étant exprimée à l'imparfait, au passé simple ou au passé composé). En tout cas, il faut un plus-que-parfait. Le présent, qui revient là pour un vers, ralentit, puisque le commencement de la phrase est à l'imparfait (FLAUB., Corresp., 1852, p.83). L'imparfait du subjonctif reste facultatif et d'appréciation particulière après l'imparfait de l'indicatif et le conditionnel —(...) il n'est commandé que par le plus-que-parfait de l'indicatif ou par le conditionnel passé (GIDE, Journal, 1927, p.856).
a) [Valeur temp. d'antériorité]
) [Par rapport à une autre action passée précise] J'avais fini mon travail quand tu es entré (DUPRÉ 1972).
) [Par rapport à une autre action passée indéterminée ou habituelle, notamment avec l'imp. dans la princ. ou avec à peine... que] Quand il avait bien mangé, il était de bonne humeur (G. MAUGER, Gramm. prat. du fr. d'auj., 1968, p.246, § 510).
) Fam. [Pour évoquer un fait situé loin de l'actualité] Les Prussiens étaient venus jusqu'ici en 1870 (G. MAUGER, Gramm. prat. du fr. d'auj., 1968, p.246, § 510).
b) [Valeur modale]
) [Dans le style indir. ou dans le style indir. libre] Il parla de sa vie nomade... il avait échappé à la conscription (E. HENRIOT, Aricie Brun, 1924, I, 1 ds LE BIDOIS t.1 1935, § 747).
) [Pour remplacer le cond. passé dans une indép.] Un petit effort de plus et il était arrivé le premier (DUPRÉ 1972).
) [Pour exprimer, avec si]
— [l'hypothèse] Si tu avais été là.
— [le regret] Si j'avais su cela!
— [le reproche] Si vous m'aviez écouté!
c) [Valeur styl.]
) [Pour atténuer un propos, par politesse, à la place du prés. de l'ind.] Mais Emma, se tournant vers madame Homais: —On m'avait fait venir (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.96).
) [Avec nuance hypocor.] ,,À l'imparfait hypocoristique correspond aussi un plus-que-parfait hypocoristique, naturellement réservé à la langue familière: Comment qu'il l'avait mis, son papa! dit une domestique à la vue d'un petit enfant que son père avait posé de travers au berceau [DAMOURETTE et PICHON, V., § 1796]`` (IMBS Temps verbaux 1960, p.129).
2. Plus-que-parfait surcomposé. Temps composé constitué par l'auxiliaire au plus-que-parfait de l'indicatif suivi du participe passé, employé surtout dans la langue parlée, servant à exprimer l'achèvement complet de l'action, principalement dans une subordonnée temporelle ou conditionnelle. Quand il avait eu rassemblé les plus effrontés de chaque métier, il leur dit: régnons ensemble (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.145). À peine les avais-je eu quittés qu'ils s'étaient reformés (PROUST, Guermantes 1, 1920, p.29). Quand il avait eu fini son travail (DUPRÉ 1972).
B. —Plus-que-parfait du subjonctif. Temps employé surtout dans la langue littéraire, constitué par l'auxiliaire à l'imparfait du subjonctif suivi du participe passé, exprimant, en proposition subordonnée, l'antériorité par rapport à un fait passé ou une corrélation avec le conditionnel.
1. [Dans une sub., s'emploie à la place du plus-que-parfait de l'ind. pour insister sur le rapport de la sub., à la princ., surtout après une princ. négative au passé]
— [Exprime une action passée, correspondant à l'ind. plus-que-parfait ou au passé antérieur] Je ne savais pas qu'il eût fait ce voyage (DUPRÉ 1972).
— [Exprimant une action future, correspondant à l'ind. fut. ant.]
2. Littér. [Dans une invers. hypothétique] Eussé-je dû.
3. [Après une conj. exigeant le subj. (dans les sub. finales, concess.) lorsque le verbe de la prop. princ. est à un temps du passé] Quoiqu'il eût terminé son travail, il ne voulut pas partir (DUPRÉ 1972).
Rem. Ce subj. équivaut à un cond. passé dans la lang. littér.: J'eusse désiré qu'il continuât toujours (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p.63). En partic. [Dans un système hypothétique et pour traduire une éventualité] Si madame fût arrivée une minute plus tôt, elle aurait entendu le coup (MÉRIMÉE, Arsène Guillot, 1847, p.569 ds GREV. 1975, § 740b).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1521 temps passé plus que parfait (Papiers de Granvelle, I, 187 ds GDF. Compl.); 1550 plus qe perfes (MEIGRET, Gramm. franç., f° 69, r°, ibid.). Comp. de plus, que, parfait sur le modèle du lat. plus quam perfectum (PRISCIEN). Bbg. IMBS Temps verbaux 1960, pp.124-128, 218-224; IMBS Prop. 1956, p.150, 153, 336, 345, 347, 350. —KLUM (A.). Verbe et adv. Stockholm, 1961, pp.195-197. —MARTIN (R.). Temps 1971, pp.111-117, 367-376. —OLSSON (L.). Ét. sur l'emploi des temps ds les prop. introd. par quand et lorsque... Uppsala, 1971, pp.55-56. —STAVINHOHOVA (Z.). Les Temps passés de l'ind. dans le fr. contemp. Brno, 1978, pp.75-103. —VET (Co). Temps, aspects et adv. de temps en fr. contemp. Genève, 1980, p.16, 19, 21, 25, 30, 75, 78, 83.
plus-que-parfait [plyskəpaʀfɛ] n. m.
ÉTYM. 1550; temps passé plus que parfait, 1521; empr. du lat. gramm. plus quam perfectum.
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♦ Gramm. Un des temps du passé (cit. 18) à l'indicatif et au subjonctif. || Le plus-que-parfait, temps composé, est formé d'un auxiliaire à l'imparfait (de l'indicatif ou du subjonctif) et d'un participe passé.
1 (Indicatif). Temps corrélatif de l'imparfait (comme le passé antérieur par rapport au passé simple) exprimant généralement une action entièrement accomplie et antérieure à une autre action passée exprimée à l'imparfait (parfois aussi au passé simple ou au passé composé). || Le plus-que-parfait exprime le plus souvent une antériorité sujette à se répéter et indéterminée (quand il avait dîné, il allait faire un tour), au lieu que le passé antérieur exprime des faits isolés (quand il eut dîné, il alla faire un tour). || Le plus-que-parfait, en relation avec l'imparfait, le passé simple et le passé composé, marque un fait accompli et antérieur à un autre fait passé (le printemps était venu, l'herbe poussait — je sonnai à sa porte, il était sorti — la police a perquisitionné, il avait tout fait disparaître). — Plus-que-parfait employé dans les subordonnées de condition en corrélation avec le conditionnel présent ou passé dans la principale (si j'avais pu, je vous aurais aidé), dans les exclamations de regret ou de souhait irréalisé (Ah ! si j'avais su !). — Plus-que-parfait du style indirect correspondant au passé composé dans le style direct (il a prétendu qu'il ne m'avait pas vu) ou du style indirect libre (« il parla de sa vie nomade… il avait échappé à la conscription… il avait vu l'invasion » [E. Henriot, in Le Bidois]). — Plus-que-parfait à valeur de conditionnel passé, en corrélation avec une subordonnée de condition ou un terme équivalant à une hypothèse (« Sans toi, j'avais tout perdu, un moment de plus, ils étaient partis » [Hugo, les Misérables]), présentant ainsi l'hypothèse « comme une réalité qui était imminente, mais ne s'est pas accomplie » (Dauzat). || Plus-que-parfait d'atténuation, de politesse (Pardon, monsieur, j'étais venu vous demander…). — Plus-que-parfait surcomposé (employé surtout dans la langue parlée), marquant l'achèvement complet de l'action (« les pêcheurs avaient eu vite épuisé toute la surprise de l'aventure », Vercel, la Clandestine, p. 43) et, de ce fait, employé souvent avec les verbes exprimant l'achèvement (si j'avais eu fini avant lui, j'aurais pu…). — (Dans une subordonnée temporelle). || « Quand il avait eu rassemblé les plus effrontés…, il leur avait dit… » (Stendhal).
2 (Subjonctif). Temps employé soit pour exprimer en subordonnée l'antériorité par rapport à un autre passé (dans les phrases où le subjonctif est exigé), soit pour remplacer le conditionnel passé, soit à la place du plus-que-parfait de l'indicatif dans une subordonnée de condition. — REM. Cet emploi est littéraire.
a Plus-que-parfait exprimant une action passée qui serait, avec une valeur différente, à l'indicatif plus-que-parfait (j'ignorais qu'il vous en eût parlé) ou au passé antérieur (je ne le laissai pas partir avant qu'il eût avoué…, correspondant à : je le laissai partir seulement quand il eut avoué…). — Plus-que-parfait exprimant une action future qui, à l'indicatif, serait au futur antérieur (je souhaiterais qu'il se fût décidé avant votre départ, correspondant à : se sera-t-il décidé avant votre départ ?) ou une action future qui serait au conditionnel passé (j'attendais qu'il eût accepté, correspondant à : j'attendais le moment où il aurait accepté).
b Le plus-que-parfait du subjonctif en fonction de conditionnel passé (C'eût été bien préférable. — « Rodrigue, qui l'eût cru ? — Chimène, qui l'eût dit ? » [Corneille, le Cid, III, 4]).
c Plus-que-parfait du subjonctif au lieu du plus-que-parfait de l'indicatif après si (s'il avait réussi, ou : s'il eût réussi, il eût été heureux). — REM. On peut rattacher à cet emploi le tour hypothétique avec inversion : « Le corps eût-il été plus sec, l'accident n'aurait pas eu lieu » (Gide, les Faux-monnayeurs, III, VII); « Y eût-il songé qu'il aurait sans doute attribué son zèle à la gravité du cas » (Flaubert, Mme Bovary, I, II). — Avec la principale à l'imparfait au lieu du conditionnel : « Pierre Louÿs m'eût-il encouragé dans ce sens, j'étais perdu » (Gide, Si le grain ne meurt, VIII).
Encyclopédie Universelle. 2012.