poisse [ pwas ] n. f.
1 ♦ Vieilli Gêne, misère. « Maintenant c'est la grande faim, c'est la grande poisse, la grande mouise » (Duhamel).
2 ♦ (1908) Mod. Malchance. ⇒ ennui, 2. guigne. Quelle poisse ! Encore une panne, c'est la poisse ! Porter la poisse : porter malheur.
● poisse nom féminin (de poisser) Populaire. Déveine, malchance, guigne : Avoir la poisse. ● poisse (homonymes) nom féminin (de poisser) poisse forme conjuguée du verbe poisser poissent forme conjuguée du verbe poisser poisses forme conjuguée du verbe poisser ● poisse (synonymes) nom féminin (de poisser) Populaire. Déveine, malchance, guigne
Synonymes :
- déveine
- guigne (familier)
- guignon (vieux)
poisse
n. f. Pop. Déveine.
I.
⇒POISSE1, subst. fém.
A. —Matière molle, collante, visqueuse. Maman, papa, grand'mère, me ferment la bouche avec des bonbons que je crache d'ailleurs, parce que je n'aime pas les poisses ni les sucres (L. DAUDET, Astre noir, 1893, p.208). Après cet effort, ses orbites semblaient s'être creusées. Et son visage était gluant d'une sueur malsaine pareille à de la poisse (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.538).
B. —Au fig., pop.
1. Situation ennuyeuse et contrariante. Être dans la poisse. V. colle B 2 a ex. de Colette.
2. Pauvreté, misère. Pourtant, vous avez un chez-vous, pourtant vous mangez à votre faim. —Que vous est-il arrivé, Jibé? —Des malheurs. Peux pas vous expliquer. Ce serait trop long. Mais ça ne va pas fort, patron. Maintenant, c'est la grande faim, la grande poisse, la grande mouise (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p.180). Je veux bien te plaindre, avoir pitié de toi, mais si tu as cru que notre misère, notre poisse, notre crasse étaient des titres de noblesse, tu t'es trompé (ANOUILH, Sauv., 1938, III, p.250).
3. Malchance. Quelle poisse! porter la poisse. Qu'est-ce que t'as, Fernande? lui demandait Kiki la rouquine. Tu vas nous fout' la poisse avec ta gueule de faire-part (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p.222). Quand on a la poisse de s'offrir une grande attaque boche le jour marqué pour la relève, qu'est-ce que tout le reste peut bien vous foutre! (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.38). Nicolas la regretta vaguement [la secrétaire]; sa voix, lui semblait-il, eût conjuré le mauvais sort, la poisse qui le collait là maintenant (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p.126).
Prononc.:[pwas]. Étymol. et Hist. A. 1. 1723 «fagot enduit de poix dont on se sert pour la défense des places de guerre» (SAVARY); 2. 1893 «matière collante» (L. DAUDET, loc. cit.). B. Fig. 1. 1909 «malchance persistante» (arg. des coureurs cyclistes d'apr. ESN.); 2. 1927 pop. «gêne, misère» (DUHAMEL, loc. cit.). Déverbal de poisser, la malchance, la misère s'attachant au malheureux comme la poix.
II.
⇒POISSE2, subst. masc.
Arg. Souteneur, gouape; voleur. Mots synonymes (...) Chable, Charle, Charlot, Charron, Chiffonneur, Doubleur, Poisse, Raboteur, tous ces mots signifient voleur (Jargon, Suppl., vers 1822, p.4). Le voisinage de la bonne fille et de la belle dame, du petit poisse ou du mécano et du haut de forme est assurément ce qui donne leurs airs à Pigalle ou à Blanche (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.177). Les dames du monde aux doigts couverts de bagues ne détestent pas, la nuit, rechercher les vagabonds sur les bancs, les permissionnaires saouls et même les poisses aux ongles noirs (MORAND, Pt théâtre, Matr. d'Éphèse, 1942, I, 4, p.36).
Prononc.:[pwas]. Étymol. et Hist. I. 1800 «voleur» (LECLAIR, Hist. des bandits d'Orgères d'apr. SAIN. Sources arg. t.2, p.92). II. Fin XIXes. «souteneur» (d'apr. DAUZAT 1973); 1928 (BAUCHE). I dér. régr. de l'arg. poissard «voleur», v. poissard1; cf. poix au sens 2 et poisser au sens de «voler». II soit déverbal de poisser, le souteneur étant un personnage auquel il est difficile d'échapper (cf. le sens «personnage collant», BAUCHE 1928; FEW t.8, p.621a), soit tiré de poisson au sens de «souteneur» (CELLARD-REY, s.v. poisse1). Fréq. abs. littér.: 20.
1. poisse [pwas] n. f.
ÉTYM. 1897; le « milieu », 1878; « police de sûreté », 1896 (→ Poisser); « fagot enduit de poix utilisé dans la défense des places de guerre », 1723; de poisser.
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1 Littér. État d'une substance visqueuse. ⇒ Viscosité. — Cette substance.
2 (Fin XIXe). Fam., vieilli. Gêne, misère; indigence. || « Maintenant…, c'est la grande poisse, la grande mouise » (cit. 1, Duhamel). ⇒ Dèche.
3 (1908). Mod., fam. Malchance durable. ⇒ Ennui, 2. guigne, guignon. || Quelle poisse ! || Encore une panne, c'est la poisse ! ☑ Porter la poisse : porter malheur.
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HOM. 2. Poisse, 3. poisse; formes du v. poisser.
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2. poisse [pwas] n. m.
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0 (Il) inclinait cette couronne sur l'oreille de la boniche où elle resta jusqu'au soir, selon l'inclinaison audacieuse que donnaient parfois les miliciens et les matelots à leurs bérets, les poisses à leur bâche (casquette) et les Frisés au calot noir.
Jean Genet, Pompes funèbres, p. 106.
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HOM. 1. Poisse, 3. poisse; formes du v. poisser.
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3. poisse [pwas] n. m.
ÉTYM. 1905, Esnault; abrév. de l'argot poisson « souteneur », pour maquereau, même sens, p.-ê. infl. de 2. poisse.
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♦ Argot. Souteneur.
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HOM. 1. Poisse, 2. poisse; formes du v. poisser.
Encyclopédie Universelle. 2012.