policier, ière [ pɔlisje, jɛr ] adj. et n.
• 1611; de 1. police
I ♦ Adj.
1 ♦ Relatif à la police (2o); concernant la police ou appartenant à la police (3o). Mesures policières. Enquête, bavure policière. « une ample campagne policière » (Duhamel). Chien policier : berger allemand, parfois labrador ou malinois, dressé pour aider la police dans ses missions. État, régime policier, où la police (politique) a une grande importance.
2 ♦ Se dit des formes de littérature, de spectacle qui concernent des activités criminelles plus ou moins mystérieuses qui font l'objet d'une enquête. Scénario, film policier. Intrigue policière. Roman policier, ou ellipt n. m. un policier. ⇒ 2. polar, 1. roman (noir). « Le roman policier est un récit où le raisonnement crée l'effroi qu'il est chargé d'apaiser » (Narcejac).
II ♦ N. (v. 1750) Personne qui appartient à un service de police (agent de police, inspecteur, détective privé, etc.). ⇒ gardien (de la paix); fam. flic, keuf, poulet; vieilli 3. bourre, cogne, condé, perdreau. Les policiers sont sur une piste, ont arrêté le coupable. « on peut avouer qu'on aime les gardes, on avoue moins légèrement qu'on aime les policiers » (Nizan). Policier en civil, en uniforme, en tenue. Policier de quartier. ⇒ îlotier. Elle est policier ou elle est policière. « Un policier allemand sur dix est désormais une policière » (Libération, 1995).
● policier nom masculin Roman, film policier. ● policier, policière adjectif Qui relève de la police, du maintien de l'ordre, de la force publique : Violences policières. Se dit d'un régime politique qui s'appuie sur la police, sur son omniprésence. (État policier, par opposition à État de droit.) Se dit d'un roman, d'un film qui prennent pour sujet l'enquête menée à l'occasion d'un crime ou d'un délit. ● policier, policière nom Membre de la police nationale. Par extension, agent de la force publique (policier, gendarme, policier municipal.
policier, ère
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Relatif à la police (1, sens 2); qui appartient à la police.
|| état policier, où la police est l'outil principal du pouvoir.
d2./d Roman, pièce, film policiers, qui mettent en scène principalement des personnages de policiers, de détectives, en lutte contre des gangsters ou des criminels.
rII./r n. m. Personne qui appartient à la police.
|| Membre d'une police privée.
⇒POLICIER, -IÈRE, adj. et subst. masc.
I. —Adjectif
A. —[Corresp. à police1]
1. Relatif à la police; qui est le fait de la police ou de certains membres de la police. Enquête, expédition policière; mesure, rafle, surveillance policière; bavures, brutalités, pressions, provocations policières. Une de ces opérations policières que le gouvernement avait plus ou moins fait prévoir dans les journaux du soir (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.356). Des histoires de prostitution dont les retombées policières et politiques furent importantes (Le Point, 10 janv. 1977, p.77, col. 2). V. infra ex. 3.
♦Chien policier. Chien spécialement dressé pour aider à des enquêtes de police. Chien policier (...). Les chiens de police, dans leur grande majorité sont de nos jours des bergers allemands (TRIQUET 1981, p.217).
2. Souvent péj. Où la police (politique) joue un rôle important. L'appareil policier dont s'entourait le pouvoir (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.64). Chez le Habsbourg, Colloredo, le Kabinetts-Minister, perfectionna les méthodes policières de Joseph II (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.617).
— État, régime policier. État, régime dont l'autorité s'appuie essentiellement sur la police. C'était une Italie policière en ce temps-là (BUTOR, Modif., 1957, p.192).
♦P. anal.:
• 1. Cet espionnage de tous les instants finit par m'impatienter. Je voulus hâter le dénouement, et je devins, un soir, entreprenant. Elle me reçut de telle façon que je m'abstins de toute tentative nouvelle; mais un violent désir m'envahit de lui faire payer, d'une façon quelconque, le régime policier auquel j'étais soumis, et je m'avisai d'un moyen.
MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Fen., 1882, p.885.
B. —[En parlant d'un roman, d'une pièce de théâtre ou d'un film] Dont l'intrigue est fondée sur des activités criminelles plus ou moins mystérieuses qui sont élucidées par une enquête conduite par la police, par des détectives ou par des particuliers. Intrigue, pièce, série policière (à la télévision). Les 39 marches, de Wilcok, est un film policier original, où la puissance du cinéma éclate (Arts et litt., 1936, p.34-6):
• 2. ... j'ai horreur des romans policiers. Je trouve que c'est le genre le plus niais du monde. Se torturer à embrouiller artificiellement une histoire pour se donner la fausse élégance de la dénouer en trois pages, à la fin, c'est une activité de plaisantin.
ANOUILH, Répét., 1950, III, p.79.
— P. ell., fam., subst. masc. Roman ou film policier. Synon. fam. polar (infra rem.). Dès les premières pages, on oublie qu'il s'agit d'un «policier», on se laisse éblouir par le talent époustouflant du romancier (L'Express, 13 mars 1972 ds GILB. 1980).
II. —Subst. masc. Personne qui appartient plus particulièrement à un service de police sans uniforme (v. police1). Synon. flic (fam.), poulet (pop). Les policiers qui enquêtent sur l'assassinat à Châtillon-sous-Bagneux, du gardien Paul Garnier, ont eu leur attention attirée par deux suspects (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.2, col. 4). Un policier trop zélé, comme il arrive, dénonça ce trafic au ministre Savary, et ne fut pas remercié de sa découverte (L'Hist. et ses méth., 1961, p.349):
• 3. Le droit de se contredire, je sais, mais enfin! À Dieu, à Poe? Poe qui, dans les revues de police, est donné aujourd'hui à si juste titre pour le maître des policiers scientifiques (de Sherlock Holmes, en effet, à Paul Valéry...) N'est-ce pas une honte de présenter sous un jour intellectuellement séduisant un type de policier, toujours de policier, de doter le monde d'une méthode policière?
BRETON, Manif. Surréal., 2e Manif., 1930, p.97.
— P. anal. Personne qui se comporte comme un policier. C'est un vrai policier. Le révolutionnaire est en même temps révolté ou alors il n'est plus révolutionnaire, mais policier et fonctionnaire (CAMUS, Homme rév., 1951, p.306).
Rem. Au fém. on relève a) Femme-policier. Femme-policier chargée de la surveillance de Patricia Hearst pendant son procès (Le Point, 16 août 1976, p.69, col. 2). b) Except. policière. Des policiers? Et d'abord, pourquoi pas des policières? La rareté du «sexe» qui est cependant aujourd'hui en France électeur majoritaire n'est-elle pas la preuve des difficultés que fait la police du muscle à laisser la place à la police de la tête ou à la police du coeur? (Pol. 1969).
REM. Polar, subst. masc. fam. Roman ou film policier. Lire un polar; aimer les polars; collection de polars. [Jean-Pierre Melville] construit, patiemment camouflé derrière les «polars» de la Série Noire, une espèce de geste proustienne (Le Nouvel Observateur, 12 août 1968, p.32 ds QUEM. DDL t.23). Nada, de J.-P. Manchette (Série Noire). Gare aux anars! Le manifeste du nouveau polar (L'Express, 24 juill. 1981, p.89, col. 3).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.A. Adj. 1. 1611 «qui concerne l'administration, le gouvernement d'une ville, d'un territoire» (COTGR.), attest. isolée; 2. 1836 «qui concerne la police; qui est du fait de la police» (RAYMOND); 3. 1898 «qui appartient à la police» (LORRAIN, Âmes automne, p.31: sous l'oeil policier des inspecteurs); 4. 1908 roman policier (G. LEROUX, Parfum, p.56); 5. 1911 chien policier (Le Plein air, 19 sept., 807a ds QUEM. DDL t.17, s.v. chien); 6. 1941 «qui s'appuie essentiellement sur la police» (L'OEuvre, 22 janv.). B. Subst. 1. 1753 «membre de la police» (FOUGERET DE MONBRON, Le Cosmopolite, p.160 ds QUEM. DDL t.10; 2. 1949 «roman policier» (AYMÉ, Confort, p.205). Dér. de police1; suff. -ier. Fréq. abs. littér.:419. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) néant, b) 23; XXes.: a) 650, b) 1378. Bbg. DARM. 1877, p.108. —LÖTMARKER (R.). Policier, adj. de relation. St neophilol. 1978, t.50, pp.81-99.
policier, ière [pɔlisje, jɛʀ] adj. et n.
ÉTYM. 1611; de police.
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I Adj.
1 (1611). Vx. Relatif à la police (1. Police, 1.). ⇒ Politique.
2 Mod. Relatif à la police (1. Police, 2.); concernant la police ou appartenant à la police (1. Police, 3.). || Surveillance policière (→ Exception, cit. 9). || Mesures policières. || Campagne, enquête, expédition policière. || Provocation policière. || Méthodes policières. || Chien policier, utilisé par la police (pour les recherches). — Régime policier, où la police a une grande importance (et notamment la police politique, dans une dictature, un pays totalitaire).
1 L'affaire de la rue des Lyonnais, comme il apparut assez vite, n'était qu'un épisode au cours d'une ample campagne policière.
G. Duhamel, Salavin, V, XXII.
3 Se dit des formes de littérature, de spectacle qui concernent des activités criminelles plus ou moins mystérieuses, et leur découverte (par la police ou par tout autre moyen). || Scénario, film policier. ⇒ Noir. || Pièce policière. || Intrigue policière. || Une série policière à la télévision.
♦ ☑ Loc. cour. (On a d'abord dit : roman judiciaire). Roman policier : récit impliquant des activités délictueuses et leur répression. ⇒ Polar; et ci-dessous (n. m.). — Genre littéraire (ou paralittéraire) incluant le roman policier à intrigue et à mystère et le récit violent dit roman noir.
2 Le roman policier, en France, n'a jamais été pris au sérieux. Claudel le tenait pour un « genre stercoraire » (…) On n'a pas tort de le considérer comme un genre hybride et un peu monstrueux. En vérité, on ne sait même pas quel nom lui donner ! Pierre Véry propose de l'appeler « récit de mystère ». D'autres pensent qu'il faut lui conserver son nom anglais : Detective Novel. Comment désigner avec précision quelque chose qui ressemble à un exercice de raisonnement (Poe), à un roman populaire (Gaboriau), à un récit de cape et d'épée (Gaston Leroux), à un drame romantique (Maurice Leblanc), à une subtile partie d'échecs (Van Dine), qui est un peu tout cela et un peu plus que cela ?
Th. Narcejac, in Encycl. Pl., Hist. des littératures, t. III, Le roman policier, p. 1644.
3 Le roman policier est un récit où le raisonnement crée l'effroi qu'il est chargé d'apaiser.
Th. Narcejac, in Encycl. Pl., Hist. des littératures, t. III, p. 1660.
3.1 (…) cette solitude, ce silence seraient plutôt apaisants après ces scènes, ces cris, et un bon roman policier qu'elle lirait pelotonnée au fond de son lit, plus distrayant que ces mornes remarques échangées par habitude (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 248.
♦ Un policier (n. m.), un roman policier. (Syn. fam. : polar.). || Elle ne lit que des policiers et de la science-fiction.
3.2 Il n'y a pas de policiers ? demande-t-il (…)
Il doit y avoir quelques Simenon en bas.
Simenon n'est pas du policier, c'est de la psychologie, profère-t-il avec dédain.
C. Rochefort, le Repos du guerrier, I, II, p. 47.
3.3 Je détestais qu'on appelât les romans policiers des policiers. Cette abréviation témoignait d'une veulerie de langage.
P. Guth, le Mariage du naïf, X, p. 94.
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II N. m. (1735). Personne qui appartient à un service de police. ⇒ Argousin, argus, sbire (vx); détective, limier; espion, indicateur; 2. bourre (fam.), bourrique, cogne, flic, perdreau, poulet, roussin, vache. || Policier d'une police secrète, parallèle. ⇒ Barbouze. REM. Policier se dit surtout des gens de police sans uniforme (commissaires, inspecteurs de la police judiciaire, de la sûreté…), les expressions agent de police, gardien de la paix, etc. étant plus courantes pour les policiers en uniforme (en France). — Épier qqn avec l'adresse d'un vieux policier (→ Chevalier, cit. 6). || Policier qui prend un suspect en filature (cit. 4), passe les menottes (cit. 2) à un coupable.
4 Le buveurs des grands cafés se sentirent protégés : ils aimaient les protections, ils pensaient aux policiers, aux gendarmes comme à de bons serviteurs, à de vieux domestiques de famille; ils aimaient bien les gardes : les gardes, disait-on, sont des soldats. Il est plus honorable d'être défendus par des soldats que par des mouchards : on peut avouer qu'on aime les gardes, on avoue moins légèrement qu'on aime les policiers (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, II, VII.
4.1 N'en déplaise aux auteurs de romans, le policier est avant tout un professionnel. C'est un fonctionnaire.
G. Simenon, les Mémoires de Maigret, p. 171.
5 Le révolutionnaire est en même temps révolté ou alors il n'est plus révolutionnaire, mais policier et fonctionnaire (…)
Camus, l'Homme révolté, p. 306.
♦ Par ext. Détective privé (→ Gangster, cit. 2). || Policier amateur.
➪ tableau Noms de métiers.
Encyclopédie Universelle. 2012.