pomper [ pɔ̃pe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1558 absolt; de 2. pompe
1 ♦ (1674) Déplacer (un fluide) à l'aide d'une pompe. Pomper l'air avec une machine pneumatique, pour faire le vide. Pomper de l'eau, en tirer à la pompe. ⇒aussi puiser.
♢ Absolt Manœuvrer une pompe. Pomper pour tirer de l'eau.
2 ♦ Aspirer (un liquide). Moustiques qui pompent le sang. ⇒ sucer.
3 ♦ Absorber (un liquide) en grande quantité.
♢ Fam. (Personnes) Boire. « On lui fait pomper quelques bouteilles du plus chenu bordeaux » (J. Hébert). Il a trop pompé (⇒ pompette) . — (Véhicules) Une voiture qui pompe quinze litres aux cent. ⇒ consommer.
4 ♦ Fig. Attirer à soi, soutirer (qqch.) de qqn. « La presse, cette machine géante, qui pompe sans relâche toute la sève intellectuelle de la société » (Hugo). Les impôts pompent les faibles revenus. — Loc. fam. (XVIIIe) Pomper l'air à qqn, le fatiguer, l'ennuyer. Il commence à nous pomper l'air !
♢ Par ext., fam. Épuiser. Cet effort l'a pompé. ⇒ claquer, crever. Je suis pompée (cf. Avoir le coup de pompe).
5 ♦ Arg. scol. Copier. Pomper la solution sur son voisin, dans le dictionnaire. — Absolt Pomper à un examen. ⇒ tricher.
● pomper verbe transitif Aspirer et/ou refouler un liquide, un fluide avec une pompe : Pomper l'eau d'une cale. Aspirer un liquide comme le fait une pompe : Insecte qui pompe le sang. Populaire. Boire (du vin) en quantité. Absorber un liquide en le retenant : L'éponge a pompé toute l'eau. Familier. Prélever sur les ressources d'un pays, de quelqu'un jusqu'à les épuiser totalement : Les impôts m'ont pompé tout mon argent. Populaire. S'inspirer d'une idée, d'un texte, copier en fraudant, en particulier à une épreuve : Élève qui a pompé la solution du problème sur son voisin. Familier. Fatiguer quelqu'un jusqu'à l'épuisement. ● pomper (homonymes) verbe transitif ● pomper (synonymes) verbe transitif Aspirer un liquide comme le fait une pompe
Synonymes :
- aspirer
- sucer
Populaire. Boire (du vin) en quantité.
Synonymes :
Absorber un liquide en le retenant
Synonymes :
- boire
Familier. Fatiguer quelqu'un jusqu'à l'épuisement.
Synonymes :
- anéantir
- claquer (familier)
- crever (familier)
- éreinter (familier)
- exténuer
- vanner (familier)
● pomper
verbe intransitif
Ramener un poisson pris à la ligne en alternant les tractions sur la canne pour le rapprocher et les tours de manivelle de moulinet pour récupérer le fil.
● pomper (homonymes)
verbe intransitif
pomper
v. tr.
d1./d Puiser, aspirer ou refouler avec une pompe. Pomper l'eau d'un puits.
d2./d Aspirer (un liquide) par une voie naturelle. Mouche qui pompe une goutte de jus de viande.
d3./d Absorber (un liquide). L'éponge pompe l'eau répandue.
|| Fig. Attirer à soi, s'emparer de. Pomper les économies de qqn.
d4./d Loc. fig., Fam. être pompé, épuisé.
d5./d (Afr. subsah.) Fam. Gonfler avec une pompe. Pomper les pneus d'un engin.
⇒POMPER, verbe trans.
A. — 1. Puiser, extraire un liquide à l'aide d'une pompe. Il est beaucoup plus économique de pomper directement la saumure du sous-sol au moyen de trous de sonde forés jusqu'au gisement, dans lesquels on injecte de l'eau douce (STOCKER, Sel, 1949, p.40):
• 1. Pour tout ce qui exige un acte d'initiative, elle s'en remet à cette forte fille, osseuse et sanguine, qui sait pomper l'eau, scier du bois, ramoner, frotter un parquet...
MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p.1047.
♦Absol. Actionner une pompe. Il pompait alors avec acharnement, en manches de chemise, son gros ventre débordant de la culotte (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.325). C'est dur, une journée entière à pomper. À cinq francs l'arpent que ça me coûte de sulfate, j'aurai perdu dix francs et mon temps si l'eau tombe (HAMP, Champagne, 1909, p.118).
— Arg. Faire une fellation, un pompier (v. pompier1 II A). Se faire pomper. Bénéficier d'une fellation. Elle avait surpris le directeur bien en train de se faire pomper par un apprenti (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.35).
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne un animal, un végétal] Aspirer. On sait l'usage que l'on fait de la sangsue en médecine pour pomper le sang de certains malades (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p.29). La trompe sert principalement aux insectes pour pomper leur boisson. Les insectes sanguisorbes ont une trompe d'une structure particulière (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.187):
• 2. ... les eaux fourniront des rosées qui féconderont le sol, les peupliers s'en nourriront et arrêteront les brouillards, dont les principes seront pompés par toutes les plantes...
BALZAC, Curé vill., 1839, p.146.
b) [Le suj. désigne une pers.] Même sens. Le noir, écartant sa robe, et accolant ses lèvres sur la plaie, pompait le sang épanché (BOREL, Champavert, 1833, p.95). Il était bon le fruit superbe; elle en pompa le jus, elle en dévora la chair, elle en croqua les pépins (FLAUB., Tentation, 1849, p.255).
— Pop. Boire (copieusement). Voir J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p.108 et FRANCE 1907.
♦Absol. Pour me donner du coeur au ventre, j'ai pompé (MÉTÉNIER, Lutte pour amour, 1891, p.122).
c) Absorber, faire disparaître un liquide par évaporation ou par capillarité. Il (...) pompa le pétrole hors des lampes des couloirs en se servant d'une mèche comme d'un siphon (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.288):
• 3. La neige fondait de plus en plus vite, le soleil pompait aussitôt les flaques, nettoyait à toute allure le plateau qui, peu à peu, devenait sec...
CAMUS, Exil et Roy., 1957, p.1620.
d) Empl. trans. indir. Effectuer un mouvement de va-et-vient.
— Agir sur un dispositif. Pomper sur la pédale de frein, sur le frein d'une voiture (Lar. Lang. fr.).
— PÊCHE. ,,Ramener un poisson pris à la ligne en alternant les tractions sur la canne pour le rapprocher, et les tours de manivelle de moulinet pour récupérer le fil`` (Lar. encyclop.). Absol. On considère souvent que pomper est une mauvaise manière de fatiguer le poisson (SCHREINER 1975).
B. —Au fig.
1. Extraire la substance de quelqu'un, de quelque chose; vider quelqu'un, quelque chose de sa substance. Pour avoir tout sous la main (...) et pouvoir pomper l'argent, le sang, la vie, jusque sur le roc vif de la nation. C'est de là que nous est venue la fameuse organisation territoriale du 28 Pluviôse an VIII (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.532).
— Vx, pop. Pomper qqn. Soutirer des renseignements à quelqu'un, le questionner avec ruse (d'apr. ESN. 1966).
— Arg. scolaire. Copier. Pomper sur qqn; il a tout pompé. P. anal. Baryton me prenait tout entier. Il m'accaparait même, ne me lâchait plus, il me pompait tout mon anglais (CÉLINE, Voyage, 1932, p.534).
2. Pop. Fatiguer, épuiser. Le moindre effort lui coûtait une fatigue immense, le pompait (ARNOUX, Seigneur, 1955, p.14). Au part. passé. Être pompé. Synon. être crevé (pop.), être vidé.
3. Pop. Pomper l'air (v. air1 II B 2 i). Ennuyer, importuner. Je lui raconte comment le fameux docteur avait acheté un domaine dans les bois, près de Marseille, où il vivait à poil en toute saison. Un peu piqué, même beaucoup. Que j'en suis parti, parce que cette façon de comprendre la vie me pompait l'air (GIONO, Gds chemins, 1951, p.189).
REM. Pompeur, subst. masc. a) Celui qui pompe. Le mal vient du cerveau toujours en travail, l'animal monstrueux, informe et mou dans sa gaine comme un ver, pompeur infatigable (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1461). b) Industr. pétrolière. ,,Ouvrier chargé de vidanger les puisards, de pomper l'huile brute`` (ROB.).
Prononc. et Orth.:[], (il) pompe []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1558 absol. «faire agir une pompe» (Ph. de CLÈVES, Instr. de toutes manieres de guerroyer, p.135 ds GDF. Compl.); 1580 trans. «déplacer (un liquide) à l'aide d'une pompe» (B. PALISSY, Discours admirable ds OEuvres, éd. A. France, p.358); 2. 1718 absol. «faire des efforts pour faire parler quelqu'un» (Ac.); av. 1755 trans. (SAINT-SIMON, 221, 236 ds LITTRÉ); 3. a) 1765 d'un corps, d'une matière «absorber (un liquide)» (Encyclop.); b) av. 1788 d'un être vivant «aspirer (un liquide, l'air)» (BUFFON, Hist. nat., t.2, p.84 ds IGLF: les insectes [...] ne pompent l'air que par quelques trachées); 4. av. 1787 «attirer à soi, soutirer (quelque chose de quelqu'un)» (GALIANI, Lett., t.2, p.502 ds LITTRÉ); 5. 1787 trans. «boire» ([J. MAGUE DE SAINT-AUBIN], Les Chiffons, II, 92 [Cailleau] ds QUEM. DDL t.19); 1792 «boire copieusement» (HÉBERT, Le Père Duchêne, n° 174 ds BRUNOT t.10, p.215); 6. 1913 pompé «épuisé» (d'apr. ESN.); 1955 trans. «épuiser» (ARNOUX, loc. cit.); 7. 1927 «copier» (d'apr. ESN.); 8. 1951 pomper l'air «ennuyer» (GIONO, loc. cit.). Dér. de pompe2; dés. -er. Fréq. abs. littér.:208. Bbg. QUEM. DDL t.19.
pomper [pɔ̃pe] v. tr.
ÉTYM. 1558, absolt; de 2. pompe.
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1 (1674). Déplacer, élever (un fluide) à l'aide d'une pompe, en l'attirant. ⇒ Aspirer (→ Générateur, cit. 5). || Pomper l'air avec une machine pneumatique, pour faire le vide (cf. Malebranche, in Littré). || Pomper de l'eau, en tirer à la pompe. ⇒ aussi Puiser. || Pomper l'eau d'une cale (⇒ 1. Super), d'une cave. ⇒ Assécher. — Techn. (mar.). Mettre à sec en pompant. ⇒ Affranchir (II., 2.).
1 Le chasse-marée était chargé de térébenthine, il a fait eau, et en faisant jouer les pompes il a pompé avec l'eau tout son chargement.
Hugo, les Travailleurs de la mer, I, V, IX.
♦ ☑ Loc. fam. (V. 1960; plus ancien régionalement, Midi de la France; déjà utilisé au XVIIIe avec une valeur très voisine; → ci-dessous, cit. 1.1). Pomper l'air à qqn, s'imposer, prendre toute la place à ses dépens.
1.1 Je ne peus (sic) pas m'accoutumer aux grands airs du maréchal; je trouvois qu'il pompoit l'air de partout où il étoit, et qu'il en faisoit une machine pneumatique.
Saint-Simon, Mémoires, Pl., t. II, p. 150 (1702).
1.2 Tous ces navetons (de nave) qui bousculent les autres, leur pompent l'air sans faire autre chose que travailler et se multiplier.
San-Antonio, J'ai essayé : on peut !, p. 93.
♦ Absolt ou intrans. Manœuvrer une pompe. || Pomper pour tirer de l'eau, assécher la cale d'un navire.
♦ Par anal. Faire un mouvement (alternatif, rotatif) comme pour pomper. — Spécialt. (Argot de la pêche). Tourner vivement le moulinet. || « Un petit coup de poignet pour bien faire rentrer l'hameçon (…) Commencez à pomper » (Toute la pêche, no 57, p. 50).
♦ (Franç. d'Afrique). Gonfler (un pneu, etc.) avec une pompe. — Fam. Posséder sexuellement (une femme).
2 Aspirer (un liquide) par une opération naturelle. ⇒ Absorber, aspirer. || Mouches qui pompent le sang (→ Faire, cit. 217). || Les papillons viennent pomper le miel (cit. 3)… — Boire en suçant, en aspirant (→ Laper, cit. 4). — Par ext. || Narines (cit. 6) qui pompent de l'air…
2 (L'âne) au milieu de ces cris, finissait de pomper le liquide avec tranquillité. Peut-être bien qu'il sirotait ainsi depuis un quart d'heure, car le petit baquet contenait aisément une vingtaine de litres.
Zola, la Terre, IV, IV.
3 (…) la cigale, sans interrompre sa chanson, donne un coup de tarière à l'écorce de l'arbrisseau et pompe la sève sucrée.
M. Constantin-Weyer, Source de joie, III.
♦ (Fin XVIIIe). Fam. Boire (du vin, de l'alcool). || Il a pompé deux litres de rouge. — Absolt. || Qu'est-ce qu'il pompe ! ⇒ Pompette.
4 (…) on lui donne un bon guéridon, on lui fait pomper quelques bouteilles du plus chenu Bordeaux (…)
3 (1765). Absorber un liquide (par imbibition, évaporation…). || Le soleil pompait les flaques (cit. 3). || Pomper la sauce avec de la mie (1. Mie, cit. 4). || « Ce linge a pompé l'humidité » (Académie).
4 (Déb. XVIIIe). Par métaphore ou fig. Absorber, attirer à soi, soutirer (qqch. de qqn), comme on pompe un liquide. — Vx. || Pomper qqn, lui tirer des secrets, des informations (cf. Saint-Simon, in Littré).
5 La presse, cette machine géante, qui pompe sans relâche toute la sève intellectuelle de la société (…)
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, V, II.
6 Il la vidait, Solange, comme un plat qu'on sauce, comme un lac embourbé qu'on récure complètement. Il la pompait et la dégorgeait dans son roman.
Montherlant, le Démon du bien, p. 276.
5 Fam. Copier. || Élève qui pompe son devoir. — Absolt. || Pomper sur son voisin.
6 (XXe). Fam. Épuiser. ⇒ Claquer. || Cet effort l'a pompé.
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pompé, ée p. p. adj.
♦ (1913). Fig., pop. Très fatigué, épuisé (→ 2. Pompe, II., 2.).
7 Antoine bâilla à en avaler la silhouette menaçante d'une meule posée au milieu d'un champ. « Je suis pompé, j'ai des visions, je ferais mieux de roupiller » (…)
René Fallet, le Triporteur, p. 85.
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DÉR. Pompage, pompeur. — V. Pomperie.
COMP. Pompe-la-sueur.
Encyclopédie Universelle. 2012.