poulet [ pulɛ ] n. m.
• 1228; de poule
A ♦
1 ♦ Petit de la poule, de trois à dix mois, de sexe mâle ou femelle. Poussin qui devient poulet. Une poule et ses poulets.
2 ♦ Poule ou coq jeune, destiné à l'alimentation. ⇒ chapon, poularde. Jeune poulet. ⇒ coquelet. Poulet de grain; poulet fermier (élevé dans une ferme). Fam. Poulet aux hormones (produit d'élevage forcé, accéléré). Poulet qui court, élevé dehors. — Couper le cou à un poulet. Égorger, vider, trousser un poulet. Mettre un poulet à la broche. Poulet rôti, sauté, à l'estragon. Poulet basquaise. Poulet froid. Bouillon de poulet. Découper un poulet. Abattis, aile, blanc, cuisse, croupion, sot-l'y-laisse de poulet. Carcasse, os de poulet. « un rôtisseur qui débite par jour cinq cents poulets en doit conserver les abatis [sic], les cœurs et les foies » (Nerval). — Du poulet : de la viande de poulet. Manger du poulet.
3 ♦ Mon poulet, mon petit poulet, t. d'affection . ⇒ 1. poule, poulette.
B ♦ Fig. et fam.
1 ♦ (XVIe) Vieilli Billet doux. « il porte les poulets, il abouche les jeunes cœurs » (Gautier) . — Iron. Lettre. « Philippe m'écrivait des poulets de cette espèce trois ou quatre fois par semaine » (Sartre).
2 ♦ (1911; de poule [fin XIXe] arg. it.) Policier. ⇒ flic. « Jamais je ne donnerai un homme aux poulets » (Sartre)[cf. arg. La poulague, la maison Poulaga (v. 1950) ].
● poulet nom masculin Petit d'une poule. Jeune oiseau de l'espèce poule, mâle ou femelle, n'ayant pas encore atteint la maturité sexuelle. Cet oiseau élevé pour sa chair. (On dit aussi poulet de chair.) Familier. Terme d'amitié employé en parlant à un enfant, à un jeune garçon, etc. Familier. Lettre galante ; billet doux. Populaire. Policier.
Poulet
(Georges) (1902 - 1991) critique belge d'expression française. Ses recherches portent sur le rôle du temps et de l'espace en littérature: études sur le temps humain (1950-1964), l'Espace proustien (1982), la Conscience critique (1971), la Pensée indéterminée (1985).
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Poulet, ette
n.
d1./d Jeune coq, jeune poule.
|| n. m. Spécial. Cette volaille cuite, accommodée pour la table. Poulet grillé.
d2./d Fam. (Terme d'affection.) Mon poulet, ma poulette.
⇒POULET, subst. masc.
A.— [Poulet désigne un oiseau]
1. Petit de la poule et du coq, mâle ou femelle, entre le moment où il perd ses duvets au profit des plumes, et le moment de sa maturité sexuelle. Poulailler de 4 000 poulets, nourris à la chaîne d'alimentation automatique (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 152).
— Petit poulet. Poussin. Des petits poulets viennent de naître et piaulent au coin du feu (E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p. 192). Tu as pris souvent des petits poulets, dans ta main, des petits poulets tout chauds qui tiennent juste dans le creux de la paume? (GIONO, Colline, 1929, p. 183).
— ANTIQ. ROMAINE. Poulets sacrés. Poulets élevés par les augures afin d'en tirer des présages. Au moment de livrer bataille, il fit consulter les poulets sacrés, et comme ils refusaient toute nourriture : Qu'ils boivent, dit-il, puisqu'ils ne veulent pas manger (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 194). Les généraux ne donnaient point la bataille avant de savoir si les poulets sacrés avaient bien mangé (ALAIN, Propos, 1924, p. 621).
2. ART CULIN.
a) Jeune coq ou jeune poule, élevé pour la consommation précoce. Poulet fermier, poulet d'élevage, poulet de Bresse; poulet aux hormones. « (...) Marthe! cria-t-il en approchant de la cure, apprête au plus vite un poulet, et donne-moi la clef de la cave. » Je soupai en tête-à-tête avec cet excellent homme, qui fit maigre pendant que je dévorais le poulet (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 380). On sait que l'en cas de l'empereur était un poulet toujours rôti à point, à quelque heure de jour et de nuit que ce fût (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 435). Thérèse (...) eut bien de la peine à finir son blanc de poulet (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 268). V. infra ex. 1 et cari ex. de Mallarmé.
♦ Poulet nouveau. Poulet jusqu'à 600 g. Poulet de grain. V. grain I A. Poulet gras. Poulet de 1 800 à 2 000 g. — (...) Vous passerez devant la maison qu'habitait l'Aigle de Meaux. — (...) je fais moins de cas de tous les aigles du monde que d'un bon poulet gras, et ceux de la Brie sont en grande réputation (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 276).
♦ Poulet de chair. Poulet élevé pour sa chair. (Ds GDEL).
b) P. méton. Viande de poulet. Il laisse des dettes aux estaminets, partout. Il se privait pas. À la paye il ne mangeait que du canard et du poulet, et à la fin de la quinzaine, du pain sec (HAMP, Champagne, 1909, p. 93) :
• 1. « Qu'est-ce que nous avons pour dîner? — Un petit poulet et des flageolets. » Il s'emporta. « Un poulet, encore du poulet, toujours du poulet, nom de Dieu! J'en ai assez, moi, de ton poulet. (...) ».
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Alex., 1889, p. 757.
SYNT. Poulet basquaise, chasseur, froid, plumé, rôti, sauté, à la broche, aux champignons, à la crème, à la crapaudine, au riz; aile, blanc, bouillon, chair, cou, cuisse, fricassée, morceau, os de poulet; barder, découper, manger, rôtir un poulet.
3. P. anal. Poulet d'Inde. Dindonneau. Boum! Le monsieur a gagné un superbe poulet d'Inde. Allons, au suivant! (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 45).
B.— [Poulet désigne une pers.]
1. [Terme affectueux adressé à quelqu'un] Synon. partiel poule1 (v. ce mot II A). — Madame la comtesse... Puis-je mieux? dit-il en regardant sa femme. — Oui, mon poulet (BALZAC, Employés, 1837, p. 177). Elle vidait la tire-lire où elle amassait des pièces de quatre sous, données comme des médailles par son bon ami. — Mon petit poulet, déclara enfin Bachelard en se levant, nous avons des affaires (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 129).
2. Arg., pop. Inspecteur, enquêteur de police en civil; p. ext., policier. Synon. perdreau, poulaga (infra rem. 1). Allez-vous-en ou je tire... ou j'appelle la police! (...) Pas si pressé de voir arriver les poulets, il tirait avec un silencieux (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 155). Et moi, pauvre con! si je ne m'étais pas méfié, question drogue, il me filait aux poulets (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 563) :
• 2. Le geste de Gonzague, inspiré par le mépris de la facilité (...) aboutissait à ce paradoxe : avantager un lascar qui vivait sur des principes contraires (...). C'était tout juste si maintenant il ne faisait pas figure de mouchard (...) lui (...) que les poulets n'avaient jamais su faire parler!
H. BAZIN, Bur. mariages, 1951, p. 85.
C.— [Poulet désigne un inanimé]
1. Billet doux. Un gentleman [à Londres] demande sans inconvénient l'affiche du spectacle à une femme (...) qui se trouve sa voisine : bon moyen pour un téméraire Français de glisser un poulet en rendant l'affiche (STENDHAL, Journal, 1817, p. 183) :
• 3. Contentons-nous de constater qu'émoustillé (...) par une lettre de Catherine à Gérard, un poulet naïf plus maladroit que coupable (...) le duc de Septmonts revient vers sa femme légitime...
A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 59.
2. P. ext. Missive quelconque. Je t'écris ce poulet à la hâte, sur le papier de l'estaminet où nous déjeunons, après un assaut d'armes (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 370).
REM. 1. Poulaga, subst. masc., arg. Policier. Synon. poulet (supra B 2). Ils devaient monter sur un appel au secours, les poulagas (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953 p. 154). En appos. La maison Poulaga. La police. Synon. poule1 (v. ce mot II C), poulaille (v. ce mot B). Je commençais [la police ayant su me dénicher dans mon studio secret] à me méfier des idées qu'on se fait trop souvent sur la lourdeur de la maison poulaga (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953 p. 46). 2. Poulard, subst. masc., arg., vieilli. Policier. [Pour le] sergent de ville (...) en ce moment [= 1920-1927] (...) l'on dit en langage populaire « flic », « poulet », « poulard », etc. (DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 32). 3. Poulardin, subst. masc., arg. Même sens. Quand on est poulardin et qu'on pénètre dans un buffet de gare (...) c'est fatalement qu'on déploie le grand périscope pour tenter de repérer un quidam (SAN-ANTONIO, Au suivant de ces Messieurs, 1957, p. 67 ds CELLARD-REY 1980). En appos. La maison Poulardin. La police. J'suis respectueux quand y s'agit de la maison Poulardin (A. BOUDARD, L. ÉTIENNE, La méthode à Mimile, Paris, La Jeune Parque, 1974 [1970], p. 176). 4. Pouleté, adj., hapax. Ce petit est dégoûté et Anne-Marie lui passe tout. Trop dorloté, trop pouleté. Pourrait-on bien en faire un garçon? (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 29).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1228 « petit d'une poule » en partic. « poule ou coq non adulte destiné à la consommation » poulez lardez (JEAN RENARD, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 1245); 1686 poulet de grain (DANCOURT, Le Fonds perdu, II, 5 ds LITTRÉ); 2. 1552 « nom donné à diverses espèces d'oiseaux » poulletz d'Inde « dindonneau » (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, LX, ligne 70, p. 240); 3. 1556 poullaict « missive » (Farce du Pelerinage de mariage, 293 ds Rec. gén. des Sotties, éd. E. Picot, t. 3, p. 292); en partic. 1588 [éd.] « billet doux » (MONTAIGNE, Essais, éd. Villey-Saulnier, III, IX, p. 989); 4. 1715-35 terme d'affection à l'égard d'un enfant ou d'une femme mon poulet (LESAGE, Gil Bl., X, 10 ds LITTRÉ); 5. 1911 arg. « policier » (d'apr. ESN. 1966); cf. 1928 (LACASSAGNE, Arg. « milieu », p. 166). Dér. de poule1; suff. -et; le sens 3 peut-être parce qu'en pliant ces billets, on y faisait deux pointes qui ressemblaient à des ailes de poulet (BL.-W.1-5). Fréq. abs. littér. : 792. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 792, b) 1 405; XXe s. : a) 1 441, b) 1 072. Bbg. SCHÖNE (M.). Poulet « billet doux ». Fr. mod. 1942, t. 10, p. 232.
poulet [pulɛ] n. m.
ÉTYM. Déb. XIIIe; de poule.
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1 Petit de la poule (à partir du moment où ses plumes ont commencé à se développer). ⇒ aussi Poussin. — Jeune poule (⇒ Poulette), jeune coq (⇒ Coquelet).
REM. Dans l'usage commercial, on réserve le nom de poussin à l'animal âgé de moins de trois mois; de trois à six mois, on l'appelle poulet mignon, poulet nouveau, poulet portion ou poulet quatre-quarts, de six à huit mois poulet de grain (→ Gaver, cit. 3), puis, de huit à dix mois, poulet.
♦ Vx. || Poulet d'Inde : jeune dindon (→ Dindonneau).
2 Poule, coq destiné à l'alimentation. (On dit dans la profession : poulet de chair.) ⇒ aussi Chapon, poularde. — REM. Dans le langage culinaire, s'il s'agit de poules ou de coqs trop vieux pour être rôtis ou ayant subi une préparation spéciale, on emploie parfois poule ou coq (coq au vin, poule au riz). — Élevage des coqs reproducteurs, des poules pondeuses, des poulets (→ Aviculture, cit.). || Poulet fermier (élevé dans une ferme). Fam. || Poulet aux hormones (produit d'élevage forcé, accéléré). || Acheter une paire de poulets au marché. || Couper le cou à un poulet (→ Encas, cit. 2). || Égorger (→ Immodéré, cit. 3), plumer, vider, trousser un poulet. || Mettre un poulet à la broche. ⇒ Embrocher. || Poulet rôti, farci, sauté, truffé… || Poulet froid, fumé. || Poulet à la crapaudine. || Poulet Marengo. || Poulet basquaise. || Fricassée (cit. 1) de poulet. || Bouillon de poulet. || Découper un poulet. || Abattis, aile (cit. 26), blanc, cuisse, croupion, sot-l'y-laisse, foie, gésier de poulet. || Carcasse, os (cit. 9) de poulet. — Commander un quart de poulet dans un restaurant. — Du poulet : de la viande de poulet. || Manger du poulet. — ☑ Loc. vulg. Et mon cul, c'est du poulet ?
1 (…) un rôtisseur qui débite par jour cinq cents poulets en doit conserver les abatis, les cœurs et les foies, qu'il lui suffit d'entasser dans une marmite pour faire d'excellents consommés.
Nerval, les Nuits d'octobre, X.
2 Notre table est mise tout contre la haute cheminée où tourne et cuit, devant la flamme claire, un gros poulet dont le jus coule dans un plat de terre.
Maupassant, les Bécasses, in M. Parent.
3 Elle fit un détour pour passer par le marché; il y avait encore quelques paysannes assises auprès d'un panier, des poulets somnolents ou pleins d'émois attachés par les pattes (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 107.
3.1 (…) des paysans porteurs de paniers, de sacs et de paires de poulets liés par les pattes, fourrés aujourd'hui sous les banquettes, se débattant, indignés et douloureux, dans une protestation affolée d'ailes froissées et de cris, puis restant là, palpitants, immobiles, l'œil rond, terrorisé et imbécile, sporadiquement agités de soubresauts, de caquetantes, douloureuses et impuissantes révoltes.
Claude Simon, le Palace, p. 47.
♦ Antiq. rom. || Poulets sacrés, que les augures romains élevaient afin d'en tirer des présages d'après la manière dont ils mangeaient.
♦ ☑ Loc. fam. Cœur de poulet.
3 (1622). || Mon poulet, mon petit poulet, terme d'affection à l'égard d'une femme, d'une jeune fille, d'un enfant. ⇒ Poule, poulette, poulot.
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II (1592; poullaict, 1556). Fam. Billet doux, billet galant.
4 (…) il porte les poulets, il abouche les jeunes cœurs faits pour s'entendre.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Beautés de l'Opéra, III.
♦ Par ext. Fam. Lettre.
5 — Monsieur, dit-il, Philippe m'écrivait des poulets de cette espèce trois ou quatre fois par semaine, j'avais fini par ne plus y faire attention.
Sartre, le Sursis, p. 117.
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6 Je dois t'avertir que le « barrio chino », le quartier chinois, quoi, est plein d'indicateurs et de poulets des deux sexes et de toutes les nationalités (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, I.
7 Jamais je ne donnerai un homme aux poulets.
Sartre, la P… respectueuse, I, 2.
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DÉR. et COMP. Poulaga. Frise-poulet.
Encyclopédie Universelle. 2012.