Akademik

prestige

prestige [ prɛstiʒ ] n. m.
• 1518; lat. præstigium « artifice, illusion »
1Vx ou littér. Illusion dont les causes sont surnaturelles, magiques. « Fascinez-le par de doux prestiges » (Nerval).
2Vieilli ou littér. Artifice séducteur. « Tous les prestiges que nécessite une mise en scène compliquée » (Gautier). magie.
3(v. 1750) Mod. Le fait de frapper l'imagination, d'imposer le respect, l'admiration. 2. ascendant, importance, séduction. « Le prestige [...] du fabuleux, du libéral et inépuisable Lauzun » (Sainte-Beuve). Avoir du prestige. Jouir d'un grand prestige. Manquer de prestige. Garder, sauvegarder son prestige (cf. Sauver la face). Perdre de son prestige. Il a perdu tout son prestige à mes yeux. Faire qqch. uniquement pour le prestige. Le prestige de l'uniforme. Prestige de la beauté, de la jeunesse. attrait. Le « prestige qu'ont gardé toujours à mes yeux les traditions de la famille Fondaudège » (F. Mauriac). Loc. Politique de prestige, qui vise à acquérir du prestige par des opérations, des réalisations spectaculaires. Une opération de prestige.

prestige nom masculin (bas latin praestigium, imposture) Qualité de quelque chose, de quelqu'un qui frappe l'imagination, impose l'admiration par son éclat, sa valeur : Le prestige de la gloire.prestige (citations) nom masculin (bas latin praestigium, imposture) Emmanuel Arène 1856-1908 et Gaston Arman de Caillavet Paris 1869-Essendiéras, Dordogne, 1915 et Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers Pont-l'Évêque 1872-Vittel 1927 Académie française, 1920 Les choses ennuyeuses ont toujours un prestige que les choses amusantes n'ont pas. Le Roi Librairie théâtrale Tacite, en latin Publius (ou Caius) Cornelius Tacitus vers 55-vers 120 après J.-C. L'éloignement augmente le prestige. Major e longinquo reverentia. Annales, I, 47prestige (expressions) nom masculin (bas latin praestigium, imposture) De prestige, qui constitue un signe extérieur de notoriété, de puissance. Politique de prestige, qui recherche la gloire, la grandeur. Prestige de l'uniforme, attrait sur autrui qu'est supposé créer le port d'un uniforme. ● prestige (synonymes) nom masculin (bas latin praestigium, imposture) Qualité de quelque chose, de quelqu'un qui frappe l'imagination, impose l'admiration...
Synonymes :
- enchantement
- envoûtement
- fascination
- magie
Prestige de l'uniforme
Synonymes :
- allure
- prestance
- séduction

prestige
n. m. Séduction, attrait qui frappe l'imagination et qui inspire la considération, l'admiration.

⇒PRESTIGE, subst. masc.
A.Littér., le plus souvent au plur.
1. Vieilli
a) Illusion produite par magie ou par un sortilège; artifice diabolique. Un prestige infernal; les prestiges de l'antique magie; inventer des tours et des prestiges; être troublé par des prestiges; les prestiges du mauvais esprit. Méphistophélès dans les longs habits de Faust: Méprise bien la raison et la science, suprême force de l'humanité. Laisse-toi désarmer par les illusions et les prestiges de l'esprit malin, et tu es à moi sans restriction (NERVAL, Faust, 1840, p.76). Descartes est ce gentilhomme qui rencontre le malin génie et lui parle calmement face à face, d'égal à égal, sûr, grâce au doute, d'échapper à ses prestiges. Le grand trompeur peut nous empêcher d'atteindre la vérité (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p.82).
Prestige d'optique. Synon. usuel illusion d'optique. Nous nous embarquâmes dans un batelet. (...) je m'avisai de prendre machinalement une pièce d'or dans ma poche, et de la lancer au loin. (...) je ne négligeai aucun prestige d'optique pour faire luire aux yeux du fermier l'étrange caillou qui servait à mon passe-temps (GOZLAN, Notaire, 1836, p.38).
b) P. ext. Toute illusion en général. Parfois il suffit de prier dix minutes avec ferveur pour sentir que quelque chose se passe, que l'âme essaie de se détacher du monde, mais les prestiges de l'imagination sont terribles (GREEN, Journal, 1943, p.67).
2. Au fig. Enchantement, charme, attrait exercé sur l'esprit et les sens par des manifestations de l'activité intellectuelle ou artistique. Le prestige du cinéma; les prestiges de la littérature, de l'éloquence. Il n'y a certainement pas de ville italienne (...) où la puissance et les prestiges de l'architecture se présentent d'une manière plus frappante, plus théâtrale (...) qu'à Gênes (LARBAUD, Vice impuni, 1941, p.259). Le monde que décrit Colette, si corrompu qu'il soit, ne scandalise personne. Ce n'est pas seulement à cause des prestiges du style: c'est qu'elle peint un univers sans la grâce (MAURIAC, Bloc-Notes, 1958, p.120).
B. —1. [En parlant d'une pers.] Fait d'imposer le respect, d'inspirer l'admiration, de séduire, de faire forte impression. Synon. ascendant, auréole, importance. Tenir à son prestige; prestige imposant; perdre, reconquérir son prestige; prestige qui diminue, qui grandit; jouir d'un grand prestige aux yeux de qqn. D'ailleurs, je ne me fais pas d'illusion. Il est probable que c'est vous qu'elle choisira. Vous avez été souvent aimé. Vous avez eu des histoires, des aventures. Ça vous a donné l'allure de la séduction. Moi, je n'ai de prestige auprès de personne (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 13, p.9). V. patiner3 ex. de Montherlant:
♦ Ce qui faisait le prestige de Napoléon, c'était l'idée qu'on avait de sa fortune; l'attachement à lui n'était que l'attachement à soi. L'on croyait aux avantages de tout genre qu'on obtiendrait sous ses drapeaux; et, comme il jugeait à merveille le mérite militaire et savait le récompenser, le plus simple soldat de l'armée pouvait nourrir l'espoir de devenir maréchal de France.
STAËL, Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.101.
2. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Attrait, charme pouvant impressionner, séduire. Prestige de la beauté, de la gloire, de la jeunesse; prestige de l'uniforme. Ils écoutent. Ils se laissent tenter par le prestige du nouveau, du merveilleux (BARBUSSE, Feu, 1916, p.46). La médecine, à renier toute particularité d'accoutrement, perd un peu de son prestige et, nécessairement, de son efficacité, erreur que la magistrature n'est pas encore près de commettre (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.81).
En partic. [En parlant d'une nation, d'une institution, d'une ville] Synon. éclat, importance, renommée. Des universités nouvelles, comme celle de Londres, cherchaient à ébranler le prestige centenaire d'Oxford et de Cambridge (MORAND, Londres, 1933, p.51). Montrez que vous n'êtes pas sortis d'une roulotte de tziganes et conservez la tradition de vos foyers. Sauvegardez le prestige de votre pays: ne jetez pas les boîtes de conserves par terre, ni papier gras, ni papier d'emballage, ni restants de repas ou épluchures (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.110).
Subst. + de prestige. Chose accomplie, exécutée dans le but de séduire, d'inspirer l'admiration, d'impressionner. Opération de prestige. La création d'un centre atomique et la possession d'un réacteur représentaient [pour les petits pays en voie de développement], comme la possession d'une compagnie nationale d'aviation, des instruments de prestige aux dépens du relèvement général de leur niveau scientifique (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.148).
En partic. Politique de prestige. Politique basée sur la recherche de la renommée, de la gloire, et qui se manifeste par des initiatives, des réalisations brillantes. La grosse galette de gauche est toujours pour l'honneur des armes françaises et la politique de prestige national et ses journaux hurlent à la mort, réclamant à grands cris le sang des mauvais patriotes (AYMÉ, Confort, 1949, p.155). Les dépenses somptuaires d'une politique de prestige (Paris-Match, 30 nov. 1968 ds GILB. 1980).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1372 «illusion attribuée à des sortilèges» (DENIS FOULECHAT, Trad. du Policraticus de J. de Salisbury, éd. Ch. Brucker, I, 8, 44); b) 1688 «illusion produite par des moyens naturels» (LA BRUYÈRE, Caractères, De l'image d'un coquin, éd. G. Servois, t.1, p.46); 2. a) ca 1650 «impression faite sur l'âme, sur l'esprit, sur l'imagination par les productions de la littérature» (M. ARNAULD ds FUR. 1701); b) ca 1750 «séduction, attrait qui frappe l'imagination et qui inspire la considération, l'admiration» (J.-J. ROUSSEAU ds Lar. 19e). Empr. au lat. praestigium «artifice, illusion». Fréq. abs. littér.:1422. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1559, b) 698; XXes.: a 1717, b) 3309. Bbg. SCHALK (F.). Praestigium-prestige. Rom. Forsch. 1971, t.83, pp.288-305.

prestige [pʀɛstiʒ] n. m.
ÉTYM. 1518; lat. præstigium « artifice, illusion ». → aussi Prestidigitateur, cit. 1.
1 Vx ou littér. Illusion dont les causes sont surnaturelles, magiques. 2. Charme, illusion. || Les prestiges des démons. || Imposteur (cit. 1) qui fait des prestiges, des exorcismes (→ Magicien, cit. 4).Par ext. Fantasmagorie. || Le voile du prestige tombe, et l'amour s'évanouit (cit. 12).
1 Fascinez-le par de doux prestiges, plongez-le dans une mer d'illusions.
Nerval, Traduction de Faust, I, p. 66.
2 (1688). Vx ou littér. Artifice séducteur, apparence qui éblouit. || Les prestiges de l'orateur, du poète (→ Illusion, cit. 5). || Des prestiges d'élocution (cit. 2). || Les prestiges de l'art d'écrire (→ Fictivement, cit.). || Tout le prestige du théâtre (→ Envoûter, cit. 4). Magie.
2 (…) les jeux de lumière électrique et tous les prestiges que nécessite une mise en scène compliquée (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, I, XII.
3 (V. 1750). Pouvoir de séduire, d'imposer à l'imagination d'autrui par une action remarquable, une situation brillante ou jugée telle. Ascendant, auréole, autorité, importance, séduction (→ Fort, cit. 58). || L'éclat de rayonnement du prestige. || Prestige et popularité (cit. 4) de Bonaparte. || Prestige d'une actrice (→ Dissiper, cit. 16), d'un artiste (→ Endoctriner, cit. 4), d'un champion (→ Fascination, cit. 7). || Personnes qui exercent un grand prestige sur qqn. Empire. || Il s'auréolait (cit. 3) de prestige à mes yeux. || Avoir du prestige (→ Maquisard, cit. 1). || Jouir d'un grand prestige. || Manquer de prestige. || Victoire qui donne du prestige, ajoute au prestige de… (→ Disputer, cit. 18). || Tirer du prestige de… (→ 1. Pignon, cit. 6). || Garder, sauvegarder son prestige (→ Sauver la face). || Perdre son prestige, de son prestige. || Rehausser le prestige de qqn (→ Directeur, cit. 2).
3 Cet homme ruiné resta encore avec des revenus qui eussent honorablement nourri bien des familles laborieuses; mais le prestige du premier, du fabuleux, du libéral et inépuisable Lauzun, avait reçu une atteinte mortelle.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 30 juin 1851.
4 Mais en dépit de tout cela, il (un chef berbère) jouit d'un prestige immense : prestige de l'homme fort chez des gens qui n'estiment rien autant que la force, prestige de l'homme riche au milieu de populations très pauvres, prestige enfin que revêt aux yeux de tout ce monde si attaché à ses coutumes, le chef assez puissant et audacieux pour les violer.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, III.
Par ext. || Le prestige d'un pays (→ Estomper, cit. 4). || Pour le prestige (→ Guerre, cit. 41). || Prestige du rang (→ Familiarité, cit. 7). Éclat. || Métier, grade sans prestige (→ Fille, cit. 8). || Le prestige de l'uniforme. || Prestige de la beauté, de la jeunesse. Attrait.
5 Elle s'est affaissée (la France); pourtant elle conserve un prestige sur ces peuples neufs qui ont le nombre et la force; elle reste haute de toute la hauteur de ses tentatives vaincues. Elle porte toujours la charge sacrée, elle reste la plus dévouée, la plus inventive (…)
Ch. Péguy, Note conjointe, Sur Descartes, p. 153.
6 Le monde vit d'illusion, c'est-à-dire de prestiges, et c'est un grand malheur pour beaucoup que se substitue au prestige des personnes ou même des uniformes, le prestige plus médiocre encore des mots.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 217.
7 Ce n'était pas la gloire des armes, qui, dans tous les temps, lui avait valu son prestige; c'était surtout le rayonnement de son esprit et aussi celui de sa richesse; la France était la nation la plus opulente en hommes et en choses (…)
Louis Madelin, Talleyrand, IV, XXVIII.
8 J'avais cédé au prestige qu'ont gardé toujours à mes yeux les traditions de la famille Fondaudège.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, VII.
9 (…) j'ai l'impression que ces écoles sont faites pour les touristes et les commissions d'enquête et qu'elles sacrifient au préjugé du prestige les besoins élémentaires du peuple indigène.
Camus, Actuelles III, p. 63.
Loc. (XXe). Politique de prestige, par laquelle on tire un bénéfice moral de brillantes réalisations (cf. De grandeur).

Encyclopédie Universelle. 2012.