prétendu, ue [ pretɑ̃dy ] adj. et n.
• 1604; de prétendre
1 ♦ Que l'on prétend à tort être tel; qui passe pour ce qu'il n'est pas. ⇒ soi-disant, supposé. Manon Lescaut et son prétendu frère. « l'injustice de la Fronde, qui élève sa prétendue justice contre la force » (Pascal). « Il se trouva aux Invalides six cents prétendus soldats qui n'étaient point blessés » (Chamfort). Toi et tes prétendues maladies !
2 ♦ N. Région. Personne que l'on doit épouser. Le prétendu, la prétendue de qqn. ⇒ fiancé, promis. « faire la cour à sa prétendue » (Balzac).
⊗ CONTR. Authentique, vrai.
● prétendu, prétendue adjectif seulement épithète Qui n'est pas ce qu'il paraît être : Une prétendue migraine l'a empêché de venir. ● prétendu, prétendue (synonymes) adjectif seulement épithète Qui n'est pas ce qu'il paraît être
Synonymes :
- supposé
● prétendu, prétendue
nom
Vieux. Fiancé(e).
prétendu, ue
adj. Que l'on prétend tel; douteux, faux.
⇒PRÉTENDU, -UE, part. passé, subst. et adj.
I. —Part. passé de prétendre.
II. —Subst. [Corresp. à prétendre I B 2 a] Vx. Personne qui doit épouser une autre personne (synon. fiancé, promis); personne qui aspire à la main de telle autre personne (synon. galant, prétendant, soupirant). Au premier coup d'archet, on se place, et chacun mène sa prétendue (COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p.136). Le jeune Raoul de Villepreux dansait avec les plus jolies filles, et ne manquait guère de les embrasser, ce qui faisait rouler de gros yeux à leurs prétendus; (...) le père Lacrête (...) jura (...) que, de son temps, il n'aurait pas laissé embrasser son amoureuse, fût-ce par le dauphin de France (SAND, Le Compagnon du Tour de France, Paris, M. Lévy, t.1, 1869 [1840], p.239). J'ai bien peur que ce prétendant ne devienne pas un prétendu. Caliste ne s'est pas levée sur le pied de se marier de si tôt (AUGIER, Ceint. dorée, 1855, p.347).
—Empl. adj., rare, vx. Gendre, mari, etc. prétendu. Futur gendre, etc. Gardanne reçut (...) l'exhortation pédagogue de son beau-père prétendu. (...) aigri, il (...) se plaint (...) des procédés étranges d'un homme dont la fille très-désirable a le tort d'avoir un père si singulier (Mme ROLLAND, Mém., Paris, éd. Baudoin, t.1, 1820 [1793], p.174).
III. —Adj., gén. en antéposition. [Corresp. à prétendre II]
A. —Prétendu + subst.
1. [En parlant d'une pers.] Qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas ou à qui l'on attribue une fausse identité, un faux titre. Synon. soi-disant. Il avait entendu Nana raconter (...) qu'un prétendu riche venait de la flouer; oui, un bel homme, qui se disait Américain, avec des mines d'or (...), un salaud qui s'en était allé (...) sans laisser un sou (ZOLA, Nana, 1880, p.1452). Le véritable SS s'aperçut avec stupeur que son prétendu compagnon d'armes ignorait la position de son unité (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.209).
Rem. On relève chez BALZAC, Vieille fille, 1836, p.369 un jeu de mots sur les sens II et III A 1: Mademoiselle Cormon occupée à cuisiner le café de son prétendu prétendu.
2. [En parlant d'une chose] Que l'on prétend (à tort) pourvu de telle nature, de tel caractère. Synon. apparent, douteux, hypothétique, pseudo, supposé; anton. authentique, certain, réel, véridique, véritable. Prétendue(s) lois, science. Rien n'est moins vraisemblable, et n'est, en effet, moins prouvé, que cette prétendue faculté qu'on attribue aux corps vivans, de résister aux forces auxquelles tous les autres corps sont soumis (LAMARCK, Philos. zool., t.2, 1809, p.93). La prétendue porcelaine opaque n'était porcelaine que de nom (Al. BRONGNIART, Arts céram., t.1, 1844, p.XV). Expliquant lourdement (...) ce que la vraie poésie devrait être (au lieu d'en faire!) et l'opposant à la fausse ou prétendue poésie actuelle (LARBAUD, Journal, 1931, p.254). V. logiquement ex.
B. —Subst. + prétendu + adj., moins fréq. Que l'on affirme, sans preuve et contre toute apparence, être pourvu de telle qualité. Ces asiles prétendus mystérieux (...) où l'on croyait avoir tout fait pour la prudence (...) et dans lesquels on allait se cacher (...) en prenant ses précautions pour être vu (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.274). Le résultat des études scientifiques postérieures ne nous autorisera pas à affirmer l'authenticité de tel trait (...). L'examen des événements prétendus historiques ou jugés légendaires peut être fructueux, s'il est effectué à la lumière des données certaines de la parapsychologie (AMADOU, Parapsychol., 1954, p.80).
— HIST. RELIG. Église, religion prétendue réformée. Synon. de protestantisme (chez les catholiques). Mais l'Église prétendue réformée n'est qu'un membre tranché de l'Église catholique (A. FRANCE, Orme, 1897, p.81). Voir AMADOU, op.cit., p.53.
♦P. ell., rare, vx. Les prétendus. Synon. de protestants. Ses principes ne lui permettaient pas de manger avec des prétendus. On disait dans ce temps-là, selon l'opinion à laquelle on appartenait, les réformés ou les prétendus réformés. Quand on disait les prétendus tout court, c'était l'expression d'une orthodoxie qui n'admettait même pas l'idée d'une réformation possible (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t.1, 1857, p.293).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694: pretendu, -üe; 1718: pretendu, -ue; dep. 1740: pré-, -ue. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1380 subst. fém. «ce à quoi on prétend, prétention» (JEHAN DES PREIS, Geste de Liège, éd. A. Borgnet et S. Bormans, 30216 d'apr. Gloss. Philol. par A. Scheler, 1882, p.234); 1545 subst. masc. (Lettre de Charles Quint1 ds Papiers d'État du cardinal de Granvelle, éd. Ch. Weiss, t.3, p.170); b) av. 1558 adj. «auquel on prétend, revendiqué» (SAINT-GELAIS, I, 200 ds HUG.); 2. av. 1614 adj. maryé prétendu «futur mari» (BRANTÔME, Dames, part. II, IX, 144, ibid.); 1762 subst. masc., fém. mon prétendu, ma prétendue (Ac. qui qualifie cet empl. de ,,fam.``). B. 1. 1568, 24 févr. ceulx de la Religion prethendue reformée (Arch. de la Haute-Garonne, B 1907, fol. 143v°); 2. 1611 «qui n'est pas ce qu'il paraît être» (COTGR.). Part. passé adj. et subst. de prétendre. Fréq. abs. littér.:2024. Fréq. rel. littér.: XIXes.: a) 4315, b) 2738; XXes.: a) 2495, b) 1956.
DÉR. , (Prétendument, Prétendûment)adv. D'une manière prétendue, supposée. Ces tentatives d'une histoire littéraire faussement statisticienne et prétendument scientifique (L. FEBVRE, Du goût class. au foisonnement romant., [1939] ds Combats, 1953, p.274). Poèmes pseudo-celtiques mis sous le nom d'Ossian; (...) poésies prétendûment médiévales de Clothilde de Surville; chants bretons imaginés par Villemarqué; chants soi-disant traduits du croate par Mérimée (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p.43). — []. — 1re attest. 1769 ([ANTHONY COLLINS], Essai sur la nat. de l'âme hum., Londres, p.142 ds LITTRÉ); de prétendu, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér.: 17.
BBG. —OFFROY (G.). Contribution à l'ét. de la synt. québécoise. In: Trav. de ling. québécoise. 1. Québec, 1975, p.291 (s.v. prétendument).
prétendu, ue [pʀetɑ̃dy] adj.
ÉTYM. XXe; de pré-, et p. p. de 1. tendre.
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♦ Techn. Dont les armatures ont été traitées par précontrainte avant le durcissement du béton. || Béton armé prétendu.
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Encyclopédie Universelle. 2012.