prononciation [ prɔnɔ̃sjasjɔ̃ ] n. f.
• 1281; lat. pronuntiatio « déclaration »
1 ♦ Dr. Vx Jugement, arrêt.
♢ Mod. Action de lire le prononcé du jugement. Assister à la prononciation de l'arrêt.
2 ♦ (XVe) Cour. La manière dont les sons des langues sont articulés, dont un mot est prononcé (⇒ articulation); la manière d'oraliser un signe écrit, lettre ou groupe de lettres. La prononciation du c devant e, i et y est [s] en français. Les faits de prononciation relèvent de la phonétique. Prononciation des voyelles. Mots qui ont la même prononciation. ⇒ homonyme, homophone. Prononciation correcte, usuelle d'un mot.
♢ Manière d'articuler, de prononcer (propre à une personne, un milieu, une région, une époque). Avoir une bonne, une mauvaise prononciation. Défauts de prononciation : bégaiement, blèsement, nasillement, zézaiement. ⇒ dysphonie, dystomie. Spécialiste qui corrige la prononciation. ⇒ orthophoniste. La prononciation populaire, régionale. ⇒ accent . La prononciation du XVI e siècle. « la vieille prononciation si légère et si coulante et qui de nos jours s'alourdit » (France).
♢ L'art, la manière de prononcer les mots d'une langue conformément aux règles, à l'usage. ⇒ phonétique (normative). Manuel, traité de prononciation. Les règles de la prononciation française.
♢ Le fait d'être effectivement prononcé (d'une lettre qui peut ou non être muette). La prononciation du r final dans tiroir, courir, a été rétablie au XVIII e siècle. Prononciation du e caduc.
● prononciation nom féminin (latin pronunciatio, déclaration) Action, fait de prononcer un son, un signe, une lettre, etc. : La prononciation du « t » final dans ce mot est facultative. Manière dont un mot, un groupe de lettres, de signes, etc., doit être prononcé : Ces mots ont la même prononciation. Ensemble des règles qui régissent, définissent la manière de prononcer les mots d'une langue : Traité de prononciation. Manière propre à quelqu'un d'articuler, de rendre les sons du langage : Avoir une bonne prononciation. Fait de prononcer des vœux, un jugement. ● prononciation (synonymes) nom féminin (latin pronunciatio, déclaration) Manière propre à quelqu'un d'articuler, de rendre les sons du...
Synonymes :
- accent
prononciation
n. f.
d1./d DR Action de prononcer (un jugement).
d2./d Manière de prononcer, d'articuler les sons d'une langue. Bonne, mauvaise prononciation. Un défaut de prononciation.
— Manière dont un ensemble de sons transcrits doit être prononcé. Indiquer la prononciation des mots en orthographe phonétique.
I.
⇒PRONONCIATION1, subst. fém.
DR. Action de lire le prononcé, la décision du jugement. Après prononciation du divorce, de la sentence. Pendant la prononciation de l'arrêt faite par le président, un sténographe peut prendre le prononcé textuel; il le transcrit ensuite en caractères ordinaires (SARDOU 1877).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. prononciation2.
II.
⇒PRONONCIATION2, subst. fém.
A. — 1. RHÉT. ANC. Partie de la déclamation et de l'action oratoire. Prononciation (...). C'est selon tous les rhéteurs, la cinquième et dernière partie de la Rhétorique, et celle qui enseigne à l'orateur à régler et à varier sa voix et son geste d'une manière décente, et convenable au sujet qu'il traite et au discours qu'il débite; en sorte que ce qu'il dit produise sur l'auditeur le plus d'impression qu'il est possible (Gramm. t.5 1789).
2. Art, manière de prononcer les mots; manière de réciter, de débiter. Belle, parfaite prononciation; prononciation agréable, claire, distincte, facile, mesurée, nette, neutre, soignée, soutenue; accentuer la prononciation pour forcer la rime; étudier la prononciation. La plus grande qualité de Madame Carvalho [cantatrice] est peut-être la prononciation. Si vaste que soit la salle où elle chante, on ne perd jamais un mot. C'est plus que de la prononciation, c'est de la diction (SAINT-SAËNS, Harm. et mélod., 1885, p.187):
• 1. La veuve Hucheloup était essoufflée et difforme avec des souvenirs champêtres. Elle leur ôtait la fadeur par la prononciation. Elle avait une façon à elle de dire les choses qui assaisonnait ses réminiscences villageoises et printanières.
HUGO, Misér., t.2, 1862, p.315.
B. —1. Action, façon d'articuler les phonèmes, de réaliser les sons du langage, les sons d'une langue dans une syllabe, dans un mot, dans la chaîne parlée, conformément à l'usage. La prononciation correcte, conforme aux règles et aux usages, est une exigence de la langue parlée, —notamment de la lecture —, afin que le sujet parlant soit compris (LEIF 1974):
• 2. Sabotage de la prononciation de notre belle langue par les speakers de la radio. Ne se trouvera-t-il personne pour leur dire qu'il est malséant de dire: «Hol-landais, voie fer-rée?» Qu'ils consultent Littré, ils y verront comme on doit prononcer.
GIDE, Journal, 1944, p.275.
SYNT. Prononciation correcte, défectueuse, parfaite; avoir une bonne, une mauvaise prononciation; difficultés, faute(s) de prononciation; désaccord entre l'orthographe et la prononciation; évolution de la prononciation; mécanisme de la prononciation; détails, faits de prononciation; imiter la prononciation usuelle, d'usage, vieillie; prononciation du français standard; avoir une connaissance exacte de la prononciation d'une langue étrangère; histoire de la prononciation française; manuel, traité (théorique et pratique) de la prononciation (anglaise, française).
2. a) Représentation de la manière dont on doit prononcer un ensemble de sons transcrits phonétiquement. Synon. transcription phonétique. M. Gattel avait fait un fort bon dictionnaire où il avait osé noter la prononciation et dont je me suis toujours servi (STENDHAL, H. Brulard, t.1, 1836, p.247).
b) Articulation. Clotilde: Et puis, tu viendras me voir souvent... Codomat: Mais oui! mais oui! Le plus souvent possible! Clotilde: (...) tu sais, tu as raison dans ce que tu dis, je me... (avec un effort de prononciation). Je me régénérerai, n'est-ce-pas?... Je me purifierai (Tr. BERNARD, M. Codomat, 1907, III, 3, p.187).
P. métaph. Il naît de l'archet une prononciation, si l'on peut dire, une articulation et un accent, que la voix humaine ne suggère point; et il y a une respiration du violon, qui dépend de la longueur de l'archet (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.118).
3. En partic.
a) [Notamment à propos d'une lettre qui peut rester muette dans certains cas] Fait d'être prononcé. On peut relever, p.ex., des réalisations phoniques variées (pr[ononciation] ou absence de pr[ononciation] de la consonne finale (but, fait), liaison ou absence de liaison (...)) (Mus. 1976).
b) Manière d'articuler, de prononcer propre à
— une région, une époque, un milieu et notamment un pays. Il regardait Maxime Claremoris avec respect, prenant son accent irlandais pour une prononciation aristocratique de Londres (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.133).
SYNT. Prononciation du Midi, du Nord; prononciation faubourienne, parisienne, paysanne, provinciale, soignée, vulgaire; prononciation allemande, anglaise, étrangère; prononciation italienne du latin; prononciation archaïque, traînante, spéciale; indications sur la prononciation aux XVe et XVIe siècles; essayer de rétablir la prononciation de nos vieux auteurs.
— une personne. Prononciation animée, défectueuse, embarrassée, enfantine, familière, guindée, lente, particulière, pénible, relachée. Sa prononciation rappelait celle des Français qui s'expriment dans la langue du Royaume-Uni (VERNE, Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.136). Albertine avait une prononciation si charnelle et si douce que, rien qu'en vous parlant, elle semblait vous embrasser (PROUST, Guermantes 2, 1921, p.361).
♦MÉD. Trouble(s), vice(s) de la prononciation. Rappelons seulement, pour l'orthophonie, que lorsqu'on veut corriger dans une prononciation l'absence, la substitution ou l'altération d'un phonème, on découvre presque toujours dans l'oreille une déficience correspondant aux nombres de ses vibrations constitutives (Arts et litt., 1935, p.50-4).
Prononc. et Orth. V. prononciation1. Étymol. et Hist. 1. 1281 «jugement, arrêt, décision» (s. réf. ds GDF. Compl.); 1306 «id.» (Lettre du Cte de Sav., ch. des compt. de Dole, B 769, A. Doubs, ibid.); 2. 1400-17 dr. «action de lire un arrêt, un jugement» (Journal de N. de Baye, II, 78, ibid.); 3. XVes. «manière dont un mot est prononcé» (EVRART DE CONTY, Probl. d'Arist., B.N. 210, f° 244d, ibid.); 1550 «manière d'articuler propre à chaque personne» (MEIGRET, Tretté de la grammere françoeze, 17). Empr. au lat. pronuntiatio «publication, déclaration, annonce», «arrêt, sentence», «déclamation» et en b. lat. gramm. «prononciation». Fréq. abs. littér.:212. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 383, b) 254; XXes.: a) 325, b) 242. Bbg. FOUCHÉ (P.). La Prononc. actuelle du fr. Fr. mod. 1933, t.1, pp.43-67; Traité de prononc. fr. Paris, 1956, passim. —GOUGENHEIM (G.). Notes pour servir à l'hist. de la prononc. du fr. mod. Mél. Dauzat (A.) 1951, pp.115-122. —GRAMMONT (M.). Traité pratique de prononc. fr. Paris, 1926, 241 p.—LÉON (P. R.). Prononc. du fr. standard. Paris, 1966, 186 p.—MARTINET-WALTER 1973, passim. —METTAS (O). La Prononc. parisienne. Paris, 1979, 564 p.—STRAKA (G.). Sur la formation de la prononc. fr. d'auj. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1981, t.19, n° 1, pp.161-248. —WARNANT (L.). Dict. de la prononc. fr. 3e éd. Gembloux, 1968, 654 p.
prononciation [pʀɔnɔ̃sjɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1281; lat. pronuntiatio, proprt « déclaration », de pronuntiare. → Prononcer.
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1 Vx. Jugement, arrêt, décision judiciaire.
2 Rhét. anc. Manière de dire, de lire à haute voix (un discours); partie de la rhétorique qui enseigne l'art de dire en public de manière expressive, en utilisant les ressources de l'intonation, etc.
3 Vx. Fait de prononcer (I., 4.) un discours en public. || « Ils partirent pour la cour le lendemain de la prononciation de ma harangue » (La Bruyère, Disc. à l'Acad., Préface).
4 (Fin XIVe). Mod. Manière dont un phonème est articulé, dont un mot est prononcé (⇒ Articulation); les sons qui correspondent à un signe écrit, à une lettre ou à un groupe de lettres. ⇒ Prononcer (I., 3.). || Les faits de prononciation relèvent de la phonétique, de la phonologie. ⇒ Accent (I., accent tonique), accentuation, assibilation, élision, hiatus, synalèphe, synérèse. || Prononciation d'une lettre, d'un son. || Signe qui a plusieurs prononciations. ⇒ Polyphone. || Prononciation des consonnes. || Prononciation des voyelles, toniques ou muettes, brèves ou longues (⇒ Prosodie, quantité), ouvertes ou fermées, etc. || Prononciation des syllabes. || Mots qui ont la même prononciation. ⇒ Homonyme, homophone. || Prononciation correcte, usuelle d'un mot. || La prononciation frustre qu'on entend souvent pour fruste (cit. 6). || Des prononciations disparues (→ Assoner, cit.). || Harmonisation de l'orthographe (cit. 2) et de la prononciation.
0.1 Et même, la guerre ayant jeté sur le marché de la conversation des gens du peuple une quantité de termes dont ils n'avaient fait la connaissance que par les yeux, par la lecture des journaux et dont en conséquence ils ignoraient la prononciation, le maître d'hôtel ajoutait : « Je ne peux pas comprendre comment que le monde est assez fou… Vous verrez ça, Françoise, ils préparent une nouvelle attaque d'une plus grande enverjure que toutes les autres. »
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 842.
0.2 Séil-kor remit à Carmichaël une large feuille de papier couverte par lui de mots étranges mais parfaitement lisibles, dont la périlleuse prononciation se trouvait fidèlement reproduite au moyen de l'écriture française; c'était la Bataille du Tez, transcrite à l'instant par le jeune noir sous la dictée de l'empereur.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 431-432.
♦ (La prononciation de quelqu'un). Manière d'articuler les phonèmes, de prononcer les mots (propre à une personne, à un milieu, à une région, à une époque). || Avoir une prononciation correcte, parfaite (→ Lyrique, cit. 10). || Donner à quelqu'un une bonne prononciation (→ Maintien, cit. 4). ⇒ Orthophonie. || Il avait un fort accent étranger et une mauvaise prononciation. ⇒ Accent. || Une prononciation défectueuse (→ Cuir, cit. 7). || Défaut de prononciation. ⇒ Balbutiement, bégaiement, blésement, blésité, bredouillement, chuintement, deltacisme, dystonie, grasseyement, iotacisme, lallation, lambdacisme, nasillement, nasonnement, rhotacisme, sigmatisme, zézaiement (→ Articuler, cit. 7). || La prononciation populaire, faubourienne, provinciale. || La prononciation du XVIe siècle.
1 Il se moquait de l'orthographe comme d'une chose méprisable et avait au contraire le respect de la vieille prononciation si légère et si coulante et qui de nos jours s'alourdit malheureusement.
France, M. Bergeret à Paris, Œ., t. XII, VIII, p. 352.
♦ (La prononciation d'une langue). Art, manière de prononcer les mots d'une langue conformément aux règles, à l'usage. ⇒ Phonétique (normative). || Manuel, traité de prononciation. || Les règles de la prononciation française. || Faute grossière de prononciation. ⇒ Pataquès. || Prononciation restituée, traditionnelle du latin. || Prononciation romaine (italienne) du latin, en usage de nos jours dans l'Église catholique.
2 (…) à Grenoble, par exemple, on dit : J'ai été au Cour-ce, ou : j'ai lu des ver-ce sur Anver-se et Calai-se. Si l'on parle ainsi à Grenoble, ville d'esprit et tenant encore un peu aux pays du Nord qui pour la langue ont écrasé le Midi, que sera-ce à Toulouse, Bazas, Pézenas, Digne ? Pays où l'on devrait afficher la prononciation française à la porte des églises.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 23.
♦ Fait d'être effectivement prononcé (d'une lettre qui peut ou non être muette). || La prononciation de r final dans tiroir, courir, a été rétablie au XVIIIe siècle. Au XVIIe siècle, on disait tiroi, couri.
Encyclopédie Universelle. 2012.