raideur [ rɛdɶr ] n. f.
1 ♦ État de ce qui est difficile à plier, raide ou raidi. ⇒ rigidité. « Son accident lui avait laissé au genou droit une raideur qui le faisait boiter légèrement » (Martin du Gard). Saluer avec raideur.
2 ♦ Fig. Caractère de ce qui est rigide, compassé. ⇒ rigidité, rigueur. « quelle que soit la raideur de ses principes ou de ses préjugés » (Taine). ⇒ sévérité. « C'est donc la raideur d'Alceste qui nous fait rire, quoique cette raideur soit ici honnêteté » (Bergson).
⊗ CONTR. Souplesse.
⊗ HOM. Raider.
● raideur nom féminin État de ce qui est raide, difficile à plier ou à courber : Raideur du corps après la mort. Caractère de ce qui présente une forte déclivité : Raideur dangereuse d'un escalier. Manque de souplesse, d'aisance, de grâce : Saluer avec raideur. ● raideur (expressions) nom féminin Raideur articulaire, gêne ou limitation plus ou moins importante des mouvements articulaires au niveau des membres ou de la colonne vertébrale. Raideur d'un ressort, quotient de la force axiale agissant sur un ressort hélicoïdal par la variation de longueur qu'il subit. ● raideur (synonymes) nom féminin État de ce qui est raide, difficile à plier ou...
Synonymes :
- rigidité
Contraires :
- flexibilité
- mollesse
Caractère de ce qui présente une forte déclivité
Synonymes :
Manque de souplesse, d'aisance, de grâce
Contraires :
- abandon
- naturel
- spontanéité
raideur
n. f.
d1./d Caractère, état de ce qui est raide, rigide.
d2./d Manque de souplesse, de grâce. Marcher avec raideur.
d3./d Fig. Sévérité, rigidité. Raideur d'un caractère.
|| Froideur. Répondre avec raideur.
⇒RAIDEUR, ROIDEUR, subst. fém.
A. — [Corresp. à raide I A]
1. Caractère, état de ce qui est raide. Synon. rigidité; anton. flexibilité, souplesse. La raideur d'une barre de fer. L'inconfort humide et froid de la vessie pleine de glace, de la raideur des draps, de l'oreiller trop haut, du matelas dur comme la terre elle-même (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 201):
• 1. ... je comprenais trop que ce que la sensation des dalles inégales, la raideur de la serviette, le goût de la madeleine avaient réveillé en moi, n'avait aucun rapport avec ce que je cherchais souvent à me rappeler de Venise, de Balbec, de Combray, à l'aide d'une mémoire uniforme...
PROUST, Temps retr., 1922, p. 869.
♦ PHYS. ,,Faculté d'un corps de s'opposer aux déformations, et plus particulièrement à la flexion`` (MÉTRO 1975). Raideur d'un ressort.
— En partic.
a) Manque de souplesse (du corps, d'une partie du corps). Synon. ankylose, engourdissement. Raideur cadavérique. Aristide était impressionné par la raideur et la gêne des mouvements de l'élégant vieillard (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 147). La raideur de ses jambes nuisait à la rapidité de son allure mais ajoutait à la majesté de sa démarche (HAMP, Marée, 1908, p. 206).
♦ MÉD. Raideur articulaire. ,,Limitation plus ou moins grande de la mobilité d'une articulation`` (Lar. Méd. t. 3 1972). Les infiltrations en série donnent souvent des résultats favorables. Dans les (...) raideurs articulaires... (JUDET, Fractures membres, 1948, p. 20).
b) Caractère d'une personne qui a un maintien rigide, ou qui, dans sa manière d'être, manque de naturel, d'aisance. Elle gardait la raideur d'un bâton (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 33). Dans la salle à manger, le vieux prêtre gardait sa raideur hiératique (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 324):
• 2. Comme elle était souple et naturelle dans ses moindres attitudes! L'amour avait vaincu sa raideur, libéré en elle cette grâce féminine que, jusqu'alors, une contrainte secrète semblait retenir prisonnière.
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 572.
♦ Manque de souplesse, d'aisance. Marcher, danser avec raideur. Il marchait droit, avec une certaine raideur (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 42).
2. Vieilli. ,,Rapidité, impétuosité de mouvement`` (Ac. 1835). Balle lancée avec raideur. Dans cette partie du fleuve, l'eau court avec une grande raideur (Ac. 1835, 1878). D'autres voitures, lancées avec la même raideur, celle d'un boulet de canon, viennent à notre rencontre (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 146).
3. Caractère de ce qui présente une forte déclivité. La raideur de la montée, d'un escalier. Des sentiers à travers bois permettent de gagner la prairie — en quelques minutes pour un cycliste qui ne craint pas la raideur de la pente (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 141).
4. Caractère d'un alcool à la fois très fort et très râpeux. Un marché noir actif permettait au personnel de se procurer, contre les pains de savon détournés des stocks, quelque alcool de grain dont la raideur palliait le défaut de bouquet (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 214).
B. — Au fig. [Corresp. à raide I B]
1. Caractère de ce qui ou de celui qui est inflexible, rigoureux, intransigeant. Synon. rigueur, austérité, intransigeance. Raideur dogmatique, puritaine. Je (...) souffrais de rencontrer, dans un si jeune esprit, déjà tant de raideur doctrinale (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 914). On m'a cousu mes commandements sous la peau: si je reste un jour sans écrire, la cicatrice me brûle; si j'écris trop aisément, elle me brûle aussi. Cette exigence fruste me frappe aujourd'hui par sa raideur, par sa maladresse (SARTRE, Mots, 1964, p. 136):
• 3. La religion de la politique expérimentale s'accompagne aujourd'hui, chez ceux qui l'adoptent, d'une posture qui veut évidemment être frappante et ne laisse pas d'y réussir: on sait avec quel visage fatal, quelle raideur méprisante, quelle sombre certitude de tenir l'absolu, ils prononcent qu'en matière politique ils « ne connaissent que les faits ».
BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 147.
— En partic.
♦ Fermeté inébranlable, opiniâtreté. On retrouve dans cette pièce [Pompée] l'exacte composition, le bruit des images, la raideur des caractères, qui sont les biens les plus communs des pièces de Pierre Corneille (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 235). Le besoin de certitude est rarement une soif venue de très haut. Il se forme au point où l'instinct de sécurité rejoint certaines raideurs de pensée et un autoritarisme qui goûte l'assurance sociale due aux affirmations fortes plus que la dignité secrète des fidèles de la vérité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 619).
2. Caractère de ce qui est rigide, sans ornements, qui manque de naturel, de spontanéité, de grâce. Continué à lire Mme de Staël, frappé plus que jamais de l'aridité, de la roideur du style, quelquefois brillant d'éclat, toujours pauvre d'images, toujours sec et glacé (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1832, p. 140):
• 4. Il y avait en elle [Bérénice] l'étrangeté délicate de cette renaissance bourguignonne du quinzième siècle qui fut la moins académique des tentatives. C'est au milieu des rares vestiges de cet art (...) que s'était ouverte sa première jeunesse. Elle avait de ces images leur finesse un peu souffrante, mais sans raideur gothique, plutôt mouillée de grâce.
BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 94.
Prononc. et Orth.:[], vieilli []. Ac. 1694-1835: roideur; dep. 1878: rai-, roi- (id. ds LITTRÉ, Lar. Lang. fr.); ROB. 1985: rai-. V. raide. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 reddur « caractère de sévérité, rigueur » (Rois, éd. E. R. Curtius, II, II, 25, p. 7); b) fin XIIe s. « attitude non humble, rigidité prétentieuse » (Sermons St Grégoire sur Ezéchiel, 118, 19 ds T.-L.); c) 1768 « manque de souplesse, d'aisance dans l'attitude » (VOLTAIRE, Princesse de Babylone, 8 ds LITTRÉ); d) av. 1799 « pauvreté d'expression, manque d'aisance (dans une œuvre) » (MARMONTEL, Œuvres, t. 17, p. 32, ibid.); 2. 1174-76 reidur « rigidité, résistance » (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 1604 ds T.-L.); 3. 1205-50 [par confusion avec l'a. fr. rador, dér. de rade, v. rapide étymol.] « rapidité, impétuosité » (Renart, éd. E. Martin, Br. XIII, 539, t. 2, p. 58; v. TILANDER, Lex. du Roman de Renart, p. 134); 4. ca 1300 « engourdissement, perte de souplesse ou de mobilité » (GUILLAUME DE ST-PATHUS, Miracles de St Louis, éd. P. B. Fay, XL, 36); 5. 1487 « forte déclivité, escarpement » (Triomphe des neuf preux, p. 348 ds LA CURNE); 6. 1553 « état de tension, durcissement » (RONSARD, Livret de folastres, IV, 152 ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 5, p. 28). Dér. de raide; suff. -eur1. Fréq. abs. littér.:381. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 199, b) 460; XXe s.: a) 501, b) 901.
raideur [ʀɛdœʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1320; reddur, roidor, XIIe; de 1. raide. REM. La forme archaïque roideur est moins attestée en français mod. (XIXe-XXe) que roide (→ ci-dessous, cit. 1).
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♦ État, caractère (d'une chose ou d'une personne) raide.
1 (Concret). État de ce qui est raide ou raidi. ⇒ 1. Raide (I., 1., REM. et 2.). || Raideur cadavérique. ⇒ Rigidité. || Raideur des membres. ⇒ Ankylose, engourdissement. || Raideur convulsive des muscles. ⇒ Tension (→ 2. Contracter, cit. 3). || Empois qui donne de la raideur au linge (→ Empesage).
1 Agostin se courba, parut fouiller au fond de la fosse, se redressa tenant entre les bras une forme humaine d'une roideur cadavérique, qu'il jeta sans cérémonie sur le bord du trou.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, IV.
2 Son accident lui avait laissé au genou droit une raideur qui, certains jours, le faisait boiter légèrement.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 35.
♦ Raideur des draperies, des contours dans une sculpture. || La ligne droite, dans sa raideur et sa pureté (→ Perpendiculaire, cit. 2).
3 (…) lentement, les couples avançaient, le menton levé, les paupières battantes, entre les colosses de pierre, les dieux de marbre noir muets dans leur raideur hiératique, les bêtes monstrueuses (…)
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 94.
2 (XIIIe). Fig. Caractère de ce qui est rigide, compassé. || Raideur de l'attitude. ⇒ 1. Raide (II., 1.). || Raideur empesée (cit. 4), vaniteuse et infatuée (cit. 6), solennelle. ⇒ Affectation, austérité, gravité. — En parlant d'un ouvrage de l'esprit (→ Maigreur, cit. 7). || Raideur du style. — En parlant des mœurs, de l'esprit… ⇒ 1. Raide (II., 2.). || « Cette grande roideur des vertus des vieux âges » (cit. 64, Molière). ⇒ Rigueur. || Raideur dogmatique. || Raideur de l'esprit (→ Indécision, cit. 4), des principes. ⇒ Rigidité (fig.). — Vx. ⇒ Fermeté, ténacité.
4 Mettez le théoricien le plus décidé à la barre d'un navire : quelle que soit la raideur de ses principes ou de ses préjugés, jamais, s'il n'est aveugle ou contraint par des aveugles, il ne s'obstinera à gouverner toujours à gauche ou toujours à droite.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, III, p. 206.
5 Le caractère d'Alceste est celui d'un parfait honnête homme. Mais il est insociable, et par là même comique. Un vice souple serait moins facile à ridiculiser qu'une vertu inflexible. C'est la raideur qui est suspecte à la société. C'est donc la raideur d'Alceste qui nous fait rire, quoique cette raideur soit ici honnêteté.
H. Bergson, le Rire, p. 105.
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CONTR. Flexibilité, mollesse, souplesse. — Courbure. — Abandon, enjouement, familiarité, liberté.
HOM. V. Raider.
Encyclopédie Universelle. 2012.