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rance

rance [ rɑ̃s ] adj.
• 1552; subst. 1373; « perdu (moralement) » 980; lat. rancidus
Se dit d'un corps gras qui a pris une odeur forte et un goût âcre. Beurre rance. « tous les plats étaient empestés avec de l'huile rance » (Stendhal).
Par ext. Odeur, goût rance. N. m. Odeur, goût caractéristique d'un corps gras rance. Pièce qui sent le renfermé, le rance.
⊗ CONTR. 1. Frais.

rance adjectif (latin rancidus) Se dit d'un corps gras qui, au contact de l'air, a pris une odeur forte et une saveur âcre : Du beurre rance. Se dit de quelqu'un qui a mal vieilli, de quelque chose qui est proche de la décomposition. ● rance (synonymes) adjectif (latin rancidus) Se dit d'un corps gras qui, au contact de l'air...
Synonymes :
- aigre
- ranci
rance nom masculin Odeur, saveur caractéristiques d'un corps gras ranci : Sentir le rance.

Rancé
(Armand Jean Le Bouthillier de) (1626 - 1700) religieux français. Retiré (1664) chez les cisterciens de Notre-Dame-de-la-Trappe à Soligny (Orne), il imposa l'austérité dans son monastère. Chateaubriand écrivit une Vie de Rancé (1844).

I.
⇒RANCE1, adj.
A. — [En parlant d'un corps gras] Qui a contracté une odeur désagréable et une saveur âcre, en raison du développement d'acides gras sous l'effet de l'oxygène de l'air. Une des lampes s'était éteinte, répandant une odeur d'huile rance (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 57). Elle alla chercher une vieille tasse au fond de laquelle gisait une couche de beurre rance et salé (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Lapin, 1887, p. 247). Le lard américain était rance. Le lait et les biscuits manquaient. On remplaçait le café par de l'orge torréfiée, on ne parlait plus de beurre (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 322).
Rare. [En parlant d'un autre type de corps] Qui s'est altéré en devenant trop vieux. Cette marmelade d'abricots est rance. Ces prunes confites sont rances (Ac. 1835, 1878). Des confitures rances (LITTRÉ).
[P. méton.]
1. [En parlant d'un goût, d'une odeur] On doit rejeter les fèves de cacao qui sont moisies, blanches intérieurement, d'un goût rance et fade (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 132). La tenture, la muraille même sont imprégnées de cette odeur rance et miellée, indéfinissable, écœurante, des épiceries de campagne (BERNANOS, Crime, 1935, p. 795).
Empl. subst. masc. Odeur, saveur caractéristique d'un corps rance. Le goût de rance se manifeste [dans la bière fabriquée] avec les malts conservés chauds et assez humides (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 551):
Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l'odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice.
BALZAC, Goriot, 1835, p. 11.
2. ŒNOL. ,,Qualité douce et moelleuse que l'eau-de-vie acquiert en vieillissant, à mesure qu'elle diminue en force et en quantité`` (LITTRÉ). Synon. rancio. Cette senteur un peu lourde et pourtant subtile de pomme bien mûre, que nous appelons le rance? Voilà ce que dégage une fine champagne, au moins centenaire (CHARDONNE, Dest. sent., I, 1934, p. 25).
3. PEINT. [En parlant d'un ton] Qui est d'une couleur jaunâtre évoquant certains corps rances. La peau [du christ de Burgos], d'un ton rance et bistré, est rayée de longs filets de sang si bien imités que l'on croirait qu'ils ruissellent effectivement (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 50).
Empl. subst. masc. Mme Sartoin fait ce qu'on appelle en argot d'atelier « le rance » avec des habiletés de clair-obscur peu communes (PÉLADAN, Décad. esthét., Salon de 1883, 1888, p. 106).
B. — Au fig. Qui a perdu son caractère de nouveauté, de fraîcheur; qui est démodé, usé, passé. Quant à Roujon, il prenait la défense des impressionnistes et de Rodin, avec des façons de bel esprit rance (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 64). Même au magasin de grand'mère, rue Montorgueil, les rossignols les plus rances, c'étaient de la rose à côté (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 194). V. lacrymatoire II B ex. de Rolland.
Empl. subst. masc., loc. Sentir le rance. Les vieux mots sentent le rance; les nouveaux dénaturent tout (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 443). La trame de leur intrigue n'en sera pas changée, mais elle en sera plus vraie, plus forte et aussi plus fragile. C'est le grand avantage du théâtre sur la vie, il ne sent pas le rance (GIRAUDOUX, Ondine, 1939, II, 1, p. 93).
REM. 1. Rancescible, adj. Qui peut devenir rance. Les autres [huiles sont] siccatives, et les troisièmes rancescibles (FOURCROY, Système de connaissances chimiques, Paris, 1801, t. VII, p. 328 ds LITTRÉ). 2. Rancissable, adj. Même sens. Ce beurre artificiel, moins rancissable que le beurre naturel, n'est pas malsain (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 245).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. ranz et homogr. rance2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Subst. 1377 « goût et odeur de ce qui est rance » (GACE DE LA BUIGNE, Roman des deduis, éd. Blomqvist, 10366); 2. a) adj. 1re moit. XIVe s. « en parlant d'une vieille truie qui a pris une odeur forte et un goût âcre » (Jeux-partis, éd. A. Långfors, CLXXV, 19, p. 279 ds T.-L.); b) fig. 1559 « passé, vieilli » (AMYOT, Vies, Galba, 3 ds LITTRÉ); 1600 « bien fermenté (en parlant du fumier) » (O. DE SERRES, Théatre d'agric., p. 101). Empr. au lat. rancidus « qui sent, putréfié, infect, désagréable ». Le mot est att. en a. prov. sous la forme ransa (adj. fém.) au sens de « flétri, fané (en parlant de la peau, de la chair humaine) » du XIIe s. au XIIIe s. (LEVY Prov.).
II.
⇒RANCE2, subst. fém.
MAR. Pièce de bois ajustée à angle droit sur les bordages d'un vieux bâtiment pour le consolider. Avec des rances, il fera un peu moins d'eau (MERRIEN 1958).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. ranz et homogr. rance1. Étymol. et Hist. a) 1557 a. norm. rance « étai qui supporte la ridelle d'une charrette » (POPPE 1936, p. 236); b) 1820 rances plur. « pièces de bois servant à consolider les bordages d'un vieux bâtiment; planches de charge » (WILL.). Forme norm. de ranche.
STAT.Rance1 et 2. Fréq. abs. littér.:79.
DÉR. Rancer, verbe trans., mar. Consolider un bateau à l'aide de rances. [Tourville] rança son navire: il cloua sur sa surface extérieure (...) de fortes planches. Remède de misère, qui diminue péniblement la marche (LA VARENDE, Tourville, 1943, p. 71). [], (il) rance []. 1res attest. 1825 bâtiment rancé (WILL., s.v. rances), 1842 rancer « fortifier avec des rances » (Ac. Compl.); de rance2, dés. puis -er.

1. rance [ʀɑ̃s] adj. et n. m.
ÉTYM. 1552; subst., 1373; « perdu (moralement) », 980; lat. rancidus.
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I Adj.
1 Se dit d'un corps gras qui a pris une odeur forte et un goût âcre, dus au développement d'acides au contact de l'air. Rancissement. || Beurre, huile, lard rance (→ Incruster, cit. 10; marché, cit. 26). || Vieille graisse rance et puante. Gâté.Par ext. || Odeur, goût rance.
0 (…) tous les plats étaient empestés avec de l'huile rance (…) Nous avons essayé de laver les viandes avec de l'eau chaude, et de les manger ensuite en vinaigrette; mais il a été impossible de leur ôter l'exécrable odeur de l'huile rance.
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. II, p. 354.
2 (XVe). Fig. et vieilli. Vieux et gâté. || « Monde poussiéreux (cit. 2), rance, moisi, fétide… » (Gautier).REM. Pour les choses abstraites, on dit plutôt ranci.
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II N. m. (1180). Odeur, goût caractéristique d'un corps gras rance. || Pièce qui sent le renfermé, le moisi (cit. 6), le rance.
CONTR. Frais.
DÉR. Rancir. — V. aussi Rancœur.
HOM. 2. Rance, 3. rance.
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2. rance [ʀɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1836; « étai d'une ridelle », 1557; forme normande de ranche.
Mar. Régional (Normandie).
1 Pièce de bois servant de support à des fûts, à des objets pesants, sur un navire. Chantier.
2 Pièce de bois que l'on appliquait à angle droit sur les bordages d'un vieux navire en bois, pour le consolider.
DÉR. Rancer.
HOM. 1. Rance, 3. rance.
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3. rance [ʀɑ̃s] n. m.
ÉTYM. 1755; nom d'une commune de Belgique.
Techn. (Vx). Marbre blanc et brun veiné de gris et de bleu.
HOM. 1. Rance, 2. rance.

Encyclopédie Universelle. 2012.