récuser [ rekyze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1300; lat. recusare
1 ♦ Dr. Refuser d'accepter (qqn) comme juge, arbitre, expert, juré ou témoin. Récuser un témoin.
♢ Par ext. Récuser la compétence d'un tribunal. ⇒ contester.
2 ♦ Cour. Repousser comme tel. Récuser l'autorité d'un auteur. Ce témoignage ne peut être récusé. — Repousser comme inexact. Récuser un argument.
♢ Rare Rejeter. « si vous récusez les abus » (Renan).
3 ♦ SE RÉCUSER v. pron. (1690) Affirmer son incompétence sur une question; refuser de donner son avis, de prendre une responsabilité. « comme je m'en croyais tout à fait incapable, je m'étais invariablement récusé » (G. Lecomte).
⊗ CONTR. Accepter, agréer.
● récuser verbe transitif (latin recusare) User de la faculté ou du droit de récusation. Ne pas admettre l'autorité de quelqu'un, la valeur de quelque chose dans une décision : Récuser un témoignage. ● récuser (synonymes) verbe transitif (latin recusare) Ne pas admettre l'autorité de quelqu'un, la valeur de quelque chose...
Synonymes :
- infirmer
récuser
v.
rI./r v. tr.
d1./d DR Refuser d'accepter en tant que juré, expert, témoin. L'avocat de la défense a récusé deux des jurés.
|| Pour un plaideur, refuser d'être jugé par un magistrat (ou en sa présence), par un arbitre dont il conteste l'impartialité.
d2./d Contester. Récuser l'autorité d'un historien.
rII./r v. Pron. Refuser de prendre une responsabilité, d'émettre un avis.
⇒RÉCUSER, verbe trans.
A. — DROIT
1. Empl. trans. Qqn récuse qqn. [Le compl. d'obj. désigne un juge, un juré, un témoin ou un expert] Refuser le jugement ou le témoignage d'une personne dont on suspecte l'impartialité, notamment lorsque celle-ci est parente de l'un des plaideurs ou qu'elle le conseille. Anton. agréer. Récuser un juré. Verrès, jugé par des sénateurs, en récusa cinq, et peut-être davantage (MÉRIMÉE, Essai guerre soc., 1841, p. 206). Hermann: Je m'offrirais bien [comme témoin]; mais, étant trop proche parent avec toi, ton adversaire pourrait me récuser (DUMAS père, Cte Hermann, 1849, I, 8, p. 219).
— [P. méton. du suj.] Si un fils a un père coupable envers son souverain, il doit faire tout ce qui est en lui pour empêcher le succès de ses projets; mais s'il ne peut y réussir, les lois doivent les récuser non seulement comme juge, mais comme témoin (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 287).
— [P. méton. de l'obj.] Récuser l'autorité, le témoignage, la compétence d'un juge, d'un tribunal. Nul homme ne récuse les décisions suprêmes de ce tribunal des nations civilisées, appelé le monde (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 130).
2. Empl. pronom. réfl. Se déclarer incompétent pour juger une affaire, refuser d'accepter d'exercer sa fonction de juge, de juré, de témoin, d'expert dans une cause, un procès. Le président de Valence, devenu pâle et presque sans connoissance, déclara se récuser; sur un mot qu'il dit au président de la cour, cette récusation fut admise (BALZAC, Annette, t. 4, 1824, p. 16). V. récusation ex.
B. — P. ext.
1. Empl. trans. Qqn récuse qqc./qqn
a) Refuser, rejeter l'autorité de (quelqu'un ou p. méton. de quelque chose). Synon. infirmer, repousser. Récuser l'assertion, l'autorité, le témoignage de qqn; récuser une opinion, une preuve; récuser un arbitre, un expert, un témoin. Le coq-à-l'âne, en devenant satire, changeait de nom plutôt que de nature, et l'on ne faisait que récuser, comme parrain du genre, Marot, qui, pour des Français, était aussi compétent que Thespis (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 53). On doit donc récuser comme abstraite toute analyse de l'espace corporel qui ne fait entrer en compte que des figures et des points (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 117).
— Plus rare. [Le suj. désigne qqc.] Mon devoir et mon goût s'accordent à vous récuser comme tel [mon adversaire] (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 2, p. 1641).
b) Rejeter, nier. Synon. dénoncer. La philosophie anti-intellectualiste, en récusant l'analyse et « le discours », se condamne par cela même à être intransmissible (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 215). Néanmoins, tout en récusant ses goûts j'admirais qu'ils les défendît avec tant de superbe (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 123).
2. Empl. pronom. réfl. Se déclarer incompétent sur une question, une affaire, un domaine; refuser d'assumer une responsabilité. En ce qui concerne les Pilotes de l'Iroise, roman maritime, de M. Édouard de Corbiére, nous nous récusons nous-mêmes, et nous déclarons notre critique incompétente (MUSSET ds R. des Deux Mondes, 1832, p. 103).
Prononc. et Orth.:[], (il) récuse [-ky:z]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. [XIIIe s. d'apr. BL.-W.1 sans indication de sens] A. 1. Ca 1300 intrans. « refuser » (d'apr. FEW t. 10, p. 169a; la réf. est incomplète); 1355 (BERS., Tit. Liv. B.N. 20312 ter, fol. 67 v ° ds GDF. Compl.); 1507 recuzer d'obeir (OCT. DE S. GEL., Eneide, B. N. 861, f ° 72a, ibid.); 2. 1540 « repousser » fig. (LA GRISE, trad. Guevara, III, 48 ds HUG.). B. 1. a) 1332 réfl. dr. « refuser de se soumettre à la décision d'un juge » (A. N. JJ 68, f ° 4 ds GDF. Compl.); b) 1549 recuser ung juge (EST.); 2. 1690 réfl. « refuser de faire acte de juge » un juge se doit recuser luy-même (FUR.); 3. 1832 p. ext. réfl. [lang. commune] « refuser d'accepter une charge, une mission » (MUSSET, loc. cit.). Empr. au lat. recusare « repousser, décliner, refuser », spéc. terme de dr. « repousser une accusation; opposer une réclamation, une objection ». Fréq. abs. littér.:196.
DÉR. Récusable, adj. Qui peut être récusé. Synon. contestable; anton. irrécusable. Témoin récusable; autorité, témoignage récusable. Une des parties les moins récusables de l'héritage de l'antiquité païenne, celle qu'évoquent les noms d'Homère, de Sophocle, de Socrate, de Virgile « Père de l'Occident » (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 13). — []. Ac. 1694-1718: re-; dep. 1740: ré-. — 1res attest. 1529, 18 mai dr. « qui peut être récusé » empl. subst. (Règlement ds ISAMBERT, Rec. anc. lois fr., t. 12, p. 315), 1605, 5 nov. transposé à la lang. commune (PASQUIER, Lettres, XIX, 10 ds Œuvres, Amsterdam, Libraires associés, t. 2, p. 558a: Combien que je soye juge récusable en cette cause), 1605, 5 nov. id. (D'AUBIGNÉ, Hist. universelle, préf., éd. A. de Ruble, t. 1, p. 8: Pour tous les autres [historiens] qui ont escrit, ils sont recusables comme s'estans monstrez parties); de récuser, suff. -able; cf. lat. chrét. recusabilis « qui peut être nié, contestable » (IIIe s. TERTULLIEN ds BLAISE Lat. chrét.).
récuser [ʀekyze] v. tr.
ÉTYM. 1300; lat. recusare.
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1 Dr. Refuser, conformément aux dispositions légales, d'accepter (qqn) comme juge, arbitre, expert, juré ou témoin. ⇒ aussi Reprocher (→ Déporter, cit. 1). — Par ext. || Récuser la compétence d'un tribunal. ⇒ Contester.
1 Nous récusons des juges pour les plus petits intérêts et nous voulons bien que notre réputation et notre gloire dépendent du jugement des hommes qui nous sont tous contraires (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 268.
2 (Mil. XVIIe; 1669, Racine). Cour. Repousser comme tel. || Récuser l'autorité d'un auteur. ⇒ Repousser. || Ce témoignage ne peut être récusé. ⇒ Irrécusable, irréfragable. — Par ext. Refuser, rejeter.
2 L'abrutissement du peuple, l'arbitraire et le caprice, les intrigues de cour et les lettres de cachet, la Bastille, la potence et les Grands Jours sont des pièces essentielles de cet édifice, de sorte que, si vous récusez les abus, récusez aussi l'édifice; car ils entrent comme parties intégrantes dans sa construction.
Renan, l'Avenir de la science, XVIII, Œ. compl., t. III, p. 1036.
3 Ce serait une plaisanterie, si la musique récusait l'opinion de tous ceux qui ne sont pas du métier.
R. Rolland, Musiciens d'autrefois, p. 210.
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se récuser v. pron.
2 (1690). Affirmer son incompétence sur une question; refuser de donner son avis, d'assumer une responsabilité. ⇒ Fuir (supra cit. 7).
4 Plusieurs fois Louis Lumet et ses collaborateurs m'avaient demandé de guider l'une de ces visites. Mais comme il fallait y parler et comme je m'en croyais tout à fait incapable, je m'étais invariablement récusé.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 318.
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CONTR. Accepter, agréer. — Attester.
DÉR. Récusable, récusant. — (Du même rad.) Récusation.
COMP. V. Irrécusable.
Encyclopédie Universelle. 2012.