réflexe [ reflɛks ] adj. et n. m.
• XVIe; phys. h. 1372; lat. reflexus, p. p. de reflectere → réfléchir
1 ♦ Opt. Qui résulte d'une réflexion. Image réflexe.
2 ♦ (1841) Physiol. Acte, mouvement réflexe. Arc réflexe : trajet suivi par l'influx nerveux du lieu de stimulation à celui de la réaction (en passant par le centre moteur de la moelle).
♢ N. m. (1855) Réaction automatique, involontaire et immédiate d'une structure ou d'un organisme vivants à une stimulation déterminée. Réflexe rotulien. Réflexes pupillaires. Absence de réflexes (⇒ aréflexie) . — (1904; trad. du russe [Pavlov]) Réflexe conditionné (ou conditionnel) :réflexe provoqué, en l'absence de l'excitant normal, par un excitant qui lui a été préalablement associé (chien qui salive au son d'une clochette qu'on a fait tinter chaque fois qu'on lui présentait de la viande).
3 ♦ (1928) Cour. Réaction immédiate et mécanique à une impression donnée, et précédant toute réflexion. Automobiliste qui a de bons réflexes. Il a eu le réflexe de freiner. « calme, maître de lui, fier de ses réflexes » (Morand). Tu as manqué de réflexe, il fallait répondre oui. ⇒ repartie.
⊗ HOM. Reflex.
● réflexe adjectif (latin reflexus) Qui a lieu par réflexion. Relatif au réflexe. ● réflexe (homonymes) adjectif (latin reflexus) reflex adjectif invariable, nom masculin invariable ● réflexe nom masculin Réponse motrice inconsciente ou involontaire provoquée par une stimulation sensitive ou sensorielle. Réaction très rapide, anticipant toute réflexion, en présence d'un événement : Un réflexe de défense. ● réflexe (difficultés) nom masculin Sens et orthographe Bien distinguer ces deux homophones. 1. Réflexe, terme de physiologie, prend un accent aigu sur le premier e et un e final : un réflexe conditionné. 2. Reflex, terme de photographie emprunté à l'anglais, s'écrit sans accent ni e final. - Plur. : des appareils reflex, des reflex. ● réflexe (expressions) nom masculin Arc réflexe, trajet parcouru par l'influx nerveux provoquant un réflexe. Avoir du réflexe, des réflexes, réagir rapidement et avec à-propos. Réflexe archaïque, automatisme moteur provoqué chez le nouveau-né par divers stimuli et qui disparaît entre 2 et 4 mois d'âge. Réflexe conditionné, réponse acquise et entretenue sous l'effet d'un premier stimulus auquel on associe un second stimulus, qui est ensuite substitué au premier et qui provoque alors la même réponse que le stimulus initial. Réflexe oculocardiaque, ralentissement du rythme cardiaque provoqué par la compression des globes oculaires. ● réflexe (homonymes) nom masculin reflex adjectif invariable
réflexe
adj. et n. m.
rI./r adj. OPT Produit par réflexion (sens I). Image réflexe.
rII./r adj. et n. m. PHYSIOL
d1./d adj. Arc réflexe: trajet suivi par l'influx nerveux, du lieu d'excitation d'un organe récepteur (terminaison nerveuse) à celui de la réaction d'un organe effecteur, en passant par un centre nerveux. Réflexe inné ou naturel. Réflexe conditionné, résultant de l'acquisition de nouvelles liaisons nerveuses. (L'apprentissage conduit à l'acquisition de réflexes conditionnés complexes qui jouent un grand rôle dans notre vie quotidienne, par ex. les réactions automatiques dans la conduite automobile.)
|| Cour. Mouvement, acte réflexe, automatique.
d2./d n. m. Réaction (motrice, sécrétoire, etc.) immédiate, involontaire et prévisible d'un organe effecteur à un stimulus donné.
|| Cour. Réaction immédiate et prompte pour répondre à une situation imprévue. Il a eu le réflexe de se baisser pour éviter la balle.
— Fig. Avoir le réflexe patriotique.
⇒RÉFLEXE, adj. et subst.
I. — Adjectif
A. — PHYS., vx. Qui a lieu par réflexion, résulte d'une réflexion. Synon. réfléchi. Visée, image réflexe. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — PHYSIOL. Qui résulte d'une activité nerveuse involontaire répondant à une stimulation extérieure. Action, activité, phénomène réflexe. Voir sur des grenouilles dont la moelle épinière a été coupée, si le pincement de la racine antérieure (bout périphérique) produirait mouvement réflexe (Cl. BERNARD, Notes, 1860, p. 90). Si (...) le volume et la pression du sang diminuent, les terminaisons nerveuses de la paroi du sinus de l'artère carotide enregistrent le changement. Un acte réflexe détermine la contraction des vaisseaux et la réduction de la capacité de l'appareil circulatoire (CARREL, L'Homme, 1935, p. 233).
♦ Arc réflexe. Trajet suivi par l'influx nerveux allant du point de stimulation au lieu de la réaction en passant par le centre moteur de la moelle épinière. Dans tout circuit de l'activité volontaire il y a (...) un double arc réflexe, l'un aboutissant aux hémisphères, l'autre en partant après une élaboration originale (BLONDEL, Action, 1893, p. 152).
♦ Centre réflexe. Point de la moelle épinière où s'établit la liaison entre des neurones sensitifs et des neurones moteurs. Dans le centre réflexe médullaire, le nombre de motoneurones activés est déterminé (...) par le nombre de fibres afférentes excitées, commandant chacune un groupe d'unités motrices (PIÉRON, Sensation, 1945, p. 372).
II. — Substantif
A. — PHYSIOL. Réponse automatique, involontaire et immédiate d'une structure ou d'un organisme vivants à la stimulation d'un récepteur sensible déterminé. Réflexe archaïque, élémentaire, inné, naturel; réflexe alimentaire, auditif, cutané, lacrymal, laryngé, moteur, patellaire, pharyngé, plantaire, pupillaire, rotulien; réflexe d'attitude, de défense, de déglutition, de la marche, de préhension, de succion. Le réflexe est inassimilable à la volonté et doit rester comme un corps étranger dans la conduite responsable de l'individu (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 89):
• 1. Qu'est-ce qu'un réflexe? C'est une réaction involontaire causée directement par une excitation externe. Sur la patte d'une grenouille décérébrée, on place une goutte d'acide; la patte se retire, voilà un réflexe moteur. L'impression produite dans les terminaisons nerveuses de la peau a gagné, par les nerfs sensitifs, la moelle épinière, d'où elle s'est réfléchie dans le nerf moteur de la patte, pour aboutir aux fibres musculaires dont elle a provoqué la contraction. Il n'y a pas seulement des réflexes moteurs, il en est de sécrétoires.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 88.
— En physiol. pavlovienne
♦ Réflexe conditionné, réflexe conditionnel ou réflexe acquis. ,,Acte réflexe acquis à la suite de l'association régulière d'un phénomène physiologique à un stimulus extérieur n'ayant aucun rapport avec ce phénomène (conditionnement)`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Le réflexe salivaire par excitation visuelle est un réflexe acquis, conditionné (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939 p. 89):
• 2. C'est dans l'écorce cérébrale que se produisent les réflexes, que Pavlov a étudiés sous le nom de réflexes conditionnels. Un chien sécrète de la salive quand un aliment est placé dans sa bouche. C'est un réflexe inné. Mais il sécrète aussi de la salive quand il voit la personne qui, d'habitude, lui apporte sa nourriture. C'est un réflexe conditionnel, ou acquis.
CARREL, L'Homme, 1935 p. 111.
♦ Réflexe inconditionné, réflexe inconditionnel. ,,Réaction héréditaire de l'organisme se produisant d'une manière identique chez les individus de la même espèce. Le réflexe inconditionné joue un rôle important dans la formation du réflexe conditionné`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
B. — P. ext., dans le lang. cour. Réaction immédiate se déclenchant mécaniquement face à une situation donnée avant toute réflexion et indépendamment de la volonté. Synon. automatisme. Avoir des réflexes rapides, de bons réflexes; manquer de réflexes; faire qqc. par réflexe; avoir du réflexe; avoir le réflexe de (+ inf.); réflexe professionnel; réflexe vital; réflexe national. Les réflexes de l'homme au volant m'empêchent seuls d'aller me jeter contre un arbre (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 182). Je tenais Vanessa étroitement serrée contre moi (...) mais cet appui que je lui prêtais n'était plus en ce moment qu'un réflexe machinal et sans tendresse (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 164). V. embrigader ex. de Abellio.
Prononc. et Orth.:[]. Homon. reflex. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. 1. 1480 adj. phys. (CORBICHON, Propriet. des choses, VIII, 42 ds GDF. Compl.); 2. 1855 adj. physiol. (LITTRÉ-ROBIN, s.v. réflectif); 1877 subst. (Ch. RICHET ds C.r. de l'Ac. des sc., séance 5 mars 1877, t. 84, p. 451). B. 1697 adj. « qui a le caractère de la méditation » (BOSS., Ét. d'orais., X, 23 ds LITTRÉ). Empr. au lat. reflexus, part. passé de reflectere, v. réfléchir. Cf. le lat. médiév. reflexus « mouvement réflexe » ca 1325 ds LATHAM. Cf. ds NED l'angl. reflex « dirigé ou retourné sur lui (d'actes de pensée » dep. 1649, « réverbéré (de lumière, rayon) » dep. 1681, « reflété comme dans un miroir » dep. 1678, « retourné ou changé après impact (d'un mouvement) » dep. 1704, reflex action « action involontaire d'un muscle ... excité » dep. 1833. Fréq. abs. littér.:658. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) néant, b) 134; XXe s.: a) 332, b) 2 527. Bbg. QUEM. DDL t. 29 (s.v. réflexe conditionnel).
réflexe [ʀeflɛks] adj. et n. m.
ÉTYM. XVIe; attestation isolée 1372, phys.; empr. lat. reflexus, p. p. de reflectere. → Réfléchir.
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1 Opt. (vx). Qui résulte d'une réflexion. ⇒ Réfléchi. || « Vision réflexe » (Trévoux).
2 (1841, Longet, « action réflexe », le mouvement de réponse à la stimulation étant considéré comme dû à une sorte de « réflexion » de l'onde nerveuse sur un centre nerveux; reflexio et motus reflexus sont attestés en lat. méd. chez le physiologiste Th. Willis av. 1675). Physiol. || Acte, activité, réaction, mouvement réflexe (⇒ Involontaire; → Curare, cit., Bernard). || Arc réflexe : trajet suivi par l'influx nerveux du lieu de stimulation à celui de la réaction (en passant par le centre moteur de la moelle).
1 La mise en jeu réflexe est le résultat d'une excitation sensible ou sensorielle qui, après être remontée vers un centre nerveux, détermine l'activité de celui-ci qui se traduit par une réponse au niveau des organes que commande le centre sollicité. Le schéma le plus simple du réflexe est donc, théoriquement, constitué par « l'arc réflexe simple », c'est-à-dire un neurone sensible collecteur de l'impression périphérique qui s'articule avec un neurone effecteur se rendant vers l'organe de réponse.
(…) La découverte de l'activité réflexe remonte en fait à Descartes (1640) (…)
R. Fabre et G. Rougier, Physiologie médicale, p. 585-586.
1.1 (…) à moins que les jambes se fussent tendues toutes seules, se fussent chargées sous leur propre responsabilité de le soulever, comme s'il était déjà mort, comme ces mouvements ou contractions réflexes qui se produisent alors qu'il n'y a déjà plus aucun cerveau ni aucune volonté pour décider et ordonner (…) les cuisses heurtant le bord de la table, celle-ci partant en avant mais le poids de sa masse, la force d'inertie, se transmettant par contrecoup, communiquant au corps une poussée en sens inverse (…)
Claude Simon, le Palace, p. 62.
♦ N. m. (1855). Réaction automatique, involontaire et immédiate d'une structure ou d'un organisme vivants à une stimulation déterminée. « Toute activité ou variation d'activité d'un effecteur (muscle, glande, etc.) pouvant être provoquée d'une façon régulière par la stimulation naturelle ou expérimentale d'un récepteur ou d'un groupe de récepteurs déterminés ou encore par celles des fibres nerveuses afférentes (⇒ Nerf) qui leur correspondent » (Piéron). ⇒ Automatisme. || Réflexes pupillaire, rotulien, plantaire, pharyngé… || Réflexes d'attitude, de défense. || Réflexe d'agrippement, réflexes archaïques du nouveau-né. || Réflexe pilomoteur (syn. cour. : chair de poule). — Réflexe paradoxal : mouvement réflexe inverse de celui habituellement déclenché par la percussion d'un tendon ou la stimulation mécanique des téguments. — Réflexe élémentaire, faisant intervenir le minimum d'éléments nerveux (arc réflexe simple). — (1904, trad. du russe, Pavlov). || Réflexe conditionné ou réflexe d'association, conjonctif, psychique : réflexe acquis, provoqué par un excitant conditionnel (par ex. un son, dans l'expérience de Pavlov) après que celui-ci a été associé assez souvent à l'excitant normal ou inconditionnel (la viande) pour devenir efficace à lui seul (salivation du chien). || Réflexe conditionnel, qui ne peut se manifester qu'après un « conditionnement » (mise en œuvre de conditions expérimentales précises). || Réflexe inconditionnel : réflexe inné ordinaire. — Relatif aux réflexes. ⇒ Réflectif; 1. réflectivité. || Absence de réflexes. ⇒ Aréflexie; irréflectivité. || Étude, théorie des réflexes. ⇒ Réflexologie; et aussi Réflexo-.
2 C'est dans l'écorce cérébrale que se produisent les réflexes, que Pavlov a étudiés sous le nom de réflexes conditionnels. Un chien sécrète de la salive quand un aliment est placé dans sa bouche. C'est un réflexe inné. Mais il sécrète aussi de la salive quand il voit la personne qui, d'habitude, lui apporte sa nourriture. C'est un réflexe conditionnel, ou acquis. Grâce à cette propriété du système nerveux, l'homme et les animaux sont éducables. Si l'écorce cérébrale est enlevée, l'acquisition de nouveaux réflexes devient impossible.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, III, X.
3 N. m. (V. 1930). Cour. (et souvent abusivt). Réaction immédiate et mécanique à une impression donnée, précédant toute réflexion et indépendante de la volonté. ⇒ Automatisme; automatique, instinctif, involontaire, machinal. || Réflexe inconscient. || Automobiliste qui a de bons réflexes. || Avoir un mauvais réflexe. || Les réflexes du public pendant un match (→ Déchaîner, cit. 4). || Réflexe professionnel (→ Faire, cit. 183). || Réflexes sociaux (→ Psychose, cit. 1). — Les réflexes des sociétés, des peuples (→ Histoire, cit. 24). || Réflexes dans le langage (→ Exclamation, cit. 2; interjection, cit. 2).
3 La droite a laissé ainsi l'exclusivité du réflexe moral à la gauche qui lui a cédé l'exclusivité du réflexe patriotique.
Camus, Actuelles III, Avant-propos, p. 19.
4 Il est calme, maître de lui, fier de ses « réflexes », — c'est son mot — sans inquiétudes sur son hérédité, soutenu par sa caste.
Paul Morand, l'Europe galante, p. 12.
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CONTR. (De l'adj., 2.) Volontaire.
COMP. Aréflexie.
HOM. Reflex.
Encyclopédie Universelle. 2012.