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réhabiliter

réhabiliter [ reabilite ] v. tr. <conjug. : 1>
XVe; réabiliter une ville à maire « lui rendre le droit d'avoir un maire » 1234; de re- et habiliter
1Vx Rétablir dans un état, dans des droits, des privilèges perdus.
(1823) Mod. Rendre à (un condamné) ses droits perdus et l'estime publique, en reconnaissant son innocence. blanchir, innocenter , laver. Réhabiliter la victime d'une erreur judiciaire. « Je voudrais bien vivre assez pour voir Dreyfus réhabilité » (Proust). P. p. adj. Failli réhabilité.
2Rétablir dans l'estime, dans la considération d'autrui. Réhabiliter la mémoire d'un ami. « pour réhabiliter cet art [du comédien] que dix-sept cents ans de raison chrétienne avaient condamné » (Bloy).
Pronom. Se réhabiliter. se racheter. Se réhabiliter dans l'opinion publique, aux yeux de tous...
3Remettre en état, rénover (un quartier, un immeuble). Réhabiliter un paysage urbain et industriel dégradé.
⊗ CONTR. Condamner, 2. flétrir.

réhabiliter verbe transitif (de habiliter) Mettre un terme aux soupçons, critiques, mépris, etc., dont quelqu'un faisait l'objet en prouvant officiellement qu'il méritait ou qu'il mérite de nouveau la confiance, l'estime d'autrui : Cette action l'a réhabilité aux yeux de son entourage. Reconnaître la valeur, l'utilité de quelqu'un, de quelque chose après une période d'oubli, de discrédit : Réhabiliter les petits commerçants. Restaurer et moderniser un quartier, un immeuble. Traiter un toxicomane de manière à permettre sa réinsertion sociale. Procéder à la réhabilitation juridique de quelqu'un. ● réhabiliter (difficultés) verbe transitif (de habiliter) Sens 1. Réhabiliter qqn = le rétablir dans ses droits, lui faire recouvrer l'estime, la considération qu'il avait perdue. Réhabiliter un condamné. 2. Réhabiliter (une, des constructions) = les rénover. Réhabiliter un quartier ancien. Ce sens récent est aujourd'hui passé dans l'usage. ● réhabiliter (synonymes) verbe transitif (de habiliter) Mettre un terme aux soupçons, critiques, mépris, etc., dont quelqu'un...
Synonymes :
- rehausser
- relever
- revaloriser

réhabiliter
v. tr.
d1./d Rétablir dans ses droits (une personne déchue par suite d'une condamnation).
d2./d Faire recouvrer l'estime d'autrui à. Cette action l'a réhabilité aux yeux de tous.
|| v. Pron. Je désire me réhabiliter à vos yeux.
d3./d Remettre en état (un immeuble, un quartier).

⇒RÉHABILITER, verbe trans.
A. — 1. Vieilli
a) DR., DR. CANON. Rétablir quelqu'un dans un état, dans des droits, des privilèges perdus. Lorsqu'un prêtre est tombé dans l'irrégularité, il a besoin d'être réhabilité (Ac. 1798-1878).
b) Réhabiliter un mariage. ,,Réparer le vice d'un mariage par une nouvelle célébration`` (Ac. 1835, 1878).
2. DR. Rendre à quelqu'un, en reconnaissant son innocence, sa situation juridique, ses droits perdus et l'estime publique. Être réhabilité dans ses fonctions. Je voudrais bien vivre assez pour voir Dreyfus réhabilité et Picquart colonel (PROUST, Sodome, 1922, p. 714):
1. Marcel Le Perderel, qui fut condamné à 20 ans de travaux forcés par les assises de la Seine pour le meurtre, dans un bar de Montmartre, de Jean Conance, puis réhabilité deux ans plus tard, vient d'être arrêté à Nantes pour le vol de 500 kilos de cuivre...
Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 4.
B. — P. ext.
1. Rétablir quelqu'un, quelque chose dans l'estime, dans la considération d'autrui. Réhabiliter qqn dans l'opinion publique; réhabiliter la mémoire de qqn. Les prouesses de l'armée Leclerc réhabilitent l'armée française (GIDE, Journal, 1943, p. 224). Il nous donne à entendre qu'il sait aussi être sérieux et qu'il étudie l'astronomie. À ces mots je dresse l'oreille: le voilà réhabilité à mes yeux (GREEN, Journal, 1956, p. 164).
Empl. pronom. réfl. Synon. de se racheter. Français qui se sont réhabilités par leur participation directe et active à la résistance (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 573).
♦ [Avec un compl. prép.] Se réhabiliter aux yeux d'autrui, dans l'esprit de qqn. Se réhabiliter dans le cœur de son mari était son unique désir (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 129). Il faut que je me réhabilite dans son estime (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 148).
2. P. anal.
a) [Le compl. désigne une coutume, une notion, un domaine, un genre artist.] Réhabiliter le travail manuel; réhabiliter le mélodrame. Allaitement mixte (...) il permet de suppléer, par l'addition d'une, deux ou trois tétées artificielles, à l'insuffisance de lactation (...) observée chez nombre de femmes, ce qui a réhabilité l'allaitement maternel dans les classes aisées (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 168):
2. ... la notion d'élément à l'infini [point, droite ou plan], introduite par Desargues au XVIIe siècle (...) mais qui ne se manifeste guère au XVIIIe siècle que comme abus de langage, est réhabilitée et systématiquement utilisée par Poncelet (...) qui fait ainsi de l'espace projectif le cadre général de tous les phénomènes géométriques.
BOURBAKI, Hist. math., 1960, p. 136.
b) [Le compl. désigne un objet] Rendre à quelqu'un la qualité, la grandeur (qui est la sienne). Impossible de nier que l'homme n'eût grand air. Il réhabilitait l'uniforme si laid (LA VARENDE, Contes fervents, Meyerdorff, 1948, p. 46).
3. MÉD. ,,Rétablir, remettre en bon état physique ou mental`` (KAMEN. 1972).
4. ARCHIT. [En parlant de bâtiments, d'un quartier] Remettre en état. Dans les décombres et les misères laissées par « les bâtisseurs de ruines » [à Beyrouth], il [le patron de l'Apur] recense (...) les zones à raser, à réhabiliter ou à préserver (Le Point, 28 févr. 1977, p. 77, col. 2). V. réhabilitation ex. 2.
REM. Réhabilitateur, -trice; réhabiliteur, -euse, subst., rare. Celui, celle qui réhabilite. Des aveugles volontaires, des réhabiliteurs embrigadés, des revisionnistes à gages faisant très consciemment leur partie dans l'œuvre scélérate (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 68). [Marolles] en appelle, tout en s'humiliant, à cette justice tardive et à cette immortalité qui s'assied sur la tombe:Cineri gloria sera venit. C'est à croire que le bonhomme nous prévoyait de si loin, nous et ses autres réhabilitateurs, s'il en vient (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1857, p. 132).
Prononc. et Orth.:[], (il) réhabilite [-lit]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1234 reabiliter une ville a maire « lui rendre le droit d'avoir un maire » (doc. ap. A. THIERRY, Rec. des monuments inédits de l'hist. du Tiers-État, t. 4, Paris, 1870, p. 710); 2. 1456 « rétablir dans un état, des droits, des privilèges perdus » (Archives du Nord, B 1686, f ° 74 ds IGLF); 3. a) 1675 « rétablir (un failli) dans ses droits » (J. SAVARY, Le Parfait négociant, Paris, p. 313); b) 1808 « rendre à (un condamné) ses droits perdus et l'estime publique, en reconnaissant son innocence » (Code instr. crim., p. 793); 4. 1680 « rendre aptes à posséder des bénéfices et des ordres ceux qui étaient tombés en hérésie, en irrégularité » (RICH.); 5. a) 1751 pronom. « se rétablir dans l'estime d'autrui » (DUCLOS, Considérations sur les mœurs de ce siècle, p. 72); b) av. 1755 trans. (SAINT-SIMON, Mémoires, VIII, 73 ds ADAM, p. 189); 6. 1969 « remettre en état, rénover (un quartier, un immeuble) » (Vie et langage, octobre ds GILB. 1971). Dér. de habiliter; préf. re-. Au sens 6, cf. l'angl. to rehabilitate « remettre en état, rénover (un immeuble, etc.) » (1971, Webster's), issu de « remettre dans son état antérieur, remettre en fonction (une chose) » (1845 ds NED). Fréq. abs. littér.:134.
DÉR. Réhabilitable, adj. Qui peut être réhabilité. Le négociant serait déclaré failli réhabilitable ou banqueroutier. Failli réhabilitable, il serait tenu de tout payer (...). Banqueroutier, il serait condamné (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 226). []. 1re attest. 1837 id.; de réhabiliter, suff. -able.
BBG. — QUEM. DDL t. 11 (s.v. réhabiliteur).

réhabiliter [ʀeabilite] v. tr.
ÉTYM. 1460; réabiliter une ville à maire « lui rendre le droit d'avoir un maire », 1234; de ré-, et habiliter.
———
I
1 Vx. Rétablir dans un état, dans des droits, des privilèges perdus (→ Déroger, cit. 4, La Bruyère). || Réhabiliter un empereur (déchu), lui redonner la couronne (cf. Voltaire, in Littré).
Dr. Relever de déchéances, d'incapacités consécutives à une faillite, à une condamnation. Réhabilitation.
(1823). Mod. Rendre à (un condamné) à la fois ses droits perdus et l'estime publique, en reconnaissant son innocence. Blanchir, innocenter, laver.Réhabiliter la mémoire de la victime d'une erreur judiciaire.
1 (…) j'avoue que ce serait bien agaçant de mourir avant la fin de l'affaire Dreyfus (…) Je voudrais bien vivre assez pour voir Dreyfus réhabilité et Picquart colonel.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 714.
2 Rétablir dans l'estime, dans la considération d'autrui. Absoudre, excuser, pardonner. || Sa belle conduite, son repentir l'ont réhabilité.
Pron. || Se réhabiliter. Racheter (se), recouvrer (l'estime); → Héros, cit. 20; lâche, cit. 8. || Se réhabiliter dans l'opinion publique, aux yeux de tous…
2 Ces gens que Mirabeau nommait si bien « le rebut du mépris public », sont comme réhabilités par le supplice. La potence est pour eux l'apothéose. Les voilà devenus d'intéressantes victimes, les martyrs de la monarchie; leur légende ira s'augmentant de fictions pathétiques.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, III.
(Compl. n. de chose) :
3 Il a fallu le dénûment métaphysique particulier au XIXe siècle et l'énergie surprenante de sa déraison, pour réhabiliter cet art (celui du comédien) que dix-sept cents ans de raison chrétienne avaient condamné.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 219.
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II (Av. 1968; d'après l'angl. to rehabilitate, av. 1966 en ce sens). Remettre en état, rénover (un quartier, un immeuble). || « Réhabiliter un paysage urbain et industriel dégradé » (le Monde, 2 nov. 1969).
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réhabilité, ée p. p. adj.
|| Condamné réhabilité.Dr. || Failli réhabilité.N. || Un réhabilité, une réhabilitée.
CONTR. Avilir, condamner, entacher, flétrir. — Exclure. — Déchoir.
DÉR. Réhabilitable, réhabilitant, réhabilitation, réhabilitatoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.