reine [ rɛn ] n. f.
• 1149; reïne 1080; lat. regina
1 ♦ Épouse d'un roi, quand le mariage a été contracté publiquement et solennellement. Le roi et la reine. Reines et favorites. — (1559) La reine mère : mère du souverain régnant. Plaisant La belle-mère (ou la mère de famille). Pas un mot à la reine mère !
2 ♦ (roigne XIIIe) Femme qui détient l'autorité souveraine dans un royaume. ⇒ souveraine. La reine d'Angleterre, des Pays-Bas. Le mari de la reine (cf. Prince consort). — Hist. La reine de Saba. — La Reine du ciel : la Sainte Vierge.
♢ Loc. Avoir un port de reine, majestueux, imposant. Une dignité de reine offensée, exagérée et pointilleuse.
♢ Bouchée à la reine.
3 ♦ (pour vierge, altér. de l'a. fr. fierge, fierce, de l'ar. firz « vizir ») La seconde pièce du jeu d'échecs, à l'action la plus étendue. ⇒ 1. dame. Échec à la reine !
♢ (v. 1514) Carte à jouer figurant une reine. La reine de cœur.
4 ♦ (1531) Vieilli Femme qui l'emporte sur les autres par une éminente qualité. La reine du bal, de la fête, de la soirée, l'héroïne. « les reines du chic » (Proust). Spécialt Reine de beauté. ⇒ miss. « les plus belles filles de chaque nation, choisies par des aréopages, élues reines de Beauté par acclamations populaires » (Ghelderode). — Celle qui règne sur... La reine de ses pensées. — Fam. C'est la reine des idiotes, des connes.
5 ♦ Fig. Ce qui domine, prime (pour un nom au fém.). « La force est la reine du monde, et non pas l'opinion » (Pascal). L'infanterie est la reine des batailles.
♢ Vieilli La petite reine : la bicyclette.
6 ♦ (1751) Femelle féconde d'abeille, de guêpe, de fourmi, etc., unique dans la colonie et dont la vie, après la fécondation, est consacrée à la ponte. La reine et les ouvrières d'une ruche.
⊗ HOM. Rêne , renne.
● reine nom féminin (latin regina) Princesse qui, de son chef, possède un royaume. Épouse en titre d'un roi. Celle qui domine, dirige, conduit : La reine de la mode. Celle qui l'emporte en beauté, en esprit, en valeur sur les autres : La reine de la soirée. Ce qui domine et s'impose quelque part : Ici l'ironie est reine. Femelle reproductrice chez les insectes sociaux (abeilles, guêpes, fourmis, termites, etc.). [Selon les espèces, il y a une seule reine (monogynie) ou plusieurs reines (polygynie).] Aux échecs et aux cartes, synonyme de dame. ● reine (citations) nom féminin (latin regina) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Aujourd'hui je suis reine. Autrefois j'étais libre. Ruy Blas, II, 1, la reine ● reine (expressions) nom féminin (latin regina) Comme une reine, avec beaucoup d'éclat : Être vêtue comme une reine ; au plus haut point : Être heureuse comme une reine. Fauteuil, chaise à la reine, siège à dossier plat légèrement incliné, mis à la mode par la reine Marie Leszczyńska. Familier et vieux. La petite reine, la bicyclette. Reine de beauté, jeune fille ou jeune femme qui a emporté la première place à un concours de beauté. Reine mère, épouse du roi défunt, mère du roi (ou de la reine) régnant(e). ● reine (homonymes) nom féminin (latin regina) rêne nom féminin renne nom masculin ● reine (synonymes) nom féminin (latin regina)
Synonymes :
- dame
reine
n. f.
d1./d épouse d'un roi.
|| Reine mère: mère du souverain régnant.
d2./d Souveraine d'un royaume. La reine d'Angleterre.
— Un port de reine, majestueux.
d3./d Femme qui l'emporte sur toutes les autres dans une circonstance particulière. Elle était la reine de la fête.
— Reine de beauté (cf. miss).
|| (Choses) Ce qui occupe la première place, qui prévaut sur tout le reste. La valse, reine des danses. La reine des nuits: la Lune.
d4./d Dame du jeu d'échecs. Perdre sa reine.
d5./d Femelle pondeuse, chez les insectes sociaux (abeilles, guêpes, termites, fourmis).
— Combat de reines: combat aux cornes entre reines.
⇒REINE, subst. fém.
A. — 1. Épouse d'un roi. La reine Marie-Antoinette; le roi et la reine; reine douairière; belle, jeune reine; la feue reine; Sa Majesté la reine; la chambre, le fauteuil, le lit de la reine. C'est là que repose une princesse de Lorraine, reine de France, épouse de Henri III (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 165).
2. Femme exerçant sous sa propre autorité le pouvoir souverain dans un royaume. La reine Élisabeth; la reine d'Angleterre; grande reine; être reine. Le prince consort Albert, mari de la reine Victoria (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 15).
3. Reine(-)mère. Mère du roi ou de la reine qui règne. [Un diamant] orne la couronne qu'a portée la reine-mère d'Angleterre au couronnement d'Élisabeth II (METTA, Pierres préc., 1960, p. 69).
4. En compos. Impératrice-reine. V. impératrice rem. 3.
5. Constr. partic., loc. (faisant allus. aux caractéristiques partic. — beauté, majesté, richesse, intelligence, etc. — qu'on prête aux reines ou présentant un rapport avec une reine déterminée).
a) Empl. adj. Qui a certaines caractéristiques qu'on prête à une reine. Une miniature charmante de Marie [Stuart] (...) l'air moins reine et plus humain que sur la gravure qu'on vend partout dans Edimbourg (MICHELET, Journal, 1834, p. 144). En entrant je la vis, ma future maîtresse, À côté du génie un peu reine et déesse (SAINTE-BEUVE, Livre d'am., 1843, p. 38).
b) [En parlant (d'une partie) du corps, d'une attitude, d'un objet] De reine. Qui a certaines caractéristiques qu'on prête à une reine, aux objets qui lui sont propres; qui est digne d'une reine. Air, port de reine; linge de reine. Elle se redressa, elle eut une dignité de reine offensée, en disant: — Qu'est-ce qu'il lui prend, à ce cochon-là? (ZOLA, Nana, 1880, p. 1296). Cette femme vivante au corps de reine était à moi (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 245).
c) En reine. À la manière d'une reine; autant, aussi bien qu'une reine; avec éclat, avec majesté. Traiter qqn en reine. Tu parles toujours en reine, ma bonne petite sœur (SAND, Consuelo, t. 2, 1842-43, p. 181).
d) [Dans une compar. indiquant un summum] Danser, vivre comme une reine. La chanteuse lui paraissait belle comme une reine, avec ses bracelets, ses pendeloques et la queue mouvante de sa jupe (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 140). Il entama l'éloge d'Amédée, dit qu'elle serait avec lui heureuse comme une reine (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 296).
e) À la reine. [Qualifie qqc. d'élégant, de raffiné ou ayant un rapport avec une reine déterminée]
— Herbe à la reine.
— ART CULIN. Coulis ou purée de volaille à la reine (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 131). Bouchée à la reine. Petit vol-au-vent. Viens (...). Tu mangeras une purée de marrons, je ne te dis que ça, et il y aura sept petites bouchées à la reine (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 488).
ARTS. Porcelaine à la reine/Reine. Porcelaine fabriquée dans une manufacture qui avait reçu la protection de la reine Marie-Antoinette. Il avait, subtil amateur, discerné, parmi les objets saisis, un pot à eau de porcelaine à la Reine (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 192). Siège (chaise, fauteuil) à la reine. Siège dont le dossier, de forme ovale et de plan droit, fut adopté par la reine Marie Leczinska. Le type de siège le plus répandu est celui qui s'inspire des chaises dites « à la reine » (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 171).
6. P. méton., JEUX. [La personne de la reine sert de réf. à des pièces de jeux] ÉCHECS. Seconde pièce du jeu, après le roi, représentant de façon parfois stylisée, une reine. Dès le début de la dernière [partie d'échecs] j'avais perdu ma reine par inadvertance (AMIEL, Journal, 1866, p. 444). CARTES. Synon. rare de dame1. V. ce mot ex. 12.
B. — P. anal. (de souveraineté, de majesté; l'anal. porte sur des femmes ou sur des animaux, des végétaux, des choses de genre fém.).
1. [Le subst. désigne une pers. de sexe fém.]
a) Celle qui domine quelqu'un, quelque chose, qui l'emporte sur les autres au sein d'un groupe, dans un lieu, dans une situation donnée, par différentes qualités. Reine de l'élégance, de la fête, de la mode. Maison, dont j'étais, maintenant, la reine et la fée (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 136). Reine des gaffeuses, ne dites pas cela devant Sophie (COCTEAU, Parents, 1938, II, 1, p. 231).
b) En partic.
— Femme qui règne sur le cœur d'un homme, femme aimée d'un homme. L'arrivée aux Ternes, dans ce bonheur inexprimable d'y établir ma reine (MICHELET, Journal, 1857, p. 348). [L'homme à femmes] sera toujours prêt à sacrifier ses devoirs et ses intérêts à un rendez-vous avec la reine du moment (BOURGET, Physiol. amour mod., 1890, p. 48).
♦ Empl. hypocor. Sans doute que je suis un homme sans lumière et sans beauté Mais je vous aime, mon ange, ma reine, ma chérie! (CLAUDEL, Annonce, 1912, II, 3, p. 55).
— Jeune fille élue par un groupe pour le représenter pendant un temps déterminé. Grand banquet qui réunissait autour de la Reine des Reines des Marchés plusieurs députés et conseillers municipaux (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 240). Au cours de la soirée, il sera procédé à l'élection de la reine de Provence (...) par un jury de vedettes, présidé par la reine de Paris (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 2).
— Reine de beauté. Jeune femme choisie comme étant la plus belle dans une assemblée, un concours de beauté (v. miss C). En 1839 Lord Eglinton avait organisé un tournoi sur ses terres (...). Une des amies de Dizzy, Lady Seymour, avait été la Reine de Beauté (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 151).
— Reine de mai. Petite fille ou jeune fille qui se trouve en tête du cortège ou que l'on promène lors des fêtes traditionnelles de mai. C'est en chantant que les enfants (...) promènent leur reine de mai (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 105).
— Reine de la fève (vieilli), reine. Quand on tire les rois, celle qui trouve la fève dans le gâteau ou celle qui est choisie par le roi, celui qui a trouvé la fève:
• Chaque année, M. Chantal était roi (...) et il proclamait reine Mme Chantal. Aussi, fus-je stupéfait en sentant dans une bouchée de brioche quelque chose de très dur qui faillit me casser une dent (...) Chantal s'écria en battant des mains: « C'est Gaston. C'est Gaston. Vive le roi! vive le roi! » (...) Chantal reprit: « Maintenant, il faut choisir une reine. » (...) Je tendis mon verre à la reine (...) tout le monde cria: « La reine boit! la reine boit! »
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Perle, 1886, pp. 629-631.
— Reine du bal. Femme qui ouvre le bal; femme pour qui est donné le bal; femme la plus brillante du bal. Il était impossible d'avoir plus de succès. Elle était la reine du bal (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 288).
— Poét. La reine des nuits, des ombres. La lune. Le soleil a cédé l'empire À la pâle reine des nuits (LAMART., Médit., 1820, p. 188). V. ombre1 I D ex. de Lamartine.
c) RELIG. CHRÉT. La reine du Ciel, des anges, des Apôtres, des Confesseurs, des Martyrs, des Vierges. La Vierge Marie. Quand ils invoquèrent la Reine des Apôtres, la Reine des Martyrs, la Reine des Confesseurs, tous tombèrent à genoux dans les feuilles mortes (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 75). Les cloches jouent un vieil air de menuet en l'honneur de la Reine du Ciel (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1920, p. 36).
2. Animal, végétal, chose qui domine, l'emporte sur les autres au sein d'un groupe, dans un lieu donné, par ses qualités propres.
a) [Chez les insectes sociaux (fourmis, termites, guêpes et surtout abeilles)] Femelle féconde unique d'une colonie, d'une ruche. Reine d'abeilles, des abeilles; reine termite. Les fourmis sont en grand émoi: L'âme du nid, la reine est morte (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 234). J'ai plus d'une fois, comme tout amateur d'abeilles, fait venir d'Italie des reines fécondées (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 61).
b) [Le subst. désigne une plante ou un fruit] La laitue est la reine des salades (GRESSENT, Potager mod., 1863, p. 773).
♦ La reine des fleurs. La rose. Voyez la reine des fleurs, formée de portions sphériques, teinte de la plus riche des couleurs, contrastée par un feuillage du plus beau vert, et balancée par le zéphir (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 259).
— En partic. [Entre dans la dénom. de certaines plantes] Reine(-)des(-)bois. Synon. aspérule odorante, muguet des bois, petit muguet. Baube: (...) Les étoiles brillent en haut. Violaine: Plus que Parfondeval n'est étoilé de reines-des-bois (CLAUDEL, Violaine, 1892, IV, p. 549). V. reine(-)des(-)prés, reine-marguerite.
c) [Le subst. désigne une chose concr.] La grande colonie de Saint-Domingue. Cette reine des Antilles (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 315). La reine de la circulation était, bien entendu, la diligence! (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 252).
♦ La petite reine. La bicyclette. Alors commence l'ère des classiques, qui vont consacrer le triomphe de la petite reine: Bordeaux-Paris (1891), Paris-Roubaix, Paris-Tours (1896) (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang. 1952, p. 137).
— Empl. adj. Cité reine. La volute (...) va devenir reine (FILLON, Serrurier, 1942, p. 26).
— En compos. En ce jour solennel, la ville-reine est, dès le matin, environnée d'un nuage d'encens (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 306).
d) [Le subst. désigne une chose abstr.] L'opinion, reine du monde. L'amour (...) est la reine de toutes les passions (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 554). La mécanique analytique est la reine des sciences (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 116).
— Empl. adj. XVIIIe siècle, époque triomphale de la sensibilité reine? (L. FEBVRE, Sensibilité et histoire, [1941] ds Combats, 1953, p. 235).
— En compos. L'une de ces idées, de ces idées-reines (THIBAUDET, Princes lorr., 1924, p. 115).
REM. Réginal, -ale, -aux, adj. Qui est le propre d'une reine, qui en a certaines caractéristiques (souveraineté, majesté). Cet astre réginal, cette splendide étoile toute seule au bandeau du ciel transparent (CLAUDEL, Soulier, 1929, 1re journée, 7, p. 681).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. raine, rêne, renne. Ac. 1694: reine, reyne; dep. 1718: reine. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 reïne « femme d'un souverain » (Roland, éd. J. Bédier, 634); 2. ca 1160 raïne « souveraine » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 1524); 1559 Royne mère (DU BELLAY, Divers jeux rustiques, éd. Ad. van Bever, p. 259); 1680 à la reine (RICH., s.v. pain); 3. a) ca 1145 reïne désigne la Vierge (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 117); b) 1377 royne de la fevre « celle qui tire la fève dans sa part de gâteau (le jour des Rois) » (Rec. Joursanvaux ds le Cabinet historique, 1871, p. 122); c) ca 1380 roine (du jeu d'échecs) (JEAN LEFÈVRE, trad. La Vieille, éd. H. Cocheris, p. 80); 1690 reyne (d'un jeu de cartes) (FUR.); 4. a) ca 1250 reïne « celle qui domine » (Joufroi de Poitiers, éd. P. B. Fay et J. L. Grigsby, 226); b) 1907 reine-bicyclette « bicyclette » (Almanach Hachette pour 1908); 1911 petite reine (La Montagne, numéro 3, mars, p. 155 ds QUEM. DDL t. 22); 5. 1751 reine « femelle féconde unique dans la ruche ou essaim, chez les abeilles » (Encyclop. t. 1, p. 18a). Du lat. regina « reine », dér. de rex, regis, roi. Cf. le m. fr. regine « id. » 1465-92 ([JEAN MOLINET], Myst. de St Quentin, éd. H. Chatelain, 12608) — 1512, J. MAROT, Poème inédit, éd. G. Guiffrey, vers 797, p. 111. Fréq. abs. littér.:6 176 (reine-mère: 41). Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 14 272, b) 7 224; XXe s.: a) 7 781, b) 5 534. Bbg. QUEM. DDL t. 4, 9, 13, 16, 20.
reine [ʀɛn] n. f.
ÉTYM. 1149; reïne, 1080, Chanson de Roland; roïne, XIIe; lat. regina.
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1 Épouse d'un roi, quand le mariage a été contracté publiquement et solennellement. || Reines et favorites (cit. 13). || Sacre, couronnement d'une reine. || Maison de la reine. || Douaire de la reine, après la mort du roi. ⇒ Douairière. || Notre dame, la reine. ⇒ Dame.
1 (…) on peut dire que la discipline des mœurs et le succès de la piété dans la cour est en la personne des Reines. C'est autour d'elles que se range et que se réunit ordinairement tout l'esprit du siècle, le désir de plaire, l'envie de paraître, le plaisir de voir et d'être vue.
Fléchier, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
2 (…) elle pouvait jouer à la vie de bergère ou de femme à la mode, il lui suffisait de se lever, de reprendre en un rien son air de tête : elle était reine.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 14 juil. 1851.
♦ (1657; royne mère, 1559, in D. D. L.). || Reine mère : mère du souverain régnant. — Fig., fam. La belle-mère ou la mère (la détentrice de l'autorité maternelle). || Pas un mot à la reine mère !
2 (XIIIe, roigne). Femme qui détient l'autorité souveraine dans un royaume. ⇒ Souveraine (→ Drapeau, cit. 6; impératrice, cit. 1). || La reine d'Angleterre, des Pays-Bas. || Le mari de la reine. ⇒ Consort. — Hist. || La reine de Saba. — La Reine morte, drame de H. de Montherlant (1942). — (Dans les légendes, les contes de fées…). || La reine Pédauque (aux pieds d'oie). || La reine fantasque (cit. 2). || La reine Mab (→ Léger, cit. 14).
♦ Par compar. (En parlant d'une femme imposante, majestueuse ou très belle). || Elle ressemble à une reine, elle est comme une reine. — C'est une vraie reine. — ☑ De reine. || Un port (2. Port, cit. 7) de reine. ⇒ Déesse (→ Gracieux, cit. 8). || Gestes de reine (→ Hauteur, cit. 27). || Dignité de reine offensée (→ Prendre, cit. 41). — Du linge de reine, très riche, magnifique (→ Pantalon, cit. 6). — À la reine. || Fauteuils, chaises à la reine, droits à dossier ovale (mis en vogue par Marie Leszczyńska).
♦ (1845). Cuis. || Bouchée à la reine : petit vol-au-vent. — (1680). || Pain à la reine : petit pain au lait.
♦ Reine de la fève (vx), reine : celle qui tire la fève, dans la galette des rois, ou celle à qui le détenteur de la fève (le « roi ») offre une couronne.
3 (XIIe-XIIIe). || La Reine du ciel, des anges… : la Sainte Vierge, dans la religion catholique (→ Indulgent, cit. 1). || Reine des douleurs (→ Pietà, cit.).
♦ Myth. || Proserpine, reine des Enfers.
4 Jeux. Aux échecs (pour vierge, altér. de l'anc. franç. fierge, fierce, de l'arabe firz « vizir »). La plus forte des pièces du jeu d'échecs, combinant la marche du fou et celle de la tour. — REM. On dit mieux dame. — Aux cartes (rare). ⇒ Dame (→ Dix, cit. 4).
5 (1531). || La, une reine de…, femme qui l'emporte sur les autres par une éminente qualité. || La reine du bal (cit. 5), de la fête (→ Gras, cit. 5). || Les reines du chic (→ Étoile, cit. 27). || Reine de beauté. ⇒ Miss.
2.1 Elle entra, cavalière, avec sa chaîne d'or sonnant sur son tablier, ses cheveux nus peignés à la mode, son nœud de gorge, un nœud de dentelle qui faisait d'elle une des reines coquettes des Halles.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 114.
♦ La reine de… : celle qui règne sur… (→ Conquête, cit. 3). || La reine de mes pensées (→ Introniser, cit. 3), de votre cœur (→ Heureux, cit. 39).
3 Mais ni la danse, ni le désir de plaire à l'un des plus jolis hommes de la cour, rien ne put distraire Mathilde. Il était impossible d'avoir plus de succès. Elle était la reine du bal (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, VIII.
♦ Par métaphore des sens 1. et 2. :
4 Dans une femme complète, il doit y avoir une reine et une servante.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, L'âme, Tas de pierres, VI.
6 La reine de… : celle qui, parmi d'autres, règne, domine. ⇒ Roi. || La reine des cités (→ Détruire, cit. 2). || L'imagination (cit. 23) est la reine du vrai. || La force, l'opinion (cit. 26, 29 et 37), reines du monde. — La lune (cit. 8), reine des nuits. || « Et le char (cit. 2) vaporeux de la reine des ombres (…) » (Lamartine). — Chez Wagner, la musique est reine absolue (→ Attractif, cit. 3). — L'infanterie, reine des batailles.
5 J'achève souvent le tour des murs de Rome à pied; en parcourant ce chemin de ronde, je lis l'histoire de la reine de l'univers païen et chrétien écrite dans les constructions, les architectures et les âges divers de ces murs.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 146.
♦ Fam. || C'est la reine des idiotes, des connes.
♦ ☑ Loc. La reine des fleurs : la rose. — Reine des bois. ⇒ Aspérule. — Reine des reinettes (pomme). ⇒ aussi Reine-des-prés. || « Les reines des étangs, grenouilles (cit. 2), veux-je dire ».
♦ (1911, in D. D. L.; la Reine bicyclette, 1890). Vieilli mais réactualisé. || La petite reine : la bicyclette.
5.1 (…) l'un des membres fondateurs de l'U. V. F., Union Vélocipédique Française, lui-même pratiquant de la petite reine et vainqueur en 1898 de la course Saint-Ampoire-Bercy Ceinture. C'était un fanatique absolu de la bicyclette (…)
René Fallet, le Triporteur, p. 151.
7 (1751). Femelle féconde d'abeille, unique dans la colonie (ruche ou essaim) et dont la vie, après la fécondation (vol nuptial), est presque exclusivement consacrée à la ponte (→ Essaim, cit. 2; prolifique, cit.).
6 Pour résumer le rôle et la situation de la reine, on peut dire qu'elle est le cœur-esclave de la cité dont l'intelligence l'environne. Elle est la souveraine unique, mais aussi la servante royale, la dépositaire captive et la déléguée responsable de l'amour. Son peuple la sert et la vénère tout en n'oubliant point que ce n'est pas à sa personne qu'il se soumet mais à la mission qu'elle remplit et aux destinées qu'elle représente.
Maeterlinck, la Vie des abeilles, II, XXVIII.
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HOM. Rêne, renne.
DÉR. Reinette.
COMP. Reine-claude, reine-des-prés, reine-marguerite, vice-reine.
Encyclopédie Universelle. 2012.