soulier [ sulje ] n. m.
• déb. XIIIe; sol(l)erXIIe; lat. pop. °subtelare, bas lat. subtel « courbe de la plante du pied »
♦ Chaussure à semelle résistante, qui couvre le pied sans monter beaucoup plus haut que la cheville. ⇒ chaussure; brodequin, richelieu; fam. croquenot, godasse. Souliers bas, montants. Souliers plats. De vieux souliers. De gros souliers.
♢ Vx ou région. (Canada) Chaussure. Souliers (de femme) à talons hauts. Souliers de marche, habillés. Souliers vernis. « Le Soulier de satin », drame de P. Claudel.
♢ Loc. Être dans ses petits souliers : être mal à l'aise, être dans l'embarras. — N'être pas digne de dénouer les cordons des souliers de qqn.
● soulier nom masculin (ancien français soller, du bas latin subtelare, de subtel, creux du pied) Chaussure à tige basse, de toutes catégories. ● soulier (citations) nom masculin (ancien français soller, du bas latin subtelare, de subtel, creux du pied) André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 Ne pas alourdir ses pensées du poids de ses souliers. Nadja Gallimard Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, Cotillon simple et souliers plats. Fables, la Laitière et le Pot au lait Georges Jacques Danton Arcis-sur-Aube 1759-Paris 1794 Est-ce qu'on emporte la patrie à la semelle de ses souliers ? Commentaire Par cette phrase, Danton condamnait l'attitude des émigrés. Il refusa de fuir lorsqu'on le lui conseilla et brava la vindicte de Robespierre. ● soulier (expressions) nom masculin (ancien français soller, du bas latin subtelare, de subtel, creux du pied) Familier. Être dans ses petits souliers, être dans une position gênante, dans l'embarras.
soulier
n. m. Chaussure solide, à semelle rigide, couvrant le pied et, éventuellement, la cheville. De gros souliers de marche.
|| (Avec un qualificatif ou un comp.) Chaussure légère. Des souliers vernis. Des souliers de daim.
— (Québec) Cour. Chaussure (sens 1). Souliers de tennis. Souliers à talons.
⇒SOULIER, subst. masc.
A. — 1. Chaussure à tige basse et à semelle rigide qui couvre le pied ou une partie du pied. Ses forts souliers se nouaient avec des cordons de cuir (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 20). Sa misère se voyait surtout à ses souliers crevés (GIDE, Nouv. Nourr., 1935, p. 262). V. cordonnier A ex. de France, décolleté II B ex. de Theuriet, lanière ex. de Beauvoir.
SYNT. Souliers éculés, neufs, usagés; souliers brillants, cirés, graissés; souliers boueux, crottés, poussiéreux; souliers confortables, étroits; souliers épais, minces; souliers cloutés, ferrés, fourrés, imperméables; souliers habillés; souliers pointus; souliers blancs, gris, jaunes, marron, noirs; souliers vernis; fins, gros souliers; souliers à boucle(s), à bride(s), à hauts/petits talons; souliers d'enfant, de femme; souliers d'été, d'hiver; souliers de bal, de marche; souliers de satin, de soie; souliers en crocodile, en cuir, en daim; brosse à soulier; cambrure, empeigne, semelle, talon d'un soulier; paire de souliers; cirer, essuyer, frotter des souliers; acheter, choisir, vendre des souliers; mettre, placer son soulier dans la cheminée; renouer le lacet de son soulier.
Rem. Le subst. chaussure, pris dans une accept. restreinte, remplace le plus souvent soulier dans l'usage courant.
— Soulier bas. Synon. de chaussure basse ou tige basse (v. bas1 I A 1). L'air est chargé (...) de moustiques. C'est aux jambes particulièrement que ces derniers s'attaquent; aux chevilles que ne protègent pas les souliers bas (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 708).
— Soulier haut. Soulier à talon haut. Elle avait la taille bien prise (...), des souliers hauts, l'air (...) d'une gamine qui devient une jeune fille (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 216).
— Soulier plat. V. plat1 I A 2. [P. allus. à la fable de LA FONTAINE, La Laitière et le Pot au lait] Mon imagination s'obstine à la voir en cotillon simple et souliers plats, détalant à la foire (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 281).
— Soulier Richelieu. Soulier bas à lacets. Souliers Richelieu veau jaune, talons pour dames (L'Écho de Paris, 2 juill. 1894, p. 4 ds QUEM. DDL (t. 14, s.v. richelieu)).
— Vieilli. Soulier en chausson, ou, en compos., soulier-chausson. Soulier pourvu d'une simple semelle. Le Sous-Chef portait le matin un pantalon à pied, des souliers-chaussons (BALZAC, Employés, 1837, p. 86).
— HIST. DU COST. [Au Moy. Âge] Soulier à (la) poulaine. Soulier camus. Soulier à bout large et aplati. Aux souliers à pointe, dits à poulaine, succédèrent très-rapidement, ainsi que la mode procède dans ses excès, les souliers camus (LABORDE 1872).
2. Expr. et loc. verb.
a) HIST. [P. réf. au refus de Danton de s'enfuir lorsqu'il fut menacé pendant la Terreur] On n'emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers.
b) Loc. verb.
) Vieilli. Mettre ses souliers en chaussons, en pantoufles, en savates. Ne pas enfiler complètement ses souliers; chausser des souliers en rabattant le quartier sous le talon. Cet enfant met toujours ses souliers en pantoufles (RAYMOND 1832).
) Au fig.
— Fam. Être dans ses petits souliers. Être mal à l'aise, se trouver dans une situation embarrassante. Pendant que votre comtesse riait, dansait (...), elle était dans ses petits souliers (...) en pensant à ses lettres de change protestées, ou à celles de son amant (BALZAC, Goriot, 1835, p. 59). Il était dans ses petits souliers et parla au brigadier de gendarmerie trois jours à l'avance (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 65).
— Littér. Ne pas être digne de délier, dénouer les cordons des souliers de qqn. V. cordon I A 1 a.
— Vieilli
♦ Mettre son/ses pied(s) dans tous les souliers, être toujours dans les souliers de tout le monde. S'occuper de ce qui ne vous regarde pas, s'immiscer partout. Il intriguait en tout temps, en tous lieux, de toutes manières et avec tous. (...). Toujours dans les souliers de tout le monde (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 476). Mettre ses pieds dans les souliers de qqn. Intervenir dans les affaires de quelqu'un. J'ai pensé du premier coup: « Celui-là ne mettra pas longtemps ses pieds dans les souliers du curé de Mégère, sûr » (BERNANOS, Crime, 1935, p. 816).
♦ Mourir dans ses souliers. Mourir en pleine activité; p. ext., mourir de façon soudaine, généralement d'une mort non naturelle. Synon. mourir debout; anton. mourir dans son lit. Quand on a (...) l'habitude du grand air, il n'y a rien de tel que de mourir dans ses souliers, comme disent nos gens de village (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 173).
♦ Ne pas avoir de souliers. Être dans un complet dénuement. Et l'on fait payer les émeraudes Des tiares à ceux qui n'ont pas de souliers (HUGO, Légende, t. 3, 1877, p. 280).
♦ Ne pas considérer qqn plus que la boue de ses souliers; ne pas faire plus de cas de qqn que de la boue de ses souliers/qui est sous ses souliers; mépriser qqn comme/plus que la boue de ses souliers. Mépriser profondément quelqu'un. Tu veux retourner chez ton M. Rênal, qui te méprise comme la boue de ses souliers! (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 74). Après tout, ils pouvaient bien dire ce qu'ils voulaient, elle ne les considérait pas plus que la boue de ses souliers (ZOLA, Nana, 1880, p. 1293).
♦ Ne pas se soucier de qqn/qqc. non plus que de ses vieux souliers; se soucier de qqn/qqc. comme de ses vieux souliers. Se moquer complètement de quelqu'un/quelque chose. Synon. fam. se soucier, se moquer de qqn/qqc. comme d'une guigne (v. guigne1 B). Je ne m'en soucie non plus que de mes vieux souliers (Ac. 1835, 1878).
♦ Secouer la poussière de ses souliers.
B. — BOT. Soulier de Notre-Dame. Synon. rare de sabot de la Vierge, de Vénus. (Dict. XIXe s., ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[sulje]. Avec la réduction du groupe consonantique, [suje] (ds MARTINET-WALTER 1973). Att. ds Ac. dep. 1694. FÉR. Crit. t. 1 1878: ,,Quelques-uns écrivent soulié``. Étymol. et Hist. 1. Déb. du XIIIe s. [date du ms.] soulier « chaussure qui couvre tout le pied ou seulement une partie » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 3118, var. ms. Escurial M. iii. 21); 2. loc. 1808 être mal dans ses petits souliers « avoir une maladie; être dans une situation embarrassante » (HAUTEL); 1835 être dans ses petits souliers « être dans l'embarras » (BALZAC). Mot issu, par substitution de suff. de l'a. fr. sol(l)er « soulier » (dep. ca 1160, Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4026), lequel est issu du b. lat. subtelaris (att. au VIIe s. chez ISIDORE DE SÉVILLE) (s.-ent. calceus), dér. du b. lat. subtel « creux sous la plante du pied »; il désignait probablement une chaussure qui ne couvrait pas le dessus du pied. La forme soler est encore très vivante dans les dial. wall., pic., norm. et lorr., ainsi qu'en fr.-prov. (FEW t. 12, p. 362b et 363). Fréq. abs. littér.:2 411. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 237, b) 4 572; XXe s.: a) 3 731, b) 3 650. Bbg. QUEM. DDL t. 14 (s.v. soulier Richelieu), 16 (id.), 27 (s.v. souliers à grimper), 33 (s.v. soulier à bouffette; soulier du matin).
soulier [sulje] n. m.
ÉTYM. 1360; sol(l)er, fin XIe; du lat. pop. subtelare, du bas lat. subtel « courbe de la plante du pied », de sub « sous », et talus « cheville, talon ».
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1 a Vx. Chaussure à semelle résistante, qui couvre le pied sans trop le dénuder, mais sans monter plus haut que la cheville. ⇒ Chaussure. || Souliers à la poulaine.
b Mod. (souvent avec un qualificatif ou un complément de nature descriptive). Chaussure légère ou souple. || Souliers hauts, à talons hauts. || Souliers fins, habillés, de bal. ⇒ Escarpin (→ aussi Gronder, cit. 21). || Souliers de daim, de toile, de satin. — ☑ Loc. (mod.). Souliers vernis.
2 Mod. Chaussure épaisse, solide, couvrant bien le pied. || Une paire de souliers. || Souliers d'hommes, de femmes. || Souliers bas. ⇒ Richelieu. || Souliers montants. ⇒ Brodequin. || Souliers plats (→ Agile, cit. 1), sans talons (→ Emboîter, cit. 3). || Cambrure d'un soulier. || Souliers de marche, gros souliers (→ Gras, cit. 28). || Porter des guêtres (cit. 1 et 2) sur ses souliers. — Souliers ferrés (→ Excursion, cit. 2), à clous (→ Facteur, cit. 13), à crampons; souliers de chasse (→ Graisser, cit. 2). — Souliers de cuir. || Mettre des souliers avec un chausse-pied. || Souliers neufs qui blessent (cit. 3). || User ses souliers. || Lacer, délacer ses souliers. || Forme pour la fabrication des souliers. — Allus. hist. || « On n'emporte (cit. 9) pas la patrie à la semelle de ses souliers » (Danton).
1 Ô soldats de l'an deux ! ô guerres ! épopées ! (…)
(…) Ils chantaient, ils allaient, l'âme sans épouvante
Et les pieds sans souliers !
Hugo, les Châtiments, II, VII, I.
2 (…) il regardait deux gros souliers béants, verdis par l'âge, l'un debout, drôlement campé, l'autre à plat, montrant ses clous rouillés, son cuir gondolé, le retroussis de sa semelle, deux pauvres vieux souliers, pleins de lassitude infinie, plus misérables que des hommes.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, II, XII.
♦ Mettre ses souliers dans la cheminée, à Noël (cit. 2). ☑ Loc. fig. (1672). N'être pas digne de dénouer (cit. 1) les cordons des souliers de qqn : lui être très inférieur en mérite. — ☑ (1834). Cour. Être dans ses petits souliers, très mal à l'aise (comme dans des souliers trop petits), être dans l'embarras.
3 (…) pendant que votre comtesse riait, dansait, faisait ses singeries, balançait ses fleurs de pêcher, et pinçait sa robe, elle était dans ses petits souliers, comme on dit, en pensant à ses lettres de change protestées, ou à celles de son amant.
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 885 (1834).
4 (…) un voltairien enragé, auquel cette sœur de charité éclectique, un jour de Noël, mettait dans ses souliers les Contes de Voltaire, tandis qu'elle mettait un chapelet dans les souliers du Breton.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 28 juil. 1889, t. VIII, p. 64.
♦ ☑ (XVIe). Vx. Ne pas se soucier d'une chose plus que de ses souliers, de la boue de ses souliers : s'en moquer.
3 ☑ Loc. fig. Régional. Soulier de Notre-Dame : plante (Cypripedium) appelée aussi sabot de Vénus.
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DÉR. Soleret.
Encyclopédie Universelle. 2012.