reptile [ rɛptil ] adj. et n. m.
• 1304; lat. reptilis « rampant », et neutre subst. « animal rampant »
1 ♦ Vx Qui rampe, qui se traîne sur le ventre. ⇒ rampant. — Fig. et littér. « Âmes reptiles » (Hugo).
2 ♦ N. m. (1532; n. f. pl. 1314) Vx Animal rampant. On appelait reptiles les chenilles, les vers, les serpents, les lézards.
♢ (XVIIIe) Mod. et cour. Serpent. « L'horreur occidentale du reptile » (Colette). « Du reptile tranché, les deux tronçons se tordent » (Valéry).
3 ♦ N. m. pl. (1798) LES REPTILES : classe d'animaux vertébrés tétrapodes (mais dont les membres sont souvent atrophiés ou absents), généralement ovipares, à température variable (à « sang froid »), à respiration pulmonaire, à peau couverte d'écailles, et dont beaucoup sont venimeux. — Classification des reptiles : crocodiliens; ophidiens (ex. serpent); sauriens (ex. lézard); chéloniens (ex. tortue). « On ne peut douter que les reptiles [...] n'aient donné lieu, d'un côté, à la formation des oiseaux, et de l'autre, à celle des mammifères amphibies » (Lamarck). Étude des reptiles. ⇒ erpétologie. — Au sing. Le crocodile est un reptile. Reptile fossile. ⇒ dinosaure.
4 ♦ (1751) Fig. Personne de caractère bas et rampant.
● reptile nom masculin (bas latin reptilis, rampant) Nom de classe de vertébrés tétrapodes tels que lézards, serpents, tortues et crocodiles de la faune actuelle et de très nombreuses formes, parfois géantes, de l'ère secondaire. (Les formes actuelles rampent plutôt qu'elles ne marchent.)
reptile
n. m.
d1./d ZOOL n. m. pl. Classe de vertébrés tétrapodes, issue des amphibiens et à l'origine des oiseaux et des mammifères.
|| Sing. Un reptile.
d2./d Spécial., cour. Serpent.
Encycl. Le corps des reptiles est couvert d'écailles épidermiques. Les reptiles sont pour la plupart terrestres, mais on compte bon nombre d'espèces aquatiques; ils abondent surtout dans les régions chaudes. Le membre, de type tétrapode, s'est transformé en aile ou en nageoire chez diverses lignées fossiles; les serpents et les lézards apodes ont "perdu" leurs membres. Les glandes salivaires des serpents sont souvent devenues des glandes à venin. La plupart des reptiles sont carnivores; quelques tortues et lézards sont herbivores. Les reptiles sont, dans leur immense majorité, ovipares: quelques-uns sont ovovivipares (vipères) ou vivipares (certains lézards). Ils vivent en général longtemps (cent ans pour les tortues). Leur mue constitue un phénomène caractéristique. L'origine des reptiles est mal connue. Certains dérivent probablement des amphibiens stégocéphales (les premiers tétrapodes terrestres). Le groupe des reptiles est hétérogène. La classification traditionnelle en fait une classe, divisée en plusieurs sous-classes, dont certaines ont disparu (notam. celle des reptiles mammaliens et celle qui renfermait les ichtyosaures). Trois sous-classes subsistent actuellement; la plus primitive est limitée à l'ordre des chéloniens (tortues); la mieux représentée comprend les rhynchocéphales (sphénodon) et les squamates (sauriens, amphisbéniens, ophidiens); la plus évoluée renferme les crocodiliens et renfermait les dinosauriens, les ptérosauriens et les ancêtres des oiseaux.
⇒REPTILE, subst. masc. et adj.
I. — Subst. masc. et adj. (Tout ce) qui rampe.
A. — Vx. Tout animal, vertébré ou invertébré (y compris les insectes), qui rampe ou semble ramper. Le ver est un reptile (BESCH. 1845).
B. — Vx, adj. Qui rampe. Synon. rampant. Les animaux reptiles. Notre serpent aux sifflements jadis harmonieusement modulés (...) n'était pas seulement musical et reptile (PROUST, Temps retr., 1922, p. 806).
— P. anal. Dont le mouvement (ou l'allure) rappelle celui (celle) des reptiles. On entend dans les pins que l'âge use et mutile Lutter le rocher hydre et le torrent reptile (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 268). Oui! De mon poste de feuillage Reptile aux extases d'oiseau (...) Je te buvais, ô belle sourde! (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 141).
C. — Au fig., vx
1. Adj., littér. Vil, soumis, obséquieux. Non! plus de joug! l'homme est fait, non pour traîner les chaînes, mais pour ouvrir les ailes. Plus d'homme reptile (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 251).
2. Substantif
a) Personne au caractère vil et obséquieux. Tous ces reptiles de la chicane (ROBESP., Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 192):
• Quoi! Tandis que partout, ou sincères ou feintes,
Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
Consacrent leur Marat parmi les immortels;
Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
Des fanges du Parnasse un impudent reptile
Vomit un hymne infâme au pied de ses autels;
La vérité se tait!
CHÉNIER, Odes, 1794, p. 252.
b) HIST. [D'apr. une métaph. de Bismarck dans un discours de 1869] Journaliste qui était payé sur des fonds secrets (fonds des reptiles), aux gages de Bismarck; p. ext., journaliste aux gages d'un gouvernement. Le reptile en question se fait écrire de Berlin (LARCH. Nouv. Suppl. 1889, p. 210).
D. — Rare, empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, avec le partitif. Propriété de ce qui rampe. Il marche, il avance, lentement, tout d'une pièce, à petits pas posés qui glissent. Il a du reptile dans l'approche et du caméléon dans le mouvement (GONCOURT, Journal, 1864, p. 22).
II. — Subst. masc.
A. — ZOOL. Groupe de Vertébrés ovipares ou ovovivipares comprenant les tortues, les crocodiles, les sauriens (caméléon, iguane, lézard, orvet) et les serpents, caractérisés par une peau écailleuse, une fécondation interne, une température interne dépendante des conditions climatiques et dont certains sont venimeux (d'apr. Animaux 1981). Les reptiles (...) [sont] des animaux ovipares (...) présentant une respiration et une circulation moins perfectionnées que celles des animaux à mamelles et des oiseaux (LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 153).
♦ Reptiles fossiles. Ordres de reptiles datant pour la plupart de la fin de l'ère primaire et de l'ère secondaire (dinosauriens, ichtyosauriens...). Ses études sur les reptiles fossiles de Normandie (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 373).
Rem. Dans des classifications plus anc., le groupe des reptiles comportait aussi les batraciens: Les reptiles sauriens, ophidiens et batraciens sont à-peu-près dans le cas des cétacés; ils ne mâchent guère leur proie, et leurs dents ne servent qu'à la retenir et non à la diviser (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 169).
B. — En partic. [À partir du XIXe s.] Synon. de serpent. Venin, anneaux, nid, nœuds de reptiles; reptile ondulant, venimeux; un reptile qui fascine, rampe; se glisser comme un reptile. Des ondulations de reptile (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 35). Glissements de reptiles (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 175).
REM. Reptiforme, adj. Qui a la forme, l'apparence du reptile et des animaux rampants. Dans le poisson des mers, et dans l'oiseau des cieux, et dans le quadrupède, et dans toute l'animalité, et dans toute vie reptiforme se mouvant sur la terre (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 515).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1304 « qui rampe » (Placides et Timeo, ms. Rennes, Bibl. municipale, 593 d'apr. R. ARVEILLER ds Mél. Horrent (J.), p. 11); 2. 1697 fig. (REGNARD, Le Distrait, I, 4 ds LITTRÉ). B. Subst. 1. 1314 subst. fém. reptilles « animaux rampants » (Chirurgie Henri de Mondeville, § 1749 ds T.-L.); 2. a) 1532 reptile subst. masc. (Grammaire de G. du Wes, éd. F. Génin, Paris, 1852, p. 1053 d'apr. Ch. SCHMITT ds R. Ling. rom. t. 43, p. 29); b) 1798 subst. masc. plur. zool. (CUVIER, Hist. nat., p. 280); 3. a) 1751 fig., péj. (PRÉVOST, Lettres angloises ou Hist. de Clarisse Harlove, t. 2, p. 110); b) 1874 spéc. hist. pol. fond des reptiles (L'Univers, 30 janv., p. I ds QUEM. DDL t. 22). Empr. au lat. reptilis, -e « rampant », (dér. de repere « ramper ») notamment sous la forme du neutre subst. reptile en lat. chrét. au sens de « animal rampant » (Genèse, 1, 24). Fréq. abs. littér.:726. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 332, b) 1 008; XXe s.: a) 332, b) 357.
DÉR. 1. Reptilien, -ienne, adj. a) Relatif aux reptiles. L'archéoptrix est un oiseau qui présente des caractères de reptile (...) et renforce l'hypothèse de l'origine reptilienne des oiseaux (CHELET, Lithogr., 1933, p. 10). b) Qui rappelle les reptiles, qui a quelque chose du reptile. Les mouvements reptiliens du chat. Il (...) tendait ses doigts reptiliens, les repliait, les enroulait, et les entortillait selon mille figures savantes (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 236). c) [Corresp. à supra I C 2 b] L'attitude provocatrice que vient de prendre la presse reptilienne berlinoise (Le Figaro, 15 nov. 1888 ds LARCH. Nouv. Suppl. 1889, p. 210). — [], fém. [-]. — 1res attest. a) 1874 « de reptiles » (E. HAECKEL, Hist. de la création des êtres organisés, trad. par Ch. Letourneau, Paris, Reinwald, p. 529 ds Doc. DDL), b) 1888 hist. pol. (Le Radical, 10 juill., p. 1 ds QUEM. DDL t. 22); de reptile, suff. -ien. 2. Reptilité, subst. fém. [Corresp. à supra I C] Partout la servitude à voix basse parlait (...). La force avait le droit. Qu'était la conscience? De la reptilité sous de l'écrasement (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 811). — []. — 1re attest. 1885 id.; de reptile, suff. -ité.
BBG. — QUEM. DDL t. 5 (s.v. reptilien).
reptile [ʀɛptil] adj. et n. m.
ÉTYM. 1304, bestes reptiles, vermines reptiles (in Arveiller); reptilles, au fém., 1314; lat. ecclés. reptile, neutre de reptilis « rampant ».
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I Adj. Vx. Qui rampe, qui se traîne sur le ventre. || Les animaux reptiles, rampants (→ Fabrique, cit. 2). || « Dieu a fait le serpent reptile par punition » (Trévoux, 1732). — Par métaphore. || La cour (cit. 5) des Miracles, monde difforme, reptile, fourmillant.
♦ Figuré :
1 De sorte que Barkilphedro se trouva entre deux religions l'âme par terre. Ce n'est point une posture mauvaise pour de certaines âmes reptiles. De certains chemins ne sont faisables qu'à plat ventre.
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, VI.
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II N. m.
1 Vx. Animal rampant, « insecte qui rampe » (Richelet, 1680; « insecte » est employé ici au sens ancien. ⇒ Insecte, rem.). || On appelait reptiles les chenilles, les vers, les serpents, les lézards… REM. La distinction entre vertébrés et invertébrés (encore appelés insectes chez Buffon) a fait que, dès le XVIIIe s. et surtout au XIXe s., reptile ne désigne plus que les serpents, ce qui est conforme à l'usage du langage courant moderne (où les concepts de reptile et de reptation sont sentis comme liés). — De même que le reptile s'insinue et se coule subtilement… (→ Glisser, cit. 48). || L'horreur (cit. 19) du reptile.
2 (…) de hideux reptiles serpentaient, s'élargissaient ou s'arrondissaient au milieu de l'inextricable réseau d'une végétation sauvage.
Nerval, Aurélia, I, VII.
3 Du reptile tranché, les deux tronçons se tordent (…)
Valéry, Eupalinos, « Dialogue de l'arbre », p. 199.
♦ Par métaphore :
4 On entend dans les pins que l'âge use et mutile
Lutter le rocher hydre et le torrent reptile (…)
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Petit roi de Galice », III.
5 Au centre de cette voie lactée, ce reptile ondulant, que des buées d'argent cachent par endroits, c'est la rivière.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 149.
2 N. m. pl. (Déb. XIXe : 1809, Lamarck [→ cit. 6]). Zool. et cour. || Les reptiles : classe d'animaux vertébrés tétrapodes (mais dont les membres, dans les espèces représentées de nos jours, sont souvent atrophiés ou absents), généralement ovipares, à température variable (à « sang froid »), à respiration pulmonaire, à peau couverte d'écailles, et dont certains sont venimeux. — Au sing. || Un reptile : un représentant de cette classe. || Le crocodile est un reptile. || Étude des reptiles. ⇒ Herpétologie. — Classification des Reptiles (d'après Osborn, 1903, Williston, 1925, et Romer, 1956) selon la disposition des fosses temporales. — Anapsides (pas de fosses temporales) : ordre des Cotylosauriens (fossiles); ordre des Chéloniens (⇒ Tortue). — Synapsides (une paire de fosses temporales en position basse) [syn. : théromorphes] : ordre des Pélycosauriens, ordre des Thérapsidés (tous fossiles; les derniers conduisent aux mammifères). — Euryapsides (une paire de fosses temporales en position haute) : deux ordres, les Sauroptérygiens (fossiles; ⇒ Plésiosaure) et les Ichtyosauriens (fossiles; ⇒ Ichtyosaure). — Diapsides (deux paires de fosses temporales) : deux super-ordres, les Lépidosauriens et les Archosauriens; les Lépidosauriens (auxquels on rattache l'ordre des Rhynchocéphales, fossiles sauf une espèce; ⇒ Hatteria [ou Sphénodon]) comprennent surtout les Squamates, englobant les Sauriens (⇒ Lézard; saurien) et les Ophidiens (⇒ Serpent; ophidien); les Archosauriens comprennent les Thécodontes et Crocodiliens (⇒ Crocodile) et des ordres fossiles, les Sauripelviens (⇒ Dinosaurien), les Ornithischiens ou Avipelviens (par ex., les Stégosaures) et les Ptérosauriens, qui conduisent aux oiseaux (⇒ Ptérodactyle).
➪ tableau Noms de reptiles non fossiles.
6 En continuant de consulter les possibilités sur l'origine des différents animaux, on ne peut douter que les reptiles (…) n'aient donné lieu, d'un côté, à la formation des oiseaux, et de l'autre, à celle des mammifères amphibies (…)
Lamarck, Philosophie zoologique, I, in Pages choisies, p. 88 (1809).
7 C'est parmi ces innombrables quadrupèdes ovipares (…) au milieu de ces crocodiles, de ces tortues, de ces reptiles volants, de ces immenses mégalosaurus, de ces monstrueux plesiosaurus, que se seraient montrés, dit-on, pour la première fois, quelques petits mammifères (…) Quoi qu'il en soit, pendant longtemps encore on trouve que la classe des reptiles dominait exclusivement (…) Dans la craie même il n'y a que des reptiles; on y voit des restes de tortues, de crocodiles.
Cuvier, Disc. sur les révolutions…, p. 318.
8 Les reptiles actuels sont le reliquat bien appauvri d'un monde disparu. Brusquement apparus avec une extraordinaire abondance de formes dès la fin du Paléozoïque, ils n'ont pas tardé à gagner le triple domaine des continents, de l'eau et de l'air, où ils ont régné sans rivaux pendant toute la durée du Secondaire, y jouant le rôle des Mammifères dans la nature actuelle.
3 Fig. Personne de caractère bas et rampant.
♦ Spécialt. S'est dit des journalistes payés sur des fonds secrets (fonds des reptiles ou fonds reptiliens — la 1re locution est attestée en 1874, in D. D. L.), que Bismarck employait (d'après une métaphore d'un discours de Bismarck en 1869).
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DÉR. Reptilien.
Encyclopédie Universelle. 2012.