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réticence

réticence [ retisɑ̃s ] n. f.
• 1552; lat. reticentia « silence obstiné », de reticere, rac. tacere taire
1Vieilli Omission volontaire d'une chose qu'on devrait dire; la chose omise. dissimulation; sous-entendu. Je dis tout, « il n'y a ni réticences, ni points, ni phrases en l'air, ni ridicules ménagements [...] dans mon style » (Beaumarchais). (1671) Rhét. Figure par laquelle on interrompt brusquement la phrase, en laissant entendre ce qui suit. Dr. Dissimulation d'un fait (par une personne qui a l'obligation de le révéler).
2(1751) Mod. Attitude ou témoignage de réserve, de doute, d'hésitation, dans les discours, le comportement. difficulté, hésitation . Réticences à l'égard de certaines prises de position. Réticence à signer une pétition. Surmonter ses réticences. Accepter avec réticence, sans réticence. « Passer outre aux réticences, aux résistances même de l'esprit d'examen » (Maurras).
⊗ CONTR. Assurance.

réticence nom féminin (latin reticentia, silence obstiné) Omission volontaire de ce qu'on devrait dire. Attitude de quelqu'un qui hésite à dire expressément sa pensée, à donner son accord : C'est sans aucune réticence qu'il a accepté.réticence (synonymes) nom féminin (latin reticentia, silence obstiné) Omission volontaire de ce qu'on devrait dire.
Synonymes :
- silence
- sous-entendu
Attitude de quelqu'un qui hésite à dire expressément sa pensée...
Synonymes :
- hésitation
- réserve

réticence
n. f.
d1./d Omission volontaire d'une chose qu'on devrait dire; cette chose même.
|| RHET Figure consistant à interrompre sa phrase, en laissant entendre ce qui n'est pas dit.
d2./d Attitude de réserve, de désapprobation.

⇒RÉTICENCE, subst. fém.
A. — Omission volontaire de ce qui pourrait ou qui devrait être dit. Parler sans réticence(s); répondre sans la moindre réticence. Zampa, dit sévèrement la comtesse, prenez garde! La moindre réticence peut vous perdre. — Madame, murmura le Portugais, je vais vous dire tout ce que je sais (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 424). Gide (...) me dit que ce livre est plein de réticences, que je n'y ai mis que « des choses convenables ». « Oui, lui dis-je, mais j'ai très nettement indiqué les omissions et la nature de ce que j'omettais. Mais vous-même, n'avez-vous pas publié un journal où il y a beaucoup de silences? Que de choses vous ne dites pas! » (GREEN, Journal, 1947, p. 110).
Littér. Caractère, qualité d'une personne ou d'une chose qui omet ce qui pourrait ou qui devrait être dit. Les portraits qu'on a faits de moi, hors de toute ressemblance, sont principalement dus à la réticence de mes paroles (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 469). Un poète (...) peut n'écrire point de vers ou (...) en écrire un si petit nombre que sa réputation se fonde justement sur sa réticence (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 214).
Spécialement
DR. Omission d'un fait que l'on est dans l'obligation de révéler. En matière criminelle, la réticence dans un témoignage peut constituer le délit de faux témoignage (CAP. 1936).
RHÉT. Figure consistant à ne pas terminer un énoncé dont le contenu reste clair. [Gavarni] connaît, comme Marivaux, toute la puissance de la réticence, qui est à la fois une amorce et une flatterie à l'intelligence du public (BAUDEL., Curios. esthét., 1857, p. 198).
B. — Réserve mêlée de désapprobation. Approuver sans (la moindre) réticence; dévouement sans réticence(s); manifester une/de vive(s) réticence(s) contre, à l'égard de qqn ou qqc. Ce charmant F. V. Arnold est le premier Allemand (et le seul) à qui j'aie parlé en Tunisie. J'hésitais à le rencontrer, puis jugeai que ma réticence était absurde (GIDE, Journal, 1943, p. 213). Les situations dans lesquelles la politique de l'organisme international se heurte à la réticence, voire à la résistance ouverte de la formation nationale sans que cette dernière fasse de la divergence un motif de départ (MEYNAUD, Groupes pression Fr., 1958, p. 343).
Rem. Cet empl. ne figure pas ds Ac. et il est condamné par certains puristes (v. COLIN 1971, DUPRÉ 1972); HANSE Nouv. 1983 note que le sens est entré dans le bon usage.
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1552 (Ch. ESTIENNE, Dict. Latinogallicum, 1158b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 3, p. 153: Reticentia. Quand on se taist d'une chose qu'on debvoit dire, reticence, ou silence); b) 1671 rhét. (POMEY); c) 1807 dr. « omission volontaire (ici, dans un acte) » (DESTUTT DE TR., Comment. sur Espr. des lois, pp. 248-249); 2. 1751 « attitude de refus, marque de réserve » (CREBILLON fils, Ah quel conte, p. 441). Empr. au lat. reticentia « fait de taire quelque chose, silence » gén. et comme terme de rhét. Fréq. abs. littér.:311. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 224, b) 261; XXe s.: a) 395, b) 753. Bbg. MOREL (M.-A.). Pour une typologie des fig. de rhét. DRLAV. 1982, n ° 26, p. 6.

réticence [ʀetisɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1552; lat. reticentia « silence obstiné », de reticere, rac. tacere. → Taire.
1 Omission volontaire d'une chose qu'on devrait normalement dire; chose ainsi omise. Dissimulation, obreption, omission; sous-entendu (→ Faux-fuyant, cit. 3). || Expliquer, non sans détours (cit. 12), réticences et allusions… Restriction (mentale). || Exposé coupé (cit. 33) de réticences. Interruption, silence. || Des demi-mots, des réticences, des phrases indécises (cit. 4) || Un abîme de secrets, de réticences et d'obscurités (→ Combler, cit. 9.1).
1 Vous voyez que je dis tout, monsieur Marin, et qu'il n'y a ni réticences, ni points, ni phrases en l'air, ni ridicules ménagements, ni plate économie dans mon style; je suis comme Boileau, je ne puis rien nommer si ce n'est pas son nom.
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 190.
2 Vous avez bien tort, Madame, de ne pas m'écrire tout ce qui vous vient à la pensée à mon endroit; cela donne envie de faire aussi de mon côté des réticences. Nous irions loin dans cette voie-là.
Sainte-Beuve, Correspondance, 1193, 5 avr. 1841.
Spécialt. (Psychol., psychopath.). Conduite adoptée par certains sujets affectés de troubles mentaux, consistant à opposer le silence aux investigations extérieures dans le but de se protéger, ou de dissimuler des pensées (idées délirantes), des projets (suicide)… || La réticence est sous-tendue, chez les délirants, « par de l'angoisse et par le désir ambivalent d'exprimer et de dissimuler » (Sivadon, in Piéron, 1951). aussi Refus (conduites de).
(1671). Rhét. Figure par laquelle on interrompt brusquement la phrase en laissant entendre ce qui devrait suivre. || La réticence tait ce que la prétérition, ou paralipse, énonce sous une forme négative, en prétendant ne pas le dire. Syn. : aposiopèse.
3 Après tout, pensait-il à peu près, il faut bien qu'elle loge quelque part; les bohémiennes ont bon cœur. Qui sait ?… Et il y avait dans les points suspensifs dont il faisait suivre cette réticence dans son esprit, je ne sais quelles idées assez gracieuses.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, II, IV.
(1807). Dr. Dissimulation d'un fait (par une personne qui a l'obligation de le révéler). || Toute réticence de la part de l'assuré annule l'assurance (cf. Code du commerce, art. 348). || Réticence dans un témoignage.
2 Par ext. (Emploi condamné par des puristes). Attitude ou témoignage de réserve, dans les discours, le comportement… ( Hésitation). || Surmonter toute réticence (→ Dérober, cit. 17, Martin du Gard), s'abandonner sans réticence (→ aussi Incommunicable, cit. 7). || « Subterfuges sociaux,… réticences avec le métier » (→ Existence, cit. 22, Valéry). || Passer outre (cit. 10) aux réticences, aux résistances même de l'esprit d'examen (Maurras). || Perclus (cit. 6, Gide) de réticences. || « Ses réticences à l'égard du P. C. » (S. de Beauvoir). Réserve.
4 (…) la réticence est d'abord une réserve faite par un opposant qui se garde de contredire trop fort la thèse adverse : aussi le mot a-t-il paru très utile dans le langage diplomatique (…) La réticence n'est donc plus une omission volontaire d'arguments, mais une promesse d'opposition formelle qui, pour n'être pas encore déclarée, est bien sentie par l'adversaire.
A. Thérive, Clinique du langage, p.239.
5 J'élabore un Enfant prodigue, où je tâche à mettre en dialogue les réticences et les élans de mon esprit.
Gide, Journal, 6 févr. 1907.
Par métaphore :
6 Dans l'eau, aussi bien qu'au-dessus de sa tête, on voyait le ciel renversé mais aussi immuable, aussi immobile, aussi solide, sans l'incertitude d'un souffle ou la réticence d'un nuage.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 329.
CONTR. Assurance.
DÉR. Réticent.

Encyclopédie Universelle. 2012.