retomber [ r(ə)tɔ̃be ] v. intr. <conjug. : 1> I ♦ (Êtres vivants)
1 ♦ Tomber de nouveau; faire une seconde chute. L'enfant « tombe, se relève, retombe, rampe » (Duhamel) . — Toucher terre après s'être élevé, après être monté. Retomber après un saut; bien, mal retomber (⇒ réception, retombé) . Retomber sur ses pieds. Chat qui retombe sur ses pattes.
♢ Par ext. Revenir à la position couchée. « M. Godeau toussa, se souleva, se laissa retomber sur ses coussins » (Musset).
2 ♦ Fig. Tomber de nouveau dans une situation mauvaise, dangereuse (après en être sorti). Retomber dans la misère. Retomber malade. ⇒ rechuter. — (Sens moral) « Nous sommes retombés dans l'ennui, de toute la hauteur du plaisir » (Goncourt). « Ah ! je vais retomber en de nouveaux doutes » (Maupassant).
II ♦ (Choses)
1 ♦ Tomber de nouveau, ou après s'être élevé. ⇒ redescendre. La pièce retomba pile. Fusée qui monte puis retombe verticalement. Le vent fait retomber la fumée. ⇒ rabattre. « Voilà le brouillard qui retombe » (Diderot). — Se remettre à tomber. La neige retombe.
2 ♦ S'abaisser ou s'incliner, se pencher (après avoir été levé, soulevé). Laisser retomber un rideau. « cette main, dès qu'elle était abandonnée, retombait sur ses genoux comme morte » (Mérimée).
3 ♦ S'étendre du haut vers le bas, pendre. ⇒ 1. tomber. Draperie qui retombe élégamment. « les boucles de sa noire chevelure retombent en désordre sur son front pâle » (Gautier).
♢ Descendre en portant sur un appui (⇒ retombée, 1o ).
4 ♦ Fig. Revenir dans (un état, une situation). « Combien de grands noms retomberaient dans l'oubli » (Rousseau). Pays qui retombe dans le chaos. La fièvre est retombée à 38°. Le dollar est retombé à 5 F. — La conversation retombe toujours sur le même sujet. ⇒ revenir.
♢ Absolt Cesser de se soutenir, d'agir. L'intérêt ne doit pas retomber. Sa colère est retombée.
5 ♦ RETOMBER SUR (qqn) :être rejeté sur, faire peser en retour ses effets sur. ⇒ rejaillir (sur). C'est sur lui que doit retomber la responsabilité. ⇒ incomber (à), peser. « puisse votre faute ne retomber que sur ma tête ! » (Vigny). Fam. Ça va lui retomber sur le nez : il en subira les conséquences fâcheuses.
● retomber verbe intransitif Tomber une autre fois, tomber à nouveau : La lampe est retombée. Se trouver une nouvelle fois dans un état (en particulier mauvais) : Retomber dans la misère. Retomber malade. Reprendre contact après un saut, une chute, ou après avoir été lancé : Sauter et se blesser en retombant. S'effondrer, s'affaisser après s'être relevé : Le blessé est retombé épuisé sur le sol. Tomber de tout son poids après avoir été levé : Le capot lui est retombé sur la main. S'affaisser, en parlant d'une préparation : Le soufflé est retombé. Cesser de se produire, disparaître ou faiblir : Sa colère est brusquement retombée. Baisser, diminuer après une élévation : Le dollar est retombé. Tomber, pendre : Les pans de la couverture retombent autour du lit. Atteindre quelqu'un par contrecoup : La faute du père retombera sur le fils.
retomber
v. intr.
rI./r Tomber de nouveau.
d1./d Faire une nouvelle chute.
d2./d Fig. Retomber dans: retourner dans (une certaine position), revenir à (la situation antérieure). Tout était rentré dans l'ordre, sa vie retomba dans la monotonie.
— (Personnes) Retomber dans les mêmes défauts.
|| (Avec un attribut.) Retomber malade.
rII./r Tomber d'une certaine hauteur.
d1./d Atteindre le sol après avoir accompli une certaine trajectoire ou après un saut, un rebond. La balle est retombée dans le jardin voisin.
— (êtres animés.) Se recevoir lors d'une chute, d'un saut. Chat qui retombe sur ses pattes.
d2./d Tomber après s'être élevé. La fusée est retombée par suite d'une panne de réacteurs.
— Fig. Après une légère hausse, le cours de l'or est retombé.
|| Fig. Mollir, devenir moins intense. L'enthousiasme est retombé.
d3./d S'abaisser, s'abattre en restant maintenu par le haut; se déployer verticalement. Le store retomba avec fracas.
|| (Sans idée de mouvement.) Pendre. La tenture retombe en plis gracieux.
d4./d Fig. Retomber sur: peser sur, incomber à (qqn). Toute la responsabilité retombera sur vous.
|| Loc. (Belgique) Ne pas retomber sur (qqch): ne pas se rappeler (qqch). Je ne retombe pas sur son nom.
⇒RETOMBER, verbe intrans.
I. — Tomber de nouveau.
A. — Faire une nouvelle chute. La nacelle touche (...). Et puis s'envole de nouveau. Elle retombe encore, rebondit et, enfin, se pose à terre (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Voy. Horla, 1887, p. 1329). Les femmes, une à une, se mirent à tomber. Le chef noir s'agenouillait près de chacune (...). Elles se relevaient alors, chancelantes, rentraient dans la danse (...) pour retomber encore (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1674).
— P. anal. [Le suj. désigne un phénomène perceptible par les sens] S'installer de nouveau. Silence qui retombe. Déjà, la nuit était retombée plus opaque (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 21). Les voisins se rappelèrent avoir perçu, vers le milieu de la nuit, dans le silence de la rue, un bruit sec (...). Ils n'y prirent pas garde. La paix de la nuit retomba aussitôt sur la ville (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 855).
B. — [Le suj. désigne une pers.]
1. [Avec un compl. prép. désignant un lieu, une chose concr.] Se trouver de nouveau (en un lieu, en face de quelque chose). Bachelard était là (...), l'œil encore allumé d'une ivresse de la veille, mais (...) retrouvant son flair et sa chance, dès qu'il retombait devant ses livres (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 121). Enfin, on retombe dans le boyau qu'on a quitté par erreur. On recommence à marcher (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 340).
— Au fig. [Avec un compl. prép. désignant une chose abstr.] Retomber sur qqc. Être de nouveau confronté (à quelque chose), revenir (sur quelque chose). Retomber sur les mêmes écueils, sur le même problème. [Le curé] racontait des anecdotes (...). Puis, dès que la circonstance le permettait, il retombait sur les matières de religion, en prenant une figure convenable (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 18). Quand les deux corps seront au repos, on devra retomber sur la loi ordinaire de l'attraction (H. POINCARÉ, Mécan. nouv., Mém., 1905, p. 66).
♦ [Le suj. désigne une chose abstr.] Je me rapprochais peu à peu de Marguerite. J'eus bientôt fait retomber la conversation sur elle (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 78). Les forces idéales sur quoi notre imagination retombe chaque fois qu'elle cherche à matérialiser sous forme terrestre ses raisons de croire et d'espérer (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 276).
2. Retomber sur qqn. Rencontrer de nouveau. Je commence par aller où est ma vraie famille: au Louvre. C'est fermé. Nous retombons sur mon oncle Jules, le seul parent qui nous reste (GONCOURT, Journal, 1864, p. 5). Ce matin je vais (...) au Salon d'Automne. Quatre fois je retombe sur Sert, infiniment soucieux de savoir ce que l'on pense de sa peinture (GIDE, Journal, 1907, p. 253).
C. — Au fig. Être de nouveau dans tel ou tel état, telle ou telle situation.
1. [Le suj. désigne une pers.; avec un compl. prép. désignant un état, une situation gén. pénible ou blâmable] Il y eut (...) des rechutes de noires tristesses, des heures où le malade retombait à ses épouvantes (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 144). Il savait qu'elle ne pouvait rien faire, qu'elle était déjà retombée en servage, sous l'emprise de la même terreur qu'autrefois (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 185). V. facile D 2 a ex. de Pourrat, ornière B ex. de France.
♦ Retomber en enfance. Elle lit la Bibliothèque rose. — Je retombe en enfance, dit-elle, mais c'est bien écrit (RENARD, Journal, 1907, p. 1121).
SYNT. Retomber à la charge, aux mains, au pouvoir de qqn; retomber à la médiocrité; retomber dans son accablement, dans la barbarie, dans le crime, dans le désespoir, dans l'ennui, dans l'erreur, dans le même état, dans le malheur, dans la misère, dans son mutisme, dans ses réflexions, dans sa rêverie, dans son silence, dans sa solitude, dans sa tristesse; retomber sous la coupe, sous la domination, sous le joug de qqn.
— [Avec un attribut du suj. indiquant ce que l'on est de nouveau] Retomber désespéré; retomber malade. Voyez comme on oublie Les hymnes de la liberté. Un peuple brave Retombe esclave (BÉRANGER, Chans., t. 2, 1829, p. 238). Guérin souffrait physiquement (...) il a été contraint et silencieux. Ne l'ai retrouvé que sous l'impression de cette double magie, musique italienne et langue italienne, puis il est retombé sombre (BARB. D'AUREV., Mémor. 1, 1837, p. 111).
Rem. Empl. vieilli sauf retomber malade.
— [Sans compl. prép. ou sans attribut du suj.]
♦ Être de nouveau malade. Il est retombé (...). C'était fatal (...). Cette défaillance, au milieu de l'opération (...), c'est la suppression brusque de la morphine qui l'a causée (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 106).
♦ Être de nouveau dans une situation pénible ou blâmable. Il retombe toujours (Ac.). Il y a des moments où, en dépit de tout, je reprends espoir. Puis je retombe! (FLAUB., Corresp., 1875, p. 248).
2. Plus rare. [Le suj. désigne une chose]
a) [Avec un compl. prép. désignant un lieu, un phénomène perceptible par les sens] La cuisine, éclairée un moment, était retombée dans le noir (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 978). Bestiole dont le chant s'étranglait (...) en piaillement lugubre qui faisait aussitôt retomber la forêt dans le lourd silence de la nuit (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 107). V. avant-dîner ex. 3.
b) [Avec un compl. prép. désignant un état, une situation pénible ou blâmable] À la mort de Louis XIV, nos finances, rétablies par Colbert, étaient retombées dans un état critique (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 272).
II. A. — Tomber après s'être élevé en l'air. Retomber d'un arbre; retomber sur le sol, à terre; poisson qui retombe à l'eau; retomber en pluie. Je passe par-dessus la tête de Filoche en faisant le saut périlleux, je retombe dix pas plus loin (MEILHAC, HALÉVY, Cigale, 1877, I, 10, p. 23). Les jaillissements de la terre arrachée qui retombait sous les obus avec une courbe molle et désolée (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 730). V. battoir ex. 3.
♦ Cracher en l'air pour que cela vous retombe sur le nez. V. air1.
— En partic.
♦ [Le suj. désigne une pers. qui s'est soulevée] Se laisser aller, se laisser choir. Retomber dans les bras de qqn, dans son fauteuil; retomber sur sa chaise, sur son lit, sur l'oreiller. Birotteau se souleva sur la pointe des pieds en retombant sur ses talons à plusieurs reprises (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 160). Il ébaucha même le geste de se dresser sur un coude; mais il ne put lutter contre son sommeil, et retomba sur les coussins (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 811).
[Avec un attribut du suj.] Retomber assis, mort; retomber sans connaissance. Elle se souleva vers Démétrios... Mais avant qu'il eût pu répondre, elle retomba sans vie, les deux yeux éteints pour toujours (, Aphrodite, 1896, p. 225).
♦ [Le suj. désigne une chose qui a été soulevée] S'abaisser, revenir à sa position initiale. Laisser retomber ses bras, ses épaules, ses mains, ses paupières; front, tête qui retombe sur l'oreiller, sur la poitrine; rideau, voile qui retombe. La portière, que le docteur avait laissé retomber derrière lui, se souleva de nouveau (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 145). Les chevaux piaffaient sans pouvoir avancer, et parfois leurs sabots retombaient sur des bottes (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 472).
B. — [Le suj. désigne une chose]
1. Pendre librement, mollement. Arbre qui laisse retomber ses branches; cheveux qui retombent sur les épaules, sur le front, sur les yeux; fleurs qui retombent en grappes. Les seigles très grands laissaient retomber leurs épis barbus qui tremblaient dans le vent (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 213). Une ceinture de ruban rose, très large, nouée derrière, retombait sur la jupe en larges coques étalées (GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 211). V. également A 1 ex. de Claudel.
2. Descendre, s'incliner. Cette colonne qui tournoyait sur elle-même et finissait par s'évaser en une gerbe dont les tiges brisées retombaient du haut des cintres (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 48). Deux cases (...) reliées par un péristyle couvert de douze à quinze mètres, au toit retombant largement au delà du petit mur bas (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 968).
C. — Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers. ou une chose abstr.; avec un compl. prép. indiquant une situation, un état inférieur] Descendre, s'abaisser à (quelque chose). Les passions ne sont point durables, mais retombent aux simples émotions, si quelque jugement de belle apparence ne conduit pas à les cultiver (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 101). Ce ménage d'Isaac laisse l'impression d'une maison qui retombe lentement de la bourgeoisie au petit peuple (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 25).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) [Une chose abstr. ou perceptible par les sens] Perdre son intensité, disparaître. Élan, exaltation, fièvre, zèle qui retombe; clameur qui s'élève et retombe; ranimer une conversation qui retombe; laisser retomber sa colère, son effort, sa voix. Des jets de lumière, aussitôt retombés, giclaient par les interstices des rideaux (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 398). Il faut assassiner vite et dehors. Il faut assassiner vite et être lapidé par la foule. Sinon le drame retombe et tout ce qui retombe est affreux (COCTEAU, Aigle, 1946, II, 9, p. 371).
— P. anal. [Le suj. désigne une chose quantifiée, chiffrée] Descendre à un niveau plus bas. Action qui retombe à n francs. Des actions qui ont été cotées trois mille francs! Les voilà presque retombées au prix du papier, oui, du papier à la livre (ZOLA, Argent, 1891, p. 420). Le rythme d'accroissement de la production [d'engrais azotés] se maintient jusqu'en 1951-1952, alors que la production du superphosphate retombe, dès 1948-1949 (Industr. fr. engrais chim., 1954, p. 47).
b) [Le suj. désigne une chose ayant ou pouvant avoir des effets, des conséquences pénibles, désagréables] Retomber sur qqn/sur la tête de qqn. Peser, être reporté sur quelqu'un. Synon. rejaillir sur qqn. Blâme, colère, malédiction qui retombe sur qqn; faire retomber le châtiment, la faute, la responsabilité de qqc. sur qqn, sur la tête de qqn; faire retomber le sang de qqn sur la tête de qqn. Il n'est pas prudent de tuer les grands citoyens, leur sang retombe toujours sur les nations meurtrières (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 62):
• Tous ces soucis retombaient sur la mère, la responsable. Manger, chauffage, éclairage, vêtements, petits desserts des jours de fête, tout ce qui fait l'existence, la vie familiale, lui incombait, à elle, la vraie victime.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 323.
Rem. Dans cet empl., les réf. bibliques sont nombreuses: Que son sang retombe sur ta tête (II Sam. I., 16; Actes XVIII, 6). Que la faute retombe sur moi (II Sam. XIV, 9). Le meurtre de nos frères retombera sur nos têtes (Judith VIII, 22). V. aussi faute II A 1 b .
— Vx. Retomber à qqn. Pascal, dans les derniers temps, était en désaccord avec ses amis sur de certains points essentiels; il meurt, et c'est à ceux-ci que retombe le soin de célébrer en quelque sorte ses funérailles, et d'exposer les reliques de son génie (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 315).
— Rare. [Le suj. désigne une chose heureuse, agréable] Au milieu de l'année 1852, un des membres de l'école, M. Beulé, fit (...) un bon livre:L'Acropole d'Athènes. Son nom acquit en peu de mois une grande célébrité, dont il retomba quelque chose sur l'école (ABOUT, Grèce, 1854, p. 89).
REM. Retombé, part. passé en empl. subst. masc., chorégr., rare. Retombée du corps après un saut. La position d'un danseur au retombé d'un saut (Cl. SIMON, La Route des Flandres, 1960, p. 73 ds ROB. Suppl. 1970).
Prononc. et Orth.:[], (il) retombe [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1538 « tomber une deuxième fois » (EST.); 2. 1559 « tomber de nouveau dans une situation fâcheuse » elles retumboient en leurs premieres maladies (AMYOT, Lucull., 14 ds LITTRÉ); 1782 retomber malade (Mme DE GENLIS, Veill. du chât., t. I, p. 120 ds POUGENS ds LITTRÉ); 3. 1591 « tomber de nouveau dans une situation moralement blâmable, commettre de nouveau une faute » [elle] retombe en ceste erreur (DESPORTES, Œuvres chrest., XVIII, Ode, ibid.); 1672 il retombe ... à être distrait (SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 440); 1672 absol. (CORNEILLE, Pulcherie, II, 1, vers 417); 4. a) 1640 « rejaillir sur quelqu'un » tout l'honneur en retombe sur nous (ID., Horace, V, III, vers 1642); b) 1657 « peser en retour sur quelqu'un, en parlant des effets de quelque chose de préjudiciable » (PASCAL, Provinciale, XVIII, éd. L. Lafuma, p. 461); c) 1672 faire retomber la perfidie du coupable sur sa tête (SACY, Bible, Paralip., II, VI, 23 ds LITTRÉ); 5. 1674 retomber sur « (en parlant de choses) être rejeté sur quelqu'un, quelque chose en tombant » (RACINE, Iphigénie, III, 5); 6. 1690 « se trouver involontairement une nouvelle fois en un lieu, en face à face avec quelqu'un » (FUR.). B. 1. a) 1538 « revenir à la position initiale après s'être soulevé » (EST.); 1803 ses mains ... retombaient sur le lit (KRÜDENER, Valérie, p. 234); b) 1870 chorégr. un retombé part. passé subst. (LITTRÉ); 2. 1651 « revenir à la situation d'où l'on était sorti pour atteindre une position, un état meilleur » (CORNEILLE, Pertharite, V, 4, vers 1763); en partic. 1789 retomber dans l'enfance (STAËL, Lettres jeun., p. 328); 1803 retomber en enfance (CHATEAUBR., Génie, t. 1, p. 241); 3. 1687 « pendre librement et sans raideur » (SÉVIGNÉ, op. cit., p. 283); 4. 1690 « revenir au niveau d'où l'on est parti après s'être élevé » (FUR.); 5. 1779 « revenir à son état habituel après un mouvement passionnel » j'ai retombé dans mon humeur ordinaire (STAËL, op. cit., p. 7); 1838 « (du mouvement lui-même) cesser de produire son effet, de se soutenir » un espoir qui sans cesse retombe (LAMART., Chute, p. 1037). Comp. du préf. re- et de tomber. Fréq. abs. littér.:4 055. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 833, b) 6 366; XXe s.: a) 7 081, b) 5 449.
DÉR. Retombement, subst. masc. Synon. de retombée. a) ) Action de s'abaisser, de revenir à sa position initiale. Un bourdonnement indistinct qui n'est pas celui (...) du retombement des métiers des tisserands (JAMMES, Rom. du lièvre, Choses, 1903, p. 223). ) Fait de pendre librement, mollement. Il y avait quelque chose de las dans le retombement des branches, qui ont longtemps porté le lourd fardeau du jour, et à présent elles (...) ne cherchent plus à se redresser, mais se laissent aller vers la terre (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 277). b) Au fig. ) Action de descendre, de s'abaisser (de nouveau) à une situation, à un état inférieur, pénible. Pourquoi des larmes montent-elles ce matin? Pourquoi ce retombement dans la douleur et l'angoisse? Demandez au malade pourquoi son mal lui revient! (E. DE GUÉRIN, Journal, 1840, p. 333). Le roman d'Anton Reiser (...) s'achève sur l'un des retombements les plus désespérés du héros, qui, réfugié dans une maisonnette solitaire, passe à dormir les semaines de Noël (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 37). ) Fait de perdre de son intensité, de disparaître. Ces lignes je les écris d'une plume mal assurée. Sans doute ai-je déjà connu de longues périodes de retombement de ferveur; et je sais en être sorti (GIDE, Journal, 1932, p. 1122). Dans le retombement de la fièvre qui avait dévoré ces journées, il me sembla (...) que la folie de mon équipée se dressait devant moi (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 244). — []. — 1res attest. 1840 « action de retomber, de se laisser aller de nouveau à » (E. DE GUÉRIN, loc. cit.), 1932 fig. (GIDE, loc. cit.); de retomber, suff. -ment1. — Fréq. abs. littér.: 28.
BBG. — DARM. 1877, p. 97 (s.v. retombement). — QUEM. DDL t. 19.
retomber [ʀ(ə)tɔ̃be] v. intr.
ÉTYM. 1510, retumber; de re-, et tomber, écrit tumber.
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I (Êtres vivants).
1 Tomber de nouveau, après s'être relevé faire une seconde chute. || Se relever, retomber… (→ Idée, cit. 38, par métaphore). || Il tint sur ses skis quelques mètres, puis retomba.
1 Zazou ne fait pas tant de façons avec la terre. Il tombe, se relève, retombe, rampe, court, saute, se traîne. Tout lui est naturel; le sol lui est bon et familier.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, p. 14.
♦ Tomber après s'être élevé, après être monté. || Deux fois il retomba (d'un arbre). → Raboteux, cit. 1. || Retomber après un saut; bien, mal retomber. — Retomber sur ses pieds, retomber debout, sans tomber. || Chat qui retombe sur ses pattes (→ Nouvelle, cit. 16). — ☑ Loc. fig. Retomber sur ses pieds. ⇒ Pied (supra cit. 23). — Retomber sur le dos, à plat ventre. ☑ Retomber à plat (cit. 9, fig.).
♦ Par ext. Revenir à sa première position (couchée), après s'être soulevé. || Il se souleva à demi, puis retomba (→ Dent, cit. 9; et aussi pesamment, cit. 2).
2 (…) M. Godeau toussa, se souleva, se laissa retomber sur ses coussins (…)
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », II.
2 (1559). Fig. || Retomber dans… : tomber de nouveau dans (une situation dangereuse, dommageable après en être sorti). || Retomber dans la misère (→ Inégalité, cit. 6). || Retomber dans les mêmes maux (Bossuet). || Retomber malade. ⇒ Rechuter (→ Objecter, cit. 4). — Retomber en pâmoison, en syncope…
♦ || Retomber dans un piège, « dans les filets d'un aigrefin » (cit. 1). || Retomber dans les mains de…
3 Dès qu'Antoine se trouvait auprès de Philip, insensiblement, sa personnalité se modifiait, subissait comme une diminution de volume : l'être indépendant et complet qu'il était l'instant d'avant retombait automatiquement en tutelle.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 128.
♦ Retomber dans l'erreur, dans l'abîme de l'ignorance (cit. 25). || Retomber dans le désespoir (→ Humilier, cit. 29).
4 Nous sommes retombés dans l'ennui, de toute la hauteur du plaisir.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, Août 1855, t. I, p. 78.
5 — Ah ! je vais retomber en de nouveaux doutes qui ne finiront plus ! Quel jour avez-vous menti, autrefois ou aujourd'hui ? Comment vous croire à présent ?
Maupassant, l'Inutile Beauté, IV.
♦ Retomber dans le péché, dans ses désordres (cit. 21), dans le vice…, dans les mêmes crimes (Pascal). ⇒ Récidiver. — (Avec d'autres prép.). || Retomber en… || Retomber sous… || Retomber sous l'influence, le pouvoir, sous la coupe de qqn.
♦ Vx. || Retomber à… || « Retomber à une douleur » (Mme de Sévigné). — Vx. || Retomber à… faire qqch. ⇒ Recommencer.
♦ (1688). Absolt et vx. Commettre de nouveau un péché, des fautes. || Il s'était repenti, mais il est retombé. — Par ext. Revenir à…
6 (…) voilà votre argent, mais n'y retombez plus, et ne prêtez jamais à des gens de cette robe.
Chamfort, Caractères et anecdotes, Sixte-Quint payant ses dettes…
7 (…) nous avons beau tourner pour fuir, semblables à Enguerrand, que toutes les routes ramenaient au palais de Strigilline, nous retombons toujours dans ma première question (…)
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 96.
3 Retomber sur… (vieilli) : se jeter de nouveau sur (un adversaire); attaquer de nouveau. — Fig. et vx. Recourir encore à qqn, à son aide. — Retomber sur soi-même, sur sa conscience (Massillon) : revenir sur ses actions, s'examiner en conscience.
4 (1690). || Retomber (quelque part; sur qqn) : se trouver de nouveau quelque part; face à qqn. || On retombe toujours sur la grand-route. || À chaque fois, je retombe sur lui.
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II (Choses).
1 Tomber de nouveau, encore… || Amarres (cit. 2) qui retombent vingt fois à l'eau.
♦ Tomber après avoir été élevé ou s'être élevé. ⇒ Redescendre (→ Élever, cit. 42, par métaphore). || La pièce retomba pile (2. Pile, cit. 2). || Caillou qu'on lance et qui retombe (→ Fatal, cit. 5). || Fusée (cit. 11) qui monte, retombe verticalement. — Marteau qui se soulève et retombe (→ Élever, cit. 4; maréchal, cit. 1). — Ses mains se soulevaient et retombaient (→ Cadence, cit. 8). — Nuages qui retombent en pluie. || Fumée qui retombe. ⇒ Rabattre (se).
8 Voilà le brouillard qui retombe, et l'azur du ciel qui commence à paraître.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, I.
♦ Par métaphore. || Une immense ovation (cit. 1) s'élève, retombe. || Un lourd silence retombait sur la ville (→ Patrouille, cit. 3).
2 (1538). S'abaisser ou s'incliner, se pencher (après avoir été levé, soulevé…). || Laisser retomber une porte, un rideau de fer (→ Doucement, cit. 5). — Laisser retomber ses bras (→ Passer, cit. 149), sa tête (→ 1. Harpe, cit. 5). — Au p. p. || Tête retombée (→ Inconscient, cit. 1).
9 (…) lorsque Darcy lui prenait la main pour la baiser, cette main, dès qu'elle était abandonnée, retombait sur ses genoux comme morte.
Mérimée, la Double Méprise, XII.
10 (…) on entendait de temps à autre retomber le marteau des portes, derrière les bourgeoises en gants de fil, qui sortaient pour aller voir la fête.
Flaubert, Mme Bovary, II, VIII.
3 (1687). Choses. S'étendre du haut vers le bas, pendre librement (en parlant de ce qui est attaché, soutenu par le haut). ⇒ Pendre, tomber. || Laisser retomber le pli de sa robe (→ Exhibition, cit. 5). || Voiles de navire qui retombent mollement (→ Draper, cit. 15). || Faire retomber son voile jusqu'au bas du visage (→ Cagoule, cit. 3). — Chevelure qui retombe sur les épaules (→ 1. Mou, cit. 9).
11 (…) les boucles de sa noire chevelure retombent en désordre sur son front pâle (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Ary Scheffer ».
12 Et ce qui pénètre de jour (…) s'amasse et flotte autour des draps blancs, sans plis, roides, et qui retombent bien également, jusqu'à terre, de chaque côté du petit garçon (…)
Bernanos, Sous le soleil de Satan, II, VII.
♦ Descendre en portant sur un appui. || Nervures (cit. 2) qui retombent sur des pilastres. ⇒ Appuyer; retombée.
4 (1651). Fig. || Retomber dans, à, sur… : revenir à (un état, une situation). || Retomber dans l'oubli. || Pays qui retombe dans le chaos. — Vieilli. || La vie retombe à l'abjection (cit. 3). — Rare (avec un attribut). || « Napoléon était retombé Bonaparte » (Hugo, l'Expiation), redevenu. — Conversation qui retombe toujours sur le même sujet. ⇒ Revenir.
♦ Absolt. Cesser de se soutenir, d'agir. || L'intérêt ne doit pas languir (cit. 12) ni retomber. — La mélancolie (cit. 9) n'est que de la ferveur retombée.
13 Combien de grands noms retomberaient dans l'oubli, si l'on ne tenait compte que de ceux qui ont commencé par un homme estimable !
Rousseau, la Nouvelle Héloïse, I, LXII.
5 (1657). Sujet n. de chose abstraite. || Retomber sur… (qqn) : être rejeté sur, faire peser en retour ses effets sur… ⇒ Rejaillir (sur). || C'est sur lui que doit retomber la responsabilité. ⇒ Incomber, peser. || Ressentiment qui retombe sur… (→ Rater, cit. 3). || Faire retomber la responsabilité de qqch. sur qqn. ⇒ Rejeter; attribuer. || « Le mal que l'homme fait retombe sur lui » (Rousseau, Émile, IV).
14 Vertueux ami, dit-il, puisse votre faute ne retomber que sur ma tête !
A. de Vigny, Cinq-Mars, XXIV.
♦ Par métaphore du sens concret. || Tout cela lui retombera sur la tête, sur le nez.
♦ ☑ Loc. « Le sang retombera sur sa tête perfide » (→ Arrêter, cit. 52), la responsabilité du sang versé retombera sur… — Allusion biblique :
15 Vous tuerez et crucifierez les uns (…) afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre (…)
Bible (Segond), l'Évangile selon saint Matthieu, XXIII, 35.
♦ (1640). Vx (en parlant d'effets heureux, de choses favorables). || L'honneur (Corneille), la faveur (Molière) retombe sur lui, lui revient. ⇒ Rejaillir.
16 Tout ce que je lui dois va retomber sur elle.
Racine, Bérénice, II, 2.
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DÉR. Retombant, retombe, retombé, retombée, retombement.
Encyclopédie Universelle. 2012.