Akademik

rhéteur

rhéteur [ retɶr ] n. m.
• 1534; lat. rhetor, mot gr.
1Antiq. Maître de rhétorique.
2(1694) Orateur, écrivain sacrifiant à l'art du discours la vérité ou la sincérité rhétoricien. Danton « n'était pas un rhéteur abstrait et habile. Il parlait pour agir » (Barthou).

rhéteur nom masculin (latin rhetor, du grec rhêtôr) Dans l'Antiquité, professeur d'art oratoire. Littéraire. Personne qui s'exprime d'une manière emphatique. ● rhéteur (synonymes) nom masculin (latin rhetor, du grec rhêtôr) Littéraire. Personne qui s'exprime d'une manière emphatique.
Synonymes :
- déclamateur
- discoureur
- phraseur

rhéteur
n. m.
d1./d ANTIQ Maître de rhétorique.
d2./d Orateur ou écrivain qui use d'une vaine rhétorique; phraseur.

⇒RHÉTEUR, subst. masc.
A. — ANTIQ. Personne qui enseignait l'éloquence; maître de rhétorique. Les sophistes et les rhéteurs; un rhéteur célèbre, habile. Un pape ignorant avait persécuté un diacre pour avoir soutenu la rondeur de la terre, contre l'opinion du rhéteur Augustin (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 142). Camulogènes (...) élevé parmi les quarante mille disciples des écoles d'Augustodunum (...) avoit perfectionné une éducation brillante sous les rhéteurs les plus célèbres de Marseille et de Burdigalie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 2, 1810, p. 27).
B. — 1. Personne qui parle bien, orateur éloquent. C'était un galant homme de lettres, un élégant rhéteur, prêt à goûter doucement les plaisirs de l'esprit et à converser avec grâce parmi les honnêtes gens (A. FRANCE, Vie littér., 1892, p. 183). Quelquefois il entrait au Parlement et écoutait les orateurs. Il les jugeait sans indulgence: (...) j'ai entendu Canning, c'était un grand rhéteur, mais il y avait toujours dans ce qu'il disait un peu trop de lieux communs (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 50).
P. anal. Écrivain au style riche, maître dans l'art d'écrire. Jamais M. Villemain ne s'est montré rhéteur plus accompli (au meilleur sens du mot) que dans ce morceau où il parle précisément contre les rhéteurs, et où il traduit une pensée d'homme d'État (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 6, 1852, p. 161). Victor Hugo, le maître des constructions verbales, le rhéteur génial du rythme et du mot (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 83).
2. Péj. Personne, orateur dont l'éloquence apprêtée, déclamatoire et artificielle s'attache à mettre en valeur l'aspect formel du discours sans souci du contenu. Lieu commun de rhéteur. Des commentateurs subtils, des érudits sans jugement, ou, qui pis est, des tribuns et des charlatans de place, des rhéteurs et sophistes de toutes sortes qui trafiquent indifféremment de la parole? (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 3, 1847, p. 308). Il lui restait [à Anaïs] d'avoir discuté avec son frère une dialectique accrocheuse, d'acrobatiques subtilités de rhéteur et, dans sa tête folle, des coins de robuste bon sens où elle s'amarrait solidement pour dérouler avec plus de sûreté ses sophismes, ses arguties et ses divagations poétiques (AYMÉ, Confort, 1949, p. 124).
P. anal. Écrivain dont le style pompeux et artificiel cache la pauvreté de l'inspiration et la médiocrité de l'œuvre. Voilà (...) où nous en sommes en France pour Shakspeare. Il contrarie un grand nombre de ces habitudes ridicules que la lecture assidue de Laharpe et des autres petits rhéteurs musqués du dix-huitième siècle nous a fait contracter (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t. 1, 1823, p. 22). L'auteur était quelque rhéteur à la mode, habile à orner le sujet (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 3).
Rem. Empl. adj. de rhéteur: Cet esprit d'exagération est souvent désintéressé; il dérive du désir habituel de produire un effet; en d'autres termes, il est le résultat du génie oratoire et rhéteur, qui est un défaut et une puissance de notre caractère national (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, p. 452). La critique des œuvres de la pensée a toujours été faite à un point de vue étroit, rhéteur, et la critique de l'histoire faite à un point de vue politique, moral, religieux, tandis qu'il faudrait se placer au-dessus de tout cela, dès le premier pas (FLAUB., Corresp., 1853, p. 272).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1740: rhe-; dep. 1762: rhé-. Étymol. et Hist. 1. 1534 retheur « celui qui fait profession de l'art de la rhétorique » (G. MICHEL, Joseph juif et hebrieu, historiographe grec, de l'antiquité judaïque [trad. du lat.], f ° 160 r °); 1539 rheteur (EST. ds GDF. Compl.); 1548 (SEBILLET, Art poétique, éd. Gaiffe, p. 25 d'apr. P. ZUMTHOR ds Neophilologus t. 39 1955, p. 183); 2. id. « maître de l'Antiquité dont les ouvrages font autorité en matière de rhétorique » (ID., ibid., p. 29, ibid., p. 180); 3. 1694 péj. (Ac.: cet homme-là n'est point Orateur, ce n'est qu'un Rheteur). Empr. au lat. rhetor « orateur; rhéteur ». Fréq. abs. littér.:174.

rhéteur [ʀetœʀ] n. m.
ÉTYM. 1534; lat. rhetor, grec rhêtôr « orateur », puis « maître d'éloquence ».
1 Didact. Maître de rhétorique (→ Égoïsme, cit. 1). || Gorgias, en Grèce, Quintilien, à Rome, furent des rhéteurs célèbres. aussi Sophiste. || Rhéteur auquel on commandait des discours. Logographe.
1 Ainsi les besoins et les goûts de la clientèle des sophistes accentuaient l'orientation de leur enseignement, qui devait presque aussitôt se confondre à Athènes avec l'enseignement né dans le même temps en Sicile, celui des rhéteurs.
P. Guillon, Genèse des genres classiques dans la Grèce antique, in Encycl. Pl., Hist. des littératures, t. I, p. 99.
2 (1694, Académie). Littér. Orateur à l'éloquence formelle, dont l'art déguise mal la pauvreté de pensée; écrivain au style oratoire, sacrifiant à l'art du discours la vérité ou la sincérité (→ Dialecticien, cit. 4; ergoteur, cit.). Déclamateur, phraseur.
2 Comment aurais-je confiance en un pareil portrait, quand je vois à ce point percer le rhéteur, l'écrivain amoureux de la métaphore et du redoublement ? Ce n'est pas là un portrait. C'est une charge du Napoléon de 1812.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 4 août 1851.
3 (Danton) n'était pas un rhéteur abstrait et habile. Il parlait pour agir.
Louis Barthou, Danton, p. 55.
4 (…) elles semblent avoir pris à tâche de justifier cette réputation que l'on nous fait à l'étranger, d'avoir laissé encombrer notre Parnasse par des rhéteurs; où l'on souhaite de la musique, on trouve de l'éloquence et de la ratiocination.
Gide, Attendu que…, p. 53.

Encyclopédie Universelle. 2012.