Akademik

sabir

sabir [ sabir ] n. m.
• 1852; de l'esp. saber « savoir »
1Anciennt Jargon mêlé d'arabe, de français, d'espagnol, d'italien, qui était parlé en Afrique du Nord et dans le Levant. « Le sabir [...] fait de mots bariolés amassés comme des coquillages tout le long des mers latines » (A. Daudet).
2(1919) Ling. Système linguistique mixte limité à quelques règles et à un vocabulaire déterminé d'échanges commerciaux (opposé à pidgin et à créole, dont l'organisation est plus complète), issu des contacts entre des communautés de langues très différentes et servant de langue d'appoint (opposé à créole, langue maternelle). Par ext. Péj. Langage hybride, fait d'emprunts, difficilement compréhensible. charabia, 1. jargon.

sabir nom masculin (espagnol ou provençal saber, savoir) Système linguistique réduit à quelques règles de combinaison et au vocabulaire d'un champ lexical déterminé (par exemple commerce, relations maîtres-esclaves). Langue difficilement compréhensible, charabia, jargon. ● sabir (synonymes) nom masculin (espagnol ou provençal saber, savoir) Langue difficilement compréhensible, charabia, jargon.
Synonymes :
- baragouin (familier)
- charabia (familier)
- galimatias
- jargon

sabir
n. m.
d1./d Mélange d'arabe, d'espagnol, de français, d'italien, parlé autref. en Afrique du Nord et dans le Levant par des groupes de langues maternelles différentes.
d2./d LING Langue mixte, généralement à usage commercial, parlée par des communautés voisines de langues différentes.
d3./d Par ext., péjor. Langue formée d'éléments hétéroclites; charabia.

⇒SABIR, subst. masc.
A. — Parler composite mêlé d'arabe, d'italien, d'espagnol et de français parlé en Afrique du Nord et dans le Levant. À peine s'il parlait le sabir, ce patois algérien composé de provençal, d'italien, d'arabe, fait de mots bariolés ramassés comme des coquillages tout le long des mers latines (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p. 168). Ce sabir fait de turc, d'arabe, d'espagnol, d'italianismes (...) plutôt que de paroles françaises que parlent tous les marins du Levant (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 168).
En appos. Avec un sourire, elle [une jeune Grecque] s'arrêtait, lui donnait quelque fleur, un brin d'oranger (...) parfois lui disait deux ou trois mots dans un demi-français sabir (LOTI, Matelot, 1893, p. 45).
B. — LING. [P. oppos. à pidgin et à créole dont le système est plus homogène et plus complet] Langue mixte, généralement à usage commercial, née du contact de communautés linguistiques différentes. Les sabirs sont des langues d'appoint, ayant une structure grammaticale mal caractérisée et un lexique pauvre, limité aux besoins qui les ont fait naître et qui assurent leur survie (Ling. 1974).
C. — P. ext.
1. Péj. Langue formée d'éléments hétéroclites, difficilement compréhensible. Synon. fam. charabia. Ou bien l'enseignement du latin sera maintenu (...) ou bien notre langue deviendra une sorte de sabir formé, en proportions inégales, de français, d'anglais, de grec, d'allemand, et toutes sortes d'autres langues (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 75).
2. P. anal. « P'pa, et le p'tit Noël (...) y mettra-ti' tet' chose dans mon soulier? » demanda tout à coup Raoul dans son sabir enfantin (COPPÉE, Longues et brèves, 1893, p. 290).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1852 (La langue Sabir, titre d'art. ds l'Algérien, journal des intérêts de l'Algérie, 11 mai d'apr. H. SCHUCHARDT ds Z. rom. Philol. t. 33, p. 457); p. ext. a) 1882 « langue difficilement compréhensible parlée par un étranger qui s'exprime mal » (LOTI, Fleurs ennui, p. 332); b) 1933 ling. synon. de langue franque (franc1) (MAR. Lex.). Altér. de l'esp. saber « savoir » (v. ce mot) qui servit d'abord à désigner le mélange de fr., d'ar., d'esp. et d'ital. parlé par les Algériens après 1830; cf. Si ti sabir, ti respondir... dans le ballet turc du Bourgeois gentilhomme de MOLIÈRE, IV, 5. Voir H. SCHUCHARDT, ibid., pp. 457-458 et SAIN. Lang. par., pp. 151-153. Bbg. BAL (W.). À propos d'un microsystème de la terminol. ling. fr.: les termes créole, pidgin, sabir. Zootecnica e vita. 1975, t. 18, n ° 1/2, pp. 69-82. — QUEM. DDL t. 7.

sabir [sabiʀ] n. m.
ÉTYM. 1852; esp. saber « savoir », tiré de phrases telles que mi non sabir « moi pas savoir ». Cf. aussi Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 10 : se ti sabir…
1 Jargon mêlé d'arabe, de français, d'espagnol, d'italien, parlé en Afrique du Nord et dans le Levant par les indigènes qui veulent se faire comprendre des Européens. (On a dit langue franque). || Cela était dit en sabir (→ Crudité, cit. 4).
1 De l'une à l'autre, et comme à moitié chemin des deux villes, circule un idiome international et barbare, appelé de ce nom de sabir, qui lui-même est figuratif et veut dire comprendre.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 20.
2 Le sabir ce patois algérien composé de provençal, d'italien, d'arabe, fait de mots bariolés amassés comme des coquillages tout le long des mers latines.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Le turco de la commune ».
2 (1919). Ling. Système linguistique mixte limité à quelques règles et à un vocabulaire déterminé d'échanges commerciaux (opposé à pidgin et à créole dont l'organisation est plus complète), issu des contacts entre des communautés de langues très différentes et servant de langue d'appoint (opposé à créole, langue maternelle).REM. Dans cette acception, le mot est un terme technique neutre, sans connotation péjorative.
3 Péj. Langage hybride, fait d'emprunts; discours ou style embarrassé, compliqué et fautif. Baragouin, jargon.
3 Futurs professeurs de lettres modernes, il vous appartiendra de décider, par la qualité de vos cours, si la langue française, que vous enseignerez à tous, restera ou non l'une des plus belles langues de civilisation qui jamais aient fleuri sur la planète, ou si, grécisée par les pédants, puis anglicisée par les snobs, avant d'être américanisée par les marchands, elle deviendra l'un des patois de ce que j'ai appelé d'un mot par malheur qui n'était pas outrancier : le sabir atlantique.
Étiemble, Poétique comparée, Cours de sorbonne, 1959-1960, p. 5.

Encyclopédie Universelle. 2012.