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jargon

1. jargon [ ʒargɔ̃ ] n. m.
XIIe « gazouillement »; rad. onomat. garg- « gosier »
1Langage déformé, fait d'éléments disparates ( babélisme); par ext. Langage incompréhensible. baragouin, charabia, galimatias, sabir.
2Péj. Langage particulier à un groupe et caractérisé par sa complication, l'affectation de certains mots, de certaines tournures. Le jargon des Précieuses. La piété de bon ton, « sans barbarie scolastique ni jargon mystique » (Renan).
Façon de s'exprimer propre à une profession, une activité, difficilement compréhensible pour le profane. Le jargon des médecins, du sport. Jargon des bouchers. loucherbem. Jargon journalistique. Comme nous disons dans notre jargon.
3Ling. Argot ancien. argot. Les ballades en jargon attribuées à Villon.
jargon 2. jargon [ ʒargɔ̃ ] n. m.
• 1664; it. giargone, de l'a. fr. jacunce, jargunce, lat. hyacinthus jacinthe
Techn.
1Petite pierre rouge ressemblant à l'hyacinthe.
2(1773) Variété de zircon de teinte jaune.

jargon nom masculin (radical onomatopéique garg-, évoquant un bruit de gosier) Vocabulaire propre à une profession, à une discipline ou à une activité quelconques, généralement inconnu du profane, argot de métier : Jargon judiciaire. Familier. Langage incorrect employé par quelqu'un qui a une connaissance imparfaite, approximative d'une langue : Une copie d'examen rédigée en jargon. Familier. Langue qu'on ne comprend pas (langue étrangère, patois, etc.) ; baragouin, charabia. Synonyme de pidgin. ● jargon (synonymes) nom masculin (radical onomatopéique garg-, évoquant un bruit de gosier) Vocabulaire propre à une profession, à une discipline ou à...
Synonymes :
- argot
- langue verte
Familier. Langage incorrect employé par quelqu'un qui a une connaissance imparfaite...
Synonymes :
- charabia (familier)
- galimatias
- sabir
Familier. Langue qu'on ne comprend pas (langue étrangère, patois, etc.) ; baragouin...
Synonymes :
- baragouin (familier)
Synonymes :
- pidgin
jargon nom masculin (de jargaud, jars, mot dialectal de l'Ouest) Cri du jars.

jargon
n. m. Langage déformé.
|| Langage incompréhensible. Le jargon des jeunes citadins.
|| Spécial. (Souvent péjor.) Vocabulaire particulier aux personnes exerçant la même activité, et que le profane a peine à comprendre. Le jargon des philosophes, des médecins.

I.
⇒JARGON1, subst. masc.
A. — 1. a) LING. Langue artificielle secrète des malfaiteurs à la fin du Moyen Âge. L'œuvre de Villon comporte en appendice six ballades écrites dans un langage secret que les Archives du Procès des Coquillards tenu à Dijon en 1455 nous permettent d'identifier comme le jargon de la Coquille (P. GUIRAUD, Le Jargon de Villon, Paris, Gallimard, 1968, p. 7).
P. anal. Langage conventionnel du type javanais ou largonji. La seule différence existant entre le jargon lyonnais et le jargon boucher, se trouve dans le suffixe qui est ê pour le jargon lyonnais et em ou ème pour le jargon boucher (NOUGUIER, Notes manuscr. Dict. Delesalle, 1900).
b) Code linguistique particulier à un groupe socio-culturel ou professionnel, à une activité, se caractérisant par un lexique spécialisé, qui peut être incompréhensible ou difficilement compréhensible pour les non initiés. Synon. argot1 (v. ce mot C). Tous les métiers ont leur jargon. Le boxeur avait le sien où les mots de « swing », « d'uppercut », revenaient sans cesse. Couleau, lui, parlait électricité (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 211) :
1. Il y a à Londres un jargon mondain et diplomatique : thé dansante, landau sociable, style blasé, morning-soirée; solide s'exprime par solidaire, bon morceau par bonne-bouche et de pied en cap par cap à pie.
GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 87.
P. anal. Langage particulier à une personne, à quelques personnes. Ç'a été ce que j'appelais alors, dans mon jargon intérieur, ma « grande idée » (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LX) :
2. ... elle se rappelait avoir entendu dire à Swann, dans ce jargon ambigu qu'il avait en commun avec M. de Charlus : « La duchesse est un des êtres les plus nobles de Paris, de l'élite la plus raffinée, la plus choisie. »
PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 57.
SYNT. Jargon professionnel, judiciaire, médical, philosophique, sportif; jargon d'école, de métier, d'une secte.
2. Langage résultant de l'altération, de la modification des structures d'une langue. Les innovations apportées par la barbarie dans la langue latine dégénérée s'appliquèrent naturellement aux divers jargons qui en naquirent; la langue française s'y trouva sujette à mesure qu'elle se forma (SAINTE-BEUVE, Tabl. poésie fr., 1828, p. 80). La langue vulgaire reste toujours ce qu'elle fut à l'origine, un jargon populaire, né de l'incapacité de synthèse et inapplicable aux choses intellectuelles (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 209).
En partic. [Constr. avec un adj. ou un compl. prép. de désignant une lang.] Langage formé par interférence de plusieurs langues. Synon. sabir. C'est un jargon d'arabe, d'anglais, de français, d'italien (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907, p. 194). Christophe loua son élégance, et lui dit naïvement, dans son jargon franco-allemand, qu'il n'avait jamais vu personne d'aussi « luxurieux » (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 473).
,,Langage altéré par des troubles pathologiques de nature aphasique`` (MOUNIN 1974). Manifestation caractéristique de l'aphasie sensorielle, la jargonaphasie peut se présenter sous deux formes principales, qu'on a appelées jargon phonémique et jargon sémantique, selon qu'elle porte plus particulièrement sur l'organisation de la deuxième ou de la première articulation (MOUNIN 1974).
B. — Péj. [S'emploie à propos d'une lang., d'un discours, d'un style que le locuteur ne comprend pas, qu'il juge obscur, hermétique, affecté] Synon. baragouin, charabia, galimatias. Quant à la manière d'écrire de M. Cherbuliez, elle est pleine de simagrées et mille fois par-delà tout le jargon des Précieuses [de Molière] (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 419). Le douanier français parle les deux langues [le français, l'italien], plus le jargon du pays, et c'est ce douanier (...) qui nous a servi de truchement général (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 53) :
3. « Que me voulait-elle donc? » dit Thérèse distraitement (...). — « Je n'ai rien compris à son jargon », dit-il. « Elle a dû vous prendre pour une autre locataire. » — « La bleue a répété plusieurs fois qu'il fallait payer la note et aller ailleurs. »
MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 939.
SYNT. Jargon affecté, convenu, pédantesque, métaphysique, sentimental; jargon à la mode; jargon de la linguistique, de la sociologie.
REM. 1. Jargonaphasie, subst. fém. ,,Forme d'aphasie motrice caractérisée par une déformation ou une transposition des syllabes et des mots, qui rend le langage incompréhensible`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Dans les cas sévères [d'aphasie de Wernicke], le discours devient totalement incommunicable (jargonaphasie), sans que parfois le malade en prenne conscience (Encyclop. univ. t. 9 1971, p. 767). 2. Jargonnesque, adj. a) Synon. de argotique. Aruer est un dérivé jargonnesque de rue « voie » (P. GUIRAUD, Le Jargon de Villon, Paris, Gallimard, 1968, p. 9). b) Caractéristique d'un style obscur, affecté. La critique cinématographique... nous fournit une belle moisson d'exemples jargonnesques... Nous apprîmes successivement que le cinéma était épiphénoménal, paroxystique, onirique (DUPRÉ 1972). 3. Jargonnier, adj. Synon. de argotique. Passant de la langue dans le jargon ils [ces mots] vont signifier tout autre chose que ce qu'ils signifiaient pour les gens du vulgaire, les masses. Ils cesseront de dire ce qu'ils disaient en français, en anglais ou en russe, pour prendre le sens jargonnier (ARAGON, La Culture et les hommes, p. 14 ds ROB. Suppl. 1970). 4. Jargonaute, subst. masc., p. plaisant. Créateur et utilisateur de mots qui relèvent du jargon. Un petit livre qui vient de paraître, un pamphlet dont le titre dit tout dans un audacieux néologisme : « les Jargonautes » [Par J. Merlino, Paris, 1978, 210 p.] (Le Monde, 1er-2 oct. 1978, p. 9, col. 2).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1175-85 agn. « langue étrangère et inintelligible » (TH. DE KENT, Alexandre, éd. B. Foster, 70); 2. ca 1180 gargun « gazouillement des oiseaux » (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, 46, 13); 3. début XIIIe s. « verbiage (allusion aux paroles vides de sens des philosophes) » (Clement Pape, 998 ds T.-L.); 4. ca 1270 gargon « langage spécial, langage des voleurs, argot » (Richard le Beau, 3334, ibid.). De la racine onomatopéique garg- désignant la gorge et les organes voisins et p. ext. leurs fonctions (v. FEW t. 4, p. 254 à 263), le j- initial s'expliquant par le fait que, dans les termes dont le champ sém. est moins proche de l'onomatopée, il y aurait eu une certaine évolution phonét. (alors que le g- a subsisté dans des termes comme gargate, garguette « gorge », v. gargouille); l'évolution sém. de jargon est parallèle à celle de latin (v. DEAF, col. 255 et 259). Fréq. abs. littér. : 190. Bbg. ELWERT (W. Th.). Qq. mots désignant le « lang. incompréhensible ». R. Ling. rom. 1959, t. 23, pp. 64-79. - PIGNON (J.).Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 235-236. - QUEM. DDL t. 18 (s.v. jargonaphasie). - SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 30, 37, 45, 269, 278; Sources t. 1 1972 [1925], p. 232; t. 3 1972 [1930], p. 7, 49, 50, 51, 104.
II.
⇒JARGON2, subst. masc.
Vieilli. Synon. de zircon. On rencontre le jargon un peu partout, en Norvège, en Écosse, à Ceylan, aux États-Unis, en France dans les environs du Puy-en-Velay (HAVARD 1889).
En partic. Zircon jaune ou incolore utilisé en joaillerie. Le zircon (...) a un éclat adamantin et une dispersion élevée qui lui font jeter des feux colorés. L'hyacinthe est rouge ou orangé vif; le jargon est jaune; le zircon peut être encore brun ou vert (H.-J. SCHUBNEL, Les Pierres précieuses, Paris, P.U.F., 1968, p. 93).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1723 jargons « petits cristaux vendus par les droguistes pour de vrais hyacinthes » (SAVARY); 1752 « sorte de diamant jaune » (Trév.). Empr. à l'ital. giargone « variété de diamant » attesté dep. le XIVe s. (d'apr. DEI), de même orig. que l'a. fr. jacunce, jargunce « pierre précieuse », v. jacinthe et hyacinthe. Cf. FEW t. 4, p. 521.

1. jargon [ʒaʀgɔ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1180, gargun « langage des oiseaux, gazouillis »; « verbiage », déb. XIIIe; orig. incert., p.-ê. du rad. onomatopéique garg- « gosier » (→ Gargouille), selon Guiraud, par garricare, dér. gallo-roman de garrire « bavarder ».
1 Langage corrompu, déformé, fait d'éléments disparates. Baragouin, charabia (→ Barbarisme, cit. 2; incohérent, cit. 3). || Jargon barbare (cit. 18). || Jargon français des Levantins, des Arabes ( Sabir). || Le pidgin, jargon anglais parlé en Extrême-Orient.
1 — Le plaisant baragouin ! il est bon sur ma foi (…)
Ton jargon allemand est superflu, te dis-je (…)
Molière, l'Étourdi, V, 5.
2 Il revit son frère, bambin de trois ans (…) courant à sa rencontre, et se suspendant à son bras pour lui conter dans son jargon les menus faits de sa journée (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 81.
Par ext. Langage incompréhensible. || « Je ne sais quelle langue parlent ces gens-là, je ne comprends pas leur jargon » (Académie).Abusivt (péj.), en parlant d'un dialecte, d'un patois, ou même d'une langue :
3 Privé de toute communication avec la France, il avait gardé son ancien jargon briard dans toute sa pureté native (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 149.
2 Péj. Langage particulier à un groupe, caractérisé par sa complication, l'affectation de certains mots, de certaines tournures. Argot. || Le jargon des alchimistes, des astrologues; le jargon prophétique (→ Ambigu, cit. 1). || Le jargon des Précieuses. || Jargon pseudo-scientifique. || Le jargon de la publicité, du sport (→ Ébouriffant, cit.), des sciences. || Jargon ridicule et barbare (cit. 17). || Le jargon administratif.(En mettant l'accent sur le caractère conventionnel, affecté). || Le jargon de la dévotion (→ Cajoler, cit. 6), de la galanterie (→ Fadeur, cit. 5).
4 J'ai vu chez moi un mien ami, par manière de passe-temps, ayant affaire à un de ceux-ci (des « savanteaux ») contrefaire un jargon de galimatias, propos sans suite, tissu de pièces rapportées (…)
Montaigne, Essais, I, XXV.
5 — Mais je ne saurais, moi, parler votre jargon.
— L'impudente ! appeler un jargon le langage
Fondé sur la raison et sur le bel usage !
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
6 — (…) jamais le jargon de la métaphysique n'a fait découvrir une seule vérité, et il a rempli la philosophie d'absurdités dont on a honte, sitôt qu'on les dépouille de leurs grands mots.
Rousseau, Émile, IV.
7 — (…) il aimait la piété, mais la piété mondaine, de bon ton, sans barbarie scolastique ni jargon mystique (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, II.
8 L'opinion courante n'aime pas le langage des intellectuels. Aussi a-t-il été souvent fiché sous l'accusation de jargon intellectualiste. Il se sentait alors l'objet d'une sorte de racisme : on excluait son langage, c'est-à-dire son corps : « tu ne parles pas comme moi, donc je t'exclus. »
R. Barthes, Roland Barthes, p. 107.
9 On qualifie péjorativement de jargon l'ensemble lexical d'une langue commune lié à des domaines où la technique (d'application ou de recherche) est la plus spécialisée, lorsque cet ensemble ne relève pas de la compétence lexicale moyenne, c'est-à-dire celle de l'« honnête homme », comme on disait naguère (…) Ce recodage périme le corps des tautologies ou jugements sémiotiques, et fait changer les valeurs de vérité. Le jargon obéit donc à une nécessité de recherche et d'expression : il établit de nouvelles distinctions, ou déplace les distinctions qu'il matérialise dans des signes. C'est une des fonctions du langage de déborder le code pour se recoder lui-même. Le moment créateur est hors code, et la phrase qui l'exprime est inacceptable; cette asémanticité de courte durée est seule garante de l'évolution du langage qui fait un saut aveugle dans l'inconnu. Néanmoins, il apparaît que les ennemis du jargon ne sont pas présents à ce moment-là pour s'en indigner; ils rencontrent le mot bien après, lorsqu'il est déjà codé, et par hasard.
Josette Rey-Debove, « Du bon usage du jargon », in le Bulletin, E. H. E. S. S., mars 1980.
Discours pathologique, sur le plan phonétique ou sémantique. Jargonaphasie.
3 (V. 1270, gargon). Ling. « Langue artificielle employée par les membres d'un groupe désireux de n'être pas compris des non-initiés ou au moins de se distinguer du commun » (Marouzeau). Argot (cit. 8). || Les ballades en jargon attribuées à Villon; le jargon de Villon. Jobelin (II., cit. 3). || Le jargon des malfaiteurs. Bigorne (vx).
10 Les ballades en jargon constituent une œuvre cohérente et unitaire qui pourrait s'intituler : Les jeux de la Mort, du Hasard et de l'Amour ou les dangers de la Coquille (…)
À la base, le code primaire est celui du jargon des coquillards qui dérive son vocabulaire de la langue commune, par différents procédés qui sont, d'ailleurs, toujours vivants dans les argots et parlers populaires actuels.
Pierre Guiraud, le Jargon de Villon…, p. 7-8.
DÉR. Jargonner, jargonnesque, jargonneux, jargonnier.
COMP. Jargonagraphie, jargonaphasie, jargonomimie.
————————
2. jargon [ʒaʀgɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1664 (1723, selon T. L. F.); ital. giargone, de l'anc. franç. jacunce, jargunce, lat. hyacinthus. → Jacinthe.
Technique.
1 Petite pierre rouge ressemblant à l'hyacinthe.
2 (1773). Zircon d'une variété de teinte jaune.
0 Les chaînes (…) dont les chatons portent des pierres appelées jargon, qui imitent parfaitement le diamant (…)
Voltaire, Correspondance, 3712, 7 déc. 1770.

Encyclopédie Universelle. 2012.