saper [ sape ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1547; it. zappare, de zappa « hoyau, pioche », bas lat. sappa → 1. sape
1 ♦ Détruire les assises de (une construction) pour faire écrouler. Saper une muraille. Saper par des mines. ⇒ miner.
♢ Par ext. User, dégrader par la base, en parlant des eaux. La mer sape les falaises. ⇒ affouiller.
2 ♦ Fig. Attaquer les bases, les principes de (qqch.) pour ruiner progressivement. ⇒ ébranler, miner. Saper les fondements de la morale. « L'autorité paternelle qu'elle avait sapée toute sa vie dans le cœur du jeune homme » (Aragon). Il m'a sapé le moral.
⊗ CONTR. Consolider, renforcer.
saper (se) [ sape ] v. pron. <conjug. : 1>
• 1926; p. p. 1919; o. i., p.-ê. du provenç. sapa « parer, habiller »
♦ Fam. S'habiller. ⇒ se fringuer. — P. p. adj. Habillé, vêtu. Être bien sapé (⇒ 3. sape) .
● saper verbe transitif (italien zappare, de zappa, hoyau, du bas latin sappa) Creuser, sous les fondements d'une construction, une sape, pour provoquer son écroulement : Saper un mur. En parlant des eaux, entamer une formation à sa partie inférieure et y causer des éboulements : La mer sape les falaises. Chercher à détruire quelque chose par une action progressive et secrète : Saper le moral de la population. ● saper (synonymes) verbe transitif (italien zappare, de zappa, hoyau, du bas latin sappa) Chercher à détruire quelque chose par une action progressive et secrète
Synonymes :
- anéantir
- consumer
- ébranler
- ronger
- ruiner
saper
v. tr.
d1./d Détruire les fondements de (une construction) pour la faire tomber.
— Par ext. La mer sape les falaises.
d2./d Fig. Travailler à détruire (une chose) en l'attaquant dans ses principes, miner. Saper les fondements de la civilisation. Saper le moral.
d3./d (Guad.) Syn. de faucher (sens 1).
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saper
v.
d1./d v. Pron. Pop. Se saper: s'habiller.
— Pp. adj. Type bien sapé.
d2./d v. intr. (Afr. subsah.) Fam. Mettre de beaux vêtements. Pour le concert, il faudra saper.
I.
⇒SAPER1, verbe trans.
AGRIC. Couper des céréales, des fourrages avec une sape (v. sape1). Saper des blés. Le sapeur tient (...) de l'autre main un crochet (...) qui lui sert à maintenir la partie de fourrage qui va être sapée (BALLU, Mach. agric., 1933, p. 289).
Prononc. et Orth.:[sape], (il) sape [sap]. Homon. et homogr. saper2 et 3. Étymol. et Hist. 1. 1229-44 « bêcher, creuser » (Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 2, p. 214); 2. 1842 « couper les céréales avec la sape » (Ac. Compl.). Dér. de sape1; dés. -er.
DÉR. Sapeur, subst. masc., agric. Ouvrier agricole travaillant avec une sape. Le sapeur [sape] de façon que le contenu du crochet [de la sape] forme une javelle, c'est-à-dire la valeur d'une demi-botte (BALLU, Mach. agric., 1933, p. 392). — []. — 1re attest. 1845 (BESCH.); de saper1, suff. -eur2.
II.
⇒SAPER2, verbe trans.
I. A. — 1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. d'obj. désigne une construction] En détruire les fondements pour la faire écrouler. Saper une muraille, la saper par le pied, par le fondement (Ac. 1798-1935). Il lève la tête et voit l'armée des martyrs renversant dans Rome les autels des faux dieux, et sapant les fondements de leurs temples parmi des tourbillons de poussière (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 235). Le sultan dut une troisième fois, à grand renfort de mines, recommencer le siège. La base étiolée était sapée, des pans entiers du mur s'effondraient (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 384). P. métaph. C'est au milieu du tumulte et des orages qu'en fut élevé l'édifice [de la Constitution], édifice pompeux que nos ennemis travaillent sans cesse à renverser; tantôt ils le minent sourdement, tantôt ils le sapent audacieusement (MARAT, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 124).
2. P. anal. [Le compl. d'obj. désigne un arbre] L'entamer, le couper à la base pour l'abattre. Quand l'ébrancheur l'eut mis à nu [un hêtre], eut terminé sa toilette de condamné, quand les bûcherons en eurent sapé la base, cinq hommes commencèrent à tirer sur la corde attachée au faîte (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1035). Les bûcherons, employés l'été à des carrières, disaient avoir éprouvé autant de peine à saper cet arbre qu'à fendre un banc de silex (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 49).
— Empl. abs. À chaque coup de reins elles poussent un cri grave comme celui des bûcherons qui sapent (GIDE, Journal, 1896, p. 85).
B. — P. anal. [Le suj. désigne un agent naturel] Détruire, user, consumer quelque chose en l'attaquant à la base. C'était, sans interruption, le fracas du tonnerre, et celui, plus fort encore, de pans entiers de murailles rocheuses, sapées par l'inondation, qui s'écroulaient d'un seul coup (BENOIT, Atlant., 1919, p. 82). Les flammes, tout à coup, s'élevèrent jusqu'aux hunes, et les mâts, sapés à la base par le feu qui agissait furieusement dans les cales, s'effondrèrent aussitôt (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 234).
C. — Au fig. Tendre à anéantir, à détruire radicalement (une réalité d'ordre social ou moral). Il est vrai que l'armée des journaux ne cessa de manœuvrer de façon à miner, saper la monarchie de droit antique jusqu'à ce qu'il suffît d'un souffle pour la renverser (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 73). La diffusion des nouvelles par la presse, la radio, la télévision, liées aux employeurs et au gouvernement, joue un grand rôle pour saper le moral ouvrier (Traité sociol., 1967, p. 494).
SYNT. Saper les bases, les fondements, les principes de qqc.; saper qqc. dans ses fondements, dans ses principes; saper qqc. à la base; saper l'État, la religion; saper les préjugés, les traditions; saper la liberté, l'amour, la volonté, la foi.
♦ Empl. abs. [Il] dénonçait des abus, lançait des boutades. C'était son mot. Homais sapait; il devenait dangereux (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 203).
— [P. méton.,] [le compl. d'obj. désigne une pers.] Seulement, j'ai vu Rome qui me travaille, me sape, me taraude (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1902, p. 268).
II. — Argot
A. — Saper qqn. Le condamner (à une peine, un châtiment). Ce sont hommes prudents, peu soucieux de se faire saper (condamner aux travaux forcés) (HOGIER-GRISON, Monde où l'on vole, 1887, p. 218). V. girond A ex. de Prévert.
— Saper à/être sapé à, de + compl. indiquant la peine. J'ai été sapé à trois marquets: J'ai été condamné à trois mois (MOREAU, Souv. Pte et Gde Roquette, t. 1, 1884, p. 234). Saper au glaive. ,,Condamner à mort`` (FRANCE 1907).
B. — Saper + compl. indiquant le châtiment, la durée de celui-ci. Être condamné à. Saper dix-huit marques, être condamné à dix-huit mois de prison (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1928, p. 131). Il a sapé trois piges pour casses (malf. 1926) (ESN. 1966).
— Empl. abs. Être condamné. [Les gardiens me voyaient emmener les trois évadés sur le Maroni;] mais (...) on ne pouvait rien me faire; pour que je sapes [sic] il faut, d'après la loi, que l'on « m'arrête » avec eux (DUSSORT, Mém., Cavale, 1929-34, dép. par G. Esnault, 1953, p. 2).
Prononc. et Orth.:[sape], (il) sape [sap]. Homon. et homogr. saper1 et 3. Ac. 1694-1740: -pp- (docum. v. BONALD, Essai analyt., 1800, p. 185, CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 307, 484); dep. 1762: -p-. Étymol. et Hist. A. 1. 1547 sapper milit. « détruire les fondements d'une muraille, d'un édifice, etc. » (J. MARTIN, Architecture de Vitruve, 152b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 159); 1552 au fig. saper (RONSARD, Les Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 51: Amour adonc qui sape, mine et ronge De ma raison le chancelant rempart); 2. av. 1620 sapper « détériorer, user en creusant à la base (en parlant de l'eau) » (SAINT-AMANT, La Solitude, 138 ds Œuvres, éd. J. Bailbé, t. 1, p. 44). B. 1. 1807 région. Lorraine « punir, frapper » (MICHEL (J.-F.) Expr. vic., p. 171); 2. 1867 arg. « condamner » (STAMIR, Corsaire ds LARCH. 1872). A empr. à l'ital. zappare, att. au sens 1 dep. 1553 (Giornale dell' assedio di Montalcino ds TOMM.-BELL.), d'abord « travailler la terre avec le hoyau » (dep. 1304-08, DANTE, ibid.), dér. de zappa « hoyau » (v. sape1 et FEW t. 11, pp. 211-212a). B est issu p. métaph. de A.
DÉR. 1. Sape, subst. fém., arg. Condamnation (à une peine, un châtiment). Il a deux ou trois sapes (SANDRY, CARRÈRE, Dict. arg. mod., 1953, p. 171). — [sap]. Homon. sape1, 2 et 3. — 1re attest. 1928 (LACASSAGNE, op. cit., p. 185); déverbal de saper2. 2. Sapement1, subst. masc. Action de saper (supra I). (Dict. XIXe et XXe s. sauf ds Ac.). Le sapement d'un mur, d'un ouvrage (Lar. Lang. fr.). Géomorphol. ,,Creusement, surtout par les eaux (vagues de la mer, cours d'eau), à la base d'un versant escarpé, avec formation éventuelle de surplomb, d'encorbellement qui préparent des glissements de terrain ou des éboulements`` (GEORGE 1984). — []. — 1res attest. a) 1559 sappement « action de creuser une tranchée pour détruire un mur » (G. DU BELLAY ds Mém. de Martin Du Bellay, éd. 1569, L. VIII, 248 v °), b) 1964 sapement géomorphol. (Lar. encyclop.); de saper2, suff. -ment1. 3. Sapement2, subst. masc. Condamnation (à une peine, un châtiment). Il lui avait lu son sapement: « Vous êtes condamné à cinq ans de réclusion et dix ans d'interdiction de séjour » (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 218). — []. — 1re attest. 1873 (Figaro, 4 août ds LARCHEY, Dict. hist. arg., 1878, p. X); de saper2, suff. -ment1.
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 546 (s.v. sapement).
III.
⇒SAPER3, verbe trans.
Arg. Habiller, vêtir. Il m'a sapé tout neuf le frère. Fini le tergal, les chemisettes, les socquettes et les vieux lacets! Tout dans le velours, le cuir et tout! (E. SAVOYAUD, Petite fugue équinoxe, 1974, p. 18 ds CELLARD-REY 1980).
— Plus cour.
♦ Empl. pronom. réfl. S'habiller (de telle ou telle manière). À midi, j'suis réveillé, en pleine forme. J'me sape. J'ai ma bonne Packard qui m'attend au garage (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 186).
♦ Au part. passé. Être sapé; être bien, mal sapé. J'ai été quand même revêtu, absolument flamboyant, extrêmement chaud mais solide... Quand je me suis vu sapé tout neuf, j'ai perdu un peu ma confiance! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 354).
Prononc. et Orth.:[sape], (il se) sape [sap]. Homon. et homogr. saper1 et 2. Étymol. et Hist. 1919 saper, bien sapé (Arts et Métiers, Aix d'apr. ESN.); 1928 id. (LACASSAGNE, Arg. « milieu », p. 185). Orig. inc. Cf. CELLARD-REY.
STAT. — Saper1 à 3. Fréq. abs. littér.:142.
1. saper [sape] v. tr.
ÉTYM. 1547; « bêcher, creuser », 1240; ital. zapare, de zappa « hoyau, pioche », du bas lat. sappa (→ 1. Sape); selon Guiraud, pourrait provenir d'un roman sappare « faire couler la sève », du lat. sapa.
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1 Détruire les assises de (une construction) pour la faire écrouler. || Saper une muraille. || Saper par des mines. ⇒ Miner. — Par ext. User, dégrader par la base (en parlant des eaux). || La mer sape les falaises. ⇒ Affouiller. || Rivière qui sape ses rives. ⇒ Dégravoyer.
2 Fig. Attaquer les bases, les principes de (qqch.) pour ruiner. ⇒ Abattre, affaiblir, défaire, démolir, détruire, dévaster, ébranler, miner (→ Réforme, cit. 6). || Saper les fondements de la morale, de la religion. || Saper l'autorité paternelle (→ Inconséquence, cit. 9). ⇒ Diminuer.
0 C'est une grande erreur, dans l'économie domestique ainsi que dans la civile, de vouloir combattre un vice par un autre, ou former entre eux une sorte d'équilibre : comme si ce qui sape les fondements de l'ordre pouvait jamais servir à l'établir.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, X.
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DÉR. 2. Sape, 1. sapement, 1. sapeur.
HOM. 2. Saper, 3. saper.
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2. saper [sape] v. tr.
ÉTYM. 1842; antérieur dans les dial.; de 1. sape.
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II (1878; peut-être du sens précédent; cf. emploi dial., « battre, punir »). Argot.
1 Condamner. || Être sapé à vie, condamné aux travaux forcés à perpétuité. ⇒ 2. Sapement.
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CONTR. Consolider, construire, étayer, renforcer.
DÉR. 3. Sape, 2. sapement, 2. sapeur.
HOM. 1. Saper, 3. saper.
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3. saper [sape] v. tr.
ÉTYM. 1919; orig. incertaine.
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♦ Fam. Habiller, vêtir (bien ou mal). — Pron. || Se saper : s'habiller. || Bien se saper (⇒ 4. Sape).
1 Ensuite, le temps de te saper, d'aller récupérer ton pèze au Greffe — tes valises sont toutes prêtes, dans le couloir — et hop, tu es libre.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 126.
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sapé, ée p. p. adj.
♦ Habillé, vêtu. || Être bien sapé. || T'as vu comment il est sapé ? — Bien habillé. || Il est sapé, le mec !
2 (…) Gina dans sa hantise de paraître sapée à la mode de l'an dernier rachète à n'importe quel prix les fringues des entrantes.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 98.
REM. Ce verbe s'emploie surtout à la forme pronominale et comme participe passé.
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DÉR. 4. Sape.
HOM. 1. Saper, 2. saper.
COMP. Désaper.
Encyclopédie Universelle. 2012.