sceptique [ sɛptik ] n. et adj.
• 1546; lat. scepticus, gr. skeptikos « observateur »
I ♦ N.
1 ♦ Hist. Philos. Philosophe partisan du doute systématique, pyrrhonien.
♢ (XVIIIe) Personne qui pratique le doute systématique, quant aux problèmes généraux.
2 ♦ Personne qui pratique l'examen critique, le doute scientifique. « Qu'est-ce qu'un sceptique ? C'est un philosophe qui a douté de tout ce qu'il croit, et qui croit ce qu'un usage légitime de sa raison et de ses sens lui a démontré vrai » (Diderot). « par sceptique, j'entends examinateur autant que douteur » (Sainte-Beuve).
3 ♦ Cour. Personne qui adopte une attitude incrédule sur un problème ou une catégorie de problèmes. — Spécialt Personne qui met en doute la croyance religieuse, le dogme. ⇒ incrédule, irréligieux. « Le sceptique n'inquiétera pas le croyant avec des exégèses » (Chardonne).
II ♦ Adj.
1 ♦ (1611) Qui professe le scepticisme. Philosophes sceptiques. — Relatif à la suspension du jugement que préconise le scepticisme. Doute sceptique.
2 ♦ Cour. Qui est incrédule quant à la valeur des dogmes et des maximes morales reçues; qui doute. Être sceptique et blasé. « Faisons des rêves, mais sachons qu'ils n'aboutiront pas. Soyons ardents et sceptiques » (Barrès). « Elle était sceptique sur l'issue de mes tentatives » (Renan). ⇒ incrédule. Je suis, je reste sceptique : je n'y crois pas. — Attitude, sourire sceptique.
⊗ CONTR. Certain, convaincu, crédule, croyant, dogmatique, sûr.
⊗ HOM. Septique.
● sceptique adjectif et nom (grec skeptikos, de skeptesthai, examiner) Adepte du scepticisme. Qui a tendance à mettre en doute les croyances et les vérités couramment admises : C'est un esprit sceptique et destructeur. Qui doute de quelque chose, qui refuse de se prononcer et réserve son jugement sur une question particulière : Être sceptique sur un programme économique. ● sceptique (citations) adjectif et nom (grec skeptikos, de skeptesthai, examiner) Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Le sceptique est un homme qui ne se doute de rien. Journal Gallimard ● sceptique (homonymes) adjectif et nom (grec skeptikos, de skeptesthai, examiner) septique adjectif ● sceptique (synonymes) adjectif et nom (grec skeptikos, de skeptesthai, examiner) Qui a tendance à mettre en doute les croyances et...
Synonymes :
- incrédule
Contraires :
- crédule
- croyant
- mystique
Qui doute de quelque chose, qui refuse de se prononcer et...
Synonymes :
- défiant
Contraires :
- emballé (familier)
● sceptique
adjectif
Propre au scepticisme philosophique.
Qui exprime le scepticisme, le doute, la réserve : Une moue sceptique.
● sceptique (difficultés)
adjectif
Sens et orthographe
Ne pas confondre ces deux mots.
1. Sceptique adj. et n. (avec sc -) = incrédule. Votre affirmation me laisse sceptique.
2. Septique adj. (avec s-) = qui a rapport aux germes microbiens, aux fermentations ou aux infections qu'ils provoquent. Fièvre septique ; fosse septique.
● sceptique (homonymes)
adjectif
septique
adjectif
sceptique
adj. et n.
d1./d PHILO Qui professe le scepticisme; qui se rapporte à cette doctrine. Le premier maître de l'école sceptique est Pyrrhon.
d2./d Non croyant.
d3./d Non convaincu. Je reste sceptique quant à son honnêteté.
⇒SCEPTIQUE, adj. et subst.
A. — PHILOSOPHIE
1. a) Empl. subst.
) [Corresp. à scepticisme A 1 a] Philosophe qui professe le scepticisme. Synon. pyrrhonien. Les sceptiques anciens, grecs, de l'antiquité; c'est un sceptique. Les sceptiques ne niaient ni n'affirmaient rien (Ac.). Il y a un vrai du sceptique, qui est que rien n'est vrai; et il s'y tient dogmatiquement (ALAIN, Propos, 1932, p. 1080).
) P. ext. [Corresp. à scepticisme A 1 b] Philosophe qui nie la possibilité de la connaissance de l'absolu, qui refuse d'admettre une chose sans examen critique. Anton. dogmatique. Il n'y avait pas de plus grand sceptique que Pascal. Nulle part, il ne dit je sais. Il ne connaît pas la cause première (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1900, p. 196):
• 1. Aussi nous défions-nous justement de nous-mêmes, et ne regardons-nous comme des vérités acquises que celles qui ont été contrôlées (...). À toutes les époques de la philosophie, les sceptiques se sont prévalus de cette règle du bon sens pour nier la possibilité de discerner le vrai du faux...
COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 107.
b) Empl. adj. Qui est relatif au scepticisme (v. ce mot A et B); qui concerne, soutient cette doctrine. Philosophes sceptiques; maximes, thèses sceptiques. En pénétrant de plus en plus dans la connaissance du monde extérieur (...) on serait (...) amené à tomber dans tous les excès des écoles sceptiques, et à supposer que toutes les notions que nous croyons avoir d'un monde extérieur pourraient bien n'être qu'une création fantastique de notre esprit (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 603). C'est beaucoup, en ce XIXe siècle, d'avoir inauguré (...) la rhétorique sceptique du pour et du contre; d'avoir apporté le ricanement joliment satanique d'un doute universel (GONCOURT, Journal, 1891, p. 854).
♦ Doute sceptique. V. doute B 2. La formule de la réflexion radicale n'est pas: « je ne sais rien » (...) mais « que sais-je »? Descartes ne l'a pas oublié. On lui fait souvent honneur d'avoir dépassé le doute sceptique, qui n'est qu'un état, en faisant du doute une méthode, un acte (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 457).
2. [Corresp. à scepticisme A 2] (Personne, philosophe) qui soutient qu'on ne peut atteindre la vérité dans un domaine ou sur un sujet déterminé. Locke n'est pas sceptique sur l'existence des corps; (...) il se rattache à la grande famille péripatéticienne et sensualiste, dans laquelle la théorie des espèces, et des espèces sensibles, avait l'autorité d'un dogme et la fonction de donner et d'expliquer le monde extérieur (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., 2, 1829, p. 346).
— En partic. (Personne, philosophe) qui met en doute les dogmes religieux. Synon. incrédule, irreligieux; anton. croyant, religieux. Moi, le sceptique, l'incrédule, sur lequel l'éloquence de la chaire ne pourrait pas mordre, je sens que je serais peut-être convertissable par du plain-chant ou de la musique qui en descend (GONCOURT, Journal, 1895, p. 828):
• 2. Si mon imagination était naturellement religieuse, mon esprit était sceptique; examinateur impartial des motifs de la foi et des motifs de l'infidélité. (...) trouvant les raisons de croire supérieures aux raisons de ne pas croire: ma philosophie n'était pas plus sotte et plus suffisante que cela.
CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 614.
B. — Courant
1. [Corresp. à scepticisme B 1] (Personne) qui a un caractère porté au scepticisme. Sceptique et blasé. Chez les sceptiques survient à tout instant un doute amer à l'endroit des sentiments qu'on leur témoigne (GONCOURT, Journal, 1888, p. 794). Christophe s'évertuait à démêler dans quelle mesure Roussin croyait à son socialisme. L'évidence était qu'il n'y croyait pas, au fond: il était trop sceptique (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 762). V. pyrrhonien B 2 ex. de Sainte-Beuve.
— En partic. (Personne) dont le scepticisme atteint l'indifférence ou le pessimisme. Le ton de sa conversation était d'un sceptique et d'un désabusé (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 23). Nous autres Juifs (...) nous sommes sceptiques et enthousiastes, nous ne croyons à rien et nous attendons toujours quelque chose, un dollar, une femme, la hausse des pétroles, le retour à Jérusalem, la révolution universelle, enfin ce que nous appelons le Messie (THARAUD, An prochain, 1924, p. 286).
2. Adj. [Corresp. à scepticisme B 2; en parlant d'une pers.] Qui fait preuve de scepticisme, d'incrédulité ou de manque de confiance
a) à l'égard de la vérité d'un fait. Synon. défiant, incrédule, méfiant; anton. crédule. Fait, miracle qui laisse sceptique. Moitié croyant, moitié sceptique, le docteur prit les dossiers et commença à les feuilleter. Un examen rapide suffit pour lui démontrer que l'histoire était parfaitement vraie et dissipa tous ses doutes (VERNE, 500 millions, 1879, p. 13). Certain praticien lequel s'était montré sceptique devant la réalité de son mal (PROUST, Fugit., 1922, p. 545).
— P. méton. [En parlant d'un aspect du comportement hum.] Qui traduit cette incrédulité. Geste, ton sceptique. — Je crains (...) que Juliette n'ait quelqu'un d'autre en tête, dis-je (...). — Hum? fit ma tante interrogativement, avec une moue sceptique et portant sa tête de côté. Tu m'étonnes! Pourquoi ne m'en aurait-elle rien dit? (GIDE, Porte étr., 1909, p. 531). — (...) tu verras... Et Demachy, qui sait bien qu'il ne verra rien, sourit d'un air sceptique, en jouant avec le fond de son verre (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 111).
b) à l'égard de la réussite d'un projet, de la possibilité d'un résultat. Synon. défiant, incrédule, méfiant; anton. crédule, confiant, convaincu, enthousiaste. Être, se déclarer très sceptique sur qqc. [Le médecin et l'interne] semblent sceptiques au sujet d'une guérison de ma pauvre jambe (VERLAINE, Corresp., t. 2, 1887, p. 98). Mon père, tout ça le laissait sceptique, il croyait plus à mon avenir (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 183).
REM. Sceptiquement, adv., rare. D'une manière sceptique. Agir, sourire sceptiquement. Les grandes voix de nos poètes sceptiquement religieux ou religieusement sceptiques, Goethe, Chateaubriand, Byron, Mickiewicz (SAND, Lélia, 1839, p. 351).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. septique. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1546 subst. masc. plur. « partisans de la doctrine de Pyrrhon » (FOCART, Advertiss. sur l'astrol., p. 7 ds GDF. Compl.); 1611 adj. « relatif à la doctrine des pyrrhoniens » (COTGR.); 2. 1746 subst. masc. « qui doute ou affecte de douter de ce qui n'est pas prouvé de manière incontestable » (DIDEROT, Pensées philosophiques, XXX ds Œuvres philos., éd. P. Vernière, p. 27); 1769 adj. (ID., Entretien entre d'Alembert et Diderot, ibid., p. 281); 3. 1879 adj. « qui se montre incrédule ou méfiant à l'égard d'un fait particulier, d'un résultat » (VERNE, loc. cit.). Empr. au gr. « qui observe, qui réfléchit »; « les philosophes sceptiques, c'est-à-dire ceux qui font profession d'observer, de ne rien affirmer, en parlant des pyrrhoniens ». Fréq. abs. littér.:760. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 523, b) 1 286; XXe s.: a) 1 597, b) 1 135.
sceptique [sɛptik] n. et adj.
ÉTYM. 1546, n., Rabelais, Tiers livre, 36; lat. scepticus, grec skeptikos (skeptique, Montaigne, Essais, II, XII), proprt « observateur », de skepsesthai « observer ». → -scope.
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I N.
1 Philosophe de l'Antiquité, partisan du doute sceptique (⇒ Scepticisme). ⇒ Aporétique (2.), pyrrhonien. — Par ext. Personne qui pratique le doute systématique, quant aux problèmes généraux (→ Irrésolu, cit. 1, Descartes). || Il n'est point de parfait sceptique (→ Croire, cit. 19).
1 En effet, le sceptique, qui ne croit à rien, n'a plus de base pour établir son critérium, et par conséquent il se trouve dans l'impossibilité d'édifier la science; la stérilité de son triste esprit résulte à la fois des défauts de son sentiment et de l'imperfection de sa raison.
Cl. Bernard, Introd. à l'étude de la médecine expérimentale, I, II.
♦ Abusivt. (Souvent dans la polémique). Tenant du pragmatisme, du criticisme.
2 Personne qui pratique l'examen critique, le doute scientifique.
2 Qu'est-ce qu'un sceptique ? C'est un philosophe qui a douté de tout ce qu'il croit, et qui croit ce qu'un usage légitime de sa raison et de ses sens lui a démontré vrai.
Diderot, Pensées philosophiques, XXX (1746).
3 (…) je suis certes un sceptique résolu, et, par sceptique, j'entends examinateur autant que douteur (…)
Sainte-Beuve, Correspondance, t. II, éd. Calmann-Lévy, p. 340.
3 Cour. Personne qui adopte une attitude incrédule sur un problème ou une catégorie de problèmes (→ Dormir, cit. 15). — Spécialt. Personne qui met en doute la croyance religieuse, le dogme. ⇒ Athée, incrédule, irréligieux. || Le sceptique et le croyant (→ Exégèse, cit. 2), et le prêtre (→ Renaissance, cit. 3).
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II Adj. (1611).
1 Philos. Qui professe le scepticisme. || Philosophes sceptiques. — Relatif à la suspension du jugement que préconise le scepticisme. || Doute sceptique.
2 (XIXe). Cour. Qui est incrédule quant à la valeur des dogmes et des maximes morales reçues; qui est enclin au scepticisme (4.). || Sceptique et blasé (⇒ aussi Dilettante). || Esprit gouailleur (cit. 2) et sceptique. — Être sceptique sur qqch. ⇒ Incrédule. || Je suis sceptique : je n'y crois pas. — Rire, sourire; attitude sceptique.
4 Je m'efforçais de mettre la paix entre les dissidentes. Elle était sceptique sur l'issue de mes tentatives. « Ernest, me disait-elle, vous ne réussirez pas (…) »
Renan, Souvenirs d'enfance…, Œ. Compl., t. II, VI, p. 780 (1883).
5 Faisons des rêves chaque matin, et avec une extrême énergie, mais sachons qu'ils n'aboutiront pas. Soyons ardents et sceptiques.
M. Barrès, Un homme libre, Préface à l'édition de 1905.
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CONTR. Certain, convaincu, crédule, croyant, dogmatique, enthousiaste, sûr.
DÉR. Scepticisme, sceptiquement.
HOM. Septique.
Encyclopédie Universelle. 2012.