septante [ sɛptɑ̃t ] adj. numér. inv. et n. inv.
• v. 1265; setante v. 1120; lat. pop. °septanta, class. septuaginta
♦ Vx ou région. (Belgique, Suisse, est de la France, Acadie) Soixante-dix. — Adj. numér. ord. SEPTANTIÈME .
● septante adjectif numéral cardinal (latin populaire septanta, du latin classique septuaginta, soixante-dix) En Belgique et en Suisse, soixante-dix.
Septante
(les) les 72 ou 70 docteurs juifs d'Alexandrie auxquels on attribue légendairement la prem. traduction de la Bible en grec, au IIIe s. av. J.-C. En réalité, cette version dite des Septante ou alexandrine fut réalisée du IIIe s. à la fin du IIe s. av. J.-C.
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Septante
adj. num. cardinal (et n.) (Acadie, vieilli; Afr. subsah.; Aoste; Belgique; France rég.; Suisse) Syn. de soixante-dix.
⇒SEPTANTE, adj. numéral cardinal et subst. masc. plur. inv.
I. — Adj. numéral cardinal inv., vieilli ou région. (notamment Belgique, Suisse romande, frange orientale de la France). Soixante-dix. Une femme (...) qui se dirige allègrement vers ses septante et quelques années disait: le monde a moins changé pendant mes soixante premières années qu'il n'a changé depuis dix ans (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1101). Voilà vingt ans qu'on laisse perdre (...) de la belle herbe, de quoi nourrir septante bêtes tout l'été (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 5). V. nonante ex. de E. Borel, octante ex. de La Croix.
— [Avec ell. du subst. déterminé (infra II)] Aller sur ses septante [ans]. — L'opium est trop cher (...). Et pouis... « Flamande », pensa-t-il... Il lui coupa la parole: — On peut avoir de l'opium pas trop cher. Je paie celui-ci deux dollars septante cinq [cents]. — Tu es du Nord aussi? (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 363). Ces septante [prêtres] que Dieu prescrivit à Moïse de s'adjoindre pour répondre à la prière que je copiais tout à l'heure (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 169).
— P. ext. [Souvent en assoc. avec sept; v. Matth. XVIII, 22, Gen. IV, 24] Un grand nombre. Quand même vos espérances auroient été trompées, non seulement sept fois, mais septante fois sept fois, ne perdez jamais l'espérance (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 260). Depuis treize années qu'il vient (...) chez nous, vous pensez bien que j'ai eu septante fois septante occasions d'y dire: « Ôtez vos pattes, hardi coq! » (MARTIN DU G., Testam. P. Leleu, 1920, I, p. 1146).
II. — Subst. masc. plur. inv. [Avec une majuscule] Les Septante. Les soixante-dix (ou soixante-douze) auteurs de la traduction de la Bible hébraïque en grec. Texte, traduction, version des Septante. Le calcul des Septante, qui surpasse de 600 ans celui de la Vulgate et du texte hébreu actuel (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 594). L'idée hébraïque de olam ha-ba, que la Bible des Septante a le plus souvent traduite par le mot grec d'aiôn (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 201).
— P. méton. [Le plus souvent avec une majuscule] Les Septante, plus rarement la Septante. Cette traduction grecque de la Bible. La traduction grecque de la bible et (...) la littérature apologétique et propagandiste qui s'est greffée sur la septante (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 26).
Rem. On rencontre la graph. LXX: La numérotation [des Psaumes] des LXX (H. DE SAINTE-MARIE, Sancti Hieronymi Psalterium iuxta Hebraeos, Cité du Vatican, Libreria vaticana, 1954, p. LXVIII). Au début de l'ère chrétienne, le texte de l'Ancien Testament est cité par les auteurs du Nouveau Testament selon les LXX (DHEILLY 1964).
Prononc. et Orth.:[]. Seul PASSY 1914 [], [-]. V. sept. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moit. du XIIe s. setante ans (Psautier Oxford, 89, 10 ds T.-L.); 2. 1647 relig. la traduction des septante, les septante Interpretes (VAUG., fol. Bbbiiv °). Du lat. pop. septanta « soixante-dix », altér. du lat. class. septuaginta « id. », dér. de septem, v. sept. Septante s'emploie toujours en Belgique, en Suisse ainsi que dans le nord, l'est et une grande partie du sud de la France, voire à différents endroits de l'Ouest et du Centre (v. la carte établie par A. GOOSSE ds B. de l'Acad. Royale de Lang. et de Litt. fr., 1977, p. 359), tandis que dans la lang. gén. il a été évincé en fr. par soixante-dix. Comme terme relig., d'apr. la légende rapportée dans la lettre d'Aristée, selon laquelle cette trad. aurait été réalisée en Égypte vers 250 av. J.-C., par soixante-dix (exactement soixante-douze) vieillards, à l'instigation du roi Ptolémée Philadelphe. Fréq. abs. littér.:66.
DÉR. 1. Septantaine, subst. fém., vieilli ou région. (notamment Belgique, Suisse romande, frange orientale de la France). Âge de soixante-dix ans, d'environ soixante-dix ans. — (...) quel âge avez-vous donc? — Oh, moi (...), j'ai passé la septantaine (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 85). Salut à votre septantaine, qui me paraît plus robuste que la vingtaine de bien d'autres! (FLAUB., Corresp., 1873, p. 38). — []. — 1res attest. a) 1336 « soixante-dixième partie » (doc. ds GDF.), b) 1853 « âge de soixante-dix ans » (SAND, Maîtres sonneurs, p. 24); de septante, suff. -aine, v. -ain2. 2. Septantième, adj. numéral ordinal, vieilli ou région. (notamment Belgique, Suisse romande, frange orientale de la France). Soixante-dixième. Cousine au septantième degré (D'ESPARBÈS, Yeux clairs, 1894, p. 22). — []. — 1re attest. 1530 (PALSGR., p. 372: septantiesme); de septante, suff. -ième.
septante [sɛptɑ̃t] adj. numéral cardinal invar.
ÉTYM. V. 1265; réfection, d'après le lat., de setante (v. 1120), issu du lat. pop. septanta, class. septuaginta.
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1 Vx ou régional (Belgique, Suisse, Acadie; encore vivant dans une partie de l'Est de la France, depuis la Belgique jusqu'à la Provence). Soixante-dix (→ Espérance, cit. 25). || Vous me devez septante-trois francs. || Ça s'est passé en mil neuf cent septante-sept. — REM. En Belgique comme en Suisse, le mot est absolument usuel, soixante-dix étant marqué comme français de France. → Nonante.
1 (…) voilà vingt ans qu'on laisse perdre ainsi de la belle herbe, de quoi nourrir septante bêtes tout l'été (…)
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, I.
♦ Subst. || Être sur ses septante, ses soixante-dix ans.
1.1 C'est la vieille Barbe qui, sur ses septante comme elle est, en est encore à hurler de toute la force de son ventre pour crier que son homme va se pendre.
J. Giono, Solitude de la pitié, « Jofroi de la Maussan », Pl., t. I, p. 497.
2 N. m. pl. (1647). Relig. || Les Septante : les soixante-dix (ou soixante-douze) traducteurs de la Bible. || La traduction, la version des Septante, ou, ellipt, la Septante, n. f.
2 De ces traductions (de la Bible en grec) la plus réputée vit le jour à Alexandrie (…) La légende rapportait sa rédaction au temps de Ptolémée Philadelphe (285-246). Ce monarque aurait demandé au Grand-Prêtre de Jérusalem soixante-douze jours (…) En réalité, il s'agissait d'un travail de longue haleine, commencé vraisemblablement au milieu du IIIe siècle et terminé dans le dernier tiers du IIe siècle avant Jésus-Christ; peut-être même un peu plus tard. C'est là ce qu'on nomme la Septante, en souvenir des soixante-dix ou soixante-douze traducteurs, dont nous venons de parler.
Ch. Guignebert, le Monde juif…, p. 288.
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DÉR. Septantième.
Encyclopédie Universelle. 2012.