sinécure [ sinekyr ] n. f.
• 1820; n. m. 1803 ; sinecura 1715; angl. sinecure, du lat. sine cura, abrév. de beneficium sine cura « bénéfice ecclésiastique sans travail »
♦ Charge ou emploi où l'on est rétribué sans avoir rien (ou presque rien) à faire; situation de tout repos. ⇒fam. fromage, planque. « Oisifs, ou lotis de quelque sinécure dans quelque ministère » (R. Rolland ).
♢ Loc. fam. Ce n'est pas une sinécure : ce n'est pas de tout repos. Voyager avec des enfants, ce n'est pas une sinécure.
● sinécure nom féminin (anglais sinecure, du latin sine, sans, et cura, soin) Emploi ou fonction bien payés pour un travail faible ou nul. ● sinécure (expressions) nom féminin (anglais sinecure, du latin sine, sans, et cura, soin) Familier. Ce n'est pas une sinécure, ce n'est pas de tout repos.
sinécure
n. f. Place qui procure des ressources, une rémunération sans exiger beaucoup de travail.
⇒SINÉCURE, subst. fém.
A. — HIST. Titre, dignité qui n'engage pas à une fonction pastorale particulière; p. méton., revenu correspondant à ce titre, accordé à un clerc. Synon. bénéfice simple ou à simple tonsure. Il n'y avait pas de sort plus heureux que celui d'un riche prieur ou d'un abbé commendataire; (...) mais à moins d'un grand changement dans l'administration ecclésiastique, l'espèce des abbés est perdue sans retour; il n'y a plus de sinécures (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 368).
B. — 1. Charge ou emploi n'obligeant à aucune fonction, ou nécessitant très peu de travail; situation de tout repos. Synon. fam. filon, fromage. Une bonne sinécure; accepter une sinécure; demander à qqn pour qqn une sinécure. Un professeur (...) doté d'une sinécure de 30,000 fr de rente (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 47). D'écœurants petits snobs (...) oisifs, ou lotis de quelque sinécure dans quelque ministère, — ce qui est tout comme (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 742). V. gabegie ex. 2.
— Rare, en appos. à valeur adj. Il ne faut plus maintenant qu'ajouter à ma fortune par quelque place sinécure (CHATEAUBR., Corresp., t. 2, 1815, p. 382).
— Loc. verb., au fig. C'est une vraie, une véritable sinécure. C'est une situation, un emploi de tout repos. Saint-Ernest devait tenir la caisse, Malvina le registre d'abonnements, ce qui se trouva être une véritable sinécure (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 50).
2. Expr. fam. Ce n'est (n'était, ne fut, ne sera...) pas une sinécure. Il ne faut pas croire que c'est facile, c'est pénible. Synon. ce n'est pas de tout repos, ce n'est pas une mince, une petite affaire, ce n'est pas une mince besogne, ce n'est pas rien. Malgré l'opinion générale, le mariage n'est pas une sinécure (BALZAC, Physiol. mariage, 1826, p. 111). L'après-midi, il coupait les livres qu'il achetait; et ce n'était pas une sinécure, car, en trois mois, il avait (...) pris successivement des inscriptions à la Médecine, au Droit, aux Sciences politiques, et acquis tous les livres nécessaires à chacune de ces études (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 57).
— Suivi de de ou que de + inf. (littér.). Pomme d'api (...) la questionnait sur toutes choses, et, comme les enfants ne doivent rien connaître, ce n'était pas une sinécure que de faire entendre raison à cette poupée (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 89).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1715 les Bénéfices qu'ils appellent [en Angleterre] sine cura ([G. L. LESAGE], Remarques sur l'Angleterre, faites par un voyageur, dans les années 1710 et 1711, 78 ds HÖFLER Anglic.); 1784 canonicats politiques appelés en Angleterre sinecure (Courrier de l'Europe, 20 janv. ds PROSCHWITZ Beaumarchais, p. 298); 1795 des sinecures [en Angleterre] ([J. H. MEISTER], Souvenirs de mes voyages en Angleterre, II, 19, ibid.); 1803 (BOISTE); 1826 ne pas être une sinécure « être pénible » (BALZAC, loc. cit.); 1919 pop. par contresens « chose pénible, difficile » (M. COHEN ds ESNAULT, Notes compl. Poilu, 1956). Empr. à l'angl. sinecure désignant à l'orig. un bénéfice ecclésiastique sans charge d'âmes réelle (1662 Sine-Cura, 1672 Sine-cure ds NED) puis, p. ext., toute fonction ou situation assurant un revenu sans tâche ou responsabilité réelle (1676, ibid.), du lat. sine cura dans l'expr. beneficium sine cura « bénéfice sans soin, sans charge ». Fréq. abs. littér.:66.
DÉR. Sinécuriste, subst. masc., vx [Corresp. à supra B] Personne qui est bénéficiaire d'une ou de plusieurs sinécures. Un riche sinécuriste enrichi des faveurs de la cour, fait des accumulations qui sont prises sur les impôts (SAY, Écon. pol., 1832, p. 116). En empl. adj. Tôt ou tard la banque de France (...) portera le dernier coup à la propriété désœuvrée, et montrera l'inutilité des talents sinécuristes en les mettant à leurs pièces (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 349). — []. — 1re attest. 1829 (VIDOCQ, Mém., t. 3, p. 43); de sinécure, suff. -iste. Cf. aussi l'angl. sinecurist (1817 ds NED).
BBG. — BALDENSPERGER (F.). Notes lexicol. Fr. mod. 1938, t. 6, p. 256 (s.v. sinécuriste). — BONN. 1920, p. 133 (et s.v. sinécuriste). — DUB. Pol. 1962, p. 419 (s.v. sinécuriste). — GEBHARDT (K.). Qq. dat. nouvelles... Fr. mod. 1973, t. 41, p. 297 (s.v. sinécuriste). — LETESSIER (F.). Sinécure... Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 277-278. — QUEM. DDL t. 9 (s.v. sinécuriste).
sinécure [sinekyʀ] n. f.
ÉTYM. 1820; 1803, n. m.; sinecura, 1715; angl. sinecure, du lat. sine cura, abrév. de beneficum sine cura « bénéfice ecclésiastique sans souci, sans travail ».
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1 Charge ou emploi où l'on est rétribué sans avoir rien (ou presque rien) à faire; situation de tout repos. || Tous les régimes ont leurs sinécures et leurs prébendiers (cit.; → aussi Croire, cit. 54; intransigeant, cit. 1).
1 (…) d'écœurants petits snobs, riches pour la plupart, en tout cas oisifs, ou lotis de quelque sinécure dans quelque ministère — ce qui est tout comme.
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, II, p. 742.
2 Comme tu te trompes. Les petites qui me passent entre les mains, j'en garderais bien quelques-unes ici, je leur trouve de véritables sinécures (…)
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 100.
2 Par ext. (Considéré comme abusif par les puristes). Chose insignifiante, sans importance. — ☑ Loc. Ce n'est pas une sinécure : ce n'est pas une mince affaire.
3 Crois-tu qu'on s'enivre pour s'amuser ? Être ivrogne ce n'est pas une sinécure (…) Si tu savais l'attention et la persévérance qu'il faut ! Toujours à remplir des verres et à les vider.
J. Anouilh, la Répétition, p. 77.
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DÉR. Sinécuriste.
Encyclopédie Universelle. 2012.