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sommeiller

sommeiller [ sɔmeje ] v. intr. <conjug. : 1>
someillier « dormir » v. 1220; de sommeil
1Dormir d'un sommeil léger et pendant peu de temps (aussi somnoler). Malade qui sommeille. « Dans le break, en revenant, tous les hommes, hormis Jean, sommeillèrent » (Maupassant).
2(XVIIe) Fig. Ne pas se manifester, exister à l'état latent. somnoler. Sa raison sommeillait. Loc. prov. Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille : l'homme le plus réservé peut devenir salace à l'occasion.
⊗ CONTR. Réveiller (se).

sommeiller verbe intransitif (de sommeil) Dormir d'un sommeil léger et qui ne dure jamais longtemps : Certains sommeillaient pendant le discours. Littéraire. Être dans un état de torpeur, d'inertie : L'hiver est la saison où la nature sommeille. Exister sans se manifester, être à l'état latent : Les passions qui sommeillent en lui.sommeiller (citations) verbe intransitif (de sommeil) Charles Monselet Nantes 1825-Paris 1888 Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille. Commentaire L'attribution de ce vers à Monselet est contestée. Il pourrait avoir pour auteur le sculpteur Auguste Préault (1809-1879). ● sommeiller (synonymes) verbe intransitif (de sommeil) Dormir d'un sommeil léger et qui ne dure jamais longtemps
Synonymes :
- roupiller (familier)
- somnoler

sommeiller
v. intr.
d1./d Dormir d'un sommeil léger.
d2./d Fig. Exister de manière potentielle, latente. Les désirs qui sommeillent en nous.

⇒SOMMEILLER, verbe intrans.
A. — 1. Vieilli ou littér. Dormir, être plongé dans le sommeil. Notre homme dans son coin, Après force saluts, s'assit, puis avec soin Rangeant ses vêtements et fermant la paupière, S'endormit au roulis du coche dans l'ornière. Tandis qu'il sommeillait en ronflant doucement, J'examinai son air et son accoutrement (BARBIER, Satires, 1865, p. 122). Tout sommeillait encore dans la pension. Seule, une vieille femme lavait le carrelage du vestibule (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 437).
2. Dormir d'un sommeil peu profond, de courte durée, être à la limite du réveil ou de l'endormissement. Synon. somnoler, être assoupi. Comme les domestiques sommeillaient dans la cuisine, elle le conduisit elle-même jusqu'à la porte qui donnait sur le jardin et elle le regarda s'enfoncer dans la nuit (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Après, 1890, p. 106). Il se mit à penser à la toile commencée, en détail, il y pensait encore en sommeillant ... Puis il s'endormit tout à fait (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 243).
[Dans des expr. pléonastiques] Ce gros garçon endormi ne sommeillait jamais que d'un œil, comme les chats à l'affût devant un trou de souris (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 83). Étourdis et bercés, écœurés de chaleur, de fatigue et de mauvais vin, on sommeillait à moitié, trop secoués cependant pour dormir (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 218).
Sommeiller sur. S'endormir sur un livre, sur son ouvrage. Cette après-midi, quand je fus introduit dans le cabinet de M. Renan, l'illustre académicien sommeillait légèrement sur d'antiques grimoires (BARRÈS, M. Renan, 1888, p. 35). Les fonctionnaires sommeillant sur les dossiers poussiéreux dans les locaux par extraordinaire aérés (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 304).
3. P. anal.
a) Vieilli, littér. Dormir du sommeil éternel. Regarde cette tombe où sommeille mon père; Chargé d'ans et de gloire il finit sa carrière (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 79).
b) [Le suj. désigne la nature, un phénomène naturel] Être dans un état d'engourdissement, d'inertie le plus souvent provoqué par la saison froide. L'hiver la nature sommeille (FRANCE ds Lar. Lang. fr.).
B. — Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Être inactif, se laisser aller à la passivité. Le proverbe a bien raison: il n'est pire eau que l'eau qui dort. Moi, j'ai sommeillé quarante ans, sauf un ou deux écarts de jeunesse (ARNOUX, Paris, 1939, p. 12):
Va, ne crains rien. Secoue avec un poing puissant
Le siège apostolique où sommeille Innocent;
Allume sa colère aux flammes de la tienne;
Et qu'il songe à sauver la provence chrétienne
Des légions de loups qui lui mordent les flancs...
LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 94.
Empl. trans., rare. M. l'Églantin qui avait longtemps, à l'ombre de l'Institut, où il était conservateur de cartographie chimérique sommeillé son existence (TOULET, Comme une fantaisie, 1918, p. 96).
b) Faire preuve de négligence, de relâchement. Même le bon Homère sommeille quelquefois: les plus grands parmi nos maîtres, les plus exigeants envers eux-mêmes, ont tous sur la conscience quelque référence fausse, quelque contresens malencontreux (MARROU, Connaiss. hist. 1954, p. 234).
c) [Le suj. est la personnification d'un idéal, d'une fonction, d'un comportement] Être à l'état latent en quelqu'un. La poésie est la sœur germaine de l'humour; dans tout vrai poète, un mystificateur sommeille. Malheur à lui et à nous s'il ne se réveille jamais! (BREMOND, Poés. pure, 1926, p. 86). Il y a dans chaque français un plaideur qui sommeille, formaliste, obstiné, et qui sait son droit (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 261).
Loc. proverbiale. Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille (A. PRÉAULT, 1879 ds ROB. 1985). L'homme le plus réservé peut à l'occasion se montrer licencieux en paroles ou en actes. [P. allus. littér.] Dans mon cœur dort na - na - na -na... C'est agaçant de ne pas pouvoir retrouver les paroles. Qu'est-ce qui peut bien dormir dans mon cœur?... Le cochon qui sommeille? songea-t-il en souriant (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 860).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) [Le suj. désigne un affect, une faculté, une idée] Exister, être en puissance, à l'état latent en quelqu'un. Ce rôle, cette pièce, éveillèrent les coquetteries qui sommeillaient dans le cœur de Marthe (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 268). L'abstraction, la généralisation, l'analyse, la synthèse. Tous ces procédés généraux de la pensée, qui sommeillaient chez l'homme, mais que l'homme n'avait pas encore reconnus, entraient désormais au service de la raison humaine (Gds cour. pensée math., 1948, p. 229).
b) ) Être momentanément sans objet, inactif, sans possibilité d'exister. Il m'a aimée un moment de bonne foi, ou plutôt il a cru m'aimer, mais l'ancien amour qui sommeillait a crevé le léger amour qui ne faisait que de naître et s'est rallumé plus fort que par le passé (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 182). L'expérience vient ensuite confirmer ces pressentiments; les besoins qui sommeillaient s'éveillent, se déterminent, prennent conscience d'eux-mêmes et s'organisent (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 258).
) Être mis en sommeil, maintenu en l'état. À la suite de ce rejet, la question de l'achèvement du système monétaire de la république sommeilla jusqu'en l'an X (SHAW, Hist. monnaie, 1896, p. 138). On a décidé en effet dans une louable intention, pour que les dossiers ne sommeillent pas, que toute demande en concession serait immédiatement instruite sans attendre l'examen au fond (CHARDON, Trav. publ., 1904, p. 330).
c) P. anal. Il lui a plu [au ruisseau], après avoir glissé, docile et muet, dans les prairies, de faire ici une légère pirouette et d'y amasser un peu de sable pour y sommeiller un instant avant de reprendre sa marche silencieuse et mesurée (SAND, M. Sylvestre, 1866, p. 245).
REM. Sommeillage, subst. masc., hapax. Fait de dormir à demi, de somnoler. D'ordinaire il dort profondément quand il en a besoin, au lieu qu'ici ce n'avait été tout le jour qu'un sommeillage, disait-il (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 196).
Prononc. et Orth.:[], [--], (il) sommeille [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIe s. judéo-fr. (RASCHI Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 132, 962: someil(l)ier « sommeiller »); 1re moit. XIIe s. « dormir » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, III, 5, p. 3: Jo dormi, e si sumeillai), vieilli dep. le XVIIe s.; 2. 1re moit. XIVe s. somoyller « dormir légèrement » (ROQUES t. 1, III, 2238); 1531 sommeiller « id. » (R. ESTIENNE, Dictionarium, p. 137 recto ds QUEM. doc. DDL). Dér. de sommeil; dés. -er. Fréq. abs. littér.:670. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 856, b) 1 094; XXe s.: a) 1 385, b) 697.
DÉR. Sommeillement, subst. masc. a) Action de sommeiller et, p. ext., somnolence. Un jour, M. F... fatigué par des labeurs incessants, a inventé le sommeillement, intermédiaire entre l'état de veille et celui de sommeil (GRISON, Paris, 1882, p. 242). b) Mise en sommeil de quelque chose. Seule alors, elle s'installait à sa place aimée. Passant là des heures au soleil, elle usait leur lourdeur dans une vague rêvasserie de sieste, une sorte de sommeillement d'idées (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 29). []. 1res attest. 1869 sommeillement d'idées (GONCOURT, loc. cit.), 1877 sommeillement « action de dormir » (LITTRÉ Suppl.); de sommeiller, suff. -ment1. Cf. l'a. fr. someillement « sommeil » fin XIIe s. (Sermons St Bernard, 47, 22 ds T.-L.: somillement) — ca 1370 (GUILLAUME BRITON, Vocab. lat.-fr., éd. E.-A. Escallier, p. 333, n ° 825: soumelemens), someillance « sommeil léger » 2e moit. XIVe s. (ROQUES t. 1, IV-V, 2631: sommeillance), someillant « sommeil » XIIIe s. (Pass. D. N., ms. S. Brieuc, f ° 53c ds GDF.: sommeillant), someillon « demi-sommeil » XIIIe s. ds T.-L. et GDF.
BBG. — KELLER (H.-E.). Notes d'étymol. gallo-rom. et rom. Mél. Wartburg (W. von) 1968, t. 2, p. 239.

sommeiller [sɔmeje; sɔmɛje] v. intr.
ÉTYM. V. 1265, someiller; sumeiller, v. 1120; de sommeil.
1 Vx ou littér. Dormir, être en plein sommeil. || « La nuit quand tout sommeille » (Académie).
2 (V. 1330). Dormir d'un sommeil léger et pendant peu de temps ( aussi Somnoler). || Si sur le point du jour parfois il sommeillait (→ Éveiller, cit. 2). || Malade qui sommeille (→ Paralyser, cit. 2). || Sommeiller dans son fauteuil (→ Étendre, cit. 53), au sermon (→ Languir, cit. 9).(Animaux). → Graisse, cit. 4.
1 Dans le break, en revenant, tous les hommes, hormis Jean, sommeillèrent. Beausire et Roland s'abattaient, toutes les cinq minutes, sur une épaule voisine qui les repoussait d'une secousse.
Maupassant, Pierre et Jean, VII.
2 (…) dans le grand fauteuil de paille, Malivoire veillait, sommeillant, à demi endormi et ne dormant pas encore.
Ed. et J. de Goncourt, Sœur Philomène, p. 271.
3 (1871). Fig. Ne pas se manifester, exister à l'état latent. || Hérédité (cit. 17) qui sommeille au fond de qqn. || Sa raison sommeillait (→ Fil, cit. 8). || Une passion qui sommeille. — ☑ Loc. prov. || « Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille » (A. Préault, 1879) : l'homme le plus réservé peut devenir salace à l'occasion.
4 (1808). Choses. Être momentanément sans activité. || La nature sommeille pendant les mois d'hiver.|| « Au bout de peu de mois, il ne paraissait plus que son intelligence avait sommeillé si longtemps » (Gide, in G. L. L. F.).
CONTR. Réveiller (se).
DÉR. Sommeillant, sommeillement.

Encyclopédie Universelle. 2012.