réveiller [ reveje ] v. tr. <conjug. : 1>
• revillier 1195; de re- (à valeur de renforcement) et éveiller
I ♦
1 ♦ Tirer du sommeil. Réveiller qqn. « Je me souviens d'avoir été une fois réveillé en sursaut par un fantôme très effrayant » (Maine de Biran). PROV. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort : il ne faut pas aller imprudemment au-devant des dangers, des difficultés.
♢ Ramener à la conscience, à la vie. Réveiller une personne évanouie. Loc. Un bruit à réveiller les morts.
2 ♦ Fig. Tirer du repos, ramener à l'activité (qqn). « L'exemple des journées d'Octobre a réveillé les peuples de l'accablement où l'oppression capitaliste les maintenait » (A. Gide). — Spécialt Rappeler (qqn) à la réalité. ⇒ secouer.
♢ (Compl. chose) Réveiller une douleur. ⇒ aviver, ranimer, raviver. Réveiller la curiosité. ⇒ stimuler. Réveiller le courage, les consciences. ⇒ exalter, galvaniser . « La vue de l'or peut réveiller sa cupidité » (Lesage). Réveiller les rancunes, les jalousies. ⇒ ranimer. Odeurs, bruits qui réveillent des souvenirs. ⇒ éveiller, évoquer, rappeler.
II ♦ SE RÉVEILLER v. pron.
1 ♦ Sortir du sommeil. ⇒ s'éveiller. Réveille-toi, c'est l'heure. Se réveiller en sursaut. « Dès l'aube, il se réveillait d'un court sommeil » (Barrès). — Se réveiller frais et dispos; fatigué, de mauvaise humeur. Par ext. Se réveiller après une anesthésie, un coma : reprendre conscience. ⇒ revenir (à soi). — Il est mal réveillé, il dort à moitié.
2 ♦ Reprendre une activité, passer à l'action après une longue inaction. Se réveiller de sa léthargie, de sa torpeur. — Revenir à la réalité. ⇒ se secouer.
♢ (Choses) Reprendre de la vigueur. Ses rhumatismes se sont réveillés. « Quel feu mal étouffé dans mon cœur se réveille ? » (Racine). Souvenirs qui se réveillent.
⊗ CONTR. Endormir; assoupir. Apaiser, engourdir.
● réveiller verbe transitif (de éveiller) Tirer du sommeil quelqu'un, un animal, les ramener à l'état de veille : Se faire réveiller par téléphone. Ramener quelqu'un à la conscience : Réveiller un sujet en état d'hypnose. Faire sortir quelqu'un de son apathie, de son inactivité : Un élève qu'il faut réveiller de temps à autre. Ramener à l'activité ce qui est assoupi, ce qui existe à l'état latent : Réveiller une passion. ● réveiller (homonymes) verbe transitif (de éveiller) ● réveiller (synonymes) verbe transitif (de éveiller) Tirer du sommeil quelqu'un, un animal, les ramener à l'état...
Synonymes :
- éveiller
Contraires :
- endormir
Faire sortir quelqu'un de son apathie, de son inactivité
Synonymes :
- secouer (familier)
- stimuler
Contraires :
Ramener à l'activité ce qui est assoupi, ce qui existe...
Synonymes :
- attiser
- exalter
- exciter
- ranimer
- rappeler
- raviver
- réchauffer
Contraires :
- amortir
- apaiser
- atténuer
- calmer
- estomper
- éteindre
- étouffer
- freiner
réveiller
v. tr.
d1./d Tirer (qqn) du sommeil.
|| v. Pron. Sortir du sommeil.
d2./d Fig. Tirer de sa torpeur; ranimer. Réveiller des souvenirs.
|| v. Pron. L'économie du pays se réveille.
⇒RÉVEILLER, verbe trans.
A. — Réveiller qqn
1. Tirer du sommeil. Réveiller qqn brutalement, en le secouant; être réveillé par un bruit; réveiller un animal. C'était l'acuité de cette douleur qui avait réveillé Swann (PROUST, Swann, 1913, p. 317). À trois heures du matin, en plein hiver, elle se payait le luxe de réveiller tous les garçons en tirant d'un coup la couverture (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 124). Empl. pronom. Sortir du sommeil. Se réveiller en sursaut; se réveiller avant l'aurore. Tuez-vous pour au moins n'avoir jamais plus à vous souvenir, à vous réveiller la nuit, en sueur, tordu d'angoisse, parce que vous ne voulez pas, parce que vous ne pouvez pas cesser de vous souvenir! (CAMUS, Requiem, 1956, 1re part., 2e tabl., p. 841). [Constr. avec un attribut du suj.] Se réveiller fatigué, reposé. L'indifférent, qui sous l'ombrage heureux s'est endormi, se réveille amoureux (BAOUR-LORMIAN, Veillées, 1827, p. 279). Mon vieux, fais attention que demain tu pourrais te réveiller fou, idiot, ou ne pas te réveiller du tout (GIDE, Journal, 1919, p. 679).
P. ext. De plus en plus je redoute de faire corps avec la figure qu'on a substituée à la mienne, avec un Jean Cocteau que je ne connais pas et que je refuse de connaître, bref, de me réveiller un jour identifié à ce double (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 182).
— Proverbe. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort.
2. P. ext. Ramener à la conscience, à la vie (quelqu'un d'inconscient, d'évanoui). — Je cours, dit l'apothicaire, chercher dans mon laboratoire, un peu de vinaigre aromatique. Puis, comme elle rouvrait les yeux en respirant le flacon: — J'en étais sûr, fit-il; cela vous réveillerait un mort (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 48). On le retournait dans son lit, on épongeait son visage en sueur, on le forçait de boire — et tout cela peut-être bien pour le réveiller de la mort (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 532). P. métaph. Ressusciter. Des moines-soldats! C'était de quoi réveiller les proconsuls dans leurs tombes (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1219). Empl. pronom. Sortir d'un état d'inconscience. Les couleurs qui remontaient sur ses joues (...) m'annoncèrent qu'elle allait se réveiller de son évanouissement (LAMART., Raphaël, 1849, p. 231).
— Loc. fam. (Un bruit) à réveiller les morts; (crier) à réveiller les morts. Très fort. Zimmer, le coude en équerre, sonnait une fanfare à réveiller les morts (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 178). Les femmes poussaient des cris à réveiller les morts (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 147).
Rem. La loc. fam. à réveiller les morts est empl. dans des domaines autres que le domaine sonore pour qualifier quelque chose d'odeur ou de goût fort, puissant, quelque chose d'énergique, d'excitant. Sa main, onctueuse et toujours caressante, lui semait sous la peau d'ardentes effluves à réveiller les morts, d'irrésistibles désirs (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 122). Elle me lança un coup d'œil, un coup d'œil à réveiller un mort (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 260). V. supra A 2 p. ext. ex. de Flaubert.
3. P. métaph. ou au fig.
a) Ramener à l'activité, faire sortir d'un état de nonchalance, d'inaction, d'apathie. Réveiller qqn de sa léthargie, de sa torpeur. Réveiller le Gaulois qui dort sous l'habit noir de tout Français (ABOUT, Grèce, 1854, p. 463). L'exemple des journées d'octobre a réveillé les peuples de l'accablement où l'oppression capitaliste les maintenait. Le grand cri poussé par l'U.R.S.S. a réveillé tous les espoirs (GIDE, Journal, 1933, p. 1183). Empl. pronom. réfl. Reprendre de l'activité, sortir d'un état d'inactivité, de torpeur, d'assoupissement. Aujourd'hui (...) le peuple s'est réveillé, et (...) l'épée de la République a été tirée contre les monarchies (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p. 80). Je désespère de voir le pays se réveiller de son assoupissement, lorsque l'atonie française m'apparaît sans remède et que ce grand peuple me semble résolu à demeurer couché à jamais dans l'ombre de la mort (MAURIAC, Bloc-Notes, 1958, p. 75).
b) En partic. Ramener à la réalité. Je continue à marcher, perdu dans les rêves bêtes (...) quand j'entends un homme, arrêté contre le quai, dire à un autre: « Alors, ils vont nous tomber sur le dos! » Cette phrase me réveille et me donne immédiatement la certitude que Strasbourg s'est rendu (GONCOURT, Journal, 1870, p. 625). Empl. pronom. Revenir à la réalité:
• 1. La raison est en défaut et sommeille dès que je me répands au dehors par les sens. J'aurais besoin de me dire à chaque instant (comme Antonin se disait à lui-même): « Réveille-toi, rappelle tes esprits et reconnais que ce qui te trouble n'est que songe. Réveille-toi encore et fais de tous les accidents de la vie le même jugement que tu as fait de ce songe ». Mais je m'échappe à moi-même et je m'évanouis dans les songes de chaque jour.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 173.
B. — Réveiller qqc.
1. Ranimer, raviver, redonner de la vigueur; faire sortir d'un état d'inaction, de torpeur. Réveiller l'appétit, le courage, une douleur, une querelle, un sentiment; réveiller la végétation, la nature. Pour réveiller quelque signe de vie, Je jetais au blessé l'eau froide du courant (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 619). Ce qu'il faut, c'est rester bien tranquille. Tâcher de ne pas réveiller son attention (MICHAUX, Plume, 1930, p. 151).
♦ Réveiller qqc. en qqn. Peut-être pourra-t-on, avec des soins, réveiller en lui quelque lueur d'intelligence! (VERNE, Île myst., 1874, p. 351). Les mots abstraits, les phrases savantes réveillent en lui une timidité naturelle que le cynisme ne recouvre qu'à peine (BERNANOS, Crime, 1935, p. 833).
— Empl. pronom. Reprendre de la vigueur; sortir d'un état d'inaction, de torpeur. Douleur, passion qui se réveille. M. Hennebeau, devant l'entente si étroite de sa femme et de son neveu, sentit se réveiller l'abominable soupçon (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1316). Le Drac, avait dit l'abbé, est un des plus redoutables torrents qui soient en France; actuellement, il se montre placide, presque tari, mais vienne la saison des ouragans et des neiges, il se réveille, pétille ainsi qu'une coulée d'argent (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 15). V. léthargie ex. de Gide. [Constr. avec un attribut du suj.] La nature se réveille toute fraîche, mais l'homme, d'avoir dormi, garde une bouche amère (RENARD, Journal, 1902, p. 783).
— [Le compl. désigne une couleur, un tableau] Raviver, éclairer. Couleur qui en réveille une autre. À toutes les questions un peu vaines, Rembrandt pourrait répondre ceci: « Cette enfant [dans La Ronde de nuit], c'est un caprice (...) il m'a convenu de réveiller par un éclair un des coins obscurs de mon tableau (...) » (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 314).
2. En partic. Rappeler à la mémoire, à l'esprit. L'aspect de la ville est (...) singulièrement propre à réveiller une foule de souvenirs et d'idées (STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 75):
• 2. ... j'ai ouvert quelques-uns des livres que j'avais expédiés ici en 1937; j'y ai trouvé des notes gribouillées sur des enveloppes ou sur des invitations à dîner. Ces papiers, qui n'étaient que du papier au moment où je les glissai entre les pages d'un roman, sont devenus à mes yeux des objets sans prix qui réveillent des souvenirs de bonheur tout au fond de ma mémoire.
GREEN, Journal, 1941, p. 67.
REM. Réveillement, subst. masc., hapax. Et les feuilles vertes se miraient aux vitres vertes dans le réveillement du ciel devenu vert (JAMMES, De l'angélus, 1898, p. 16).
Prononc. et Orth.: [], [--], (il) réveille [-]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1155 trans. « tirer (une personne) de son sommeil » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 10755); ca 1165 inf. subst. au resvillier (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 842); 1re moit. XIIIe s. réfl. (Des Tresces, 281 ds Fabliaux, éd. Ph. Ménard, t. 1, p. 103); fin XIVe s. trans. (FROISSART, Chron., éd. A. Mirot, I, § 568, t. 7, p 16); b) ca 1440 trans. « faire revenir d'un évanouissement » (Amant rendu Cordelier, éd. A. de Montaiglon, 1595); c) 1576 intrans. « sortir d'un état léthargique » (Navig. Comp. Bouteille, II ds HUG.); 1690 trans. (FUR.: on picque, on tourmente les lethargiques pour les reveiller); 2. fig. a) 1269-78 trans. « tirer de l'inaction » resveillier [les bues ] aus acuillons (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 19693); fin XIVe s. réfl. (FROISSART, op. cit., III, § 229, t. 14, p. 167: Charles de Boesme ne dormy pas sus ceste besoingne, mais se resvilla); b) id. « redonner vie, acuité (à une chose) » trans. (ID., op. cit., III, § 234, t. 14, p. 176: que il revillast son droit envers la duchesse de Braibant); 1677 réfl. (RACINE, Phèdre, IV, 5: Quel feu mal étouffé dans mon cœur se réveille?). Dér. de éveiller; préf. re-. Réveiller, qui, par son préf. à valeur intensive, signifiait propr. « tirer de son sommeil par un procédé ou à une heure inhabituels » tend, dans la lang. commune, à évincer le verbe simple. Fréq. abs. littér.: 6 451. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 8 624, b) 9 271; XXe s.: a) 10 890, b) 8 553.
DÉR. Réveilleur, -euse, subst. a) Subst. masc. ) Autrefois, garde de nuit qui criait les heures dans certaines villes. (Dict. XIXe et XXe s.). ) Religieux qui était chargé de réveiller les autres religieux pour les offices de nuit. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Celui, celle qui réveille, a la charge de réveiller quelqu'un. Les rouleurs de Calais (...) embauchaient un nombre (...) d'hommes « à la semaine » et se répartissaient en équipes de jour et de nuit. On reconnaissait leurs maisons dans le Minck, au fil d'appel tiré de la rue par le réveilleur (HAMP, Champagne, 1909, p. 192). Au fig. ou p. métaph. Le dernier mot de l'émission [sur Pascal à la Radio] a été prononcé par Béguin qui a appelé Pascal un grand réveilleur (GREEN, Journal, 1954, p. 312). Empl. adj. Dans un creux sauvage et muet (...) Loin des bruits réveilleurs d'échos, Un fouillis de coquelicots Songe et frissonne (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 231). Le chant se transforma en fanfare de guerre, joyeuse, ardente (...) sous laquelle se traînent les sons prolongés, les accents étouffés de la première mélodie réveilleuse de pensées (BARRÈS, Mystère, 1923, p. 86). — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) Subst. ) 1540 masc. « celui qui excite » (LA GRISE, tr. Guevara, I, 17 ds HUG.), ) 1542 « celui qui réveille » fig. resveilleur des esprits endormys (HÉROET, Parfaicte amye, l. III, p. 62, ibid.), ) 1584 (G. BOUCHET, 1re Seree [I, 46], ibid.: le crieur des trespassez, qu'on appelle le resveilleur [...] le resveilla par son cri), 1704 « (dans un monastère) religieux qui éveille les autres » (Trév.), 1854-60 fém. « personne du quartier du Temple qui éveille les commerçants » (PRIVAT D'ANGLEMONT ds Lar. 19e), 1882 masc. « id. » (GRISON, Paris, p. 116), b) adj. 1923 (BARRÈS, loc. cit.); de réveiller, suff. -eur2.
réveiller [ʀeveje; ʀevɛje] v. tr.
❖
1 Tirer (qqn, un animal) du sommeil, faire passer du sommeil à l'état de veille. ⇒ Éveiller. — Réveiller qqn (→ Matin, cit. 11; muletier, cit. 1; planton, cit.), le réveiller en sonnant une cloche (→ Garde-chasse, cit.). || Réveiller une personne d'un profond sommeil. || « Mais c'est le coq gaulois (cit. 3) qui réveille le monde » (Hugo). || Il fut réveillé dès l'aube par le grincement d'une pompe (cit. 2). → aussi Formidable, cit. 6; 2. mat, cit. 5. || Le bruit du canon ne les réveillerait pas (→ Mâchoire, cit. 1), ils dorment très profondément. — ☑ Prov. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort.
1 (…) j'ai ouï dire à mon père qu'il y avait dans ce château une princesse, la plus belle qu'on eût su voir; qu'elle y devait dormir cent ans et qu'elle serait réveillée par le fils d'un roi, à qui elle était réservée.
Ch. Perrault, la Belle au Bois dormant.
2 Je me souviens d'avoir été une fois réveillé en sursaut par un fantôme très effrayant dont il m'était impossible à l'instant même de rappeler la forme. J'ai très présent le sentiment de terreur où j'étais au moment du réveil et encore assez longtemps après.
Maine de Biran, Du physique et du moral de l'homme, II, V.
♦ (1690). Ramener à la conscience, à la vie. || Il s'évanouit (cit. 17), on le réveilla à force de vinaigre et de vin. || Réveiller un hypnotisé, un somnambule. — Par métaphore. Ressusciter. ☑ Pousser des cris à réveiller les morts (3. Mort, cit. 15). || Un bruit à réveiller les morts, très fort.
3 C'était l'instant funèbre où la nuit est si sombre,
Qu'on tremble à chaque pas de réveiller dans l'ombre
Un démon, ivre encor du banquet des sabbats (…)
Hugo, Odes et Ballades, Ballade VIII.
4 Mais craignez que vos airs bachiques
Ne réveillent les morts de leur repos sanglant.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Le Rhin allemand ».
2 (V. 1360). Par métaphore ou fig. Tirer du repos, ramener à l'activité (une personne). || Il est des défaites qui réveillent (→ Abâtardir, cit. 2). — Spécialt. Rappeler (qqn) à la réalité.
5 (…) une sorte d'électricité qui fait jaillir des étincelles, soulage les uns de l'excès même de leur vivacité, et réveille les autres d'une apathie pénible.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XI.
♦ (Compl. n. de chose). || Réveiller ses muscles, ses membres en se donnant du mouvement. ⇒ Dérouiller. || Réveiller une douleur. ⇒ Aviver, ranimer, raviver, ressusciter. || La puberté avait réveillé une lésion endormie (cit. 37). || Réveiller l'appétit de qqn. ⇒ Exciter (→ Fougasse, cit.). || Réveiller la curiosité d'une personne (→ Grammaire, cit. 7). ⇒ Stimuler. || Réveiller le courage. ⇒ Exalter, galvaniser. || Réveiller un sentiment. ⇒ Revivifier. || L'occupation réveillait de vieilles querelles (→ Occuper, cit. 14). || « Ne réveillez pas le chagrin (2. Chagrin, cit. 12) qui dort ». — (XVIIIe). Spécialt. Rappeler à la mémoire, à l'esprit. || Odeurs, bruits… qui réveillent des souvenirs (→ Échapper, cit. 43; joute, cit. 3). || Idée qu'une chose réveille (→ Grève, cit. 8). ⇒ Éveiller, évoquer.
6 Sais-tu bien que (…) son air languissant et ses larmes ont réveillé en moi quelques petits restes d'un feu éteint ?
Molière, Dom Juan, IV, 7.
7 (…) la vue de l'or peut réveiller sa cupidité. Il ne faut pas mettre dans une cave un ivrogne qui a renoncé au vin.
A. R. Lesage, Gil Blas, X, VI.
8 (…) aucun esprit de libertinage, rien de ces talents propres à réveiller la langueur d'hommes blasés.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 605.
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se réveiller v. pron.
1 (V. 1265). Sortir du sommeil (→ Appesantissement, cit. 2; étendre, cit. 31; rature, cit. 1). ⇒ Éveiller (s'). || Réveille-toi, il est quatre heures (cit. 31) passées. || Nous nous réveillions avant l'aurore (→ Pyjama, cit. 1). || Se réveiller en sursaut. || Une somnolence dont il ne se réveillait que pour dire des choses désobligeantes (cit. 2). — Au p. p. || Te voilà réveillée, horreur ! (cit. 45). || Être bien réveillé, mal réveillé.
9 (…) quand je me réveillais ainsi, mon esprit s'agitant pour chercher (…) à savoir où j'étais, tout tournait autour de moi dans l'obscurité, les choses, les pays, les années.
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 6.
♦ (Avec un attribut). || Je me réveillais plus las encore (→ Dormir, cit. 9), courbaturé (→ 1. Grippé, cit.). || Se réveiller reposé et gaillard (cit. 3), en gaieté (→ Blasphématoire, cit. 2). || Se réveiller frais et dispos, en forme.
10 On s'écrasait aux ponts pour passer les rivières,
On s'endormait dix mille, on se réveillait cent.
Hugo, les Châtiments, v, XIII.
11 Dès l'aube, il se réveillait d'un court sommeil (…)
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, X.
2 (1677). Par métaphore ou fig. Reprendre une activité, passer à l'action après une longue inaction. || Graine (cit. 2) qui se réveille. || Se réveiller de sa torpeur. || Lorsqu'une nation se réveille de cette longue léthargie (cit. 4)… Fam. || Allons, réveille-toi ! ⇒ Secouer (se). || Les puissances occultes (cit. 3) se réveillent. || Nous allons voir les oppositions se réveiller (→ Désarmer, cit. 14).
♦ (Choses). Reprendre de la vigueur. || Douleurs assoupies qui se réveillent (→ Aggraver, cit. 7). || Quelle passion endormie (cit. 36) se réveilla dans son cœur ! « Quel feu mal étouffé (cit. 56) dans mon cœur se réveille ? » (Racine). — Revenir en mémoire. || Souvenirs qui se réveillent.
12 — C'est que si je me réveille, mon mal de gorge pourra bien se réveiller aussi, et que je pense qu'il vaut mieux que nous reposions tous deux (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 714.
13 Les nobles sentiments refoulés au fond des cœurs se réveillèrent.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 2.
14 Il crie à son peuple, furieux qu'on le tire du noir sommeil : Debout ! Qu'il vous souvienne des Vikings ! Assez dormi dans la vase ! Réveillez-vous (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
15 C'est que les rancunes, les haines même qu'il avait fait naître et que seule avait assoupies la terreur, au lendemain de l'émeute, se réveillaient déjà, plus vives pour avoir été contenues.
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, IX.
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réveillé, ée p. p. adj.
♦ Voir ci-dessus à l'article.
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DÉR. Réveil, réveilleur, réveillon.
COMP. Réveille-matin.
Encyclopédie Universelle. 2012.