1. bas, basse [ ba, bas ] adj., n. m. et adv.
• déb. XIIe; bas lat. bassus
I ♦ Dans l'espace
1 ♦ Qui a peu de hauteur. Maison basse. Mur bas. Salle basse. Un appartement bas de plafond. Table basse. Voiture très basse. ⇒ surbaissé. Loc. Être bas sur pattes : avoir les pattes, les jambes courtes (fam. Être bas du cul). Avoir le front bas.
2 ♦ Qui se trouve à une faible hauteur. Plafond bas. Les branches basses d'un arbre. Pantalon taille basse. — Les nuages sont bas; par ext. Ciel bas. Soleil bas, proche de l'horizon. — CE BAS MONDE : la terre (opposé à ciel). En ce bas monde. Ici-bas. ⇒ ici. — Bas-ventre (voir ce mot). Coup bas.
3 ♦ Dont le niveau, l'altitude est faible. Les basses eaux. ⇒ étiage. Marée basse, basse mer. Se baigner à marée basse. — Côte basse. Les Pays-Bas. Les basses Alpes. Le bas Rhin : la région où le Rhin coule à faible altitude. ⇒ inférieur. La partie basse d'une ville, la basse ville, les bas quartiers.
4 ♦ (Dans des loc.) Baissé (opposé à levé). Marcher la tête basse. — Fig. S'en aller l'oreille basse. ⇒ confus, honteux, humilié, mortifié (cf. La queue entre les jambes). — Faire main basse sur qqch., s'en emparer. — Avoir la vue basse, une vue courte qui force à se baisser pour distinguer un objet. Fig. Manquer de perspicacité. « Tous les utopistes ont eu la vue trop basse et ont manqué d'esprit de prévision » (Vigny).
5 ♦ (Sur l'échelle des degrés d'intensité) ⇒ faible. Zones de basse pression. La température est basse. À basse altitude. — Spécialt (dans l'échelle des notes) ⇒ grave. Les notes basses. Une voix basse. ⇒ 1. basse (2o). — Par ext. Dont le registre est grave. ⇒ 1. basse (1o). Clarinette basse. ⇒ 2. basset.
♢ (Dans l'échelle des sons) À voix basse : en parlant très doucement. — Messe basse (opposé à grand-messe) :messe non chantée, où le prêtre ne fait que réciter les prières. Loc. fam. Faire des messes basses : dire qqch. à qqn en faisant en sorte que les autres n'entendent pas. ⇒ aparté.
6 ♦ Fig. Peu élevé dans un compte, dans l'échelle des valeurs. Acheter une marchandise à bas prix. ⇒ modéré, modique. Céder qqch. à très bas prix (cf. À vil prix). Une politique patronale de bas salaires. Les cours (de l'or, de la Bourse) sont plus bas qu'hier. — AU BAS MOT : en faisant l'évaluation la plus basse, la plus faible. Cela vaut un million, au bas mot. — Basses cartes : les cartes qui ont la moindre valeur. Bas morceaux : en boucherie, les morceaux de qualité inférieure, de prix moindre.
♢ (Dans le rang, la hiérarchie) ⇒ inférieur, subalterne. Le bas peuple. Le bas clergé. Basse origine, naissance, extraction, condition. De bas étage. — Chambre basse : la Chambre des communes en Angleterre, opposée à la Chambre haute, la Chambre des lords.
♢ Au moral Dicté par l'instinct égoïste, l'intérêt, l'absence de sens moral. ⇒ abject, avilissant, dégradant, grossier, honteux, ignoble, indigne, infâme, lâche, méprisable, mesquin, odieux, servile, vil. Âme basse. « L'intérêt est quelque chose de si bas » ( Molière). Sentiments bas. De basses actions. Basse complaisance, envie, jalousie. Cour. Basses besognes. Une basse vengeance. — (Vx) Terme bas. ⇒ vulgaire.
II ♦ (Dans le temps) Qui est au début. Enfant en bas âge, très jeune. — Se dit de la partie d'une période historique qui est la plus proche de nous. Le Bas-Empire : l'Empire romain après Constantin. « La basse latinité » (Voltaire). — Par ext. Bas latin : le latin qui succède au latin impérial et se pratique pendant tout le Moyen Âge.
III ♦ N. m.
1 ♦ La partie inférieure. Le bas d'une montagne. ⇒ base, pied. Le bas de l'escalier. Le bas d'une page. Notes en bas de page. Jupe qui s'évase vers le bas, brodée dans le bas. — Typogr. Bas de casse. — Fig. Le bas de la hiérarchie. Le bas d'une gamme de produits. Ellipt Un produit bas de gamme. — DU HAUT, DE HAUT EN BAS. ⇒ haut. Aller de bas en haut. Du bas jusqu'en haut. Regarder qqn de bas en haut, des pieds à la tête. ⇒ toiser. — Loc. prép. AU BAS DE... Apposer sa signature au bas d'une page. Être au bas de l'échelle sociale.
2 ♦ Fig. Des hauts et des bas : des alternances de bon et de mauvais état (santé, humeur, affaires). Le malade a des hauts et des bas.
IV ♦ Adv.
1 ♦ À faible hauteur, à un niveau inférieur. Les hirondelles volent bas. S'incliner très bas en saluant. Mettre une chose plus bas qu'elle n'était. ⇒ abaisser, baisser, descendre. Descendre plus bas dans un puits. ⇒ profond. Il habite deux étages plus bas. ⇒ au-dessous. « L'oreille attachée un peu bas » (Colette). — Loc. fig. Ça vole bas : c'est d'un faible niveau intellectuel, c'est peu intéressant (en parlant d'une discussion, d'une plaisanterie, etc.) (cf. Ce n'est pas très fort; ça ne vole pas haut). — Fig. et fam. Mettre qqn plus bas que terre, le rabaisser en en disant beaucoup de mal, le maltraiter.
♢ Fig. TOMBER BAS. Le thermomètre est tombé très bas, au-dessous de zéro. Les cours (de l'or, de la Bourse) sont tombés très bas. — Fig. Est-il possible de tomber si bas ? à un tel degré d'abaissement, d'abjection.
♢ ÊTRE BAS, en mauvais état physique ou moral. Le pauvre vieux est bien bas. Elle est au plus bas. « Un rayon d'espérance, si bas que l'on soit, relève aussi haut qu'on était auparavant » (Pascal).
♢ METTRE (qqn, qqch.) BAS : mettre à terre (ce qu'on portait). ⇒ abandonner, 1. déposer, ôter. « Il met bas son fagot » (La Fontaine). — Mettre bas les armes, les déposer, et fig. se rendre, s'avouer vaincu. — Absolt Mettre bas : accoucher (animaux supérieurs). ⇒ cochonner, pouliner, vêler. « Lorsque la martre est prête à mettre bas » (Buffon). La mise bas. — Chapeau bas ! ⇒ chapeau . — Fam. Bas les pattes ! n'y touchez pas !
2 ♦ Par ext. PLUS BAS : plus loin, dans un écrit. ⇒ après (ci-après), ci-dessous, infra , loin (plus loin). Voyez plus bas.
3 ♦ (Dans l'échelle des notes) Sur un ton grave. Ma voix ne descend pas si bas.
♢ Cour. À voix basse. Parler bas, tout bas. ⇒ chuchoter, murmurer. — TOUT BAS : intérieurement, en secret, à part soi. Dire tout haut ce que chacun pense tout bas.
4 ♦ Loc. adv. À BAS. Mettre, jeter qqch. à bas. ⇒ abattre, démolir, détruire, renverser. — Cri d'improbation (s'oppose à vive !). À bas le fascisme ! « Il y avait eu des cris : À bas Poincaré ! » (Aragon).
5 ♦ EN BAS : vers le bas, vers la terre. La tête en bas. — Au-dessous, en dessous. Il loge en bas, au rez-de-chaussée. Tirer par en bas. — Loc. prép. EN BAS DE. En bas de la côte. Attendez-moi en bas de l'immeuble, (fam.) en bas de chez moi.
⊗ CONTR. Haut; élevé. Levé, 1. relevé. Aigu, 1. fort. Considérable, élevé. Noble, sublime.
⊗ HOM. Bah, bât.
bas 2. bas [ ba ] n. m.
• 1500; ellipse de bas-de-chausses
1 ♦ Vêtement souple qui sert à couvrir le pied et la jambe. Bas de laine, de fil, de coton, de soie. Tricoter des bas. Une paire de bas. Pied, semelle, bout, talonnette, tige d'un bas. Bas court. ⇒ chaussette, mi-bas. Bas à varices.
♢ Spécialt, mod. Vêtement féminin qui couvre le pied et la jambe jusqu'au haut des cuisses. Bas (de) nylon. Bas fins, de vingt décitex. Attacher ses bas à un porte-jarretelles (⇒aussi collant) .
2 ♦ Fig. BAS DE LAINE : cachette où l'on met l'argent économisé (d'après la coutume attribuée au paysan français de garder ses économies dans un bas de laine). Par ext. L'argent économisé.
● bas adverbe À un niveau peu élevé, inférieur au niveau normal : Les actions sont tombées très bas. À une certaine distance de l'endroit, de la période où l'on se trouve : Descendre plus bas dans l'histoire. D'une voix retenue, faible : Parler tout bas. Sur un ton grave, peu aigu : Chanter trop bas. ● bas nom masculin Partie inférieure de quelque chose : Le bas d'une robe, de la page. Le fondement, la base : Évacuer par le haut et par le bas. ● bas nom masculin (de bas-de-chausses) Pièce de l'habillement féminin, en mailles textiles, qui gaine le pied et la jambe entière. ● bas (expressions) adverbe Familier. Bas les mains, les pattes !, n'y touchez pas !, ne me touchez pas ! Être bas, bien bas, être très malade, proche de la mort ; avoir le moral atteint. Mettre bas, faire ses petits, en parlant de la femelle d'un animal. Plus bas, plus loin dans le texte. Tomber bien bas, être dans une grande déchéance morale. Haler bas, amener. Mettre pavillon bas, amener le pavillon. ● bas (homonymes) adverbe bah ! interjection bat forme conjuguée du verbe battre bât nom masculin bats forme conjuguée du verbe battre ● bas (expressions) nom masculin À bas, vers la terre, à terre : Mettre à bas une vieille masure. À bas quelqu'un, quelque chose !, cri d'hostilité envers quelqu'un ou quelque chose. Au bas, en bas de quelque chose, au niveau inférieur, à la base de quelque chose. De bas en haut, depuis la base jusqu'au sommet. En bas, vers le sol : Regarder en bas. En bas (d'une maison), à l'étage inférieur, au rez-de-chaussée, au niveau de la rue. Bas de carré, partie du carré de veau comprenant les cinq premières côtes. Bas de casse, partie inférieure de la casse, où sont rangés les caractères typographiques minuscules. Le bas de l'eau, la marée basse. En bas !, commandement aux hommes de descendre de la mâture. Bas de ligne, partie terminale de la ligne, comprenant généralement la plombée et l'hameçon. ● bas (homonymes) nom masculin bah ! interjection bat verbe bât nom masculin bats forme conjuguée du verbe battre ● bas (synonymes) nom masculin Le fondement, la base
Synonymes :
- base
- bout
- dessous
- pied
- racine
Contraires :
- cime
- comble
- dessus
- faîte
- haut
- sommet
Boucherie. Bas de carré
Synonymes :
- côtes découvertes
Pêche. Bas de ligne
Synonymes :
- empile
● bas (citations)
nom masculin
(de bas-de-chausses)
Napoléon Ier, empereur des Français
Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821
De la merde dans un bas de soie.
Commentaire
Cette définition de Talleyrand a été attribuée à toutes sortes de personnalités, et en particulier à Napoléon s'adressant à l'intéressé lui-même.
● bas (expressions)
nom masculin
(de bas-de-chausses)
Bas de laine, cachette où l'on met de l'argent économisé ; les petites économies, la petite épargne.
Bas diminué ou proportionné, bas mis en forme par diminutions et augmentations.
Bas filet ou indémaillable, bas découpé dans une surface tricotée indémaillable.
Bas à grisotte, bas comportant des dessins ajourés.
Bas sans couture, bas tricoté sur métier circulaire de petit diamètre et mis en forme par variation de la serre.
Bas à varices, bas dont l'élasticité importante comprime la jambe et supplée à la déficience des parois veineuses.
● bas (homonymes)
nom masculin
(de bas-de-chausses)
bah !
interjection
bat
verbe
bât
nom masculin
bats
forme conjuguée du verbe battre
● bas, basse
adjectif
(bas latin bassus)
Peu élevé, moins haut en valeur absolue ou relative : Une chaise basse. Une chambre au plafond bas.
Incliné vers le bas : Marcher la tête basse.
Se dit d'un son grave : Les notes les plus basses d'un instrument.
Qui, géographiquement, occupe une position inférieure par rapport à une autre partie (dite haute) : La basse vallée du Rhône.
Qui correspond à la partie tardive d'une période historique : La basse latinité.
Qui est moindre en grandeur, en quantité, en qualité, en valeur, en rang social : Conserver des aliments à basse température. Les bas salaires. Les basses besognes.
Qui est méprisable, abject : Une basse vengeance.
Phonétique
Se dit d'une voyelle émise avec la langue située dans la partie inférieure de la cavité buccale.
● bas, basse (difficultés)
adjectif
(bas latin bassus)
Emploi
1. En bas de / au bas de. Ces deux locutions sont synonymes : signer au bas de la page ou en bas de la page.
Recommandation Éviter le pléonasme descendre en bas. Mais on peut dire ou écrire : descendre plus bas, descendre très bas, etc.
2. À bas de est aujourd'hui vieilli. « Fabrice se jeta à bas de soncheval »(Stendhal).
3. Bas suivi d'un nom propre. Ne constitue un nom composé avec majuscule et trait d'union que dans la désignation d'une unité administrative ou d'une période historique : le Bas-Rhin, Basse-Terre, le Bas-Empire ; mais la basse Bretagne, la basse Loire.
● bas, basse (expressions)
adjectif
(bas latin bassus)
Au bas mot, au moins (dans une évaluation).
Familier. Avoir l'oreille, la queue, l'échine, la tête basse, être rempli de confusion, très penaud.
Avoir la vue basse, être myope.
À voix basse, en parlant tout doucement.
Bas morceaux, parties du bœuf de boucherie appartenant à la troisième catégorie.
Bas quartiers, quartiers situés dans la partie basse d'une ville, ou habités par les classes populaires.
Basses eaux, état de la mer au moment où les marées sont le moins fortes ; niveau le moins élevé d'un cours d'eau ; période de crise économique, d'activité réduite.
En ce bas monde, ici-bas, sur terre.
Le temps est bas, le ciel est couvert de nuages bas.
Marée basse, mer basse, état de la mer quand le reflux est à son terme.
Bas allemand, ensemble des dialectes germaniques parlés au Moyen Âge dans la plaine d'Allemagne du Nord.
Bas latin, latin du haut Moyen Âge, considéré comme corrompu.
Basses voiles, basses vergues, voiles ou vergues inférieures.
Côte basse, terre basse, terre peu élevée, qu'on aperçoit quand on en est tout près.
● bas, basse (homonymes)
adjectif
(bas latin bassus)
bah !
interjection
bat
forme conjuguée du verbe battre
bât
nom masculin
bats
forme conjuguée du verbe battre
● bas, basse (synonymes)
adjectif
(bas latin bassus)
Peu élevé, moins haut en valeur absolue ou relative
Contraires :
- haut
Incliné vers le bas
Synonymes :
- baissé
- incliné
Contraires :
- haut
Se dit d'un son grave
Synonymes :
- grave
Contraires :
- aigu
- élevé
- fort
Qui est moindre en grandeur, en quantité, en qualité, en...
Synonymes :
- faible
- infime
- modéré
- modique
Contraires :
- considérable
- élevé
- exagéré
- excessif
Qui est méprisable, abject
Synonymes :
- abject
- avili
- dégoûtant
- dégradant
- honteux
- ignoble
- infâme
- méprisable
- vil
Contraires :
- noble
- relevé
- soutenu
- sublime
- vénérable
Phonétique. Se dit d'une voyelle émise avec la langue située dans...
Contraires :
- haut
Marine. Côte basse, terre basse
Contraires :
- abrupt
- élevé
- escarpé
- haut
- surélevé
bas, basse
adj.
rI./r Qui a peu de hauteur ou d'élévation.
d1./d Qui est au-dessous d'une hauteur moyenne ou normale. Porte basse.
— Qui est au-dessous d'un degré pris comme terme d'une comparaison. à cette heure-ci, la mer est basse. Le baromètre, le thermomètre est bas.
— Spécial. Ciel bas, par ext., temps bas, couvert, avec des nuages peu élevés.
|| (En parlant de l'âge.) Enfant en bas âge, très jeune, tout petit.
— (Afr. subsah.) Enfant en (à) bas âge: enfant (sens 1).
d2./d (Par comparaison avec une autre partie d'un même ensemble.) Les basses branches d'un arbre.
— (Dans l'espace géographique.) La ville basse (par oppos. à la ville haute), le bas pays.
— (Avec un nom propre.) Le bas Congo: la partie du Congo la plus voisine de son embouchure.
— Basse-Côte-Nord (au Québec): V. côte.
— Bas-Canada: V. Canada (Bas-).
|| Ce bas monde: ce monde où nous vivons (par oppos. au ciel des chrétiens).
d3./d (En parlant de la voix ou du chant.) Grave (par oppos. à haut, à aigu).
— à voix basse: sans élever la voix.
|| Messe basse: messe non chantée.
— Loc. Fam. Faire des messes basses: chuchoter.
d4./d Loc. Avoir la vue basse: ne distinguer les objets que de fort près.
|| Marcher la tête basse, la tête inclinée vers l'avant.
— Fig. Avoir la tête basse: être honteux.
|| Faire main basse sur: dérober, piller.
d5./d Dont la valeur matérielle est moindre. Pratiquer des prix bas, des prix modiques.
— Loc. Au bas mot: V. mot, sens 2.
rII./r D'un niveau inférieur, avec ou sans idée de comparaison sociale ou morale.
d1./d D'un rang considéré comme inférieur dans la hiérarchie sociale. Le bas peuple. Les basses classes de la société.
d2./d Inférieur, subalterne. De basses fonctions. Besognes de basse police.
d3./d Vil, moralement méprisable. Un individu bas. Une basse jalousie.
d4./d Trivial. Cette expression est basse.
d5./d Qui appartient à une époque relativement récente. Le bas latin, le Bas-Empire.
rIII/r (Pris comme adv.)
d1./d Dans la partie basse, inférieure. Le coup est parti de plus bas.
— Loc. Chapeau bas: en ayant enlevé son chapeau; fig. en marquant du respect.
|| Mettre bas: V. mettre (sens I, 2).
|| Loc. Plus bas: plus loin en descendant. Il habite trois maisons plus bas.
— Ci-dessous, ci-après. Voyez dix lignes plus bas.
|| être très bas, près de mourir.
d2./d Bas, plus bas, tout bas: en baissant la voix; à mi-voix.
d3./d Loc. à bas. Jeter, mettre à bas: renverser, détruire.
|| Suivi d'un nom, marque le mépris et la révolte. à bas la tyrannie!
d4./d Loc. adv. En bas: dans le lieu qui est en dessous. Il habite en bas. Regardez en bas.
d5./d Loc. Prép. à bas de, en bas de, au bas de (avec ou sans mouvement): au pied de. être jeté à bas de son lit. Il habite en bas de la colline. La rivière coule au bas de notre jardin.
d6./d Loc. adv. Ici-bas: V. ici. Là-bas: V. là.
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bas
n. m.
d1./d Partie inférieure. Le bas de la montagne. Le bas de la page. Le bas de son visage est ridé.
— Loc. fig. Avoir des hauts et des bas, de bons et de moins bons moments.
d2./d (Québec) étage inférieur d'un immeuble, sous-sol. Rester, habiter dans un bas.
d3./d (Québec) Le bas d'une paroisse, d'une terre, leur partie la plus proche du fleuve Saint-Laurent.
— Partie (de territoire) située en aval, à l'est (le fleuve Saint-Laurent coulant vers l'est).
— (Avec une majuscule.) Le Bas-du-Fleuve (ou Bas-Saint-Laurent): région de la rive sud du Saint-Laurent s'étendant de La Pocatière jusqu'à Mont-Joli.
d4./d Les bas: la partie la moins élevée d'une île.
d5./d MUS Grave.
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bas
n. m. Vêtement très ajusté, tricoté ou tissé, qui couvre le pied et la jambe. Une paire de bas. Des bas de soie, des bas nylon.
— (France rég., Québec) Syn. de chaussette.
|| Loc. fig. Bas de laine: économies d'un petit épargnant.
I.
⇒BAS1, adj., subst. masc. et adv.
I.— Emploi adj. Qui a peu de hauteur. Anton. haut.
A.— [La réf. est un espace comportant des niveaux différents]
1. [L'adj. désigne une dimension de la chose désignée] Dont les dimensions en hauteur sont petites, qui a peu de hauteur.
a) [En parlant de parties d'une construction] Bas-clocher; maison, salle, chambre (très) basse; mur (très) bas; porte (très) basse :
• 1. — Saint-Jean, grave façade du dixième siècle, composée d'une grosse tour carrée à flèche d'ardoise, des deux côtés de laquelle se pressent deux autres bas-clochers également carrés.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 60.
• 2. ... de droite et de gauche, coupant la ligne d'arbres, des maisons basses, aplaties, aux couvertures de tuiles rouges.
GIDE, Voyage au Congo, 1927, p. 686.
— P. métaph. :
• 3. LE PÈRE DE SALES. — La fortune est une porte basse, Madame, après laquelle l'homme valeureux reprend sa taille.
J. DE LA VARENDE, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine, 1955, p. 67.
— P. anal. [En parlant du ciel, de la voûte céleste] :
• 4. Cette nuit encore, vers deux heures, une pluie diluvienne était tombée, sans avoir rafraîchi le ciel, qui restait nuageux, bas et jaune, d'une lourdeur de plomb.
ZOLA, Vérité, 1902, p. 2.
— MAR. Côte, terre basse. ,,De peu de relief, peu visible, noyée`` (BARBER. 1969).
b) [En parlant de pièces d'ameublement, d'objets d'usage courant] Table, chaise basse; coupé bas :
• 5. Deux heures sonnaient. Un coupé bas, traîné par un cheval bai brun, s'arrêta à la grille.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 470.
— TECHNOL. Chaussure basse ou tige basse. ,,Dont la partie la plus haute reste au-dessous des malléoles de la cheville`` (Chauss. 1969).
c) [En parlant des eaux] Dont le niveau a peu de hauteur, peu profond.
— Basses eaux :
• 6. Elle [Jane] pensait que Shelley voulait seulement flotter sur les basses eaux du rivage, mais lui, fier de montrer à cette charmante femme ses talents de rameur, appuya sur ses avirons et fut bientôt dans les eaux bleues et profondes.
MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 330.
♦ P. métaph. :
• 7. — ... nous causerons, mon fils, car j'ai de longues instructions à te donner. Mais, d'abord, où en sont tes finances?
— Les miennes ou celles du club?
— Les tiennes, parbleu!
— Dame! fit Rocambole avec ingénuité, elles sont basses, mon oncle.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 470.
♦ Loc. fig., fam. Les eaux sont basses chez qqn. ,,L'argent commence à lui manquer`` (Ac. 1798-1932) :
• 8. FÉLIX. — La robe de satin que je lui ai portée l'autre jour (à votre dame) ne m'a pas valu grand'chose.
JULIETTE. — Dame! mon garçon, les eaux étaient basses : c'était le 28. Fallait venir le 1er du mois.
MÉRIMÉE, Les Deux héritages, 1853, p. 5.
— Basse mer, marée basse :
• 9. Tous les matins, je vais sur la plage ou vers les rochers à fleur d'eau, quand la marée est basse.
E. DELACROIX, Journal, 2, 1856, p. 243.
• 10. Aux basses mers, c'est à perte de vue que se découvrent souvent les débris émiettés qui prolongent les rivages.
VIDAL DE LA BLACHE, Tabl. de la géogr. de la France, 1908, p. 333.
d) [En parlant du corps ou d'une partie du corps d'une pers. ou d'un animal] Bas de jambe. De petite taille, en raison de la faible longueur des jambes. Synon. arg. bas du cul :
• 11. Adossée à la table, une fille de salle, trapue et basse de jambe, frotte avec une serviette un pot à l'eau d'étain qui reluit entre ses grosses mains...
E. et J. DE GONCOURT, Sœur Philomène, 1861, p. 209.
• 12. Ronde de croupe, un peu basse de jambe, c'est ma foi une solide ponette, plus chaude que racée.
COLETTE, L'Entrave, 1913, p. 102.
— MAN. (Cheval) bas de terre. [Même sens]
— Péj. Front bas :
• 13. Au Louvre, dans la salle des Antonins (...) Il est là, Antinoüs, l'œil enfoncé sous un front bas, l'air méchant et boudeur.
GREEN, Journal, 1934, p. 241.
2. [L'adj. désigne une chose considérée dans sa partie inférieure = la partie inférieure de cette chose; bas est gén. antéposé]
a) [En parlant d'un lieu]
♦ Basses terres :
• 14. Cette embouchure est encore très-difficile par les écueils et les basses terres de ces parages.
BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyage à la Louisiane, 1802, p. 13.
♦ Basse ville, ville basse :
FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, p. 213.
b) En partic. [En parlant dans la terminologie géogr.]
— [Suivi d'un nom de chaîne de montagnes] La partie la moins élevée de ces montagnes. Les basses Alpes (département des Basses-Alpes), les basses Pyrénées (département des Basses-Pyrénées).
— [Suivi d'un nom de fleuve] La partie la plus éloignée de la source, la plus proche de l'embouchure. Le bas Danube, la basse Loire, la basse Seine. Le département du Bas-Rhin.
♦ P. anal. [Suivi du nom d'un pays, d'une région bordant la mer] La partie la plus voisine de la mer. La basse Égypte, la basse Bretagne, la basse Normandie. D'où les bas Bretons, le paysan bas normand :
• 16. ... tout cela change un homme, surtout lorsqu'il ajoute à ce costume un accent bas breton fortement prononcé.
A. DUMAS Père, Paul Jones, 1838, I, 4, p. 130.
• 17. Sa force musculaire était grande, ménagée et dissimulée d'une manière féline, et sans doute entretenue par une frugalité qui déconcertait nos bas-bourguignons : du pain, du café, beaucoup de sucre, un demi-verre de vin, force tomates, des aubergines...
COLETTE, Sido, 1929, p. 82.
3. [L'adj. désigne la position d'une chose par rapport à une de ses positions possibles]
a) [La position est un résultat recherché]
— ARCHIT. Fenêtre basse :
• 18. À chaque palier, au ras du sol, une fenêtre basse mettait un enfoncement carré de soupirail.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1221.
— COUT. Emmanchures basses. Emmanchures tombantes (sur l'épaule). Robe basse. Robe décolletée :
• 19. Je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de choses plus agréables à voir qu'une jolie femme en robe basse qui mange de bon appétit de belles viandes saignantes.
LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 141.
b) [La position est prise au cours ou au bout d'un mouvement de cette chose]
♦ Soleil bas. Soleil à son déclin :
• 20. Sur le Pont-Neuf, où le soleil, déjà bas, allongeait du piédestal ... une foule d'hommes et de femmes du peuple écoutaient...
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 96.
♦ Rayon bas. Rayon oblique qui s'incline vers le sol :
• 21. Les bruyères rouges recueillaient un rayon bas et fauchant...
COLETTE, La Seconde, 1929, p. 119.
— En partic. [En parlant du corps humain] Salut bas :
• 22. Le cardinal continua sa marche pesante et oscillante parmi les révérences creusées des dames, et les saluts bas des diplomates.
ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 393.
— CHORÉGRAPHIE :
• 23. Pointe [des pieds] basse ou serrée. Faire ressortir le cou-de-pied, en allongeant et en serrant les doigts l'un contre l'autre.
A. MEUNIER, La Danse classique, 1931, p. 136.
• 24. On me mena au pavillon de Ceylan [à l'Exposition de 1900] où se montraient les « danseurs du diable ». Pour la première fois, je voyais se dérouler devant moi les figures sacrées; ces masques noirs ou verts, (...) la magie du rite (...) cette basse danse où les pieds ne quittaient pas la terre, tout cela me rendait présents ma mythologie grecque, les corybantes des mystères...
MORAND, L'Eau sous les ponts, 1954, p. 21.
— P. méton. Avoir la vue [= les yeux] basse. Être obligé de se baisser sur un objet pour le voir, avoir mauvaise vue :
• 25. PAPILLON. — Je ne me bats pas à l'épée, moi...
ERNEST. — Le pistolet? ...
PAPILLON. — Encore moins, ... j'ai la vue basse, moi...
A. DUMAS Père, La Chasse et l'amour, 1825, 14, p. 56.
♦ (Marcher) les yeux bas. Paupières baissées :
• 26. Je marche, je marche, anxieuse et pressée, les yeux bas au long de la haie, comme si j'y cherchais l'herbe qui guérit...
COLETTE, Claudine en ménage, 1902, p. 276.
c) Loc. fig.
— Synon. baissé.
• 27. ... déconfiture morale de nos amis; ils ont l'oreille plus basse que jamais.
MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, t. 1, 1870, p. 21.
♦ Donner tête basse dans qqc. :
• 28. Le ton de Gallichet était devenu sarcastique. Auparavant, on aurait cru entendre parler un dossier : l'homme, maintenant, marquait combien, à vouloir se passer des conseils de notaire, on donne tête basse dans les bévues.
ESTAUNIÉ, Tels qu'ils furent, 1927, p. 138.
— Faire main basse sur qqc. ou qqn.
♦ Prendre, s'emparer (de quelque chose), voler.
♦ ,,Il signifie, en termes de guerre, ne point faire de quartier, tuer, passer au fil de l'épée`` (Ac. 1932) :
• 29. Je ne suis pas un traître, répliqua Rotoli; le gouvernement français désire, par votre entremise, faire main basse sur tous vos complices; à ce prix, il vous accorde un pardon général...
STENDHAL, Nouvelles inédites, 1842, p. 341.
— P. anal., fam. Critiquer sans ménagements. Dans le monde, on épargne souvent les vices, mais on fait toujours main basse sur les ridicules (Ac. 1798-1932).
4. [L'adj. indique la position d'une chose par rapport à la position de choses de même espèce situées à un autre niveau dans le même espace] Qui est situé à un niveau inférieur (avec parfois une nuance péj.). Les basses-rues, les bas-quartiers :
• 30. — Des chants très lointains, arrivant des basses rues de Brest. — Et, en bas, dans le poste de l'équipage, la voix des matelots de garde criant à intervalles réguliers les nombres du loto...
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 263.
• 31. Il existe près des écluses
Un bas-quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s'use
À démêler le tien du mien
...
ARAGON, Le Roman inachevé, 1956, p. 150.
— ARCHIT. Basse chapelle. Celle qui est située sous une église.
— FORTIF. Basse-geôle. Un souterrain attenant à la basse-geôle (JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 79).
— MAR. Basse vergue, basse voile :
• 32. Pour être plus promptement arrivé, il se laissa glisser dans le gréement et se mit à courir sur une basse vergue.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 450.
— Loc. (souvent fig.). En ce bas monde. Sur cette terre (p. oppos. au ciel). Le bas bout de la table. Bout situé le plus près de la porte (p. oppos. au haut bout, autrefois placé sur une estrade) :
• 33. Assis au bas-bout de la table, près de la porte par laquelle on servait, le père Goriot leva la tête en flairant un morceau de pain qu'il avait sous sa serviette, par une vieille habitude commerciale qui reparaissait quelquefois.
BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 64.
♦ P. métaph. :
• 34. ... il [Proudhon] nous abaisse, il nous classe, il nous met au bas bout du banquet socialiste.
ZOLA, Mes haines, 1866, p. 26.
B.— [La référence est le temps représenté implicitement comme un tableau chronologique où les dates les plus anciennes figurent en haut]
1. Qui est le plus proche de nous (p. oppos. au temps le plus reculé, le plus éloigné de nous, le plus ancien). Basse latinité, basse grécité, basse époque, Bas-Empire :
• 35. Il seroit impossible de calculer la quantité d'or et d'argent, soit monnoyés (sic), soit employés (sic) en objets d'arts, qui existoit dans les bas siècles.
CHATEAUBRIAND, Ét. hist., 1831, p. 275.
• 36. L'histoire de l'Antiquité qu'il [A. France] rapporte, ce n'est pas cette histoire chargée d'expérience humaine qui chemine vers l'histoire sacrée; mais cette basse grécité, issue de la corruption asiatique et qui est l'annonce de la mort.
MASSIS, Jugements, 1923, p. 161.
— LING. Bas-latin :
• 37. On applique parfois le même qualificatif [bas-] à une langue qu'on considère sous son aspect évolué après la période reconnue comme celle de son apogée; ainsi le bas-latin (...) par rapport au latin classique.
MAR. Lex. 1961, p. 38.
Rem. Ces expr. comportent souvent une idée de décadence, de dégénérescence.
2. Qui est petit. Le bas âge. La première enfance. Un enfant en bas âge. Un petit enfant, très jeune.
C.— Emplois métaph. ou fig. [La référence est une hiérarchie comportant des degrés]
1. [L'obj. qualifié est concr.]
a) [La hiérarchie est dans la quantité] Au bas mot. Au minimum :
• 38. Je n'exagère pas, trente pour cent au bas mot des suicides que je constate sont causés par le jeu.
A. FRANCE, Histoire comique, 1903, p. 123.
b) [La hiérarchie est dans les intensités]
— [En parlant de sons] Grave. Son, ton bas; basse note, intonation basse :
• 39. Comme il était sur ces réflexions, Taupier, les oreilles pointées, commença de grogner en basse note, sans lâcher des yeux un coin tout de genêts et de framboisiers.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 158.
♦ À voix basse, d'une voix basse. D'une voix douce, à mi-voix. D'un ton bas. Sans élever le ton.
♦ Messe basse (p. oppos. à grand-messe). Messe non chantée, où le prêtre ne fait que réciter les prières. Fig. et fam. Dire, faire des messes basses. Dire quelque chose en aparté, à voix basse à l'oreille de quelqu'un, en présence d'autres personnes.
— [En parlant d'une chose susceptible de variations rythmiques, thermiques, etc., et mesurable]
♦ Un pouls bas. Faible.
♦ Vue basse. [vue] Courte. Avoir la vue basse. Ne pouvoir distinguer les objets que de très près. Au fig.Avoir la vue basse. Manquer de perspicacité, de largeur de vue.
♦ Basse température, basse pression, (à) basse énergie. P. méton. Le baromètre est bas. Il indique le mauvais temps. Le thermomètre est bas. Il marque le froid.
♦ TECHNOL. (brasserie). Fermentation basse, levure basse.
♦ ÉLECTR. Basse tension. ,,Différence de potentiel d'assez faible valeur. (S'oppose en général à haute tension)`` (Lar. encyclop.). Basse fréquence. ,,Ce terme est employé depuis le début de la radiophonie pour désigner les fréquences du registre sonore (...) on emploie de plus en plus le terme anglais « Audiofrequences »`` (Électron. 1963-64).
c) [La hiérarchie concerne des qualités ou des valeurs] Qui est de moindre valeur, de moindre qualité.
— [En parlant de choses considérées sur le plan de leur qualité, de leur valeur] Une chose de basse qualité.
♦ Or bas, bas argent; or, argent de bas aloi (Ac. 1798-1932); monnaie de bas aloi.
♦ Les basses cartes (du jeu). Celles qui ont la moindre valeur.
♦ La basse littérature :
• 40. ... on trouve entre les mains [des Italiens], non seulement nos bons écrits, mais nos romans de second ordre, nos petits journaux, notre basse littérature.
TAINE, Voyage en Italie, t. 2, 1866, p. 42.
♦ COMM., INDUSTR. Bas produit. Produit de qualité inférieure. Bas morceaux (de viande), bas billon, basse-viande :
• 41. Elle apportait comme un arriéré de faim amassée, elle se vengeait de sa jeunesse nécessiteuse chez ses parents, des basses viandes mangées sans beurre pour acheter des bottines, des toilettes pénibles retapées vingt fois.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 239.
• 42. ... c'est quelque chose de se retrouver avec ses deux bras, le cœur joyeux et l'esprit clair! C'est magnifique, ces lapins que le marchand, un peu voleur pour les autres, a mis dans notre panier, et ces bas-morceaux chez le boucher, et ces salades rebondies et ces choux, quand on a trois cents petits enfants à la maison le bec ouvert qui attendent près de la marmite qui bout!
CLAUDEL, Feuilles de Saints, 1925, p. 627.
— [En parlant du prix de qqc., du degré de qqc., de l'évaluation qui est faite de qqc., etc.]
♦ Acheter, vendre une marchandise à bas prix. À un prix modique, au-dessous de l'ordinaire. (Souvent péj.) une marchandise, une chose à bas prix. Le change est bas. Il est au-dessous du cours moyen, du cours ordinaire.
♦ Au bas mot. En faisant l'évaluation la plus basse, la plus faible.
♦ Être, tomber au plus bas degré de :
• 43. L'invasion de Xerxès en Grèce, jamais peuple n'offrit un plus étonnant spectacle; une révolution étrange et continuelle commença son cours, et ne finit qu'à la prise de la métropole par les Romains. Ce fut une chose commune que de voir les rois tombés du faîte des grandeurs au plus bas degré de fortune : monarques aujourd'hui, pédagogues demain.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 279.
2. [Ce qui est qualifié est abstr.]
a) [Il est situé dans une hiérarchie sociale] Une personne de basse extraction, de bas-lieu; les basses castes, la basse bourgeoisie, le bas clergé :
• 44. ... cette fois ce n'est pas à la noblesse qu'on s'adressait, mais au bas peuple, les muletiers, les portefaix de Raguse, les maraîchers du Breno...
A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 322.
• 45. De l'aveu général, il [M. Proguin-la-Hure] représentait la bourgeoisie. Mais on ne disait pas si c'était la haute, la moyenne ou la basse...
TOULET, Les Demoiselles de la montagne, 1920, p. 128.
SYNT. Personne de bas étage. Une personne d'un rang socialement inférieur. Chambre basse. La Chambre des Communes en Angleterre, p. oppos. à la Chambre haute, la Chambre des Lords. Bas commerce. Le petit commerce.
b) [Il est situé dans une hiérarchie morale]
— [En parlant d'une pers., d'un être ou de choses en rapport avec la pers. humaine] Des âmes basses; de bas instincts; de basses besognes. Synon. vil, mesquin :
• 46. ... connaissant ce fin peuple, et sachant que c'est lui qui parle français, qu'il est la fine fleur du langage français, vous êtes résolu à prendre tous ses propos comme des propos d'amitié, d'hospitalité, de cordialité comme des propos cordiaux, comme des propos peuples. Sans un soupçon de cette odieuse, de cette basse, de cette grossière, de cette vulgaire, de cette populacière jovialité, que je hais.
PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo, 1910, p. 164.
• 47. Quand je m'examine bien, je me sens réellement vil et sot, et bas, et vilain jusqu'à la moelle des os...
LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 145.
• 48. Qui a mené une vie médiocre, basse et laide, souffrira-t-il de vivre avec des souvenirs médiocres, bas, et laids?
MAETERLINCK, Avant le grand silence, 1934, p. 161.
— Spéc. [En parlant du lang., d'un mot, d'un genre, d'un style] Commun, vulgaire, trivial :
• 49. Ce roi [Louis XV] parle un très-bon français, en ce sens que ce français est de souche, mais c'est un français si familier qu'il en est trivial et bas.
SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 10, 1863-69, p. 231.
• 50. « Aviser, pour dire découvrir de loin, est un mot bas et de la lie du peuple »; ...
GOURMONT, Esthétique de lang. fr., 1899, p. 131.
♦ Bas-valet :
• 51. J. Deflers, vil intrigant.
Girey, bas-valet de la faction brissotine.
MARAT, Les Pamphlets, Marat, l'ami du peuple, aux amis de la Patrie, 1792, p. 311.
♦ L'exécuteur des basses œuvres. Le bourreau :
• 52. ... une échelle était dressée près du gibet permanent, et le maître des basses-œuvres s'occupait d'en rajuster les chaînes rouillées par la pluie.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 385.
Rem. gén.
A.— Place de l'adj. L'antéposition ou la postposition de l'adj. bas par rapp. au subst. qu'il détermine ne semble pas reposer sur des critères bien précis. Quelques tendances, communes à tous les adj., apparaissent mais ne peuvent être prises pour règles comme le prouvent les contradictions internes relevées.
1. L'adj. bas est, généralement, postposé quand il a une valeur distinctive et qu'il confère au subst. un caractère spécifique, une particularité physique, géographique, morale : chaise basse, marée basse, ciel bas; échine, queue, tête basse; lieux bas; messe, voix basse; branche basse, etc.
Toutefois, bas dans ces emplois, est quelquefois antéposé : bas foyer, basse lisse, basses vertèbres ou bas-ventre, basses terres, basse branche, etc.
2. L'adj. bas est, généralement, antéposé quand il a une valeur qualitative ou qu'il est la survivance d'une syntaxe figée.
a) Dans les dénominations géographiques, bas est presque constamment antéposé (exception faite pour Pays-Bas) et forme avec le subst. ce que A. Blinkenberg (L'Ordre des mots en fr. mod., København, t. 2, 1933, p. 41) appelle un « groupe figé » où l'unité est le plus souvent, matérialisée par un trait d'union : Basses-Alpes, Basse-Bourgogne, Basse-Bretagne, Basse-Normandie, Basses-Pyrénées, Bas-Rhin, etc.
— Adj. correspondants attestés dans notre docum. : bas-bourguignon, bas-breton, bas-normand.
Dans ce cas, la règle est de laisser invariable en genre et en nombre l'adj. bas mais l'usage varie. ... n'y fait-elle pas [la bergère des Alpes] ses fromages tout comme une Basse-Normande? (FLAUBERT, La 1re Éducation sentimentale, 1845, p. 235) et ... un ravissant échantillon de la race « bas-normande » (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Fenêtre, 1883, p. 887).
b) Dans les termes sc. ou d'art, où il était d'usage d'antéposer l'adj., usage qui continue de nos jours.
♦ En phys. : basse fréquence, basse pression, basse température, etc.
♦ En géophysique : basse altitude, basse atmosphère, basse latitude, etc.
♦ En écon. : bas prix, bas salaires, etc.
♦ En mus. : basse-contre, basse-taille, etc.
c) Dans les catégories sociales ou professionnelles, où bas prend une teinte plus ou moins dépréciative : basse bourgeoisie, basse caste, bas clergé, basse justice, bas officier, bas peuple, etc.
d) Dans les termes où il exprime un jugement, une réaction subjective, voire péjorative.
♦ Avec des subst. concr. : bas morceaux, bas produits, bas quartiers, etc.
♦ Avec des subst. abstr. : basse besogne, basse envie, basse manœuvre, basse querelle, etc.
Toutefois, là encore il n'y a pas de règle fixe et bas peut être postposé (notamment pour exprimer une appréciation personnelle) : âme basse, besognes basses, choses basses, flatteries basses, passions basses, pensées basses, supplications basses, vexations basses, etc.
3. La place de l'adj. peut être due à des raisons prosodiques : bas (ou basse) étant monosyllabique a tendance à être antéposé devant un subst. polysyllabique : basse atmosphère, basse fréquence, bas hauban, bas quartiers, basse vengeance, etc.
B.— Absence de l'article devant le syntagme adj. + subst. L'article est gén. présent devant le groupe formé par l'adj. antéposé ou postposé et le subst. Toutefois il peut être omis dans le cas où le groupe reste très lié au verbe : faire main basse ou à la prép. : à voix basse (ou encore lorsque le groupe subst. + adj. joue le rôle d'un épithète : une robe taille basse).
Parfois l'article peut être présent ou omis sans différence de sens : marcher la tête basse et marcher tête basse.
D'autre part l'art. défini paraît figé dans certaines expr. où son remplacement par l'art. indéfini est impossible ou change le sens :
♦ Rentrer l'oreille basse/rentrer une oreille basse et rentrer oreille basse.
♦ Avoir la vue basse/avoir une vue basse (sens différent) et avoir la vue basse.
II.— Emploi subst. masc. à valeur neutre
A.— [La réf. est un espace comportant des niveaux différents]
1. Le bas de. La partie inférieure de quelque chose (immeuble, meuble, objets d'usage courant, partie du corps, eau). Le bas de l'armoire. Le bas de (la) page. ,,Partie inférieure d'une page imprimée, réservée aux notes`` (ROLLAND-COUL. 1969). Le bas d'une robe; le bas du visage :
• 53. Irai-je attacher quelques années qui me restent à une fortune nouvelle, comme ces bas de robes que les femmes traînent de cours en cours et sur lesquels tout le monde peut marcher?
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 18.
• 54. Battre est un terme de danse qui signifie que pendant un saut, on devra faire heurter ou croiser les deux bas de jambe...
A. MEUNIER, La Danse classique, 1931, p. 163.
♦ Bas de porte. Le seuil, le pas de la porte :
• 55. Hélas! Balandran en était encore à la moitié de son histoire, que déjà Estève avait dégringolé l'escalier, et filait à grands pas dans la rue (...) prêtant à rire aux commères, qui, sur le bas des portes, (...) s'entretenaient de l'événement.
P. ARÈNE, Le Tor d'Entrays, 1876, p. 171.
— Vx. Le bas du pavé. La partie la plus rapprochée du ruisseau. Prendre le bas du pavé (A. DUMAS Père, La Tour de Nesle, 1832, p. 47). Au fig. La classe inférieure.
a) ASTROL. Le bas du ciel. ,,La troisième ou quatrième maison d'un horoscope, où est le nadir, c'est-à-dire la partie du ciel la plus basse à notre égard`` (LITTRÉ; également attesté dans Lar. et ROB.).
b) IMPRIMERIE
— Bas de casse. ,,La partie inférieure de la casse d'imprimerie`` (Éd. 1913) où se trouvent les lettres minuscules.
♦ P. métaph. Chercher des capitales en bas de casse. Perdre du temps, faire du travail inutile :
• 56. — Je ne sais pas de quoi il s'occupe, répondit-il prudemment en trouvant le bourgeois muet, mais ce n'est pas un homme à chercher des capitales dans son bas de casse!
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 561.
— Les bas de casse. Les lettres minuscules :
• 57. Parfois je passe à la petite composition; je manie les bas de casse et je caresse le marbre.
A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 41.
c) MAR. Le bas de l'eau. L'étale de basse mer (cf. LE CLÈRE 1960).
d) PÊCHE. Bas de ligne. ,,Partie de la ligne située entre la plombée et l'hameçon`` (POLLET 1970).
— Loc. prép. Au bas de, dans le bas de. Au pied de. Au bas de l'escalier (des marches, du perron); au bas de l'échelle; au bas de la rue; au bas de la côte (de la montagne, de la colline); au bas de la page.
2. Emploi abs., BÂT. Le rez-de-chaussée, l'étage inférieur (cf. JOSSIER 1881 et DUL. 1968).
— Loc. Évacuer par le haut et par le bas. Évacuer par la bouche et par l'anus.
B.— [La réf. est le temps] Rare. Au bas de l'année (VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1890-1942, p. 158). À la fin de l'année.
C.— [La réf. est une hiérarchie comportant des degrés]
1. La classe inférieure :
• 58. Le jour où l'analyse cruelle que mon ami, M. Zola, et peut-être moi-même, avons apportée dans la peinture du bas de la société, sera reprise par un écrivain de talent, et employée à la reproduction des hommes et des femmes du monde (...), ce jour-là seulement, le classicisme et sa queue seront tués.
E. DE GONCOURT, Les Frères Zemganno, 1879, p. 9.
2. Emplois abs.
a) MUS. Le bas. Les notes graves. La voix de ce chanteur est belle dans le bas (Ac. 1932).
b) LITT. Le bas. Ce qui est bas, vil, grossier, vulgaire :
• 59. Un ami m'envoie seulement aujourd'hui votre étude sur Le Naturalisme contemporain, et je veux vous dire avec quel intérêt je l'ai lue... Un seul reproche : vous nous voyez trop enfermés dans le bas, le grossier, le populaire.
ZOLA, Correspondance, 1902, p. 616.
c) Le Très bas (p. oppos. au Très-haut). Cf. VERLAINE, Souvenirs et fantaisies, Le Diable, 1896, p. 200.
♦ Les hauts et les bas. Les alternatives de bons et de mauvais moments :
• 60. Il [le singe] eut des hauts, des bas, de bons moments, suivis de mauvais, des réveils de vie (...) puis des tousseries...
E. et J. DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 301.
III.— [Emploi comme mot inv.]
A.— Emploi adv.
1. [La réf. est un espace comportant des niveaux différents] À faible hauteur.
a) [Emploi non terminatif] Voler bas, boiter bas :
• 61. ... ses bœufs, vautrés et pantelants, refusent de quitter leur étable, et, si on les y force, s'en vont en boitant bas du pied gauche, eux, parfaitement d'aplomb la veille en gagnant leur litière.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 181.
— Loc. fig. Infra 3.
b) [Emploi terminatif-résultatif] Placer qqc. (très) bas; des cheveux plantés bas.
c) Loc. verbales (suite de b).
— Jeter bas (vx)
♦ [jeter] Par terre. Les cavaliers jetaient bas leurs manteaux de route (THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 1, 1840, p. 351).
♦ Démolir, abattre. Jeter bas les églises (BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1911-12, p. 116); Jeter bas les arbres (POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 90).
— Mettre bas. Abaisser, enlever. Je mettrai bas le masque (G. LEROUX, Le Parfum de la Dame en noir, 1908, p. 155). Mettre chapeau bas (par respect); p. ell. chapeau bas! (appel au respect); fam. chapeau! (expression de l'admiration).
♦ Au fig. :
• 62. L'homme se fait moins cruel et il oublie sa vanité.
Quand la mort puante est en lui, ou dans la chair de sa chair,
(...)
L'homme alors met bas son orgueil, car il voit l'issue sauvage.
JOUVE, Tragiques, Livre de la grâce, 1922, p. 111.
— Pop. Bas les pattes. Otez les mains! :
• 63. Il attira la belle fille contre lui; ses mains, agrippées au corsage, sentirent la rondeur ferme de la jeune poitrine. Elle résista, se débattit avec une douceur résolue : « Bas les pattes, ou je m'en vais ».
MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 225.
— P. euphém. Mettre culotte bas (pour évacuer les excréments).
— Saluer qqn très bas, s'incliner (bien) bas devant qqn. En se penchant vers le sol.
— MARINE
♦ Couler bas. Faire sombrer un navire :
• 64. Mais on entend au loin le canon des corsaires;
Le négrier va fuir, s'il peut prendre le vent.
Alerte! Et coulez bas ces sombres adversaires!
VIGNY, Les Destinées, La Bouteille à la mer, 1863, p. 187.
♦ Emploi abs., intrans., au fig. Sombrer. À la moindre défaillance on coule bas (TAINE, Notes sur l'Angleterre, 1872, p. 306).
♦ Haler bas (en parlant d'un signal flottant, d'un pavillon en l'air, d'une drisse). ,,Faire descendre en tirant vers le bas`` (LE CLÈRE 1960) :
• 65. Nous avons trop de voiles pour le vent qu'il va faire tout à l'heure... Holà, hé! Range à serrer les cacatois et à haler bas le plinfoc.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 353.
♦ Vx. Mettre pavillon bas. Baisser pavillon. (Mettre) bas les feux. ,,Ordre d'éteindre les feux [en baissant la flamme jusqu'à extinction] des chaudières sur un navire à vapeur`` (GRUSS 1952).
— MÉTÉOR. Tomber bas.
— ART. MILIT. Mettre bas les armes. déposer les armes, capituler; p. ell. bas les armes!
— VÉN. Mettre bas (un gibier). Abattre, tuer :
• 66. Chasseur, un seul coup de ton arme
Met bas le cerf sur le gazon.
BÉRANGER, Chansons, t. 1, La Double chasse, 1829, p. 193.
♦ Emploi abs. [En parlant du cerf] Perdre les bois.
— MÉD. VÉTÉR. [En parlant d'une femelle] Mettre ses petits au monde.
2. [La réf. est un espace comportant des degrés dans l'éloignement]
a) [En parlant d'un écrit, primitivement présenté sous la forme d'un tableau lu de haut en bas] Plus bas. Ci-dessous, plus loin. Nous le verrons (le dirons, l'indiquerons) plus bas; j'exposerai plus bas; on lira plus bas :
• 67. ... les maréchaux reviennent auprès de Napoléon avec ce qu'on a appelé le traité de Fontainebleau, qu'on va traiter quelques pages plus bas.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 318.
b) [En parlant d'une table (supra I A 4)] Être placé bas à table. Près de la porte, loin de la place d'honneur :
• 68. Mais après qu'eut roulé ce tonnerre de voix, messire Corneille, qui se trouvait assez bas à la table, dit...
A. FRANCE, Clio, 1900, p. 147.
3. [La réf. est une hiérarchie comportant des degrés d'intensité]
b) Usuel. À voix basse. D'une voix faible. Dire (tout, si) bas, parler (tout) bas, répéter tout bas, prononcer (tout) bas, demander (tout) bas, sangloter tout bas :
• 69. Enfin, on est parvenu au « Pôle Nord » ... Un explorateur bien aimable expliquait les trucs aussi, mais en confidences, si bas, emmitouflé dans ses fourrures, qu'on entendait presque plus rien.
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 95.
4. [La réf. est une hiérarchie morale ou sociale comportant des degrés de valeur, gén. loc. fig. correspondant à A 1] À un niveau, à un degré inférieur.
a) [Du point de vue de l'état physique, de la santé] Être bas, se sentir (très, bien, si) bas (cf. être mal en point) :
• 70. ... je suis bien fatigué, vraiment bas. Pas eu un moment de repos cette année. Les voyages à Vienne et à Berlin m'ont achevé. Paris me parachève.
VALÉRY, Correspondance [avec G. Fourment], 1927, p. 192.
b) [Du point de vue social ou moral] Descendre si (bien, plus) bas, (re)tomber plus bas. Mettre plus bas que terre. Rabaisser :
• 71. Cette chère Josine, qu'il [Luc] était allé chercher si bas, qu'il avait sauvée d'une si atroce misère, elle était pour lui l'image même de son œuvre.
ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 244.
• 72. La crainte d'avoir perdu Phœbé faisait descendre Wilfred chaque jour plus bas dans le désespoir, comme dans un escalier obscur. Il était sans désirs et jamais encore la vie ne lui était apparue aussi morne ni aussi complètement inutile.
GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, p. 294.
♦ Vivre bas, penser bas. D'une manière basse, vile. Quand on contraint une foule à vivre bas, ça ne la porte pas à penser haut (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 459).
B.— Loc. adv. et prép.
1. À bas. À terre, vers la terre.
a) Mettre, jeter à bas une pers. ou une chose. Abattre, renverser :
• 73. On fait cercle devant nos cabines. Le mouvement du bateau rend la marche impossible. Je suis, pour la troisième fois, jeté à bas et précipité de l'escalier dans le carré.
FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 157.
• 74. La maison de M. Paillot, (...) est contiguë à la maison de la reine Marguerite (...) M. Paillot père, (...) l'avait fait mettre à bas pour la rétablir dans le style moderne...,
A. FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 123.
♦ Être à bas :
• 75. M. DORVAL. — Les beaux chênes du coteau sont à bas.
MADAME DORVAL. — Depuis quand?
M. DORVAL. — Depuis tout à l'heure apparemment, car ils étaient encore sur pied ce matin quand je me suis levé.
LECLERCQ, Proverbes dramatiques, L'Esprit de désordre ou Il ne faut pas enfermer le loup, 1835, p. 265.
• 76. Les six longues journées sont finies, l'œuvre de la moisson est faite.
Toute l'orge et le blé sont à bas, la paille est par terre avec le grain, ...
CLAUDEL, Corona Benignitatis Anni Dei, 1915, p. 389.
b) À bas de. Sauter à bas de son cheval, à bas du lit; se jeter à bas du lit, à bas de son cheval; tomber à bas de son cheval.
Rem. Selon COLIN 1971, à bas de tend à disparaître, sauf après les verbes cités.
c) Interj. À bas! Cri d'hostilité envers quelqu'un ou quelque chose :
• 77. La France a parlé, vous dis-je, c'est la justice qui vient. Malheur aux criminels! À bas les lâches! Vive Picquart!
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 492.
2. En bas
a) Loc. adv.
— Vers le bas, vers la terre :
• 78. L'édifice effrayant des nuages détruit
S'écroule en ruines pressées;
Il jonche au loin le ciel, et ses cônes vermeils
Pendent, la pointe en bas, sur nos têtes, pareils
À des montagnes renversées.
HUGO, Les Feuilles d'automne, Soleils couchants, 1831, p. 786.
♦ P. métaph. :
• 79. L'organisation politique est selon le chrétien toujours médiocre, souvent mauvaise, parce que l'esprit en chacun marche tête en bas. Il faut premièrement redresser l'individu,...
ALAIN, Propos, 1921, p. 335.
— Dans le bas, dans la partie inférieure :
• 80. Dans l'echidna l'estomac est très-ample, de forme ovale, rétréci en bas, ...
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 386.
♦ Par en bas :
• 81. Figurez-vous une grande et spacieuse boutique (...), garnie de grilles treillissées en fil de fer renflées par en bas comme celles des anciens boulangers, ...
BALZAC, César Birotteau, 1837, p. 175.
— Spéc. Au-dessous, en-dessous, à l'étage inférieur, au rez-de-chaussée. La salle (d')en bas, attendre en bas; descendre en bas (pléonasme à éviter, selon COLIN 1971 : ,,Il faut dire absolument : descendre, ou préciser à tel étage, à la cave, au sous-sol, etc.``).
♦ Emplois fig. ou métaph. :
• 82. À tous les étages de la société, tout ce qui croupit par stagnation volontaire, tout ce qui ignore par paresse, tout ce qui fait le mal sciemment, c'est la populace. En haut : égoïsme et oisiveté; en bas : envie et fainéantise : voilà les vices de ce qui est populace. Et, je le répète, on est populace en haut aussi bien qu'en bas.
HUGO, Correspondance, 1841, p. 586.
• 83. Le vent de colère et de cruauté soufflait d'en bas, montait de la plèbe qui applaudissait aux supplices...
A. FRANCE, Rabelais, 1924, p. 99.
♦ MAR. Tout le monde en bas, faire le quart en bas, descendre en bas... ,,signifie dans l'entrepont ou dans la machine`` (LE CLÈRE 1960). En bas le monde! ,,Commandement pour faire descendre les matelots de la mature sur le pont, ou du pont dans l'intérieur du bâtiment`` (GRUSS 1952).
b) Loc. prép. En bas de
— [Après un verbe de mouvement] Cf. à bas de. Sauter en bas de son cheval, de son lit; jeter (qqn) en bas d'une voiture, en bas des escaliers.
— Au pied de. Être (s'arrêter) en bas d'une colline, d'une côte.
Rem. Au lieu de en bas de, on trouve également et plus usuellement, semble-t-il, la loc. au bas de.
c) De (du) haut en bas
— Sur toute la hauteur. Boutonné, décoré de (du) haut en bas; secouer la tête de haut en bas; considérer, regarder, toiser de (du) haut en bas.
♦ Au fig. Traiter qqn de haut en bas. Avec mépris :
• 84. Ils [les Scaramouches de la presse] ne se donnaient même pas la peine d'écrire leurs articles, ni leurs livres; ils avaient des secrétaires, de pauvres gueux affamés, (...). Et cependant, ils continuaient de trôner, ils traitaient de haut en bas les artistes.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 1047.
— Depuis les parties les plus hautes jusqu'aux plus basses. Jeter qqn, rouler du haut en bas des escaliers, des rochers.
Prononc. — 1. Forme phon. :[], []. 2. Homon. : bât.
Étymol. ET HIST.
I.— Adj. A. Par rapp. au niveau atteint dans l'espace : 1. au propre, dans l'espace réel : 1119 « peu élevé, qui a peu de hauteur » (PH. DE THAON, Comput, 2542 dans T.-L.); 2. au fig., dans l'espace conçu abstraitement (pour exprimer le degré d'intensité, de valeur, etc.) : a) ca 1175 parole [voix] basse (CHR. DE TROYES, Chevalier lion, 6233, ibid.); b) 1539 « peu élevé (en parlant d'un prix), de peu de valeur » (EST.); B. Par rapp. à la position occupée dans l'espace : 1. au propre, dans l'espace réel : a) ca 1170 « situé à peu (ou moins) de hauteur » la teste basse (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, 5724 dans T.-L.); b) 1548 géogr. « situé à peu d'altitude » basse Bretagne (N. DU FAIL, Œuvres facécieuses, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, Paris, 1874, t. 2, p. 122); d'où c) 1548 « qui est d'une région peu élevée » bas alemans (ID., op. cit., t. 2, p. 205); 2. au fig., dans l'espace conçu abstraitement : a) 1120-50 « de position peu élevée dans la hiérarchie sociale » (Gd mal fit Adam, I, 40 dans T.-L.); b) début XIIIe s. « peu élevé dans une échelle de valeurs, vil, méprisable » (RECLUS DE MOLLIENS, Charité, 70, 11, ibid.); c) 1694 mus. « grave » (Ac.). C. Dans le temps : 1. a) ca 1130 « tardif, avancé » (Pélerinage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 571) — 1611, COTGR.; b) 1690 hist. bas-empire (FUR.); 2. 1548 « peu avancé, de l'enfance » bas aage d'abord au sens large de « jeunesse » (AMYOT, Trad. de Diodore, XVII, 1 dans HUG., s.v. aage).
II.— Adv. 1. a) Ca 1165 « à un niveau inférieur » ici dans la loc. en bas ([CHR. DE TROYES], G. d'Angleterre, 2200 dans T.-L.); b) ca 1175 « dans un état inférieur » (Chronique Ducs de Normandie, 9837); 2. ca 1165 « à voix basse » (Roman de Troie, éd. L. Constans, 18469 : en parlast ne bas ne haut); 3. à bas av. 1544 « à terre » les robbes a bas (CL. MAROT, Epistre pour un gent. de la court, p. 168 dans GDF. Compl.); 4. 1548 « à bas prix » (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, XXXI, ibid. : revendu bien bas); 5. 1694 mus. « dans un ton grave » (Ac.).
III.— Subst. a) Ca 1155 « partie basse, partie inférieure de qqc. » (WACE, Brut, 4208 dans KELLER, p. 290a); b) ca 1155 au fig. « état inférieur, situation désespérée » (ID., op. cit., 1607, ibid., p. 201a).
Du b. lat. bassus, adj. attesté vers le début du VIe s. au sens de « gras, obèse » (Martyrii de B et V, VII, 176, 14 dans TLL s.v., 1778, 10) et dep. le VIIIe s. au sens de « bas, peu élevé », (CGL t. 4, p. 210, 17). Ce même lat. bassus est déjà attesté comme ,,cognomen`` en lat. class. (TLL s.v., 1778, 29 et sqq.).
STAT. — Voir stat. après basse2.
BBG. — BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 299. — DUB. Pol. 1962, p. 14. — DUCH. 1967, pp. 49, 102, 103, 144, 201, 203. — ESNAULT (G.). Haut et bas. Vie Lang. 1964, pp. 583-585. — FOULET (L.). L'Effacement des adv. de lieu. Romania. 1946, t. 69, pp. 1-7. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 29, 156, 260, 324. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. XIII, 199. — MARSHALL (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 44 (Thèse Univ. Paris. 1958).
II.
⇒BAS2, subst. masc.
Pièce de vêtement qui couvre le pied et la jambe :
• 1. Il se fait des bas de laine ou de jersey pour l'hiver. Des bas de filoselle et de coton pour l'été. Des bas de soie portés en tout temps par les élégantes (...) On raconte que les filles lorraines ne se marient pas avant d'avoir tricoté de leurs mains cent paires de bas.
Cost. 1899.
• 2. En 1960, les bas de ville sont en nylon, foncés et à coutures, les bas sport plus épais, très fantaisistes, en rilsan, laine, etc.
LELOIR 1961.
SYNT. Bas de soie, de laine, de coton, de nylon; bas noirs, rouges; une paire de bas; ôter ses bas; tricoter, ravauder, remmailler des bas; bas fantaisie, bas filet, bas fin, bas indémaillable, bas nylon, bas sans couture, bas à varices ou bas élastique.
♦ Métier à bas :
• 3. Sous Louis XIV, un mécanicien inventa le métier à bas : les tricoteurs à la main parvinrent à décrier et ruiner l'inventeur qui porta sa machine en Angleterre.
LELOIR 1961.
— Spéc., MAR. ,,Nom donné autrefois à la boucle de fer passée à la cheville du matelot puni de la peine des fers`` (GRUSS 1952). Se faire mettre les bas.
— Au fig.
1. Expr. vieillie. Être bas percé. ,,Allusion aux bas que l'on portait du temps des culottes et que les pauvres diables ne pouvaient souvent remplacer`` (FRANCE 1907).
♦ P. méton. :
• 4. ... Ce légitimiste qui avait des souliers percés et pas de bas avait un petit groupe de bas percés comme lui — légitimistes aussi — qui venaient le trouver là, ...
J. VALLÈS, Jacques Vingtras, Le Bachelier, 1881, p. 380.
Rem. Expr. attestée dans les dict. du XIXe s. sous bas, adv., avec une déf. du type suiv. : ,,Être ruiné, à sec, comme un tonneau qu'on perce bas, pour achever de le vider`` (Lar. 19e).
2. Bas de soie
a) Vêtement caractéristique d'un homme de l'ancienne aristocratie. P. méton. De bas de soie. Aristocratique :
• 5. Il a conservé cette fine fleur de l'antique parler des cours, ce sarcasme à l'oiseau royal, ce dédain en bas de soie et ce mauvais bon ton qui lui eût valu tant de succès dans les ruelles du 18e s.
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p. 165.
b) Chose qui convient parfaitement. Aller comme un bas de soie (expr. vieillie). Cf. aller comme un gant.
c) Symbole d'un luxe trompeur. De la boue dans un bas de soie :
• 6. Le marquis de Lauderdale vint à Paris remplacer M. Fox dans les négociations pendantes entre la France et l'Angleterre; pourparlers diplomatiques qui se réduisirent à ce mot de l'ambassadeur anglais sur M. de Talleyrand : « C'est de la boue dans un bas de soie ».
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 382.
d) Pop. Profit qu'une cuisinière de grande maison retire de la vente des graisses, jus de viandes, etc. (cf. Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.) :
• 7. ... la tenue des livres de la cuisine avec les quatre bourses de la cuisinière : la bourse des bas de soie ou des profits sur la graisse...
E. et J. DE GONCOURT, Sœur Philomène, 1861, p. 83.
3. Bas de laine. Cachette où l'on met l'argent économisé :
• 8. La paysanne continua son chemin en se demandant dans quel bas de laine, au fond de quelle paillasse elle cacherait ses deux pièces d'or.
A. FRANCE, Balthazar, 1889, p. 182.
— P. méton. La petite épargne, les petites économies :
• 9. Les Banques à succursales multiples (...) obtiennent le concours des « bas de laine » à l'activité productrice du pays. En période d'inflation monétaire, le terme « lessiveuse » a été fréquemment employé dans le même sens d'économies accumulées.
Banque 1963.
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. : bât.
Étymol. ET HIST. — 1552 « partie inférieure de la chausse » (RABELAIS, IV, 67 dans DG); 1575 « vêtement couvrant la jambe et le pied » bas de soye (Inventaire du château de Montrand, éd. E. de Poncins, Tours, Mame, 1906, p. 84).
Ell. de bas-de-chausses; le texte cité dans Fr. mod., t. 4, p. 339 (Recueil de Sotties, I, p. 243, S.A.T. : J'ay laissez mes bœufs et mes bas) semble attester plutôt une forme du mot bât.
STAT. — Voir stat. après basse2.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 56. — DUCH. 1967, p. 139. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 208.
1. bas, basse [bɑ, bɑs] adj., n. m. et adv.
ÉTYM. 1119; bas lat. bassus, bassulus, d'abord « épais, gras », d'orig. incert.; le lat. class. connaît le surnom Bassus, selon Guiraud du grec Bassos, de basson, compar. de bathus « profond, épais ».
❖
———
I Adj.
A (Définissant une dimension, dans l'espace). Qui est, dans le sens vertical, d'une faible dimension par rapport aux êtres, aux objets de même espèce (s'oppose à haut). || Les Alpes sont plus basses du côté de l'Italie. || Une côte basse et marécageuse. || Basses terres, basses régions. || Les Pays-Bas. || Haie basse. || Végétation basse. || Navire bas sur l'eau. || Maison basse. || Mur bas. || Porte, fenêtre basse. || Salle basse. ⇒ Basse-fosse. || Plafond bas. — Un bureau bas de plafond, un chapeau bas de forme. — Chaise, table basse. || Un divan très bas (→ Ameublement, cit. 2).
1 Madame d'Heudicourt était auprès du roi sur un petit siège tout bas et presque au ras de terre (…)
Saint-Simon, Mémoires, 97, 25.
2 Et toutes ces chaumières étaient pareilles, basses, enterrées, sombres (…)
Loti, Mon frère Yves, XXI, p. 72.
2.1 (…) le pavillon est très bas, il n'a pas vingt-cinq pieds, et les enceintes composées, les unes de murailles, les autres de haies vives très serrées les unes sur les autres, en ont chacune plus de cinquante de haut (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 160-161.
♦ Vx. || Un homme de basse stature (Académie). ⇒ Court, petit… — Mod. || Cheval bas sur jambes ou bas de jambes. || Bas sur pattes (1. Patte, cit. 7). || Le basset est bas sur pattes. || Front bas.
3 Le lynx est moins gros que le loup et plus bas sur ses jambes.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le lynx.
B (Définissant une position).
1 (Dans l'espace). Qui est à une faible hauteur dans un ensemble de choses identiques. || Cette branche est plus basse que les autres. || Les branches les plus basses. || Basses voiles, basses vergues, basses lisses. || Rehausser une étagère trop basse dans un rayonnage.
4 Il suffit que cet arbre ait un seul étage de bonnes racines, c'est-à-dire qu'il y ait des racines sortant tout autour du pied, de sorte qu'il n'y en ait point de beaucoup plus hautes ni de beaucoup plus basses que les autres (…)
♦ Qui est dans une position particulièrement peu élevée par rapport aux positions que la même chose peut occuper dans d'autres circonstances. || Vous êtes trop basse sur cette chaise, je vais vous donner un coussin. || Pantalon taille basse.
♦ Spécialt. || Le soleil est bas, près de son coucher. || Le jour est bas, sur son déclin. || Les nuages sont bas. || Plafond bas. || Le temps, le ciel est bas, chargé de nuages bas (→ Assombrir, cit. 9).
5 J'aime les temps bas; mais quand ils sont si bas qu'ils tombent sur notre nez, et qu'il pleut (…) j'ai envie de pleurer.
Mme de Sévigné, Lettres, 944, 13 déc. 1684.
6 Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, LXXVIII.
7 Le soleil est déjà bas et sa lumière un peu jaunie, quand Stamboul commence de dessiner au loin ses flèches aiguës et ses dômes.
Loti, Suprêmes visions d'Orient, p. 3.
♦ Qui est dans la position la moins élevée (que l'objet peut occuper lui-même, ou dans un ensemble d'objets identiques); à son niveau le plus faible. || Le bas bout d'une table. || Bas hauban. || La rivière est basse. || Les eaux sont basses, au niveau le plus bas. || Marée basse, basse mer. || Se baigner à marée basse. — La basse Seine, la basse Loire, la partie voisine de l'embouchure. ⇒ Inférieur. || La basse Égypte, la partie la plus voisine de la mer. — Vx. || La basse Normandie, la basse Bretagne, la partie occidentale de ces régions, située plus près de la mer. || Un bas-breton ou un bas Breton. || Un cultivateur bas normand.
8 (…) c'était à la campagne,
Près d'un certain canton de la basse Bretagne (…)
La Fontaine, Fables, VI, 18.
REM. Bas, étant ressenti comme péjoratif dans ces emplois, n'est plus employé. Deux des noms de département qui le comportaient ont été modifiés. Les Basses-Alpes sont devenues les Alpes de Haute-Provence, les Basses-Pyrénées sont devenues les Pyrénées-Atlantiques.
♦ La partie basse d'une ville, la basse ville, les bas quartiers. ⇒ Quartier, ville. || Les bas-champs : les terres les plus proches de la mer.
♦ ☑ Loc. Ce bas monde : la terre, par opposition au ciel. ⇒ Sublunaire. || En ce bas monde, en ce bas univers. ⇒ Ici (ici-bas).
9 Et prie Dieu qu'il nous garde en ce bas monde ici,
De faim, d'un importun, de froid et de souci.
Mathurin Régnier, Satires, VIII.
10 Elle nous fit l'honneur en ce bas univers
De préférer notre hémisphère
À celui des mortels qui nous sont opposés (…)
La Fontaine, Fables, VI, 20.
10.1 Luxe, calme… Ce n'est pas si souvent désormais dans ce bas monde, très bas, n'est-ce pas, de plus en plus bas…
Ph. Sollers, Femmes, p. 66.
♦ Baissé (par oppos. à levé). || Marcher la tête basse. || Ce chien porte les oreilles basses. — ☑ Fig. S'en aller l'oreille basse. ⇒ Confus, honteux, humilié, mortifié (cf. La queue entre les jambes).
11 Il remarqua ma contenance basse, éperdue, humiliée, indice de mes remords (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, 63.
♦ ☑ Faire main basse sur qqch. (l'abaisser pour le prendre), s'en emparer. ⇒ Piller.
♦ ☑ Avoir la vue basse, une vue courte qui force à se baisser pour distinguer un objet. — Fig. Manquer de perspicacité. — ☑ Fam. Avec son air con et sa vue basse…
12 (…) sa vue, qui était si basse qu'à peine pouvait-il écrire.
Mairan, Éloge de l'abbé Bignon.
13 Tous les utopistes sans exception, ont eu la vue trop basse et ont manqué d'esprit de prévision.
A. de Vigny, Journal d'un poète, p. 242.
2 (Sur l'échelle des degrés d'intensité). ⇒ Faible, inférieur. || Zones de basse pression. || Émetteur à basses fréquences. || La température est basse. || À basse altitude. || Sous les basses latitudes.
♦ Spécialt (sur l'échelle, le registre des sons, des notes). ⇒ Grave. || Les notes basses. || Prendre un morceau un ton trop bas. || La chanterelle de ce violon est trop basse, elle a été accordée trop bas. || Son bas et sourd. ⇒ Caverneux. || Une voix basse. ⇒ 1. Basse, voix.
♦ Par ext. Dont le registre est grave. ⇒ 1. Basse. || Clarinette basse. ⇒ 2. Basset.
14 La façon dont il appuyait sur certaines voyelles (…) rappelait l'écrasement de l'archet sur les cordes basses d'un violoncelle.
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 1 (cf. Appuyer, cit. 22).
♦ (Sur l'échelle des degrés de puissance de la voix). || À voix basse, d'un ton bas : sans élever la voix, en parlant doucement. ⇒ Faible, inaudible.
15 À table, nous demandions du pain à voix basse.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 1.
16 Remarquant son air étonné, ses futurs collègues lui expliquèrent à voix basse l'anomalie d'un tel accoutrement en un pareil lieu (…)
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 118.
17 Rumelles s'exprimait sur un ton bas et monocorde (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 89.
♦ ☑ Fam., vx. Faire parler qqn d'un ton plus bas, rabaisser, rabattre son ton, son caquet.
♦ Messe basse (par oppos. à grand-messe) : messe non chantée, où le prêtre ne fait que réciter les prières. — ☑ Fig., fam. Dire, faire des messes basses : parler à voix basse. ⇒ Chuchoter, murmurer; aparté (faire un).
3 (Sur l'échelle des prix, des valeurs cotées). Qui est peu élevé. ⇒ Inférieur, moindre. || Monnaie de bas aloi. — Bas prix. ⇒ Modéré, modique. || Acheter, vendre une marchandise à bas prix. || Céder qqch. à très bas prix. ⇒ Infime, vil (à vil prix). || Les cours sont plus bas qu'hier. || Les fonds sont bas. || Une politique patronale de bas salaires. || Le change est bas. || Le change est plus bas que le pair, au-dessous du pair. — Figuré :
18 Rien n'est jamais à si bas prix que la vie des hommes.
Guez de Balzac, Livre II, Lettre 5.
19 Peut-on laisser aliéner des cœurs qu'on peut gagner à si bas prix ?
Massillon, Humanité des grands, I.
♦ ☑ Au bas mot : en faisant l'évaluation la plus faible. ⇒ Minimum (au), moins (au); mot (cit. 39). || Cela vaut un million, au bas mot.
♦ Basses cartes, les cartes qui ont la moindre valeur.
♦ Bas morceaux : morceaux de qualité inférieure, de prix moindre, en boucherie.
19.1 En dedans de lui-même, il accusa le père Rouault d'être fier, et il alla se joindre dans un coin à quatre ou cinq autres des invités qui, ayant eu, par hasard, plusieurs fois de suite à table les bas morceaux des viandes, trouvaient aussi qu'on les avait mal reçus, chuchotaient sur le compte de leur hôte et souhaitaient sa ruine à mots couverts.
Flaubert, Mme Bovary, I, IV.
♦ (Dans le rang, le degré, l'ordre de la puissance sociale et politique, la hiérarchie). ⇒ Inférieur, subalterne. || À un degré plus bas de la hiérarchie. || Les postes les plus bas. || Les basses classes d'une école : les classes élémentaires. — Vx. || Le bas peuple. || Le bas clergé. || Basses fonctions. — Maître (ou, par plais., exécuteur) des basses œuvres : vidangeur. — Par antiphr. ☑ Exécuteur des basses œuvres. ⇒ Bourreau. — Basse origine, naissance, extraction, condition. ☑ De bas étage.
20 Si ma naissance est basse, elle est du moins sans tache (…)
Corneille, Don Sanche, V, 5.
21 On trouve la sainteté dans les emplois les plus bas et un esclave s'élève à la perfection dans le service d'un maître mortel, pourvu qu'il sache regarder l'ordre de Dieu (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
22 Un courage aussi grand dans un rang aussi bas (…)
Voltaire, Mérope, IV, 1.
23 Le bas peuple en vaudra certainement mieux, quand les principaux citoyens cultiveront la sagesse et la vertu (…)
Voltaire, Lettre à Damilaville, 13 avr. 1766.
♦ Basse justice (par oppos. à haute et moyenne justice), sous la féodalité, Celle qui connaissait de délits peu importants. || Seigneur bas justicier.
♦ Chambre basse, la Chambre des communes, en Angleterre (par oppos. à la Chambre haute, la Chambre des lords).
4 (Sur l'échelle des valeurs morales). ⇒ Abject, grossier, ignoble, impur, indigne, infâme, médiocre, méprisable, mesquin, odieux, servile, vénal, vil, vulgaire. || Âme basse. || Esprit bas. || Cœur bas. || Le caractère bas et rampant d'un laquais, d'un valet. ⇒ Avili, lâche, plat, rampant. — Sentiments bas. || L'avarice, passion basse. || Avoir de basses pensées. || Une basse complaisance, une basse envie, une basse jalousie. ⇒ Avilissant, dégradant, honteux, infamant, innommable, laid. || De basses actions. — Cour. || Basses besognes. || Une basse vengeance. ⇒ Avilissant, dégradant, infamant, laid; crapuleux. — (Personnes). Rare. || C'est un individu bas et lâche. || Vous êtes bas (→ ci-dessous, cit. 38).
24 N'apprendras-tu jamais, âme basse et grossière
À voir par d'autres yeux que les yeux du vulgaire ?
Corneille, Rodogune, II, 2.
25 Elle ne peut souffrir une basse pensée (…)
Corneille, le Cid, II, 3.
26 Qu'à des pensers si bas mon âme se ravale !
Corneille, Polyeucte, II, 1.
27 Les vices odieux des âmes les plus basses.
Molière, le Misanthrope, IV, 2.
28 Mon Dieu, que votre esprit est d'un étage bas !
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
29 Je trouve que vous appuyez un peu trop sur l'argent; et l'intérêt est quelque chose de si bas (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 1.
30 Laissez aux gens grossiers, aux personnes vulgaires,
Les bas amusements de ces sortes d'affaires (…)
Molière, les Femmes savantes I, 1.
31 Y a-t-il rien de plus bas et de plus honteux que cette passion (la colère) ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 3.
32 Madame, je n'ai point des sentiments si bas.
Racine, Phèdre, II, 5.
33 Fuyez surtout, fuyez ces basses jalousies,
Des vulgaires esprits malignes frénésies.
Boileau, l'Art poétique, VI.
34 Ta secte obscure et basse avilit les mortels (…)
Voltaire, Mahomet, II, 5.
35 En tout état de cause, un dénonciateur qui se cache joue un rôle odieux, bas, lâche (…)
Rousseau, Dialogue, V.
36 Vile et basse flatterie, soins séducteurs, insidieux, puérils qui, à la longue, rapetissent l'âme et corrompent le cœur (…)
Rousseau, Narcisse, Préface.
36.1 Julie qui allait, prétendait-elle, devenir une grande dame, consentirait-elle à recevoir une petite fille dont les inclinations vertueuses mais basses, seraient capables de la déshonorer ?
Sade, Justine…, t. I, p. 10.
37 Galérius prolonge dans les ténèbres de la nuit de basses et crapuleuses orgies (…)
Chateaubriand, les Martyrs, 122.
38 Vous êtes bas, vous êtes bas ! Le mensonge, l'hypocrisie, le vice, la trahison, voilà ce que vous aimez, ce qui vous plaît à respirer. Il n'y a dans votre cœur rien de pur, rien de vrai !
Edmond Jaloux, Fumées dans la campagne, XXIV, 202.
39 Il y a des jours où l'on touche au fond des choses, où l'on se débat en vain contre tout ce qui est bas et vil.
A. Maurois, le Cercle de famille, I, p. 122.
40 Nous avons cru que la virtuosité des âmes basses pouvait aider au triomphe des causes nobles (…)
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, p. 206.
REM. Encore vivant dans la langue écrite ou soutenue, cet emploi a vieilli dans l'usage spontané; il était neutre et courant dans la langue classique.
♦ Vx (langue class.). Grossier et propre à un usage déprécié de la langue. ⇒ Commun, trivial, vulgaire. || Un mot bas. — Un style, un ton bas.
41 Elle a (…) insulté mon oreille
Par l'impropriété d'un mot sauvage et bas
Qu'en termes décisifs condamne Vaugelas.
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
42 Il lui était échappé (…) beaucoup de paroles très basses.
Racine, Port-Royal.
43 Cette manière basse de plaisanter a passé du peuple à qui elle appartient jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, qu'elle a déjà infectée.
La Bruyère, les Caractères, V, 71.
5 (Dans le temps). Qui est au début. ⇒ Premier. || Bas âge [bɑzɑʒ], l'âge du berceau. ⇒ Âge (cit. 26). — ☑ Loc. cour. Enfant en bas âge.
♦ Qui vient en dernier lieu, dans une période. ⇒ Proche, récent. || Le Bas-Empire : l'empire romain après Constantin. || La basse latinité. — REM. Parfois employé péjorativement, avec l'idée de décadence, de dégénérescence. — Par ext. || Le bas latin : le latin du moyen âge, qui a subi des altérations du fait du contact avec d'autres langues.
44 Cette fameuse constitution qu'on appelle bulle d'or, à cause du sceau d'or qu'on nommait bulla dans la basse latinité (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, 70.
———
II N. m.
1 Partie inférieure. || Le bas du visage. || Le bas du corps. || Le bas du dos, euphémisme pour derrière, fesses. ⇒ Chute (des reins), derrière. — Étiquette (cit. 2) portant les mentions haut et bas. || Le bas d'une montagne. ⇒ Base, pied. || Le bas d'un meuble, le bas de la rue. || Le bas du pavé. || Vers le bas de la colline.
45 Il y avait au bas de votre lettre, trois écritures différentes.
Voiture, Lettres, 30.
46 Soigneusement, il apposa sa signature au bas de la page.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, I.
46.1 Le bas du tablier est très ample, ainsi que la jupe, tandis que le haut n'est qu'un simple carré de toile protégeant le devant du corsage.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 63.
♦ Vx. || Le bas. ⇒ Anus, fondement. || Aller par haut et par bas (→ Aller, cit. 15).
47 L'opération (produite par les gouttes d'Angleterre, sorte de purgatif) sur le maréchal de Lorge fut douce, mais prodigieuse par le bas (…)
♦ Imprim. || Bas de casse. ⇒ 3. Casse.
♦ (Abstrait). || Le bas de la hiérarchie. || Le bas de la société. || Le bas d'une gamme de produits. — Ellipt. || Un produit bas de gamme.
47.1 Le bonheur est avant tout le nivellement, ni par le bas ni par le haut : par le milieu.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 115.
♦ Spécialt. Ensemble des sons graves. ⇒ Grave. || Il a du mal à chanter dans le bas.
♦ ☑ Du haut, de haut en bas [dəotɑ̃bɑ]. ⇒ Haut (cit. 74, 75 et 76). || Aller de bas en haut. ⇒ Monter. || Du bas jusqu'en haut. ☑ Regarder qqn de bas en haut, des pieds à la tête. ⇒ Toiser.
48 Par ma foi, nous voilà plaisamment équipés,
Noirs du bas jusqu'en haut et des mieux encrêpés (…)
Hauteroche, le Deuil, 1.
49 Charlotte, assise, contemplait son fils de bas en haut (…)
Colette, la Fin de Chéri.
♦ ☑ Loc. prép. Au bas de… || Au bas de la côte (→ Après, cit. 30). || Au bas de l'escalier. || Un falbala au bas de la jupe. || Au bas de la page. — Se situer au bas de l'échelle sociale.
♦ Régional. || Bas de : au bas de.
49.1 (Il) poussa bas de la table l'assiette au hareng.
Simenon, Pietr-le-Letton, p. 58.
♦ ☑ Loc. adv. Au plus bas. || Niveler au plus bas (→ ci-dessous, au fig., cit. 58).
2 ☑ Fig. Des hauts (cit. 77 et 78) et des bas : des alternatives de bon et de mauvais état, de disposition heureuse ou chagrine.
50 Il faut du haut et du bas dans la vie.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 1.
51 N'admirez-vous pas comme cette vie est mêlée de haut et de bas, de blanc et de noir ?
Voltaire, Lettre à Damilaville, 9 févr. 1767.
52 Il s'était fait une vie de hauts et de bas perpétuels. Les brusques transitions de la rêverie à l'exaltation et de la nonchalance absolue aux excès bruyants étaient devenues un état normal dont il ne pouvait plus se passer.
G. Sand, Elle et Lui, 5.
53 Nous n'en sommes qu'à la première oscillation; nous verrons pendant vingt ans des hauts, des bas, des hauts, des bas, d'amplitude décroissante. Puis tout rentrera dans le calme jusqu'à la prochaine secousse.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXV, p. 162.
53.1 (…) la patronne (…) m'a assuré que Liliane était une bonne cliente, dont la trésorerie pouvait avoir des hauts et des bas, mais qu'elle finissait toujours par régler ses factures.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 70.
3 Vieilli ou littér. (Dans l'ordre moral). Ce qui est bas, vil, trivial.
54 Dangereux modèles et tout propres à faire tomber dans le froid, dans le bas et dans le ridicule (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 64.
55 Tous les dehors du vice y sont spécieux (chez les grands); mais le fond, encore une fois, y est le même que dans les conditions les plus ravalées; tout le bas, tout le faible et tout l'indigne s'y trouvent.
La Bruyère, les Caractères, IX, 53.
56 Le trivial et le bas défigurent la tragédie (…)
Voltaire, Lettre à Walpole, 15 juil. 1758.
57 Le christianisme (…) a fait voir le haut et le bas de notre cœur (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, III, 1.
REM. On trouve aussi, dans cet emploi fig., les loc. prép. et adv. traitées en II., 1.
58 Au lieu de niveler au plus bas, nous avons nivelé au plus haut. C'est mieux (…)
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, VI, p. 64.
———
III Adv.
1 À faible hauteur, à un niveau inférieur. || Les hirondelles volent bas, très bas, bien bas; je ne les avais jamais vues voler aussi bas, si bas. || S'incliner très bas en saluant. || Cette planche est placée trop bas, il faut la hausser d'un cran. || Baisser une chose, c'est la mettre plus bas qu'elle n'était. ⇒ Abaisser (cit. 1), baisser, descendre… || Il faut creuser plus bas. ⇒ Profond. || Le coup est parti de plus bas (Académie). || Il habite deux étages plus bas. ⇒ Dessous (au-dessous). || La taille se portera plus bas. || Être assis trop bas. || Le magasin est plus bas dans la rue. — Cheveux plantés bas.
59 Falbala par (en) haut pour celles qui n'ont point de hanches, celles qui en ont trop le portent plus bas.
J.-F. Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 6.
60 Si les fenêtres, par exemple, sont mal disposées, que les unes soient plus grandes, les autres plus petites, les unes placées plus haut, les autres plus bas, ce dérangement blesse les yeux et semble leur faire une sorte d'injure; c'est l'expression de Saint-Augustin.
Rollin, Œuvres, t. II, 1, p. 26.
61 Enfin l'un des deux vaisseaux lâcha à l'autre une bordée si bas et si juste, qu'il le coula à fond.
Voltaire, Candide, 20.
62 (…) quelque chose dans la joue de trop rond, de bébête, l'oreille attachée un peu bas (…)
Colette, la Fin de Chéri, p. 83.
62.1 Maigret ne s'était pas trompé en l'imaginant avec des cheveux drus, très bruns, plantés bas sur le front, des sourcils épais.
G. Simenon, Maigret et le client du samedi, p. 369.
♦ ☑ Fig. Ça vole bas : c'est médiocre, peu intéressant (en parlant d'une discussion, d'une plaisanterie, etc.).
62.2 Naturellement, l'existence, le nom et la profession de Madame Astiné étaient une source d'ébaudissement infini, à base de contrepèteries et de calembours d'un goût exécrable; mais plus la facétie volait bas, plus vif était l'amusement.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 22.
♦ Porter bas (en parlant d'un cheval) : avoir la tête baissée. || Porter bas l'oreille : avoir l'oreille basse.
63 Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris,
Serrant la queue et portant bas l'oreille.
La Fontaine, Fables, I, 18.
♦ Couler bas (un navire), l'envoyer par le fond. — V. intr. || Le bâtiment coula bas, s'enfonça brutalement. || Navire chargé à couler bas.
♦ Fig. À un niveau inférieur, dans une échelle de valeurs. || Les prix sont descendus très bas cette année. || Vous le placez bien bas dans votre estime !
♦ Le thermomètre est tombé très bas. || La température est descendue très bas. || Les cours (de l'or, de la Bourse) sont tombés très bas, se sont affaissés, se sont effondrés (→ Assignat, cit. 3).
♦ ☑ Fig. (Personnes). Est-il possible de tomber si bas ? à un tel degré d'abaissement, d'abjection, d'avilissement, etc.
63.1 Nous sommes bien bas ! Pauvre France ! Où allons-nous ?
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 630.
♦ Vx. || Penser bas, d'une manière vile.
64 Elle (l'âme) ne peut pas demeurer en cet état, tout triste qu'il est : il faut qu'elle tombe encore plus bas.
Bossuet, Sermon pour la profession de Mlle La Vallière.
65 On décline misérablement (…) néanmoins un rayon d'espérance, si bas que l'on soit, relève aussi haut qu'on était auparavant.
Pascal, les Passions de l'amour.
♦ ☑ Fig. et fam. Mettre qqn plus bas que terre, le rabaisser en en disant beaucoup de mal, le maltraiter.
66 (…) ce garçon que tu mets à présent plus bas que terre (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 48.
66.1 Qu'elle éclate, bon Dieu ! Qu'elle me mette plus bas que terre ! Mais qu'on en finisse !
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 313.
♦ Être bas : être en mauvais état, physique ou moral. || Le pauvre vieux est bien bas. ⇒ Mal. ☑ Il est au plus bas, près de mourir. || Son moral est très bas.
67 (Il) trouva sa pauvre femme si bas qu'elle avait plus besoin de confession que de médecin.
♦ ☑ Vieilli. Mettre, jeter (qqn, qqch.) bas : mettre, jeter à terre (ce qu'on portait). — Fig. ⇒ Abandonner, déposer, ôter. || Mettre bas un dictateur. ⇒ Renverser.
68 Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
La Fontaine, Fables, I, 16.
69 Jetant bas sa robe de chasse (…)
La Fontaine, Fables, XII, 9.
69.1 Il mit bas le peu de bois qui couvrait les sacs et il porta dans sa maison les sacs, qu'il posa et arrangea devant sa femme, qui était assise sur un sofa.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 268.
♦ Fig., vx. || Mettre bas tout scrupule, toute considération humaine (Académie). ⇒ Écarter, renoncer (à).
70 Allons donc, messieurs, mettez bas toute rancune, et faisons ici votre accommodement.
Molière, l'Amour médecin, III, 1.
♦ ☑ Mettre bas les armes, les déposer, et, fig., se rendre, capituler, s'avouer vaincu, renoncer à la lutte. — Ellipt. || Bas les armes !
71 Ils mirent bas les armes pour les regarder (…)
Fénelon, Télémaque, XX.
72 (…) le niais qui met bas les armes est armé de nouveau pour le service du vainqueur.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, X.
♦ ☑ Mettre pavillon bas : amener, baisser le pavillon, et, fig., céder, s'avouer vaincu.
73 J'ai conçu, dirigé, produit un stratagème
Devant qui tous les tiens, dont tu fais tant de cas,
Doivent sans contredit mettre pavillon bas.
Molière, l'Étourdi, II, 11.
♦ ☑ Mettre chapeau bas, l'ôter pour saluer, et, fig., s'incliner, reconnaître telle ou telle supériorité. — Ellipt. || Chapeau bas ! || Chapeau bas devant un tel courage ! ⇒ Chapeau.
74 Tous les plus gros monsieurs me parlaient chapeau bas (…)
Racine, les Plaideurs, I, 1.
75 Chapeau bas ! Chapeau bas ! Gloire au marquis de Carabas !
Béranger, le Marquis de Carabas.
♦ ☑ Fam. Bas les mains, bas les pattes, n'y touchez pas !
75.1 — Bonjour, madame Cloche. Bonjour ma p'tite Titine, et lui pinça la taille.
— Bas les pattes que j'vous dis. M'touchez pas avant qu'on soye mariés.
R. Queneau, le Chiendent, p. 235.
♦ ☑ Absolt. Mettre bas (en parlant des animaux supérieurs) : accoucher, faire son ou ses petits. ⇒ Mise (bas), parturition; chatonner, chevretter, chevroter, chienner, cochonner, vêler.
76 (…) en général, dans presque tous les animaux sauvages, le mâle devient plus ou moins féroce lorsqu'il cherche à s'accoupler, et la femelle lorsqu'elle a mis bas (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Les quadrupèdes, t. I, p. 302.
77 Lorsque la martre est prête à mettre bas, elle grimpe au nid de l'écureuil, l'en chasse, en élargit l'ouverture, s'en empare et y fait ses petits.
Buffon, Hist. nat. des animaux, t. II, p. 245.
2 (En parlant d'un écrit). || Plus bas : plus loin dans le texte. ⇒ Après (ci-après), dessous (ci-dessous), infra. || On lira plus bas… || Dont nous parlerons plus bas. || Voyez plus bas.
3 (Dans l'échelle des sons). a Sur un ton grave. || Vous chantez trop bas, vous avez pris ce morceau trop bas. || Ma voix ne descend pas si bas.
78 Parlons bas; écoute.
Corneille, le Cid, II, 2.
79 Isabelle, à Clarice, tout bas.
Corneille, le Menteur, I, 3 (Jeu de scène).
80 Parle bas, pendarde : tu viens m'ébranler tout le cerveau, et tu ne songes pas qu'il ne faut point parler si haut à des malades.
Molière, le Malade imaginaire, II, 2.
81 Ils appellent tout bas Mme de Maintenon Madame de Maintenant (…)
Mme de Sévigné, 854, Lettres, 18 sept. 1680.
82 Plusieurs se parlèrent des yeux et du coude en se retirant, et puis à l'oreille bien bas (…)
Saint-Simon, Mémoires, 60, 13.
83 Tous deux parlent très bas. Leur vie est un perpétuel chuchotement, un murmure étouffé dont on ne surprend presque rien (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, XIII.
84 Il riait tout bas, et ne semblait pas gai quand il riait.
Colette, la Fin de Chéri.
♦ Dire qqch. entre haut (III., B., 3.) et bas.
84.1 (…) beaucoup mouraient, et les médecins, surchargés de travail, à court d'espérance, disaient entre haut et bas que cette grippe était la peste, concourant ainsi à aggraver le désarroi des gens.
Suzanne Prou, la Terrasse des Bernardini, p. 132.
♦ Tout bas : intérieurement, sans parler, en secret, à part soi. ☑ Exprimer tout haut ce que chacun pense tout bas (→ 1. Général, cit. 14).
85 Mon cœur me condamne tout bas (…)
Racine, Andromaque, IV, 5.
86 En même temps que sa bouche
Me disait : je ne veux pas,
Ses yeux me disaient tout bas :
Je ne suis pas si farouche (…)
87 Ce n'est pas que je n'aie tout bas l'insolence de la croire bonne (cette tragédie); mais je n'oserais le présumer tout haut (…)
Voltaire, Lettre à Richelieu, 25 mai 1772.
4 À bas. || Mettre, jeter qqch. à bas. ⇒ Abattre, démolir, renverser. || Sauter à bas.
88 (…) Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas (…)
Ronsard, Élégies, XXX.
88.1 On nous porta chacun dans notre chambre. — Une heure après, sentant que je ressaisissais la possession de moi-même, je sautai à bas, je fourrai tout ce que j'avais, pêle-mêle, dans ma valise, et je me mis à fuir par le jardin, escorté silencieusement et jusqu'à la porte, par le basset.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 148.
♦ Par métaphore :
88.2 On sentait qu'un dernier effort de ceux qu'on appelait les Oranges allait pouvoir jeter à bas tout l'édifice, si patiemment édifié, de l'Empire.
J. d'Ormesson, la Gloire de l'Empire, t. II, p. 451.
♦ ☑ Fig. Mettre, jeter… à bas. ⇒ Abattre, détruire, renverser.
89 Pour jeter un des partis à bas (…)
Corneille, Horace, I.
90 Je vous l'avoue, il n'est pas encore temps de mettre à bas Mazarin (…)
Retz, III, 97.
91 Les ennemis sont à bas (…)
91.1 « La Révolution qui a suivi (le Concile) a jeté à bas trop de choses (…) »
Julien Green, Vers l'invisible, 6 mai 1965, p. 428.
♦ Ellipt. Cri d'improbation (s'oppose à vive !). || À bas la calotte ! || À bas les flics ! || À bas le gouvernement !
92 Crier à bas les ministres (…)
92.1 À bas les Sarah Bernhardt, la grande passionnée, qui, aussitôt après être morte au cinquième acte, se relève et court à la caisse pour savoir combien ça lui a rapporté de mourir pour nous !
J. Renard, Journal, 15 déc. 1897.
➪ tableau Principales interjections.
♦ ☑ Loc. prép. Vx. À bas de.
93 Il saute à bas de son lit (…)
Rousseau, Émile, II.
5 ☑ En bas : vers le bas, vers la terre. || De haut en bas : en descendant. || La pointe en bas. || Tirer en bas. || Se précipiter la tête en bas. || Marcher la tête en bas (→ Antipode, cit. 2; arbre, cit. 35).
94 Le galant fait le mort, et du haut d'un plancher
Se pend la tête en bas (…)
La Fontaine, Fables, III, 18.
95 (…) En rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
96 Un jeune enfant (…) tomba du haut du clocher en bas (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, IV.
♦ Au-dessous, en dessous. || Il loge en bas, au rez-de-chaussée. || Qui frappe en bas ? || Attendez-moi en bas. || Venir d'en bas. ⇒ Monter.
97 D'en bas, monta, par la fenêtre entrouverte, sur le jardin, la voix de baryton du docteur Arnaud (…)
Colette, la Fin de Chéri.
97.1 (…) le commissaire cria à tout hasard :
— Attention, en bas (…)
G. Simenon, Maigret et le client du samedi, p. 402.
♦ Par en bas. || Tirer par en bas. || Ce vase s'élargit par en bas.
98 Sa taille est devenue plus fine par en bas (…)
♦ ☑ Loc. prép. En bas de … (→ ci-dessus, Au bas de). || Il était en bas de la colline (Académie). || Il est tombé en bas d'une échelle. — Retrouvons-nous en bas de l'immeuble, fam. en bas de chez moi. — En bas, tout en bas de la hiérarchie.
♦ ☑ Ici-bas. ⇒ Ici. — ☑ Là-bas. ⇒ Là.
❖
CONTR. (Adj.) Élevé, haut. — Supérieur. — Levé, relevé. — Aigu (son), 1. fort. — Considérable, élevé, important. — Auguste, digne, généreux, grand, noble, pur, respectable, sublime. — Élégant. — (N.) Cime, comble, dessus, faîte, haut, sommet. — (Adv.) Haut.
DÉR. 2. Bas, 2. basse, bassement, bassesse, 1. basset. — V. 1. Basse (et dér.); baisser.
COMP. Branle-bas, basculer, contrebas. Passe-bas. — V. Soubassement. — Bas-côté, bas-dessus, bas-fond, bas-jointé, bas-mât, bas-port, bas-relief, bas-ventre; basse-cour, basse-fosse, basse-lice, basse-taille.
HOM. 2. Bas, bât, formes du v. battre. — (Du fém.) 1. Basse, 2. basse.
————————
2. bas [bɑ] n. m.
ÉTYM. 1500; ellipse de bas-de-chausses.
❖
1 Vêtement souple qui sert à couvrir le pied et la jambe. || L'usage du bas tricoté remonte au XVIe siècle. || Bas de laine, de fil, de coton, de soie. || Une paire de bas. || Pied, semelle, bout, talonnette, tige d'un bas. || Bas de sport. ⇒ Chaussette, mi-bas. || Mettre, porter des bas. || Mettre, chausser, enlever, ôter ses bas. || Attacher ses bas. ⇒ Jarretière. || Fabrication des bas. ⇒ Bonneterie. || Un bas troué. || Enter, ravauder, remmailler, rempiéter, renter, repriser des bas. || Bas chirurgical, bas à varices, bas élastique.
1 Il (un homme distrait) voit que son épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons (…)
La Bruyère, les Caractères, XI.
2 Le docteur, l'ayant regardé depuis la tête jusqu'aux pieds, lui dit pour toute raison : Prenez garde, Monsieur de La Fontaine, vous avez mis un de vos bas à l'envers; et cela était vrai, en effet.
d'Olivet, Hist. de l'Acad., t. II, p. 338.
2.1 C'était au demeurant, de très braves gens, aux mœurs très douces, et de très calmes destinées. La femme passait sa vie à tricoter des bas à côtes pour son mari (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le rideau cramoisi ».
♦ Spécialt, mod. Vêtement féminin qui couvre le pied et la jambe jusqu'au haut des cuisses. ⇒ Collant. || Bas de soie, de nylon. || Bas nylon. || Bas sans couture. || Bas à baguette, bas à grisotte. || Bas fins. || Bas indémaillable. || Tirer ses bas pour qu'ils ne fassent pas de pli. || Attacher ses bas avec des jarretelles. || Une maille de mon bas a filé.
3 Une belle jambe bien tournée, couverte d'un bas de soie couleur de rose, avec une jarretière d'argent (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, 8.
4 Sans y prendre garde, elle s'habillait devant lui, tirait avec lenteur ses bas de soie (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, II.
♦ ☑ Fig. Bas de laine : cachette où l'on met l'argent économisé (d'après la coutume attribuée au paysan français de placer ses économies, pièces d'or, etc. dans un bas de laine). — Par ext. Épargne ainsi réalisée.
4.1 Louis-Philippe était un imbécile, avec ses bourgeois, et il racontait l'histoire des bas de laine, dans lesquels le roi citoyen cachait ses gros sous (…)
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 94.
♦ ☑ Allus. littér. De la boue, de la merde dans un bas de soie. ⇒ Soie.
5 (…) pourparlers diplomatiques qui se réduisirent à ce mot de l'ambassadeur anglais sur M. de Talleyrand : « C'est de la boue dans un bas de soie ».
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, 1.
♦ ☑ Loc. vieillie. Aller comme un bas de soie : aller parfaitement, convenir. ⇒ Gant (aller comme un).
2 N. m. (1821; dans un contexte angl., av. 1786; calque de l'angl. bluestocking, 1757, « personne qui porte des bas bleus »). Péj. || Bas-bleu : femme à prétentions littéraires; intellectuelle pédante. ⇒ Pédant. || Cette fille est un insupportable bas-bleu. || Un jeune bas-bleu. || Des bas-bleus. — Adj. || Elle est intelligente, mais un peu trop bas-bleu.
6 Le Bas-bleu, sans doute ainsi appelé parce qu'il porte des bas noirs, a existé de tout temps (…) Qu'importe, après tout, qu'une femme barbouille quelques mains de papier ?
7 (…) vous m'écoutez là, tous, vous me faites pérorer comme un bas-bleu (…)
Loti, les Désenchantées, V, 30, p. 178.
❖
COMP. Sous-bas.
HOM. 1. Bas, bât, formes du v. battre.
Encyclopédie Universelle. 2012.