soutenu, ue [ sut(ə)ny ] adj.
• 1680; de soutenir
1 ♦ (Style) Qui se maintient à un certain niveau de pureté, d'élégance, évite toute familiarité. ⇒ élevé, noble. Le style soutenu d'un discours académique.
2 ♦ (XVIIIe) Qui se soutient, est constant, régulier. Travail, effort soutenu. Avec une attention soutenue. — Spécialt Qui se maintient à un niveau élevé. Cours soutenu des valeurs. Activité soutenue sur les marchés financiers.
3 ♦ Accentué, prononcé. « Les lignes, plus soutenues, sont d'un galbe plus gras » (Gautier). Un bleu plus soutenu. ⇒ intense.
⊗ CONTR. Relâché. Irrégulier.
soutenu, ue
adj.
d1./d Qui ne se relâche pas. Effort, rythme soutenu.
d2./d Accentué, prononcé. Couleur soutenue.
d3./d élevé, noble, en parlant d'un discours.
— Langue soutenue, très soignée, évitant toute familiarité.
⇒SOUTENU, -UE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de soutenir.
II. — Adjectif
A. — HÉRALD. [En parlant du chef d'une pièce] Bordé dans sa partie inférieure d'une bande d'un émail particulier (d'apr. PAST. Hérald. 1979).
B. — [Indique qu'on évalue un aspect, une dimension de qqc.]
1. a) Qui se maintient à un niveau élevé, qui se poursuit avec une intensité assez forte sans se relâcher. Synon. constant, persistant; anton. affaibli, relâché. Attention, effort, zèle soutenu(e). Bientôt la fraîcheur du matin se convertit en brise soutenue (SAND, Melchior, 1853, p. 266). L'épinette et le merisier qui brûlent régulièrement et font un feu soutenu (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 114).
b) En partic.
) Qui reste constamment élevé et noble en évitant toute familiarité. Anton. familier, relâché. Langue, style, ton soutenu(e). [Les brèves et les longues] sont plus aisées à observer dans la prononciation soutenue qu'exige un semblable emploi du discours (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 327).
) Dont l'intérêt, la qualité se maintient toujours aussi vif. Dans ce roman, dans cette pièce de théâtre les caractères sont soutenus, bien soutenus (Ac.). L'adresse des contrastes, une harmonie enchanteresse, une élégance soutenue, attachent et réveillent continuellement le lecteur (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. VII). Les perfections, avec l'étrangeté soutenue de ses rares écrits, nous suggéraient une idée de leur auteur bien distincte de celles que l'on se fait ordinairement des poètes (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 10).
c) ÉCON., FIN. Dont l'activité reste à un niveau élevé. Les affaires sont restées calmes dans la plupart des groupes et la tendance est demeurée soutenue (L'Œuvre, 7 févr. 1941). Mines soutenues, en particulier les cuprifères, diamantifères et mines d'or (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 11, col. 4).
2. [En parlant de phénomènes d'ordre perceptuel]
a) [En parlant de sons] Dont l'intensité se maintient à un niveau assez haut. Anton. faible. Note soutenue. La nuit, maintenant égale comme un son profond et soutenu d'où la polyphonie va s'élancer (GIONO, Poids du ciel, 1938, p. 205). Ici, dans ce compartiment, bercés et malmenés par le bruit soutenu, (...) les quatre visages en face de nous se balancent ensemble (BUTOR, Modif., 1957, p. 14).
b) [En parlant de couleurs] Dont le ton est franc et assez intense. Synon. intense, prononcé, vif; anton. délavé, pâle, terne. Gamme soutenue, couleur soutenue (Ac.). Elle s'était lassée d'imposer ses vues à M. Joseph Quesnel pour le petit salon aux boiseries d'un bleu soutenu (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 306). Les doublures changeantes surprennent par la variété de leurs nuances aux tonalités assez soutenues (Le Monde, 18 oct. 1951, p. 9, col. 4).
3. [En parlant d'affects] Qui ne se dément pas, qui ne retombe pas. Synon. constant, suivi; anton. intermittent. Amitié soutenue; bonheur soutenu. Cependant, malgré une tendresse si soutenue, un terrible soupçon m'obsédait (SAND, Mauprat, 1837, p. 210).
4. SYLVIC. [En parlant d'un massif forestier] Qui s'étend sans discontinuer, où les arbres se groupent sans la moindre clairière (d'apr. FÉN. 1970).
Encyclopédie Universelle. 2012.