stagner [ stagne ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1787; lat. stagnare
1 ♦ Rester immobile sans couler, sans se renouveler (en parlant d'un fluide). ⇒ croupir. « La mare stagnait, écrasée sous le soleil » (Pergaud).
2 ♦ Fig. Être inerte, languir. « ce dénuement où il stagnait depuis des mois » (Céline).
● stagner verbe intransitif (latin stagnare, de stagnum, eau stagnante) En parlant d'un fluide, rester immobile en un endroit : Des eaux sales stagnent dans les caniveaux. En parlant d'une activité économique, marcher, fonctionner au ralenti : Une industrie qui stagne. Littéraire. Demeurer dans un état fâcheux ou médiocre, s'y complaire : Stagner dans son ignorance. ● stagner (difficultés) verbe intransitif (latin stagnare, de stagnum, eau stagnante) Prononciation Dans ce verbe et ses dérivés stagnant, stagnation, etc., le groupe -gn- se prononce [&ph91;&ph98;], en faisant sonner successivement le g et le n (et non avec gn mouillé comme dans oignon). ● stagner (synonymes) verbe intransitif (latin stagnare, de stagnum, eau stagnante) En parlant d'un fluide, rester immobile en un endroit
Synonymes :
- séjourner
En parlant d'une activité économique, marcher, fonctionner au ralenti
Synonymes :
- végéter
Contraires :
- avancer
- se développer
Littéraire. Demeurer dans un état fâcheux ou médiocre, s'y complaire
Synonymes :
- croupir
stagner
v. intr.
d1./d Ne pas s'écouler, en parlant d'un fluide. Eaux qui stagnent.
d2./d Fig. Ne marquer aucune évolution. Les affaires stagnent.
⇒STAGNER, verbe intrans.
A. — 1. [Le suj. désigne un fluide liquide ou gazeux] Rester à la même place en nappe immobile. L'eau stagne dans les ornières. Le sol des rues désertes, où stagnaient des flaques de purin, était piétiné et défoncé par les troupeaux, allant à l'abreuvoir (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 247). La brume et les fumées d'un Paris affaissé et gris stagnaient jusqu'à l'horizon (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 45).
♦ P. métaph. Je vis émerger l'angoisse qui tout le temps avait stagné sous le courant de ma joie: j'étais redevenue pauvre (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 338).
— MÉDECINE
♦ Vx. [Le suj. désigne le sang, les humeurs] Cesser de circuler. Il est un autre genre de mort du cerveau, qui dépend de ce que le ventricule et l'oreillette à sang noir ne peuvent recevoir ce fluide: tel est le cas où, toutes les jugulaires étant liées, il stagne nécessairement et même remonte dans le système veineux cérébral. Alors ce système s'engorge (BICHAT, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 270).
♦ [Le suj. désigne une matière organique] S'accumuler. L'actinomycose se greffe donc surtout dans les points où stagnent les matières fécales (LAEDERICH ds Nouv. Traité Méd. fasc. 4 1925, p. 418).
2. P. anal. Rester, s'attarder à la même place. Plus loin, dans des terrains vagues et des emplacements vides, aux alentours du dédale des quais et des bâtisses, stagnaient des voitures militaires et des camions et s'alignaient des files de chevaux (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 102). 11 heures: les dancings ferment... On sort à regret, lentement. Des groupes stagnent des heures, ne sachant où aller (SEM, Ronde de nuit, 1923, p. 11).
B. — Au fig.
1. [Le suj. désigne une chose] Ne marquer aucune activité, ne pas évoluer. Synon. s'arrêter, s'ankyloser, piétiner. Les affaires stagnent en ce moment. Le frein conservateur est aussi nécessaire que l'élan révolutionnaire; faute de l'un ou de l'autre, l'art stagnerait ou divaguerait (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 441). Il ne saurait être question pour l'administration des postes et télécommunications de stagner sur une réputation acquise (Admin. P. et T., 1964, p. 45).
2. [Le suj. désigne une pers.] Rester inerte; demeurer dans un état (fâcheux ou médiocre) et ne rien faire pour en sortir. Synon. croupir, languir. Entre les lagunes d'alentour et dans le tréfonds forestier stagnaient quelques peuplades moisies, décimées, abruties par le tripanosome et la misère chronique (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 188).
REM. Stagnement, subst. masc., hapax. Il y a en effet des canaux affreux, abandonnés au cours ou plutôt au long du stagnement desquels surplombent, se balancent, on dirait de sordides maisons (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., 1893, p. 272).
Prononc. et Orth.:[stagne], (il) stagne [stagn]. V. stagnant. Étymol. et Hist. 1. 1788 « (en parlant d'un fluide), rester immobile sans couler, sans se renouveler » (FÉR. Crit. t. 3); 2. 1883 « (en parlant d'une personne), être inerte, ne pas évoluer » (BOURGET, Essais psychol., p. 113); 3. 1922 « des personnes, rester immobile, à la même place » (PROUST, Prisonn., p. 86). Empr. au lat. stagnare « former une nappe stagnante », « rendre stagnant, immobiliser », de stagnum « eau stagnante, nappe d'eau ». Fréq. abs. littér.:78. Bbg. GOHIN 1903, p. 262.
stagner [stagne] v. intr.
ÉTYM. 1787; lat. stagnare.
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1 Rester immobile sans couler, sans se renouveler (en parlant des fluides). ⇒ Croupir; stagnant. || L'eau stagne dans l'abreuvoir. — La brume stagne au fond de la vallée (⇒ Rester).
1 La mare stagnait, écrasée sous le soleil d'un midi de juin.
L. Pergaud, De Goupil à Margot, p. 133.
♦ (En parlant de gaz, de vapeurs, etc.). Littéraire :
2 (…) cette pièce où stagnait la fumée froide d'un poêle qui ne brûlait plus de tourbe à cette heure.
Aragon, la Semaine sainte, XI.
3 Le ragoût stagne dans son assiette au lieu de se déverser dans son tube digestif.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 163.
2 (1895, des personnes). Par métaphore, fig. Être inerte, languir, en rester au même point, ne pas évoluer (→ Forestier, cit. 2; renoncule, cit. 2). || Des vies qui se traînent et stagnent (→ Anéantir, cit. 16). || Idée (cit. 34) qui stagne. || Les affaires stagnent. ⇒ Languir.
4 On prolongeait même les remerciements par des propos différents qui permettaient de rester un instant de plus auprès du baron, pendant que ceux qui ne l'avaient pas encore félicité de la réussite de sa fête stagnaient, piétinaient.
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 266.
5 En dépit de ce dénuement où il stagnait depuis des mois, il s'était entouré d'une domesticité très compliquée (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 155.
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CONTR. Couler. — Bouger, développer (se), évoluer, fluctuer.
Encyclopédie Universelle. 2012.