substituer [ sypstitɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1318; sustituer 1270; lat. substituere « mettre sous »
1 ♦ Mettre (qqch., qqn) à la place (de qqch., qqn d'autre), pour faire jouer le même rôle. ⇒ remplacer, subroger. Substituer un mot à un autre. Substituer une peine plus faible à une première peine. ⇒ commuer. « Et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ? » (Diderot). « Substituant partout aux choses le symbole » (Vigny).
2 ♦ (v. 1355) Dr. Appeler (qqn) à une succession en remplacement d'un autre. Substituer qqn à son héritier principal. — Laisser en héritage par substitution (1o). Substituer un legs.
3 ♦ (XVIIe) SE SUBSTITUER À : se mettre à la place de (qqn), dans la même situation en l'évinçant, en le remplaçant, ou en s'identifiant à lui. « c'était m'écarter encore de l'affaire, me réduire à zéro, et, en un certain sens, se substituer à moi » (Camus).
● substituer verbe transitif (latin substituere) Mettre quelqu'un, quelque chose en lieu et place de quelqu'un, de quelque chose d'autre : Substituer un enfant à un autre. Remplacer, dans un composé, un atome, une molécule par un autre atome, une autre molécule, sans modifier la structure globale. Laisser un héritage à quelqu'un et désigner un autre héritier pour succéder à défaut ou après le décès du premier ; appeler un héritier à succéder à défaut d'un autre héritier ou après le décès de celui-ci. ● substituer (difficultés) verbe transitif (latin substituere) Construction Substituer une chose à une autre .Attention au sens, lié à l'ordre des compléments : substituer un rivet à une vis, c'est remplacer une vis par un rivet. Se substituer à qqch, à qqn, c'est le remplacer : pendant la guerre, la saccharine s'est substituée au sucre et la chicorée grillée au café. Au passif, on dit la saccharine est substituée au sucre, mais on ne peut pas dire : le sucre est substitué par la saccharine. Recommandation Au passif, dire le sucre est remplacé par la saccharine.
substituer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre (une personne, une chose) à la place d'une autre. Substituer une copie à l'original.
d2./d DR Appeler (qqn) à une succession après un autre héritier ou à son défaut.
rII./r v. Pron. Se mettre à la place de. L'oncle s'est substitué au père.
⇒SUBSTITUER, verbe trans.
A. — Mettre une chose ou une personne à la place d'une autre. Substituer une chose, une personne à une autre.
1. [En parlant d'une chose concr.] J'imaginai de substituer à ma jambe quelque appui artificiel, de façon qu'après l'avoir dégagée peu à peu je puisse m'échapper (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 33). Des seigneurs ont changé d'armoiries en changeant de fiefs (...) d'autres ont substitué leurs armes à celles de leurs terres (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 745).
— Empl. pronom. On dirait que le fer ne s'est substitué au bois qu'en l'imitant (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 124).
♦ En partic. [Dans une description] L'éparpillement des fermes est le régime qui apparaît, dès qu'à la continuité des plaines se substitue le morcellement propre aux contrées qu'ont envahies les glaciers (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 189).
— Empl. abs., rare. Les symbolistes sont mal nommés. Ce sont des gens qui substituent mais en fonction de l'impression unique. Le terme substitué n'est quelconque que chez les nullités ou les faiseurs de réclame. — Moi, je pose, de façon très mystique peut-être, que le paysage à substituer existe, qu'il faut l'atteindre, pour le décrire (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 360).
— CHIM. ,,Remplacer un atome, une molécule etc., dans un composé, par un autre atome, une autre molécule, sans changer l'allure générale du composé`` (DUVAL 1959).
2. [En parlant d'une chose abstr.] L'égoïsme substitué partout à l'intérêt social (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 44). Donner à ses instincts une saine satisfaction, qui (...) substitue à l'inhibition maladroite la sublimation (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 730).
— Empl. pronom. Partout le devenir s'est substitué à l'être, le relatif à l'absolu, l'historicisme à la science des premiers principes, la mobilité psychologique aux données de l'intelligence (MASSIS, Jugements, 1923, p. 3).
3. [En parlant d'une pers.] Quant aux libéraux qui avaient substitué le duc d'Orléans au souverain détrôné, ils représentaient le « pays légal » (BAINVILLE, Hist. Fr., 1924, p. 165).
— Rare, part. passé en empl. subst. Personne qui a pris la place d'une autre. Car c'est moi, n'est-ce pas, que l'on appelle le chœur, autrement dit le substitué d'un affréteur pas très sûr de sa cargaison et qui me charge de l'accompagner comme ces amis bénévoles le long de la charrette des pauvres gens qui sont là pour donner un coup de main au déménageur (CLAUDEL, Lune, 1949, p. 1280).
— Empl. pronom. Dans tous les cas, le mandant peut agir directement contre la personne que le mandataire s'est substituée (Code civil, 1804, art. 1994, p. 358). Il m'arrivait de me substituer tremblante, demi-nue, à l'esclave dont un dur éperon écorchait l'échine (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 60).
— Empl. pronom. impers. La vie d'un marchand industrieux (...) avait trop de prix pour la risquer, lorsqu'il pouvait se substituer avec avantage un Grec indigent, ou un barbare espagnol ou gaulois (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 188).
— Vx. Se substituer à la place de qqn. Et enfin je lui demandai de me substituer à sa place (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 211).
B. — DR. Substituer un héritier. Désigner un héritier qui héritera après un autre ou à son défaut. P. méton. Substituer un héritage, un legs. Le laisser par testament à quelqu'un qui le recevra après le premier héritier ou à son défaut. Le marquis répétait avec affectation qu'il apprenait à son successeur naturel à tenir, en partie double, le compte des produits de chacune de ses terres. Dans le fait, le marquis était trop jaloux de son pouvoir pour parler de ces choses-là à un fils, héritier nécessaire de toutes ces terres substituées (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 14).
Prononc. et Orth.:[], (il) substitue [-ty]. Étymol. et Hist. 1. 1270 sustituir « mettre une personne, une chose à la place d'une autre » (Layettes du Trésor des Chartes, éd. A. Teulet, t. 4, p. 460); 1318 substituer (ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 3, p. 198); fin XVIIe s. se substituer « se mettre en place de » (BOSSUET, Seconde instruction sur les passages particuliers de la version du Nouveau Testament. Dissertation sur Grotius, éd. 1703, p. CVII); 2. a) ca 1355 substituer (BERSUIRE, Tite-Live, ms. B.N. 20312ter, f° 30 v° ds LITTRÉ); 1352 substituir « appeler quelqu'un à une succession après un autre héritier, ou à son défaut » (Cartulaire de la ville de Lyon, éd. M. C. Guigue, p. 457); 1580 substituer (MONTAIGNE, Essais, I, 28, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 191); b) 1679 substituer « laisser des biens à quelqu'un par testament, pour qu'il en jouisse après le premier héritier » (RICH.); 3. chim. 1830 (J.-B. DUMAS, Traité de chim. appliquée aux arts, t. 2, p. 55). Empr. au lat. substituere « mettre sous, mettre à la place, substituer (un héritier) », formé de sub- et de statuere « établir, poser », dér. de status « position » (état). Fréq. abs. littér.:1 590. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 197, b) 1 245; XXe s.: a) 2 402, b) 2 773. Bbg. GOHIN 1903, p. 322.
substituer [sypstitɥe] v. tr.
ÉTYM. 1318; sustituir, 1270; lat. substituere « mettre sous », et, par ext., « mettre à la place », de sub-, et statuere « établir, poser », de status.
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1 Mettre (une chose, une personne) à la place d'une autre, pour lui faire jouer le même rôle. ⇒ Changer (de), remplacer, subroger (→ Œuf, cit. 3; renverser, cit. 5). || Choses égales (cit. 1), dont l'une peut être substituée à l'autre. ⇒ Substitut. || Substituer un mot à un autre (→ Car, cit. 8; physicien, cit. 2). || Substituer une peine plus faible à une première peine. ⇒ Commuer. || Substituer un succédané à…
1 — (…) et si vous détruisez la religion, que lui substituerez-vous ?
— Quand je n'aurais rien à mettre à la place, ce serait toujours un terrible préjugé de moins (…)
Diderot, Entretien d'un philosophe avec la maréchale de
2 Si j'ai caché le Dieu sous la face du Sage (…)
(…) substituant partout aux choses le symbole (…)
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « Mont des Oliviers », II.
2 (V. 1355). Dr. Appeler (qqn) à une succession après un autre ou à son défaut. ⇒ Héritage. || Substituer qqn à son héritier principal, en cas de mort.
3 Dr. Laisser en héritage par substitution (1.). || Substituer un legs.
4 (1904). Chim. Soumettre (un corps) à une substitution (2.).
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se substituer v. pron.
ÉTYM. (Fin XVIIe).
♦ || Se substituer à : se mettre à la place de…, dans la même situation que (en évinçant, en remplaçant, ou en s'identifiant à…). → Génie, cit. 16; métamorphose, cit. 5; observation, cit. 2.
3 Puis, il a continué sur ce ton, disant « je » chaque fois qu'il parlait de moi. J'étais très étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit de me taire et, après un moment, il a ajouté : « Tous les avocats font ça ». Moi, j'ai pensé que c'était m'écarter encore de l'affaire, me réduire à zéro, et, en un certain sens, se substituer à moi.
Camus, l'Étranger, II, IV.
♦ Chim. || Atome, radical qui se substitue à un autre dans une molécule. ⇒ Substituant.
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substitué, ée p. p. adj.
ÉTYM. (Déb. XVIIIe, Saint-Simon).
♦ Dr. Qui fait l'objet d'une substitution (1.). || Biens mobiliers substitués. — (V. 1748). Personnes. Qui bénéficie de la substitution. || Héritier substitué. — N. || Un substitué.
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DÉR. et COMP. Substituable, substituant. (Du p. p.) Monosubstitué, polysubstitué.
Encyclopédie Universelle. 2012.