taquiner [ takine ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1798; « chicaner pour des riens » 1785; « lésiner » 1660; de taquin
1 ♦ S'amuser à contrarier dans de petites choses, sans y mettre de méchanceté. ⇒fam. asticoter, chambrer, 2. chiner, embêter (cf. Faire enrager, faire marcher). Jean « la taquinait parfois, mentant exprès, soutenant des choses injustes, pour s'amuser à la voir s'étrangler de colère » (Zola). — Pronom. (Récipr.) « On se lance des petites pointes très légères pour s'émoustiller, pour se taquiner un peu » (Sarraute).
2 ♦ (Sujet chose) Être la cause de petites contrariétés, d'une douleur légère pour (qqn). « Ces petites misères qui taquinent le génie » (Gautier). ⇒ inquiéter. J'ai une dent qui me taquine. ⇒ agacer.
3 ♦ Loc. fam. Taquiner le goujon : pêcher à la ligne. Taquiner la muse : faire des vers en amateur, sans prétention.
● taquiner verbe transitif S'amuser, sans méchanceté, à contrarier, faire enrager quelqu'un : Cesse de taquiner ta sœur, tu vas la faire pleurer. Causer un désagrément physique ou être source d'inquiétude sans gravité : Son rhumatisme le taquine.
taquiner
v. tr.
d1./d S'amuser à agacer (qqn) par de petites moqueries sans gravité. Elle le taquine sans cesse.
— Loc. Fam. Taquiner la muse: écrire des vers.
|| v. Pron. (Récipr.) Cessez de vous taquiner!
d2./d (Sujet n. de chose.) Contrarier quelque peu; faire légèrement souffrir. Il a une dent qui le taquine.
⇒TAQUINER, verbe trans.
A. — [Le suj. désigne une pers.]
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Contrarier par jeu et malice quelqu'un par des gestes ou des paroles sans importance mais répétés; provoquer quelqu'un par jeu pour lui faire perdre son calme. Synon. agacer, asticoter (fam.), faire enrager, mécaniser (pop., vx), tracasser. Lorsque Lazare la négligeait un instant (...), elle devenait si malheureuse, qu'elle se mettait à le taquiner, à le provoquer, préférant le danger à l'oubli (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 942). Il était taquin. C'est parce qu'il avait de l'amitié pour ma mère qu'il exerçait de préférence sur elle son humeur contrariante. On ne taquine que ceux qu'on aime (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 471).
♦ Taquiner qqn au sujet de, sur qqc. Il la taquinait sur sa paresse et lui faisait d'affectueuses agaceries (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 210).
— Empl. abs. Il ne fait que taquiner (Ac. 1798-1935). C'est parce que j'attends, Que j'aime à taquiner; ça fait passer le temps (PONSARD, Honn. et argent, 1853, II, 3, p. 25).
— Empl. pronom. Réfl. (rare). Je suis d'un caractère taquin, voyez-vous, et je... j'ai l'habitude de me taquiner. Mais je... je ne peux pas me taquiner sans répit: là-bas il y avait les nuits. Je dormais (SARTRE, Huis clos, 1944, 1, p. 118). Réciproque. Bernard et Peters se montrent bourgeois égrillards, qui disent beaucoup de polissonneries, et se taquinent mutuellement, au sujet de leurs femmes (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 584).
2. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé]
a) Toucher légèrement ou nerveusement. Elle (...) regardait, avec une feinte distraction, le bout de son pied taquiner la frange d'un tapis (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1098). Il me poussa sur le visage et sur la nuque des boutons que je taquinais avec nervosité (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 103).
b) Utiliser, manier par jeu, par distraction ou en amateur. Taquiner un instrument de musique. Rodolphe, entiché d'alchimie et de magie, s'entourait d'une cour véritablement « hermétique ». Chacun, jusqu'aux valets de pied, y taquinait matras et cornues (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 56).
— Loc. fam. Taquiner le goujon. V. goujon1. Taquiner la muse. V. muse1 B 1 ex. de Romains. Taquiner les pinceaux; la palette. ,,Peindre en amateur`` (ROB. 1985).
B. — [Le suj. désigne un inanimé]
1. Causer un désagrément à quelqu'un en le tourmentant, en l'irritant légèrement mais de façon constante. Synon. agacer, picoter. C'est mon mal de gorge qui me taquine: le docteur dit qu'avec un peu de créosote j'en viendrai à bout (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 467).
2. Inquiéter, troubler l'esprit. Synon. tourmenter. Il y a là-bas quelque chose qui me taquine, un problème qui fait le fond de toutes mes journées (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 259).
REM. 1. Taquinant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui taquine, agace, tourmente. Par les sentiers battus, qui font mille zigzags taquinants, il fallait un bon quart d'heure (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 594). La pensée taquinante d'un temps d'arrêt dans le succès (GONCOURT, Journal, 1884, p. 335). 2. Taquineur, -euse, subst., rare. [Corresp. à supra B 1 b] Celui, celle qui taquine, qui a l'habitude de taquiner. La première fois qu'il leva la tête, le taquineur de goujons aperçut mon drapeau blanc (VIALAR, Pt jour, 1947, p. 331).
Prononc. et Orth.:[takine], (il) taquine [-kin]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1660 intrans. « être avare, lésiner » (OUDIN Fr.-Esp.), empl. isolé; 2. a) ) 1790 trans. « s'amuser à contrarier quelqu'un pour des vétilles » (d'apr. BRUNOT t. 6, 2, p. 1312); 1798 empl. abs. (Ac.); 1893 taquiner le goujon (v. goujon1); 1907 taquiner la muse (Lar. pour tous); ) 1864 (avec un sujet de chose) « être la cause d'une irritation, d'une douleur » (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t. 2, p. 260); b) 1866 « s'amuser à contrarier quelqu'un dans de petites choses, sans y mettre de méchanceté » (AMIEL, Journal, p. 453). Dér. de taquin; dés. -er. Au sens 1, uniquement att. ds OUDIN, loc. cit., il s'agit prob. de la trad. de l'esp. taca ear d'apr. taquin « avare » (esp. taca o), taquinerie « avarice » (esp. taca eria)). Fréq. abs. littér.:296 (taquinant : 18). Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 123, b) 563; XXe s.: a) 572, b) 505.
DÉR. Taquinage, subst. masc., rare. Action de taquiner. Synon. taquinerie. Vous en êtes encore aux petits taquinages, aux jalousies à faux, aux brouilles, aux coups d'épingles. À quoi cela sert-il? (BALZAC, Ptes mis., 1846, p. 202). — []. — 1re attest. 1838 (ID., Mais. Nucingen, p. 612); de taquiner, suff. -age.
BBG. — DARM. 1877, p. 84 (s.v. taquinage). — QUEM. DDL t. 20; 22 (s.v. taquinant); 28 (s.v. taquinage).
taquiner [takine] v. tr.
❖
1 S'amuser à contrarier dans de petites choses, sans y mettre de méchanceté. || Taquiner qqn. ⇒ Agacer, asticoter, chiner, harceler; enrager (faire), exciter, lutiner (vx), mécaniser (3.; vx), picoter (fig.). || Ce n'est pas vrai, c'était pour vous taquiner ! ⇒ Plaisanter.
1 (…) Jean (…) la taquinait parfois, mentant exprès, soutenant des choses injustes, pour s'amuser à la voir s'étrangler de colère.
Zola, la Terre, II, III.
2 (…) elle se moquait sans cesse de moi et ne perdait pas une occasion de me taquiner.
France, la Rôtisserie de la Reine Pédauque, IV, Œ., t. VIII, p. 29.
2 (Sujet n. de chose). Être la cause de petites contrariétés, d'une douleur légère. || Les misères qui taquinent le génie (→ Écarter, cit. 10). ⇒ Inquiéter, tourmenter. || J'ai une dent qui me taquine. ⇒ Agacer, chatouiller.
3 ☑ Loc. fam. Taquiner le goujon : pêcher à la ligne (Courteline, Messieurs les Ronds-de-cuir, V, I, p. 167). — ☑ Taquiner la muse : faire des vers. — Taquiner (un instrument de musique), en jouer doucement et négligemment. — ☑ Taquiner les pinceaux, la palette : peindre en amateur.
——————
se taquiner v. pron.
ÉTYM. (1823).
♦ Récipr. || Arrêtez de vous taquiner, les enfants !
❖
DÉR. L'adj. participial taquinant, ante, attesté en 1830 (in D. D. L.), est usité par les Goncourt.
Encyclopédie Universelle. 2012.