terreur [ terɶr ] n. f.
• 1355; terror XIIIe; lat. terror, terroris
1 ♦ Peur extrême qui bouleverse, paralyse. ⇒ effroi, épouvante, frayeur. Terreur affreuse, folle. Terreur panique. Être glacé, muet de terreur. Vivre dans la terreur. Inspirer de la terreur à qqn (⇒ terrifier, terroriser) . Une nouvelle qui sème la terreur. La terreur des gendarmes, qu'inspirent les gendarmes. Avoir la terreur d'être assassiné.
♢ Au plur. ⇒ alarme. Vaines, fausses terreurs.
♢ Par ext. Vive angoisse. « Je voyais avec terreur que ma paresse allait être impunie » (Radiguet). — Terreurs nocturnes : crises d'angoisse chez l'enfant, entraînant le réveil, mais ne laissant aucun souvenir. ⇒aussi cauchemar.
2 ♦ (depuis 1789) Peur collective qu'on fait régner dans une population pour briser sa résistance; régime politique fondé sur cette peur, sur l'emploi des mesures d'exception (⇒ terrorisme). Gouverner par la terreur. « Dénoncer le régime de terreur, d'exception, de délation » (Stendhal). — Hist. Ensemble des mesures d'exception prises par le gouvernement révolutionnaire depuis la chute des Girondins (juin 1793) jusqu'à celle de Robespierre (27 juillet 1794, 9 Thermidor). « La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible » (Robespierre). — Cette période. Pendant la Terreur. — Terreur blanche : nom donné aux deux périodes de terreur que les royalistes firent régner en France, la première en 1795, la seconde en 1815.
3 ♦ (1561) Être ou chose qui fait régner, qui inspire une grande peur. « Attila... La terreur des mortels et le fléau de Dieu » (P. Corneille).
♢ (1749 arg.) Fam. Individu dangereux qui fait régner la terreur autour de lui. Dans le milieu, il passe pour une terreur. Jouer les terreurs. ⇒ dur.
● terreur nom féminin (latin terror, de terrere, effrayer) Peur violente qui paralyse : Un cataclysme qui provoque la terreur de la population. Pratique systématique de violences, de crimes en vue d'imposer un pouvoir : Un dictateur qui ne se maintient que par la terreur. Personne ou chose qui inspire une grande peur, qui effraie : Ce garçon est la terreur du quartier. ● terreur (citations) nom féminin (latin terror, de terrere, effrayer) Edgar Quinet Bourg-en-Bresse 1803-Paris 1875 La terreur ne réussit pas à la démocratie, parce que la démocratie a besoin de justice, et que l'aristocratie et la monarchie peuvent s'en passer. La Révolution, XX, 6 David Herbert Lawrence Eastwood 1885-Vence 1930 La terreur que l'esprit ressent devant le corps a rendu fous d'innombrables mortels. The mind's terror of the body has probably driven more men mad than ever could be counted. Le Serpent à plumes, Préface ● terreur (expressions) nom féminin (latin terror, de terrere, effrayer) Terreur nocturne, trouble du sommeil de l'enfant se manifestant par un cri ou par des pleurs perçants, accompagnés de signes d'angoisse majeure. ● terreur (synonymes) nom féminin (latin terror, de terrere, effrayer) Peur violente qui paralyse
Synonymes :
- effroi
- épouvante
- frayeur
- horreur
- panique
Terreur
(la) période de la Révolution française allant de sept. 1793 à juil. 1794. Pour combattre les ennemis extérieurs et intérieurs de la nation, le gouv. franç., représenté par le Comité de salut public, instaura un régime dictatorial (nombr. condamnations à mort prononcées par les tribunaux révolutionnaires) et prit des mesures économiques draconiennes (loi du maximum). Fondée sur la loi des Suspects, la Terreur s'accentua (Grande Terreur) après le 10 juin 1794 et prit fin à la chute de Robespierre. On a, par analogie, donné le nom de Terreur blanche à deux réactions royalistes, dans le S.-E. (mai 1795) et le S. de la France (1815, début de la Restauration).
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Terreur
n. f.
d1./d Sentiment de peur incontrôlée qui empêche d'agir en annihilant la volonté. être saisi de terreur, paralysé par la terreur.
d2./d Ensemble de mesures arbitraires et violentes par lesquelles certains régimes établissent leur autorité; peur générale que ces mesures font régner dans une population. Prendre le pouvoir, gouverner par la terreur.
d3./d (Sens atténué.) Personne qui inspire la peur. C'est la terreur du quartier.
⇒TERREUR, subst. fém.
A. — 1. [À propos d'un individu] Peur extrême, angoisse profonde, très forte appréhension saisissant quelqu'un en présence d'un danger réel ou imaginaire. Frisson, instant, mouvement de terreur; fausse, grande, vaine terreur; terreur indicible, inexprimable, profonde, religieuse, sacrée, subite; fou de terreur; défaillir, être saisi, mourir de terreur; inspirer, semer la terreur. Elle reconnut la voix qui répondait: « Je vous remercie. » Alors, prise de terreur, elle revint en courant vers le fond de la pièce, s'assit à la table, chercha une contenance (MONTHERL., Songe, 1922, p. 203). C'est ainsi que l'on apprend à sentir, jusqu'à donner un nom à la terreur et à l'horreur, qui, dans un drame réel, n'ont point de nom ni de forme. On sait bien que, dans les terreurs paniques, ceux qui fuient ne savent pas qu'ils fuient ni qu'ils ont peur; c'est qu'ils ne sont plus du tout au spectacle (ALAIN, Propos, 1929, p. 844).
♦ Terreur panique.
— PSYCH. Terreurs nocturnes. Cauchemars nocturnes intenses surtout chez l'enfant. La grande personne pleine d'expérience qui rassure les terreurs nocturnes du petit garçon n'a pas d'inflexions plus ironiques ni plus bienveillantes (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 195).
— Terreur de + nom de la pers. ou de la chose qui inspire la terreur, ou + inf. Quand on a un amant plus âgé, on vit dans la terreur de sa mort. Et quand il est jeune, dans la terreur des autres femmes (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 157):
• Songez à ce qu'il [Stendhal] a le plus haï en ce monde, à la petitesse, à l'économie (...) à toutes les vertus antipassionnelles, — (terreur de l'opinion, terreur de la dépense, terreur d'aimer ce que l'on aime), — qu'il avait observées de près, subies, blasphémées dans son enfance, qui lui avaient rendu Grenoble et toute la province française odieuses.
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 97.
— HIST. DE LA LITT. La terreur et la pitié. Les deux émotions tragiques selon Aristote et les théoriciens du théâtre classique. Quel que soit le drame (...) qu'il contienne avant tout la nature et l'humanité (...). Ayez la terreur, mais ayez la pitié (HUGO, Les Burgraves ds Théâtre complet, Paris, Gallimard, t. 2, 1964 [1843], p. 18).
2. [À propos d'un groupe de pers.] Peur collective qu'on fait régner dans une population, un groupe de personnes, dans le but de briser sa résistance. L'ordre matériel exige, de toute nécessité, ou l'usage de la terreur, ou le recours à la corruption (COMTE, Philos. posit., t. 4, 1893 [1839], p. 116).
— HIST. Régime politique, mode de gouvernement fondé sur cette grande peur généralement entretenue par des mesures despotiques et par des violences. Jamais Robespierre, Collot ou Barrère, ne pensèrent à établir le gouvernement révolutionnaire et le régime de la terreur; ils furent conduits insensiblement par les circonstances (J. DE MAISTRE, Consid. sur Fr., 1796, p. 5). Déjà même, il n'en était plus à la république théorique et sage, il versait dans les violences révolutionnaires, croyait à la nécessité de la terreur, pour balayer les incapables et les traîtres, en train d'égorger la patrie (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 572).
[En France] Terreur blanche. Terreur que firent régner les royalistes dans le Sud-Est au printemps et en été 1795; représailles exercées par les royalistes pendant l'été de 1815 contre les bonapartistes et les républicains. Je pense que si trois terreurs se succédaient coup sur coup en un mois, terreur rouge, blanche et tricolore, la même justice siègerait, jugerait, condamnerait; et s'il y avait des affaires qui traînaient, elle condamnerait sous la terreur blanche au nom de la terreur rouge, et sous la terreur tricolore, au nom de la terreur blanche! (GONCOURT, Journal, 1861, p. 986).
[En Union Soviétique] Terreur rouge. La terreur rouge [en U.R.S.S.] dont parlent les témoignages extraordinaires rassemblés dans le livre de Jacques Baynac ne désigne pas cet ensemble de mesures répressives (...) Ce qui est ici analysé, c'est la naissance d'un véritable système de terreur d'État, méthodique, rationnel, qui soudain s'emballe, prend l'habitude du sang et n'en finit plus de reproduire ses terroristes et ses terrorisés comme pour se légitimer lui-même (Le Nouvel Observateur, 12 janv. 1976, p. 59, col. 3).
♦ Équilibre de la terreur. ,,Menace de l'arme nucléaire qui, en réponse à une hégémonie impérialiste, remplace la paix`` (GRAW. 1981). Faute de pouvoir être totale, la paix dégénère en guerre froide et l'ampleur démesurée des moyens de destruction fonde le nouvel ordre mondial sur l'équilibre de la terreur (CHAZELLE, Diplom., 1962, p. 39).
♦ P. méton. La Terreur. Période de la Révolution française comprise entre juin 1793 et juillet 1794 pendant laquelle des mesures d'exception furent prises contraignant les citoyens à obtempérer aux ordres du gouvernement révolutionnaire. La conduite de l'armée française pendant le temps de la Terreur a été vraiment patriotique (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 439). Au plus fort de la Terreur, Mlle Clairon était retirée à Saint-Germain, et dans le dernier besoin (DELACROIX, Journal, 1847, p. 192).
— HIST. DE LA LITT. ,,Idéologie littéraire fondée sur le refus de la rhétorique et l'occultation du travail de l'écriture par les écrivains modernes`` (ANGENOT 1979). Il est à la terreur je ne sais quoi de flatteur et d'avantageux. Qui prononce qu'un écrivain a cédé aux mots et aux phrases, se sent lui-même meilleur. (« C'était bon à la rhétorique, dit-il, de nous piper à ses fleurs et à ses règles. Mais l'essentiel... ») (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 121). C'est [la littérature] un métier austère qui s'adresse à une clientèle déterminée, tâche à l'éclairer sur ses besoins et s'efforce de les satisfaire; elle est terreur, elle est rhétorique (SARTRE, Sit. II, 1948, p. 238). V. terroriste II C ex. de Paulhan.
B. — P. méton. Tout ce qui inspire une grande peur.
1. Empl. abs.
a) Arg., pop. [À propos d'une pers.] Les souteneurs, les rôdeurs (...) ont des chefs (...) Ce sont les terreurs. Il y en a dans chaque quartier (GRISON, Paris, 1882, p. 185). Jouer les terreurs. ,,Chercher à impressionner un adversaire par l'exhibition agressive de sa force`` (CELLARD 1982).
— P. ext. Individu dangereux ou impressionnant. Personne ne résistait au rire d'Antoinette l'orpheline, même pas le terrible père François qui passait pour une terreur (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 190). Mon interlocuteur (...) est placé et renommé pour connaître toutes les ficelles de la droite et de la gauche (...). C'est une puissance, ou, plus exactement, c'est une « terreur » (GIONO, Voy. Ital., 1953, p. 251).
b) [À propos d'une chose] Objet de ce qui suscite la terreur. Tout ce que les couleuvres, les chauve-souris, les gros insectes des marais, les lézards ont de plus horrible, était réuni dans ce monstre [par Léonard de Vinci] (...). Ce qu'il y a de mieux, c'est que toute cette terreur avait été réunie par une longue observation de la nature (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 183).
2. Terreur de + subst.
a) [À propos d'une pers.] Mon père était la terreur des domestiques, ma mère le fléau (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 33). Du fond de ces désolantes ténèbres, tous ces gens-là, « terreurs » du boulevard extérieur, ou « terreurs » du Parlement, cambrioleurs et concussionnaires, ne présentaient plus à Sturel les profils qu'un lecteur honnête leur voit en lisant la Gazette des Tribunaux (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p. 195).
Rem. Dans le lang. arg., terreur déterminé ou non par un nom est toujours précédé de la pour constituer un surnom: Jojo la terreur. Dédé Bénard, la Terreur-de-Montreuil, habitait [vers 1930] sur la zone dans deux roulottes (TRIGNOL, Pantruche, 1946, p. 95).
b) [À propos d'un animal] À l'est de Domremy, s'élevait une colline couverte d'un bois épais où l'on ne s'aventurait guère de peur des sangliers et des loups. Les loups étaient la terreur du pays (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 11).
Prononc. et Orth.:[]. BARBEAU-RODHE 1930, WARN. 1968 aussi [RR] (par gémination expr.). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1375 « crainte violente ressentie » sing. et plur. (BERSUIRE, Tit. Liv., Bibl. nat. 20312 ter, fol. 59 v° et 36 ds LITTRÉ); ca 1590 suivi d'un déterm. introd. par de [génitif objectif] (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 445); 2. 1587 « ce qui inspire une grande peur » ici, en parlant de pers. (LANOUE, Discours pol. et milit., Basle, Fr. Forest, p. 238: s'appelans [les nobles] les bras de patrie, les gardiens des armes, et la terreur des ennemis); 3. 1749 p. ext. « individu dangereux qui sème la peur » (lang. poissard d'apr. ESN.). B. Terme pol. 1. 1748 « principe gouvernemental du despotisme » (MONTESQUIEU, Esprit des lois, VI, 9 d'apr. G. VAN DEN HEUVEL ds Actes 2e colloque de lexicol. pol. 1980, t. 3, 1982, p. 894: le gouvernement despotique, dont le principe est la terreur); 1789, 1er mars terme crit. utilisé dans les pamphlets contre le despotisme (L'Aristocratie enchaînée, p. 14, ibid., p. 895 et note 20: Louis XI et Richelieu [...] substituèrent la terreur à la confiance); 2. a) 1789, 11 nov. désigne un moyen d'atteindre un but pol. [l'ordre social fondé sur l'égalité] par la résistance et l'émeute (MARAT ds L'Ami du peuple d'apr. G. VAN DEN HEUVEL, ibid. et note 23: ce sont elles [les émeutes] qui l'ont rappelée [la faction aristocratique des États généraux], par la terreur, au devoir), cf. H. KESSLER, Terreur. Ideologie und Nomenklatur, Munich, 1973, p. 9 sqq. et 68 sqq.; b) 1793, 30 août empl. du concept de terreur lié aux exigences de l',,armée révolutionnaire`` (ROYER à la séance des Jacobins d'apr. G. VAN DEN HEUVEL, ibid., p. 898 et note 35: Plaçons la terreur à l'ordre du jour), cf. A. GEFFROI ds Mél. Guilbert (L.), pp. 125-126; formule souvent mythifiée: 1793, nov. sainte terreur (MUSSET et DELACROIX au Comité de Salut public d'apr. G. VAN DEN HEUVEL, ibid., p. 899 et note 42); 1794, 5 févr.(ROBESPIERRE, ibid. et note 45: la terreur n'est autre chose que la justice promte, sévère, inflexible [...] elle est une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux pressants besoins de la patrie), cf. H. KESSLER, op. cit., p. 159 sqq.; c) 1795, 3 juill. désigne l'époque où fut appliqué ce mode de gouvernement (ds R. COBB, Armée révolutionnaire, t. 2, 1963, p. 725 d'apr. G. VAN DEN HEUVEL, ibid., p. 902 et note 68: pendant la Terreur), cf. H. KESSLER, op. cit., p. 179. Empr. au lat. terror « terreur, épouvante » [terrorem inferre; terror belli]; « objet qui inspire la terreur ». Cf. l'a. prov. terror « menace grave, intimidation » terme de dr. 1254 doc. Arch. Narbonne ds LEVY (E.) Prov. Fréq. abs. littér.:4 351. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 7 564, b) 7 271; XXe s.: a) 6 113, b) 4 475. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 428. — FAYE (J.-P.). Dict. pol. portatif en cinq mots: démagogie, terreur, tolérance, répression, violence. Paris, 1982, p. 274 p.
terreur [tɛʀœʀ] n. f.
ÉTYM. 1355; terror, XIIIe; lat. terror, terroris.
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1 Peur extrême qui affole, bouleverse, paralyse; angoisse vive et profonde. ⇒ Peur; crainte, effroi, épouvante, étonnement (vx), frayeur, horreur. || Terreur affreuse, folle (→ Courir, cit. 53; 1. point, cit. 3). || Au comble de la terreur. || Terreur salutaire. || Frisson, crispation de terreur. ⇒ aussi Affres (→ Dépêche, cit. 3; effroi, cit. 5). || Inspirer de la terreur à qqn. ⇒ Terrifier, terroriser, trembler (faire trembler); → Ronde, cit. 1. || Qui inspire la terreur. ⇒ Affreux, redoutable, terrible. || Faire régner, répandre, semer la terreur (→ Alentour, cit. 3; forcené, cit. 7; héros, cit. 7). || « Un mal qui répand la terreur… » (→ Peste, cit. 1, La Fontaine). || Éprouver de la terreur. || Être saisi, affolé, glacé, muet de terreur (cf. Plus mort que vif). || Voir une chose, s'apercevoir de qqch. avec terreur (→ Hydre, cit. 3; renvoi, cit. 2). || Sa terreur est que…, suivi du subj. : il craint que…
1 Il est extrêmement craint de tous dans sa maison. Ses domestiques vivent dans la terreur. À table, s'il ne parle pas, personne ne dit mot.
Hugo, Choses vues, II, IV, Frédérick Lemaître.
2 On sentait dans la salle cette espèce de terreur religieuse qui saisit la foule lorsque quelque chose de grand s'accomplit.
Hugo, les Misérables, I, VII, XI.
3 (…) ils se rencontraient plusieurs fois par semaine, derrière le moulin de M. Du Buch. Leur terreur était que ma belle-mère les découvrît.
F. Mauriac, la Pharisienne, VI.
♦ Littér. (Dans les théories d'Aristote et de l'époque classique sur la tragédie). || La pitié et la terreur (→ Entendre, cit. 47, Rousseau; favori, cit. 2, La Bruyère; purger, cit. 3, Racine).
4 La terreur est, pour ainsi dire, le comble de la pitié; c'est par l'une qu'il faut aller à l'autre. Les malheurs les plus épouvantables tomberont sur un homme que j'en serai peu touché, si vous ne me l'avez pas montré d'abord digne de ma compassion et de ma pitié.
Chamfort, Maximes et pensées, Sur l'art dramatique, XXXVII.
♦ Au pluriel. ⇒ Alarme (supra cit. 5). || Vaines, fausses terreurs (→ Affranchir, cit. 12; avilir, cit. 21). || Inspirer à qqn des « terreurs salutaires » (Loti, Mon frère Yves, I). — Terreurs paniques (cit. 1 et 2).
♦ Terreur de…, suivi du nom de la personne ou de la chose qui inspire la terreur. || La terreur des gendarmes (cit. 6). || Lorsque la terreur des lois ne les retient plus (→ Bête, cit. 23). || Épileptique (cit. 4) qui vit dans la terreur incessante d'une attaque. — Avec un inf. || La terreur d'être assassiné (→ Feindre, cit. 4).
♦ Psychol., méd. || Terreurs nocturnes : crise d'angoisse chez l'enfant, entraînant le réveil et une conduite hallucinatoire, et ne laissant en général aucune trace mémorielle (différent du cauchemar).
2 (1789). Peur collective qu'on fait régner dans une population, un groupe pour briser sa résistance; régime, procédé politique fondé sur cette peur, sur l'emploi des mesures d'exception et de la violence. ⇒ Terrorisme. || Gouverner par la terreur (→ Proscription, cit. 1). || Régime de terreur, d'exception (cit. 9), de délation.
♦ Hist. Sous la Révolution française, Ensemble des mesures d'exception prises pour contraindre les Français à obéir aux lois du gouvernement révolutionnaire; la période pendant laquelle ces mesures furent en vigueur, depuis la chute des Girondins, en juin 1793, jusqu'à celle de Robespierre, le 27 juillet 1794 (9 Thermidor). || « La Terreur est à l'ordre (infra cit. 15) du jour ». || Sous la Terreur. || Pendant la Terreur. — La Grande Terreur : la période la plus sanglante de la Terreur, du 22 prairial (10 juin 1794) au 9 thermidor. — Terreur Blanche : la terreur que firent régner les royalistes dans le Sud-Est au printemps et en été 1795, et jusqu'en 1796. Nom donné aux représailles exercées par les royalistes dans tout le Midi pendant l'été de 1815, contre les bonapartistes et les républicains.
5 Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu, sans laquelle la terreur est funeste; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible; elle est (…) une conséquence du principe général de la démocratie appliqué aux plus pressants besoins de la patience.
Robespierre, Disc., 5 févr. 1794.
6 En l'absence de la religion, le gouvernement fut forcé d'inventer la terreur, pour rendre ses lois exécutoires (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 366.
7 L'on appelle Terreurs ces passages dans l'histoire des nations (…) où il semble soudain qu'il faille à la conduite de l'État, non pas l'astuce et la méthode (…) mais bien plutôt une extrême pureté de l'âme, et la fraîcheur de l'innocence commune.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, Portrait de la Terreur, p. 53.
7.1 Cette chaîne sans fin de deux terreurs qui s'enfantent l'une l'autre, qui font naître la répression de l'attentat, l'attentat de la répression (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 88.
♦ Par métaphore. || La Terreur dans les Lettres, sous-titre des Fleurs de Tarbes, de J. Paulhan (→ Terroriste, cit. 1).
♦ (Dans le contexte international). || L'équilibre de la terreur, créé par la peur de l'emploi des armes nucléaires.
7.2 La terreur remplace la peur : terreur devant les dangers de guerre atomique, devant les menaces de crise économique. Terreur non plus de la nature, mais de la société, malgré le passage à la rationalité idéologique et pratique. La terreur ne supprime pas les peurs; elle se surajoute à ces peurs. Les petites superstitions de la quotidienneté sont alors non pas supprimées mais « surdéterminées », supplantées par de grandes élaborations idéologiques, envers de la rationalité : horoscopes, reviviscences de religion.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 87.
3 (Avec un compl.). Être ou chose qui fait régner, qui inspire la terreur (au sens 1). || « Attila… La terreur des mortels et le fléau (cit. 2) de Dieu » (Corneille). || Le lion, terreur de forêts (→ Antique, cit. 8). || La foi (cit. 34) est la consolation des misérables, la terreur des heureux.
8 Terreur du libertin, espoir du fol ermite :
Le Ciel ! (…)
Baudelaire, les Nouvelles Fleurs du mal, X.
♦ (1749). Sans compl. Argotique puis fam. Bandit, voyou, individu dangereux qui fait régner la terreur autour de lui. ☑ Jouer les terreurs. ⇒ Dur. — (Dans un surnom). || Jo la Terreur.
9 Méfie-toi (…) Ces mômes-là (…)
— Des terreurs ?
— Plus moches que des terreurs, disait-il. Ça buterait père et mère, histoire d'se faire la main.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, III, III.
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DÉR. (Du sens 2) V. Terroriser, terrorisme, terroriste. — (Du même rad. lat.) V. Terrible, terrifier.
Encyclopédie Universelle. 2012.