AMMAN
AMMAN, arabe ‘AMM
Capitale du royaume hachémite de Jordanie. Ancien centre des Ammonites, qui lui donnèrent le nom de Rabbath Ammon, ‘Amm n prospéra à l’époque gréco-romaine puis byzantine sous le nom de Philadelphia. Elle déclina après la conquête musulmane (VIIe s.) jusqu’à n’être plus qu’un simple point d’eau pour les nomades au XIXe siècle. La bourgade, peuplée de quelques dizaines de Circassiens, devint la capitale de l’émirat de Transjordanie en 1922 et du royaume hachémite de Jordanie en 1948. Depuis, ‘Amm n s’est considérablement développée (1 160 000 hab. en 1986), surtout à la suite du conflit de Palestine qui y a provoqué un afflux de réfugiés palestiniens.
La ville s’est construite à partir de l’axe formé par la vallée encaissée d’un torrent, le w d 稜 ‘Amm n; elle s’est étendue sur une série de collines escarpées et arides (djebel ‘Amm n, djebel Achrafiyé el-Qala) qui portent palais, bâtiments officiels, quartiers résidentiels luxueux ou misérables. À la fois centre commercial, routier et administratif, ‘Amm n ne bénéficie pas d’un support agricole important, comme Damas, ni d’une industrie notable (cuir, industries alimentaires, tabac, ciment). Elle a conservé de son passé un théâtre antique datant du IIe siècle.
● amman nom masculin (néerlandais amman) Titre donné à certains magistrats locaux brabançons, flamands, lorrains, suisses, etc., dont les attributions sont variables. ● amman (homonymes) nom masculin (néerlandais amman) aman nom masculin amant nom masculin
Amman
(`Ammân) cap. de la Jordanie; 972 000 hab. Centre comm.; raffinerie de pétrole.
⇒AMMAN, subst. masc.
Titre donné à divers magistrats dans quelques pays de droit germanique; en partic., dignité du premier magistrat dans certains cantons de la Suisse alémanique.
Rem. Ammanie, subst. fém. District administré par un amman (attesté ds LITTRÉ, qui cite un ex. de 1715, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.).
Prononc. :[]. LITTRÉ et DG transcrivent le mot avec m géminé. — Dér. Ammanie. Seule transcription ds LITTRÉ : a-mma-nie.
Étymol. ET HIST.
I.— Amman, [1119 « officier public chargé de la rédaction et de la garde des actes privés; officier de justice » dans un texte de lat. médiév., domaine wallon (Charte de Baudouin, comte de Flandre, chartier de St Bertin ds DU CANGE s.v. amman : Rodulphus Amman de S. Folquinikerca, Alfgerus Amman de S. Georgio, Bernuldus Amman de Broburg, etc.)]; 1. a) 1279 anc. dr. wallon, a. wallon aman « id. » (Oct. 1279, Lett. de Béat., dame de Courtray, Arch. de l'Etat à Gand, 256 ds GDF. : Henris l'aman de Donse); 1287 id. a. wallon amman « id. » (Lett. de Godefr. de Brab., ib., 438, ibid. : Nous ammans, nous eschevin et toute li communites de le vile de Broussiele); devenu terme hist. cf. 1872 (Extr. de l'Indép. belge, dans Journ. offic., 15 oct. 1872, p. 6501, 3e col. ds LITTRÉ Suppl. 1877 : Un registre des comptes de l'amman de Bruxelles pour les années 1675 à 1699); b) XIIIe s. id. a. lorr. aiman « id. » (Chart. mess. du XIIIe s., Observ. sec. de Ferry, t. I, f° 259 v° ds GDF. : Per main d'aimans de Mes); 1436 id. a. lorr. amant « id. » (Pr. de l'H. de Metz, V, 335, ibid. : Jadis amant et sochief de nostre citeit); devenu terme hist. 2. 1419 a. fribourgeois am(m)an « titre porté, dans certains cantons de la Suisse all., par le chef de l'État ou de la commune » (Comptes Trés., 33, Arch. Fribourg ds Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33 : A l'ancien aman de Switz); 1475 id. (Freib. Geschichtsbl. XVI, 19, ibid. : Scripta facta par lez amman Hentzly et Cupferschmit); 1576 utilisé en m. fr. pour désigner le titre suisse (J. BODIN, Les Six livres de la République, II, 7 ds HUG. : [En Suisse.] Ainsi font ils les assemblees des communes, pour eslire l'aman, qui est en chacun des petits Cantons le souverain Magistrat : ou celuy qui a esté par trois ans Aman ... nomme trois citoyens, desquels le peuple en choisit un); cité par COTGR. 1611 et en fr. mod. dep. Trév. 1752.
II.— Ammanie, 1. Apr. 1463 anc. dr. wallon, a. dial. de Flandre ammannye « maison de détention ou prison pour dettes » (Troubl. de Gand, p. 133, Chron. belg. ds GDF. : Et pareillement remettre en nos mains l'ammannye de nostre dicte ville et les prisons); 2. XVe s. id. id. ammannie « district d'un amman » (Arch. Nord, B 17485, f° I v° : Nul ne viendra a l'election des dis lignages pour estre esleu ou choisy s'il n'a de rente L florins de Rin par an et qu'il soit demourant en l'ammannie et bourgois de Brouxelles). — 1715 ds LITTRÉ devenu terme hist.; 3. 1615 id. id. ammanie « charge de l'amman » (Cout. de Furne ds Ch. BOURDOT DE RICHEBOURG, Nouv. Cout. gén., I, p. 670, titre XLV, art. III : Et les Ammans feront seulement les ajournemens & les insinuations qui servent & qui sont requis aux faits de leurs Ammanies & point d'autres).
I 1 a empr. au m. néerl. amman, ampman, ambtman, amptman « homme qui a une charge du gouvernement; personne qui gouverne », les deux premières formes empl. dans les Flandres et en Brabant (VERDAM 1964, p. 39, s.v. Amman, Amptman). I 1 b et I 2 empr. au m. haut all. amman, contraction du m. haut all. ambet-man « id. », 1297 « serviteur, fonctionnaire, officier de justice, maire » (Charte citée ds CHMEL, urkunden, briefe und actenstücke zur geschichte Maximilians I. Stuttg. 1845; fontes rerum austriacarum. Wien 1849 d'apr. GRIMM, Deutsches Wörterbuch, 1854, s.v. Ammann : Ruedel der amman); XIIIe s. « régisseur » (Deutsche predigten des 13. jh. herausg. v. F. K. Grieshaber, Stuttgart, 1844, t. 1, p. 132 d'apr. M. LEXER, Mittelhochdeutsches Handwörterbuch, 1872, t. 1, col. 51 : anman über sîn guot); il est vraisemblable que I 1 b a été empr. au frq. mosellan et I 2 à l'alémanique. (Cf. E. TAPPOLET, Die alemannischen Lehnwörter in den Mundarten der franz. Schweiz, II. Teil, Etymol. Wörterbuch Basel, 1916, p. 3 ainsi que FEW t. 1, p. 89b et 151, p. 19a).
Le m. haut all. ambet-man (dont le premier composant est devenu l'all. mod. Amt « fonction ») est issu de l'a. haut all. ambaht(man), le mot simple ambaht et ses correspondants dans les autres lang. german. ayant été empr. par les Germains au celt. ambactos (voir ambassade).
II dér. de amman, étymol. I 1 a; suff. -ie. À rapprocher du m. néerl. ammanie, ammannie, ammenie qui selon VERDAM 1964 signifie 1. ,,ressort, juridiction, également charge de l'amman`` 2. ,,bâtiment qui sous l'administration ou la surveillance de l'amman servait de maison de détention ou de prison pour dettes``.
À noter que amman étymol. I 1 b, a pour dér. l'a. lorr. amanderie « charge de l'amman » (presque toujours de la ville de Metz), 1304-1499 ds GDF.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BEHRENS D. 1923, p. 31 (s.v. ammanie), 40, 98. — BÉL. 1957. — BOISS.8. — COLOMBANI (G.). Les Mots d'origine allemande dans la langue française moderne (1500-1952). Univ. d'Aix-Marseille, 1953, pp. 189-190 (Thèse Lettres. Aix-en-Provence. 1953.). — PISSOT 1803. — PRÉV. 1755.
amman [amɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1119; du néerl. amman, ampman, ambtman, amptman « personne qui gouverne ».
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♦ Titre donné à certains magistrats locaux, dans certaines régions de Suisse alémanique. — Syn. : landamman. — Hist. Magistrat municipal en Wallonie, au Moyen Âge.
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HOM. Aman, amant.
Encyclopédie Universelle. 2012.