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trimer

trimer [ trime ] v. intr. <conjug. : 1>
• v. 1730; « cheminer » 1619; p.-ê. altér. de l'a. fr. trumer « courir » (XIVe), de trumel « 2. mollet » → trumeau
Travailler avec effort, à une besogne pénible. besogner, peiner. « Quand on a trimé toute une vie, pensez qu'à treize ans j'étais déjà en atelier » (Aymé).

trimer verbe intransitif (peut-être de tramer, faire la navette, ou ancien français trumel, mollet) Familier. Travailler dur, peiner, se fatiguer. ● trimer (homonymes) verbe intransitif (peut-être de tramer, faire la navette, ou ancien français trumel, mollet)trimmer ou trimer nom masculin (anglais trimmer) Engin de pêche pour le brochet, pêchant seul, constitué d'une sorte de disque flottant dont la périphérie est creusée d'une gorge contenant une longue ligne. Correcteur de fréquence des montres à quartz. Condensateur d'appoint ajustable servant à parfaire l'accord d'un circuit.

trimer
v. intr. Fam. Travailler durement.

⇒TRIMER, verbe intrans.
A. — Pop., vx
1. Faire du chemin, marcher; en partic., marcher beaucoup et avec peine. Synon. cheminer. Mes souliers étaient usés, mes habits décousus, à force d'avoir trimé dans ces chemins-là, qui ne sont pas commodes du tout! (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 183). Nous avions fait plus de dix lieues depuis quatre heures du matin quand nous arrivâmes (...) Depuis le matin qu'on trimait (RICHEPIN, Morts biz., 1883, p. 242).
— [Dans une tournure factitive] Faire trimer qqn. Faire courir quelqu'un, lui faire faire des déplacements inutiles. J'espère pourtant que vous allez vous tenir tranquille et ne pas trop me faire trimer la nuit dans les bois avec des transes mortelles (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 248).
2. Vagabonder sur les routes; en partic., courir les chemins à la recherche de menus travaux. Synon. trimarder (v. ce mot A 1). Pauvre patarin, voué dès son bas âge à trimer sans cesse par monts et par vaux, comme le Juif-Errant (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 138). V'là quinze jours que j'trime pour chercher du bouleau (BRUANT 1901, s.v. trouver).
B. — Familier
1. Travailler très durement pour assurer sa subsistance; p. ext., faire des besognes pénibles. Synon. besogner, marner1 (pop.), peiner, turbiner2 (pop.). Le vieux Dominique songeait à la vie qui se faisait plus âpre chaque jour. On trimait toute sa chienne de vie pour amasser quatre sous et on n'y arrivait pas (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 4). On va, on pousse sa charrue, on trime, les jours se défont et on n'a pensé à rien (AYMÉ, Jument, 1933, p. 194).
— [Dans une tournure factitive] Faire trimer qqn. V. bicot2 ex.
Trimer à + inf. S'échiner à faire quelque chose. Moi, je trime toute la journée à porter du lait, à puiser de l'eau, à casser du bois (LABICHE, Pied ds crime, 1866, III, 3, p. 417).
2. Étudier, travailler intellectuellement avec acharnement. Synon. bosser1, bûcher2. Il se plaignait avec amertume de ces écoles du gouvernement, où l'on trimait tant d'années, et qui n'assuraient pas même une position à tous ceux qu'elles jetaient sur le pavé (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 170). J'avais trimé trois ans, seul, les yeux fixés sur mon but; j'avais donné là tout l'effort d'intelligence, de volonté, d'application, dont j'étais capable (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LVII).
Prononc. et Orth.:[], (il) trime []. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) 1619 « cheminer, vagabonder » (L'Affronterie des usuriers descouverte, p. 15 ds MICHEL 1856); 1628 (O. CHÉREAU, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé, p. 18); b) 1800 « marcher vite et longtemps, avec fatigue » (BOISTE); 2. ca 1730 « travailler durement » (CAYLUS, Le Bordel ou le jean-foutre puni, 55 ds Aufsätze zur Sprachwissenschaft, 2, 1980, p. 37). Prob. issu de trumer « courir » (fin du XIVe s., EUSTACHE DESCHAMPS, Œuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 292), qui appartient à la famille de trumel « jambe » (v. trumeau); le verbe aurait donc signifié littéral. « jouer des jambes ». Fréq. abs. littér.:63. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 295. — QUEM. DDL t. 1.

trimer [tʀime] v. intr.
ÉTYM. 1619; p.-ê. altér. de l'anc. franç. trumer « courir » (XIVe), de trumel « mollet ». → Trumeau.
1 Vx. Marcher, aller (sans but, ou avec effort, fatigue). Trimarder; cheminer.
1 Mes souliers étaient usés, mes habits décousus, à force d'avoir trimé dans ces chemins-là qui ne sont pas commodes du tout !
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 464.
2 (1754). Mod. Travailler avec effort, à une besogne pénible. Besogner, peiner (→ Rentier, cit. 1, Verlaine). || Trimer aux ateliers (cit. 5). || Après avoir bien trimé toute ma vie, je mourrais volontiers dans mon lit (cit. 12). || Elle faisait trimer ses enfants.
2 Il faut savoir trimer pendant des années sur les besognes les plus intellectuelles, avec la stupide patience du bœuf.
François de Curel, la Nouvelle Idole, II, 5.
3 Ils se sont faits eux-mêmes, disent-ils. On les étonnerait beaucoup en leur représentant qu'ils ont des devoirs envers la classe dont ils sont sortis, où triment encore les leurs.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 61.
4 Quand on a trimé toute une vie, pensez qu'à treize ans j'étais déjà en atelier, toute une vie quand on a trimé, qu'on arrive au bord de ne plus travailler, qu'on est fatigué à n'en plus pouvoir, on voit la vieillesse comme une récompense.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La bonne peinture, » p. 218.
DÉR. Trimeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.