vallée [ vale ] n. f.
1 ♦ Espace allongé entre deux zones plus élevées (pli concave ou espace situé de part et d'autre du lit d'un cours d'eau). ⇒ val, vallon; combe, gorge, ravin. « La vallée [...] semble fermée de toutes parts, pareille à une vasque de terre cachée entre des collines boisées » (Suarès). — Géogr. Vallée jeune (versants rocheux, irréguliers), « mûre » (versants régularisés). Vallée sèche, morte (par disparition du cours d'eau). Vallées glaciaires (anciens lits de glaciers).
♢ La vallée de Josaphat, du Cédron : lieu où, selon la Bible, les morts ressusciteront au Jugement dernier. — Relig. Vallée de larmes, de misère : le monde terrestre, la vie, par opposition au monde céleste.
2 ♦ Région qu'arrose un cours d'eau. ⇒ bassin. La vallée de la Loire (⇒ val) ; la vallée du Nil.
3 ♦ En montagne, Région moins haute (vallées proprement dites et pentes). ⇒ 1. aval. Les hommes de la vallée.
● vallée nom féminin (de val) Dépression allongée, plus ou moins évasée, creusée par un cours d'eau ou par un glacier. ● vallée (citations) nom féminin (de val) Charles Victor Prévost, vicomte d'Arlincourt près de Versailles 1789-Paris 1856 J'habite la montagne et j'aime à la vallée. Le Siège de Paris Commentaire Du burlesque involontaire de ce vers on rapprochera les deux citations suivantes du même auteur. ● vallée (expressions) nom féminin (de val) Vallée aveugle, en relief karstique, vallée dont les eaux pénètrent dans le sol et qui est fermée par un mur vers l'aval. Littéraire. Vallée de larmes, de misère, ce bas monde (par opposition au Ciel, considéré comme séjour de la béatitude). Vallée médiane, dépression longitudinale occupant la partie axiale d'une dorsale océanique lente. Vallée morte, vallée qui n'est plus drainée par un cours d'eau. Vallée suspendue, vallée affluente, au-dessus de la vallée principale, de laquelle elle est séparée par un gradin de confluence. ● vallée (homonymes) nom féminin (de val) valet nom masculin ● vallée (synonymes) nom féminin (de val) Dépression allongée, plus ou moins évasée, creusée par un cours...
Synonymes :
- combe
- val
- vallon
vallée
n. f.
d1./d Dépression plus ou moins large creusée par un cours d'eau.
— Vallée jeune, assez encaissée, aux versants irréguliers.
— Vallée morte, sèche, où le cours d'eau est tari.
— Vallée en U, en auge ou glaciaire, creusée par un glacier.
|| Région arrosée par un cours d'eau. La vallée du Nil.
d2./d Dans les régions montagneuses, partie moins élevée (par oppos. à sommet, pente).
⇒VALLÉE, subst. fém.
A. — 1. GÉOGR., GÉOMORPHOL., [Dans les massifs montagneux] Dépression allongée, plus ou moins évasée, formée par un cours d'eau ou un glacier. Plus loin, à l'orient, au bas de la montagne que domine la Wartbourg, et entre cette montagne et l'ancienne Chartreuse consacrée à la sainte en 1394, on voit se déployer une vallée charmante arrosée par un paisible ruisseau qui coule au milieu de prairies pleines de roses et de lis (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 111). Les routes se pressent, la contrée s'anime: c'est le commencement de la zone vivante où des vallées basses débouchent entre des coteaux exposés au soleil, en face des champs où tout vient à souhait (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 222).
SYNT. Vallée encaissée, étroite, large, longue, profonde, sinueuse; vallée rocheuse, herbeuse; vallée cultivée, fertile, sauvage; vallée en auge, en berceau, à fond plat, en V; vallée anticlinale, synclinale; vallée alluviale; fond, versant de la vallée; belle, ravissante vallée; petite vallée; descendre, entrer dans la vallée; la vallée s'étend, s'ouvre.
♦ P. métaph. Dans les prairies du ciel, j'ai laissé courir mes pensées comme des brebis... Que ta main douce et puissante les ramène vers toi si elles s'égarent dans la vallée du doute, où demeure l'ombre de la mort (GREEN, Journal, 1942, p. 256).
— En partic.
♦ Vallée aveugle. ,,Vallée dont le drainage superficiel est interrompu vers l'aval par l'absorption des eaux dans le sous-sol, donc à sol plus sec à l'aval qu'une vallée normale`` (PLAIS.-CAILL. 1958).
♦ Vallée de faille. ,,Vallée longue et étroite, résultant de la subsidence entre des failles plus ou moins parallèles, ou bien de l'élévation d'une strate à côté de ces dernières`` (MÉTRO 1975).
♦ Vallée glaciaire. ,,Vallée occupée par un glacier ou vallée dont les formes résultent de l'action d'une langue glaciaire ou de l'écoulement concentré de la glace sous une calotte glaciaire`` (GEORGE 1984).
♦ Vallée longitudinale. ,,Vallée qui sépare deux chaînes de montagnes parallèles`` (Lar. 19e-20e). Notre cercle pénètre ensuite en Sardaigne, près du cap Monte-Fava, traverse cette île parallèlement à la vallée longitudinale qui s'étend obliquement dans sa longueur et en sort par le cap Bellavista (ÉLIE DE BEAUMONT, Stratigraphie, 1869, p. 281).
♦ Vallée sèche ou morte. Vallée qui n'est plus suivie aujourd'hui par un cours d'eau. Elle se montre ici avec ses futaies de hêtres, entre lesquelles se dessinent nettement quelques vallées sèches, mais propres à la culture (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 106).
♦ Vallée suspendue. Vallée qui ,,débouche sur un abrupt ou une pente forte`` (DELP.-DUMÉ Stations forest. 1985).
♦ Vallée transversale. Vallée ,,qui sépare deux parties d'une même chaîne de montagnes`` (Lar. 19e-20e). Synon. cluse. Mais partout ailleurs, sous les vignes courant en feston entre les arbres fruitiers, se succèdent de petits carrés de luzerne, blé, chanvre, maïs: une merveille de petite culture. La vallée transversale a attiré ainsi la population jusqu'au cœur des Alpes (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 259).
— OCÉANOGR. Vallée médiane. ,,Dépression longitudinale occupant la partie axiale d'une dorsale océanique lente`` (GDEL). La vallée médiane (...) est formée d'une suite de bassins plus creusés et décalés à l'intersection avec les zones de fracture (GDEL).
— RELIG. Vallée de Josaphat. Lieu où, selon la Bible, les morts ressusciteront. C'est la vallée de Josaphat! vallée célèbre dans les traditions de trois religions, où les Juifs, les chrétiens et les mahométans s'accordent à placer la scène terrible du jugement suprême! (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 434). Le malheur est que je n'aime plus les berlingots. Mais je sens bien qu'il y en aura, pour moi, toujours, même dans la vallée de Josaphat (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 63).
— Au fig. Vallée de larmes. V. larme II C 1.
— FR.-MAÇONN. ,,Dans les grades capitulaires du rite écossais ancien et accepté, ville où siège un chapitre`` (FAUCHER 1981). Vallée de Rennes (FAUCHER 1981).
2. P. anal. Dépression allongée. [Le jeune seigneur] ne fut pas médiocrement étonné de voir toute grande ouverte la porte d'un corridor par lequel on entrait dans plusieurs chambres, et au bout duquel se trouvait une fenêtre donnant sur l'espèce de vallée formée par les toits de l'hôtel de Poitiers et de la Malemaison qui se réunissaient là (BALZAC, Me Cornélius, 1831, p. 234).
— P. métaph. Au haut de l'avenue Pierre Ier, les Champs-Élysées, là-bas, étaient une vallée de lumières (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 978). Entre eux [les seins d'Elzelina], dans la douce vallée qu'ils dessinent, coulera l'œil des cavaliers jusqu'aux délices d'une intimité offerte et défendue (ARNOUX, Roi, 1956, p. 163).
B. — 1. Les régions les moins hautes des massifs montagneux. Ramener les troupeaux dans la vallée. À la vallée, ils ont leurs idées, qui ne sont pas toujours les nôtres, parce qu'ils vivent près d'un chemin de fer (RAMUZ, Gde peur, 1926, p. 9). Antonio il y a les gens des vallées et puis ceux des montagnes. Il faut leur dire qu'on n'est plus esclaves maintenant. Là-haut, dans les pâturages, on ne sait pas, on ne sait jamais (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, II, 2, p. 414).
2. Région située sur les bords d'un fleuve, bassin d'un cours d'eau. Vallée du Pô, du Rhin, de la Seine, du Nil. Ces lacs sont à peine comblés par des sédiments argileux et calcaires que la période miocène s'ouvre par une nouvelle invasion marine, non plus cette fois dans le bassin de Paris, désormais définitivement émergé, mais dans les vallées de la Loire, de la Gironde et du Rhône (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 168).
♦ Vallée d'Auge. Le pays d'Auge. Elles se dessinent avec netteté, chacune avec son aspect propre, dans la topographie, et s'appellent le Pays de Cau, la Vallée d'Auge, la Campagne de Caen, le Bessin (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 171).
— Vx. Vallée (de misère). À Paris, lieu près du Pont-Neuf où l'on vendait la volaille et le gibier. Des camions arrivaient au trot, encombrant le marché de la vallée de cageots pleins de volailles vivantes (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 631).
C. — P. anal.
1. MÉDECINE
a) Vallées ciliaires. ,,Sillons disposés radiairement qui séparent les uns des autres les procès ciliaires`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
b) Vallée sylvienne. ,,Partie inférieure de la scissure latérale, située dans sa totalité à la face inférieure de l'hémisphère cérébral`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
2. MINES ET CARR. ,,Descenderie de mine organisée avec un double treuil, de manière à remonter les wagons pleins et à descendre les wagons vides sur la pente que suit la couche exploitée`` (Lar. 19e). Le remorquage en rampe de la matière utile abattue n'est qu'une exception. Il constitue l'exploitation en vallée (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 793).
Prononc. et Orth.:[vale]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 judéo-fr. valede « espace entre deux montagnes ou de part et d'autre d'un cours d'eau » (Gl. de Raschi, éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1043); id. valee (Roland, éd. J. Bédier, 1449); spéc. a) termes bibliques ) 1re moit. XIIe s. la valedes de lermes [lacrimarum vallis; les aridités de la vallée de la Baca] qui deviendra le symbole de la vie terrestre (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, LXXXIII, 7), v. aussi TRÉNEL, p. 451; rare jusqu'à Ac. 1718; ) XIIIe s. valee Iosaphat désigne la vallée du Jugement [vallis Iosaphat, Joël, IV, 12] (Bilb. Mazarine ms. 35, fol. 204 ds TRÉNEL, p. 596), rare av. le XVIIe s., LITTRÉ; b) géogr. 1796 vallée longitudinale, vallée transversale (SAUSSURE, Voy. Alpes, t. VIII, p. 278 ds LITTRÉ); 1908 vallée glaciaire (W. KILIAN, Sur les « vallées glaciaires », in A.F.A.S. (Clermont), ap. La Montagne, n° 7, juill., p. 448 ds QUEM. DDL t. 22); 2. av. 1541 « bassin d'un cours d'eau » (Cl. MAROT, trad. Psaumes de David, CIV, 37 ds Œuvres, éd. C. A. Meyer, t. 6, p. 438: Tu feiz descendre aux vallées les eaulx); 1721 (Trév.: La Valee d'Egypte qui s'étend le long du Nil [...] La valee dans laquelle le Jourdain coule); 3. av. 1794 (dans une région montagneuse) désigne les régions basses p. oppos. à la haute et moyenne montagne (A. CHÉNIER, Bucoliques, p. 4: ma...: Muse. Descendons dans la vallée); 4. 1835 « descente de mine » (BAUDRIMONT, Dict. de l'industr. manufacturière, t. 4, p. 663 d'apr. FEW t. 14, p. 137 a). Dér. de val; suff. -éeayant peut-être à l'orig. une valeur augm. (Roland, 710: par ces greignurs valees); cf. lat. médiév. valleta (804 Hérault « Lavalette », topon. ds DAUZAT-ROST. 1978, s.v. Laval; XIe s. Isère « La Valette », topon. ibid., s.v. val). Fréq. abs. littér.:3 735. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 581, b) 4 604; XXe s.: a) 3 809, b) 3 803. Bbg. QUEM. DDL t. 27 (s.v. vallée-crevasse; vallée transversale), 36 (s.v. ski de vallée).
vallée [vale] n. f.
ÉTYM. V. 1315; valee, 1080; « descente », en moy. franç. XIVe-XVIe, cf. à la vallée (Malherbe), « en descendant »; de val.
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1 Espace allongé entre deux zones plus élevées (pli concave; synclinal, 2.) ou espace situé de part et d'autre du lit d'un cours d'eau. ⇒ Val (→ Harmonie, cit. 50; ruissellement, cit. 3). || Un système de pics et de vallées (→ Mur, cit. 18). || Les mille vallées creusées dans les montagnes (→ Combler, cit. 9). || Vallée large, étroite (→ Fournaise, cit. 5), profonde. || Petite vallée. ⇒ Vallon. || Vallée rocheuse (cit. 1), herbue, sauvage, cultivée. || Le fond de la vallée (→ 1. Brouillard, cit. 7; maïs, cit. 1). || Direction d'une vallée (vers l'aval). — Didact. Géogr. (→ Rivière, cit. 6; ruissellement, cit. 5). || Une vallée est caractérisée : par son profil en travers; la pente de ses versants, la nature du fond. || Vallée évasée, en berceau…; encaissée, en trait de scie, en V (⇒ Cañon, gorge). || Petite vallée encaissée. ⇒ Ravin, ravine (cit.). || Resserrement, constriction d'une vallée (qui traverse des roches dures). ⇒ Cluse (cit. 1), combe, défilé, gorge, goulet, 1. porte. || Vallée aveugle, qui se termine en cul de sac (tête de vallée). || Vallée à méandres. || Vallée suspendue. — Érosion modelant les vallées. || Creusement des vallées transversales (→ Épigénie, cit.). || Cycle des vallées. || Vallée jeune (versants rocheux, irréguliers), « mûre » (versants régularisés; « couverture » de débris). || Vallées emboîtées (par érosion régressive). || Vallée sèche, morte (par disparition du cours d'eau. ⇒ Perte). — (1908). || Vallées glaciaires (anciens lits de glaciers); en U (auge glaciaire), avec une vallée principale et des vallées tributaires suspendues, perchées. ⇒ aussi Fjord (cit. 2). — Vallées sous-marines.
1 Ô rives du Jourdain ! ô champs aimés des cieux !
Sacrés monts, fertiles vallées (…)
Racine, Esther, I, 2.
2 On fait quelques pas, et l'on découvre tout l'horizon de la vallée solitaire. Elle semble fermée de toutes parts, pareille à une vasque de terre cachée entre des collines boisées.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », I.
2.1 Maintenant, ils étaient apparus au-dessus de la vallée de la Saguiet el Hamra, ils descendaient lentement les pentes de sable. Au fond de la vallée, commençaient les traces de la vie humaine.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, 1980, p. 13.
♦ Allus. bibl. || La vallée de Josaphat, du Cédron : lieu où, selon la Bible, les morts ressusciteront au jugement dernier. — ☑ Par métaphore (dans le lang. relig.). Vallée de larmes (cit. 24; et supra), de misère : la vie.
3 Remerciez donc la bonté divine, ma chère fille, qui vous retire si vite de cette vallée de misère.
Chateaubriand, Atala, Le drame.
2 Dépression allongée.
4 Paris, autour d'eux, étendait son immensité grise, aux lointains bleuâtres, ses vallées profondes, où roulait une houle de toitures (…)
Zola, l'Assommoir, III, t. I, p. 102.
3 (V. 1530). Région qu'arrose un cours d'eau. ⇒ Bassin. — La vallée de la Seine (→ Baigner, cit. 9), de la Loire (⇒ Val), du Rhône, du Rhin; du Pô; du Nil. || Vallée supérieure; inférieure d'un fleuve.
REM. Ces expressions géographiques sont traditionnelles; on ne parle guère de vallée de l'Amazone ou d'autres grands fleuves (on dit bassin).
♦ Par ext. || Vallée d'Auge : le pays d'Auge (entre deux vallées). → Position, cit. 5.
4 (1810). En montagne, se dit des régions les moins hautes, par oppos. aux pentes, aux sommets. || Les hommes de la vallée et les hommes de la montagne (→ Poids, cit. 12). || Ramener les troupeaux dans la vallée. — Par ext. Les habitants de la vallée. || Des maîtres d'école payés par toute la vallée (→ Magister, cit. 1).
5 À la vallée, ils ont leurs idées, qui ne sont pas toujours les nôtres, parce qu'ils vivent près d'un chemin de fer.
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, II.
Encyclopédie Universelle. 2012.